Le disciple

 

 

Être ton garçon à la tête blonde,

Oh ! à travers tous les siècles !

Cheminer derrière ta pourpre poussiéreuse,

Vêtu de mon austère cape de disciple.

 

Surprendre à travers l’épaisseur de la foule humaine

Ton soupir vivifiant,

Avec une âme qui ne vit que par ta respiration

Comme la cape ne vit que par le souffle du vent.

 

Plus victorieux que le roi David,

Avec mon épaule écarter la populace

Et, contre tout terrestre outrage,

Te servir de cape.

 

Être au centre des disciples endormis

Celui qui même dans le sommeil ne dort point.

À la première pierre braquée par la populace,

Ne plus être manteau, mais bouclier...

 

(Oh ! ce n’est pas volontairement que j’interromps ici mon vers,

Mais la lame est trop affilée.)

Et, avec un sourire inspiré, le premier

Monter sur ton bûcher.

 

 

 

Marina TSVETAEVA, Métier.

 

Traduit par Emmanuel Rais et J. Robert.

 

Recueilli dans La Russie retrouve son âme,

numéro de juin 1967 de la revue La Table ronde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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