Pas besoin d’aller très loin

 

 

Ô monde invisible, nous te voyons,

Ô monde intangible, nous te touchons,

Ô monde inconnaissable, nous te connaissons,

Ô insaisissable, nous t’étreignons !

 

Le poisson monte-t-il pour trouver l’océan,

L’aigle plonge-t-il pour trouver le ciel,

Qu’il nous faille ainsi demander au firmament

S’il a là-haut de Tes nouvelles ?

 

Tu n’es pas là où naissent les soleils

Et où se perd notre entendement malhabile !

Car des ailes, si nous voulions prêter l’oreille,

Battent aux volets clos de nos portes d’argile.

 

Les anges vivent parmi nous comme autrefois ;

Retourne une pierre, il en fuit un vers le ciel

Mais c’est vous, c’est vous et vos visages de bois,

Qui vous fermez à la splendeur universelle.

 

Aussi, quand tu te sentiras très triste et las,

Pleure – et dans ton douloureux abandon,

L’échelle de Jacob soudain t’apparaîtra,

Dressée entre le ciel et la Gare de Lyon.

 

Mon âme, ô toi qui plies sous le fardeau,

Pleure – et venu du ciel pour adoucir ta peine

Voici le Christ qui marche sur les eaux,

Non de Gennesareth, mais de la Seine.

 

 

 

Francis THOMPSON.

 

Traduit par Roger Asselineau.

 

Recueilli dans La poésie anglaise,

par Georges-Albert Astre,

Seghers, 1964.

 

 

 

 

 

 

 

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