Les yeux

 

 

Bleus ou noirs, tous aimés, tous beaux,

Des yeux sans nombre ont vu l’aurore.

Ils dorment au fond des tombeaux,

Et le soleil se lève encore.

 

Les nuits, plus douces que les jours,

Ont enchanté des yeux sans nombre.

Les étoiles brillent toujours

Et les yeux se sont remplis d’ombre.

 

Oh ! qu’ils aient perdu le regard,

Non, non, cela n’est pas possible :

Ils se sont tournés quelque part,

Vers ce qu’on nomme l’Invisible.

 

Et, comme les astres penchants,

Nous quittent, mais au ciel demeurent,

Les prunelles ont leur couchant,

Mais il n’est pas vrai qu’elles meurent.

 

 

 

SULLY-PRUDHOMME.

 

Recueilli dans Les poèmes du foyer.

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net