En Ombrie

 

 

Ce beau pays qui s’offre, à qui descend des monts,

Tout baigné d’aube, entre ses nobles horizons,

C’est l’Ombrie ; un pays dont la douceur est grave...

 

Ô pèlerin, qui vas, mais qui n’espères plus,

Arrête enfin les yeux sur ses coteaux élus,

Et dis-moi si ton rêve a rien d’aussi suave.

 

Là-bas, les horizons frissonnent dans l’azur ;

L’air est en paix ; le jour, idéalement pur ;

Une joie angélique et chaste est dans l’espace.

 

Il semble qu’un matin pascal, tiède et charmant,

Enveloppe ici tout de son enchantement,

Et la nature a l’air d’être en état de grâce...

 

Mais, si délicieux que soit ce pays cher,

Quelque chose de plus que la douceur de l’air

Fait que l’âme s’y plaît et s’y rêve un asyle.

 

L’amour divin, jadis, a visité ce lieu...

Vois ! jusqu’en notre siècle abandonné de Dieu,

Il rêve, en souriant, à l’ineffable idylle.

 

Si jamais notre cœur, secouant son fardeau,

Sût brûler ici-bas d’un feu digne d’en haut,

Seuls, les vallons d’Assise ont vu cette merveille.

 

Ce pays fit envie, un jour, au Séraphin...

Quel que soit ton souhait, tu chercherais en vain

Une terre que nimbe une gloire pareille !

 

 

 

Fernand SÉVERIN.

 

Paru dans Le Spectateur catholique en novembre 1897.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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