Le clocher de la lande

 

 

Je suis le clocher de la lande,

Son seul décor essentiel ;

Je suis l’humble geste d’offrande

Qu’un village tend vers le ciel.

 

Et comme l’église isolée

Sur les tombes est à genoux,

J’élève au bord de la vallée

Ma stèle de vieux moellon roux.

 

Sentinelle au bord de la route,

Je reste là, debout toujours,

Montrant l’azur au cœur qui doute,

Gardant les morts et les labours.

 

Quand ma cloche argentine égrène

Ses Angelus sur vos landiers,

Moissonneurs qui fauchez la plaine,

Reposez vos faux et priez !

 

Priez encore lorsque je chante

Ou que je pleure tristement,

Pour la fête qui vous enchante

Ou pour la mort qui vous attend.

 

Quand c’est dimanche, ma voix vibre,

Et je sonne, dans le soleil,

Le rendez-vous de l’homme libre

Avec son Dieu, jour sans pareil.

 

Ma flèche abrite le village,

Ma croix brille dans le ciel bleu.

Si je manquais au paysage,

Il vous manquerait le bon Dieu.

 

 

 

F. RIBAULT, recteur de la Landec.

 

Paru dans Échos de Notre-Dame de France en 1913.

 

 

 

 

 

 

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