Épitaphe d’un poète mort jeune

 

 

Toi qui lis, sur ce marbre où s’enroule le lierre,

Combien mon lot fut noble et ma vie éphémère,

Ô passant, ne dis pas que les dieux sont jaloux !

Mais plutôt, bénis-les ! Ils savent mieux que nous

Quel souhait nous portons dans notre âme indécise,

Et, sans nous consulter, l’exaucent à leur guise.

Je n’ai rien souhaité que l’ombre et que la paix...

C’est pourquoi, jeune encor, je dors sous les cyprès,

Et n’aurai pas laissé de trace plus durable

Que le pas incertain d’un enfant sur le sable...

 

 

 

 

Fernand SÉVERIN.

 

Recueilli dans La poésie francophone

de Belgique 1804-1884,

par Liliane Wouters et Alain Bosquet,

Éditions Traces, 1985.