Au pays des blizzards glacés

 

 

Au pays des blizzards glacés, des brumes grises,

C’est là que tu vis la lumière.

Hélas, ô pauvre enfant, entre deux camps hostiles,

Il n’est nul asile pour toi !

Or que t’importent cris de guerre et bruits d’armures,

Et chocs d’épées ? Tu restes là,

Méditative, écoutant la haute leçon

Que nous lèguent les jours anciens :

Comme à l’Élu des Juifs jadis, le Dieu suprême

A promis de se révéler...

Tout consumé d’ardeur le Prophète en prière

Au désert attendait son Dieu.

Soudain la terre gronde et l’écho roule au loin,

Et le soleil pâlit et meurt !

Le sol trembla, l’effroi s’empara du Prophète !

Mais dans l’effroi Dieu n’était point !

Puis retentit, tumultueux, un tourbillon,

Et le tonnerre au ciel frémit,

Suivi de flamme immense et semblable à l’éclair...

Mais Dieu n’était point dans la flamme :

Puis tout se tut... La révolte était maîtrisée...

Le Prophète eut raison d’attendre :

Légère, une brise souffla, et dans la brise

Il reconnut son Dieu caché.

 

 

 

Vladimir Serguéiévitch SOLOVIEV.

 

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe,

choix, traduction et commentaires de Jacques David,

Stock, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

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