Ô lys de Nazareth

 

 

Ô lys de Nazareth, je te vois dans l’échoppe,

Parmi les longs copeaux soyeux du cèdre blond,

Tandis que la senteur du bois frais t’enveloppe ;

 

Je te vois au retour du puits, portant d’aplomb

Ta cruche aux flancs polis, d’où ruisselle une eau claire,

Miroir où l’on voit fuir les champs de Zabulon ;

 

Ô toi qui fus offerte à la tâche de Mère,

Je vois les langes blancs, le feu, les sièges bas,

Et, prêtes sous ta main, les bassines de terre ;

 

Je te vois réchauffant les linges et les draps,

Puis, de tes doigts, mêlant les baumes du sésame,

Ô toi qui tins Jésus dans le creux de ton bras.

 

Et je vois ton visage où repose ton âme,

Frais comme une anémone au revers du chemin,

Sous le bandeau serré dont tu brodas la trame.

 

Sur la table de bois humblement, de ta main

Tenant le nourrisson sur ta hanche gracile,

Tu pétris le gâteau de miel et de cumin.

 

Et je te vois debout, au seuil de 1’Évangile,

En tes gestes humains si doucement précis

Auprès du nouveau-né vagissant et fragile.

 

C’est pourquoi, clans l’échoppe aux linteaux obscurcis

Que le myrte envahit de son odeur amère,

Pour rencontrer ta main aux contours indécis

 

Je mets mon front sur tes genoux, ô douce Mère.

 

 

 

E. TASSET-NISSOLLE, Le Jardin des Cèdres.

 

 

Recueilli dans Nazareth,

Poèmes choisis en l'honneur de Notre-Dame,

par André Mabille de Poncheville,

Éditions Alsatia, Paris, 1949.

 

 

 

 

 

 

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