Poètes, mes frères

 

 

Anciens, contemporains, votre âme n’a pas d’âge !

Sur les rimes, vos cœurs ordonnent l’abordage :

Carquois rempli d’amour pour le Bien, pour le Beau,

Avec votre grand Rêve ardent comme escabeau

Car plus près vous voyez, dépouillé de sa rouille,

Ce « Beau » devant lequel le monde s’agenouille.

Doux furent les moments que vous m’avez offerts.

Votre esprit, dans le mien, opère ses transferts.

Remerciements émus, vrais, pour vos harmonies

Qui fleurissent mes jours de minutes bénies !

Vous recueillez parfois, d’aucuns, quelque mépris ;

Votre vol est si haut ! or, eux n’ont pas appris

Hélas ! à dégourdir leurs ailes chiffonnées ;

Un écran nuageux barre leurs destinées.

Poètes fraternels, ô bons samaritains !

Pansez leur espérance, égayez leurs matins.

Par l’amitié fertile ou parfum de cannelle

Jonchez de dignes fleurs votre route éternelle.

Distribuez la poix et la joie en primeur :

Ô geste merveilleux et fervent du semeur !

Sur les labours moraux, par votre âme féconde,

Qu’un semis fructueux germe parmi le Monde ;

Ô vous, dispensateurs du précieux levain

D’un ineffable don marqué du sceau divin !

 

 

 

Gisèle PERLOT.

 

Paru dans Art et poésie à l’hiver 1963.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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