Sainte Radegonde

 

 

Sur la Gaule au pillage, un vent de haine gronde.

Villes en flammes. Clercs tués dans le parvis,

Fils, frères que le sang de leurs proches inonde,

Poisons, égorgements d’égorgements suivis.

 

Tout est mort ou terreur. Toi, reine Radegonde,

À l’abri des grands murs de ton cloître, tu vis

Dans les fleurs, dans le rire et dans la paix profonde,

Laissant, parmi les murs, errer des yeux ravis.

 

Pas un cri du dehors jusqu’à vos murs ne perce.

Fortunat, le doux prêtre, en vers charmants vous berce

Des voluptés de l’âme et des pardons de Dieu,

 

Et jetant son rayon sur vos calmes pensées,

Entre les froids piliers des voûtes surbaissées,

Dans sa limpidité rit un coin de ciel bleu,

 

 

 

L. THÉZARD.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1896.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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