L’inconnu

 

 

Ô petite âme obscure,

Je te parle les jeux fermés pour mieux te voir...

Nous dirons d’ineffables choses, j’en suis sûre,

Et ce ne sera pas de la littérature.

 

Le soir prend, pour chanter, sa flûte de roseau,

Vers le ciel recueilli j’ai la face tournée,

Et mes doigts engourdis ont fait, dans la journée,

Beaucoup de petits points pour ton petit trousseau.

Le soir prend, pour chanter, sa flûte de roseau...

 

Alors que pour tout autre encore

Tu n’es qu’un futur incertain,

Tu vis pour moi, tu vis en moi, tu veux éclore,

Mystérieuse fleur de ma chair, dont j’ignore

Le sexe, l’âme et le destin.

 

Ta vie aveuglément respire avec la mienne :

C’est le seul moment où tu m’appartiennes.

Tu me dis des mots que nul ne perçoit.

C’est le seul moment où tu sois à moi.

 

Tu vas vivre, tu vas aimer, tu vas souffrir,

Et mon cœur prévoyant, d’une angoisse infinie

Se trouble... Mon amour, auras-tu le génie

De savoir comment l’on guérit et l’on défend

Ce morceau de ma chair qui souffre en mon enfant ?

 

 

 

Jeanne PERDRIEL-VAISSIÈRE, Celles qui attendent.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

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