Prière universelle

 

 

 

C’est vers toi que s’élève mon cantique, ô source éternelle de la vie ! Ô toi, que les lèvres reconnaissantes des sages ont salué du nom de Jéhovah, d’Ormuzd, et de Dieu ! également grand dans la goutte de rosée qui tombe du brin d’herbe, et dans le soleil, qui, sans s’arrêter jamais, fait tourner autour de lui des mondes fortunés retenus par des chaînes d’or ; également grand dans le ver qui, rampant sous la poussière, ne vit qu’un jour d’été, et dans le chérubin, qui, depuis l’époque immémoriale de sa jeunesse, approfondit toutes les natures, et voit un grand nombre d’anneaux attachés à la chaîne des êtres, dont lui-même est le premier chaînon. Cependant ta grandeur, ô toi que je ne saurais nommer dans la langue des mortels aux enfants de la terre, ta grandeur absorbe la plénitude vivifiante répandue dans ton univers infini. Mon esprit s’y plonge avec un effroi religieux, quand je me trouve dans les temples des forêts, sur les rochers dont les sommets touchent aux nues, ou sur les bords des abîmes mugissants. Oh ! comme la joie terrestre s’évanouit alors dans mon cœur ! Comme tous mes désirs s’ennoblissent ! Génie du monde, me voilà seul, égaré sur un grain de poussière du grand Tout ; j’étends mes bras vers toi. Si un jour, en brisant la fragile enveloppe de mon corps, tu conserves la plus noble partie de moi-même, t’admirer sera mon occupation, mon éternel cantique.

 

 

Karl-Wilhelm RAMLER.

Traduction anonyme.

Paru dans Leçons de littérature allemande,

Jules Le Fèvre-Deumier.

 

 

 

 

 

 

 

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