Sur un tableau

 

(Léopold Robert aux Catacombes.)

 

 

Dans les obscures catacombes,

Pleines de funèbres récits

Qu’évoquent des milliers de tombes,

Triste, j’ai vu le peintre assis.

 

Ses yeux étaient baissés à terre ;

Son front reposait sur sa main,

Comme chargé d’un grand mystère,

D’un grand mystère surhumain.

 

Une évocation sublime

De tes martyrs, ô Jésus-Christ

Le poursuivait dans cet abîme

Du rêve, où plongeait son esprit.

 

Pour quelle noble et sainte cause

Mouraient-ils ainsi, ces héros,

Dont l’assurance grandiose

Imposait même à leurs bourreaux ?

 

Rien, en présence du supplice,

Ne troublait leur sérénité :

C’est qu’en croyant à la justice,

Ils mouraient pour la vérité.

 

La Vérité !... Toujours plus triste,

Le peintre se pencha plus bas :

Il l’entrevoyait en artiste,

Mais, hélas ! il ne croyait pas.

 

 

 

Charles NEUHAUS.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

 

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