À quelques braves comme il en fut tant

 

 

Oui, chers soldats français, vous vivez dans mon âme !

Nobles et saints guerriers, braves et fiers amis,

Oui, restez immortels ; pour vous mon cœur s’enflamme,

Reflétant ses lueurs sur vos beaux fronts blêmis...

Bien souvent, quand je dors, je vous revois en rêve :

Ô songe ravissant digne de mes amours !

Il me semble, ô mon Dieu ! vous voir battre sans trêve...

               Soldats ! je vous revois toujours !...

 

Ils marchaient dans un bois, ayant Dieu seul pour guide,

Mais la mort les suivait, lentement, pas à pas...

Ils suivaient un sentier, long, tortueux, aride :

Le sentier de la gloire et celui du trépas...

Soudain des coups de feu partent du noir feuillage :

Ce sont les Prussiens... Ah ! farouches vautours !...

« Rendez-vous ! hurlent-ils... – Non !... » Mon Dieu ! quel carnage

               Soldats ! je vous revois toujours !

 

Où sont-ils, maintenant, ces héros de la France ?

– Au ciel : j’en suis certain, mais ils ont leur tombeau

Dans leur chère patrie où règne l’espérance...

Oh ! que leur sort est grand ! Oh ! que leur sort est beau !. .

Il est plus d’un enfant, ô doux rayon de gloire !

Qui saura les venger dans de plus heureux jours...

Mais... adieu, chers amis... Car la nuit est si noire...

               Soldats !... je vous revois toujours !

 

 

 

Alfred MOYNE.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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