Mes larmes

 

 

Oh ! ces larmes que tu me coûtes,

Que Dieu les prenne dans sa main,

Qu’il les compte, les pèse toutes,

Qu’il les jette sur ton chemin.

 

Chacune deviendra la sève

De ton avenir enchanté,

La plus claire sera ton rêve,

La plus lourde ta volupté.

 

Oui, que ta route en soit suivie

En des bienfaits toujours constants,

Qu’elles s’écoulent sur ta vie

Comme une averse de printemps.

 

Prends, oh ! prends mes larmes fidèles

Qui trempent mes doigts anxieux,

Et que les plus poignantes d’elles

Soient de la douceur pour tes yeux.

 

Que leur cristal soit ton ivresse,

Leur amertume ta bonté,

Et que leur sel soit ta sagesse

Et leur poids ta félicité.

 

Qu’elles fassent fleurir ta gloire...

Ô Dieu, ces larmes de ferveur,

S’il a soif, faites-les-lui boire,

S’il souffre, mouillez-en son cœur.

 

Qu’elles soient l’eau de son étoile,

Le suc de ses nobles douleurs,

Et de sa pitié le long voile...

Que ses fautes, que ses erreurs

 

Soient, par leur baume, rachetées...

Qu’à son âme, ces larmes d’or,

En vertus elles soient comptées

Au soir si triste de sa mort !

 

Je veux plus encor en répandre,

En des sanglots plus douloureux,

Ô Dieu, si tu me fais comprendre

Qu’il peut en être plus heureux !...

 

 

 

Hélène PICARD, L’Instant éternel.