Noël

 

 

 

Ô Adam ! que ton sort était heureux dans le Paradis terrestre ! La main de ton Créateur t’avait formé selon ses désirs : tu ne souffrais aucun mal ; tu ignorais et le froid et le chaud, et tes jours, pleins d’allégresse, coulaient en repos sans craindre les injures du temps.

Rien ne manquait aux plaisirs de tes sens : sous un ciel toujours pur, tu goûtais les délices d’un printemps éternel ; les roses de Damas exhalaient pour toi leurs parfums les plus doux, et s’épanouissaient sous tes pas.

De tous côtés, tes yeux étaient dans l’enchantement : la nature n’offrait que des beautés à la pureté de tes regards. La plume des oiseaux, le cristal d’une onde limpide, la clarté des étoiles, formaient un tableau charmant qui te ravissait sans cesse.

Sans craindre les frimas, les arbres, toujours couverts de verdure, te donnaient en abondance toutes sortes de fruits délicieux ; et pendant toute l’année, la terre, sans le travail du laboureur, produisait d’abondantes moissons.

Ton oreille pouvait jouir tranquillement du ramage du rossignol, dont le chant mélodieux cause tant de plaisir : ses cadences, tour à tour tendres et légères, formaient dans les bois un concert champêtre que n’égaleront jamais les sons des plus harmonieux instruments.

Mais depuis ton fatal péché, qui a souillé tout le genre humain, la famine, la peste, la guerre, les malheurs les plus affreux sont venus fondre sur nous ; et sans le Dieu qui naît aujourd’hui afin de nous sauver, nous serions encore dans l’esclavage, en attendant que l’enfer vînt nous engloutir pour toujours.

 

 

 

SABOLY.

 

Recueilli dans Le troubadour moderne ou

Poésies populaires de nos provinces méridionales,

traduites en français par M. Cabrié, 1844.

 

 

 

 

 

 

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