Dieu dans la création

 

 

Oui, c’est un Dieu caché, que le Dieu qu’il faut croire,

Mais tout caché qu’il est, pour. révéler sa gloire

Quels témoins éclatants devant moi rassemblés !

Répondez, Cieux et Mers ; et vous Terre, parlez.

Quel bras peut vous suspendre, innombrables étoiles ?

Nuit brillante, dis-nous qui t’a donné ces voiles ?

Ô cieux, que de grandeur et quelle majesté !

J’y reconnais un Maître à qui rien n’a coûté.

Dans vos vastes déserts il sème la lumière,

Ainsi que dans nos champs il sème la poussière.

Toi qu’annonce l’Aurore, admirable flambeau,

Astre toujours le même, Astre toujours nouveau,

Par quel ordre, ô Soleil, viens-tu du sein de l’onde

Nous rendre les rayons de ta clarté féconde ?

Tous les jours je t’attends, tu reviens tous les jours :

Est-ce moi qui t’appelle, et qui règle ton cours ?

 

Et toi dont le courroux veut engloutir la terre,

Mer terrible, en ton lit quelle main te resserre ?

Pour forcer ta prison tu fais de vains efforts ;

La rage de tes flots expire sur tes bords.

Fais sentir ta vengeance à ceux dont l’avarice

Sur ton perfide sein va chercher son supplice.

Hélas ! prêts à périr, t’adressent-ils leurs vœux ?

Ils regardent le Ciel, secours des malheureux.

La nature qui parle en ce péril extrême

Leur fait lever les mains vers l’asile suprême :

Hommage que toujours rend un cœur effrayé

Au Dieu que jusqu’alors il avait oublié.

La voix de l’Univers à ce Dieu me rappelle.

La terre le publie. Est-ce moi, me dit-elle,

Est-ce moi qui produis mes riches ornements ?

C’est celui dont la main posa mes fondements,

Si je sers tes besoins, c’est lui qui me l’ordonne :

Les présents qu’il me fait, c’est à toi qu’il les donne.

 

 

 

Louis RACINE.

 

Recueilli dans Poètes de Jésus-Christ,

poésies rassemblées par André Mabille de Poncheville,

Bruges, Librairie de l’Œuvre Saint-Charles, 1937.

 

 

 

 

 

 

 

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