Les cygnes

 

 

Les cygnes vont, semant des plumes,

Ici, là, partout sur l’étang.

Des rêves sortent de la brume

Au cours léger des matins blancs.

 

Ici, là, partout sur l’étang,

Fiers d’eux-mêmes les cygnes passent.

Au cours léger des matins blancs

Des rêves naissent et s’effacent.

 

Fiers d’eux-mêmes, les cygnes passent

Beaux comme des âmes d’élus,

Des rêves naissent et s’effacent,

Des rêves qu’on ne vivra plus.

 

Beaux comme des âmes d’élus,

Les cygnes dorment sur l’eau claire.

Les rêves qu’on ne vivra plus

Les pétales jonchent la terre !

 

Les cygnes dorment sur l’eau claire ;

Ils vont mourir ayant chanté.

Les pétales jonchent la terre

Les rêves fuient vers la clarté.

 

Ils vont mourir, ayant chanté ;

Ils sont partis sans amertume.

Les rêves fuient vers la clarté ;

Les cygnes vont laissant des plumes !

 

 

 

Germaine de SMET.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.