La prière

 

 

L’enfant joint les mains avec spontanéité.

 

Dans le silence de la chambre où la porte close s’ouvrira tout à l’heure pour se refermer sur la bonne nuit maternelle son intuition a deviné l’appel et l’a devancé.

 

Le temps d’à présent est celui de Dieu.

 

C’est le temps où l’on parle à Dieu et où l’on entend Dieu parler.

 

L’enfant tient ce moment dans ses mains plaquées l’une contre l’autre ; les doigts touchent au menton des bouts.

 

Les mains se sont jointes pour s’offrir. Car la prière de l’enfant c’est d’abord une offrande à Dieu.

 

La prière de l’enfant c’est aussi un sentiment d’abandon qui le pousse à se mettre à genoux. Mais ce rituel est emporté et noyé dans les flots de la ferveur de son être.

 

La prière de l’enfant c’est enfin une demande.

 

Une voix claire s’élève dans la tiédeur de la chambre et en fait un haut-lieu.

 

Dès que l’enfant précise le ciel s’abaisse jusqu’à lui.

 

Le Sauveur est là, si près qu’il disjoindrait les mains s’il osait et les tendrait en avant ; elles rencontreraient les mains qu’ont marqué les clous 1.

 

Mais à quoi bon ? Il suffit que Dieu l’entende quand il nomme ceux qui l’aiment et parle des orphelins qui ne savent pas la douceur du baiser d’une maman, tous des enfants auxquels on n’apprend pas à prier ou que l’on aime mal.

 

La lampe éteinte, le chevet rayonne des certitudes merveilleuses.

 

 

 

Élie OLIVIER, Maman,

Editions du C.E.L.F., 1960.

 

 

 

1. Évangile de Jean, 20, 25.

 

 

 

 

 

 

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