Ave Maris Stella

 

 

À genoux sous ma voile,

Je te salue, Étoile.

Étoile de la mer,

Garde-nous d’abîmer.

 

L’oiseau pêche en eau basse,

On part, vive l’espace !

Mais tout beau ! mon neveu

Souvent, hors de tout feu,

Le temps trop tôt se gâte.

Et ce fier brick démâte

Si la Vierge n’y luit,

Tout périt cette nuit.

 

À genoux, etc.

 

Mais vois dans cette pièce,

Comme à la sainte Messe,

Les cierges éclairés,

Ce lit, ces traits tirés,

Et ce groupe où l’on prie

L’image de Marie.

Vite, acquiesce à leur vœu,

Bonne mère de Dieu.

 

À genoux, etc.

 

Dans notre nuit profonde,

Voguant au gré de l’onde,

ÉTOILE DE LA MER,

Sur les écueils du monde

Garde-nous d’abîmer.

 

Notre Havre-de-Grâce,

Garde-nous, etc.

Vierge de notre place,

Garde-nous, etc.

Tableau de notre classe,

Garde-nous, etc.

Médaille que j’embrasse,

Garde-moi, etc.

 

À genoux, etc.

 

Sous drap d’or moult accorte 1.

Ayant sceptre en ta main,

Au bras ton soleil fin,

Vêtu de même sorte,

Qui couronne aussi porte,

Ayant bien, en ce lieu

En ce « lieu de Porrière 2 »

(Qui ne te doit pas peu),

Douce Vierge d’un Vœu,

Toi notre bonne Mère,

Appuie auprès de Dieu

Les paroles de feu

De toute humble prière

En ce lieu de Porrière,

Douce Vierge d’un Vœu.

 

À genoux, etc.

 

Toi qu’à doux sons de corde,

Les anges, dans leurs chants,

Nomment Dame céans

De par Miséricorde,

Ah ! du moins, fais qu’ici

Le bon Dieu nous accorde,

Avec Paix et Concorde,

Sa grâce, et sa merci.

 

À genoux, etc.

 

Étoile hospitalière,

Maison du matelot,

Vers les rades d’Hyère,

Remets sa barque à flot ;

De Fos à Cavalaire,

Pour les rêts d’un pêcheur,

D’un lyon fort colère

Modère un peu l’aigreur.

 

À genoux, etc.

 

Donne à veuve amis sages,

Qui te prie au saint lieu ;

À l’orphelin bons gages,

Qui ne soient pas un jeu ;

Au pauvre bons visages,

Qui n’a logis ni feu ;

À tous bons voisinages,

Bonne Mère de Dieu.

 

À genoux, etc.

 

Garde-nous en voyage

Et sur terre et sur mer ;

 

Garde-nous, etc.

 

À la course, à la nage,

À manier le fer ;

 

Garde-nous, etc.

 

Sur mon échafaudage

D’où Pierre est chu d’hier

 

Garde-nous, etc.

 

Sous le vent qui fait rage,

En plein cœur de l’hiver ;

 

Garde-nous, etc.

 

Sous les feux de l’orage,

Car j’ai peur d’un éclair ;

 

Garde-nous, etc.

 

Contre azur sans nuage

Qui cesse d’être cher ;

 

Garde-nous, etc.

 

Sur fleuve qui ravage

Et qui peut coûter cher ;

 

Garde-nous, etc.

 

S’il faut faire naufrage,

Surtout de male mort

Et de rendu plus sage

 

Conduis la voile au Port.

Louange à Notre-Père

(Amour à Notre-Mère),

Et gloire à Jésus-Christ ;

Honneur il sied de faire

Le même au Saint-Esprit.

 

Ainsi soit-il.

 

 

 

Germain NOUVEAU, Pourrières,

12 février 1912.

 

 

 

1. Sens ancien de « fine ».

2. Allusion au sens ancien du mot porrière (« poussière »).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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