La fille de la montagne

 

ODE.

 

 

Que tu as d’empire sur moi, fille de la montagne ! ô ravissante enfant ! comme tu enchaînes mon cœur ! Si du moins je nourrissais l’espoir qu’un jour tu seras ma compagne chérie ! si le ciel unissait nos destinées à jamais !...

 

Quinze printemps, voilà ton âge !... Et tu es heureuse en conduisant tes agneaux dans les champs ! Mais si le bonheur te suit, moi le chagrin me tourmente... Depuis que je t’ai vue, mon cœur est devenu si jaloux !

 

Quand parfois je puis entendre ta voix mélodieuse ; quand, sans être aperçu, je peux contempler tes traits ravissants, mon âme attristée reprend tout son éclat, tout son bonheur, et l’amour et la joie dissipent aussitôt mes regrets.

 

Si je suis près de toi, ta présence m’enflamme. Je rêve la volupté en voyant ton regard : si je suis loin de toi, ton image luit encore dans mon cœur comme une étoile brillante au firmament.

 

Le soleil de l’été a bruni ton visage, mais le soleil de l’hiver lui rendra bientôt son éclat. Ah ! une idée me sourit !... Que m’annonce-t-elle ? mon cœur sera-t-il uni au tien pour toujours ?

 

Si je t’aime !... Ah ! qu’ai-je dit ? pardonne à ma tendresse, un saint enthousiasme enivre mon amour. Oui, je t’aime... rends-moi caresses pour caresses ; l’amour est dans mon cœur, il y sera toujours !

 

Et mon amour pour toi est pur comme la rosée ; doux comme le lait écumant qui ruisselle sous ta main ; grand comme le tilleul qui nous prête un doux ombrage, et sa beauté fait pâlir l’éclat du diamant.

 

Dans notre siècle, tout flatte l’opulence, et se moque de celui qui possède un bon cœur. Jeune fille ! quand tous deux nous brillons de jeunesse, aimons-nous tendrement... l’amour vaut mieux que l’or.

 

J’ai parlé de l’amour... le moi t’outrage peut-être ; mais courons à l’autel, et Dieu va nous unir. Je suis docile et bon, tu es modeste, tu es sage, cède, oh ! cède à mes vœux, le ciel nous bénira !

 

Alors, je quitterai ma ville superbe ; je fuirai pour toi le monde et ses erreurs. Et sous l’ombrage vert, seuls, assis sur le gazon, en cherchant le plaisir... nous trouverons la félicité.

 

 

PEYROTTES, faïencier à Montpellier.

 

Recueilli dans Le troubadour moderne ou

Poésies populaires de nos provinces méridionales,

traduites en français par M. Cabrié, 1844.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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