Dans l’église

 

 

J’AI VU près de l’autel la vierge de seize ans :

Parmi les chants de fête et la blanche fumée,

Sa prière montait vers le Ciel, parfumée

De son haleine pure et des flots de l’encens.

 

J’aurais voulu, devant les attraits innocents

De l’enfant qui bientôt sera ma femme aimée,

Respirer, sur le bord de sa bouche enflammée,

Le parfum de son cœur qui rafraîchit mes sens.

 

Mais mon amour s’est tu ; car la vierge en prière,

Que le Dieu qu’elle adore absorbait tout entière,

S’inclinait chastement pour embrasser sa croix,

 

Et ressemblait, avec ses longs regards étranges,

Aux fleurs de sanctuaire, aux saintes d’autrefois,

Que jalousaient les lys et qui voyaient les anges.

 

 

 

A. MÉRIS.

 

Paru dans La Sylphide en 1901.

 

 

 

 

 

 

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