Demain...
Demain deux yeux qui n’avaient jamais vu le monde
Sur la terre de l’homme et de Dieu s’ouvriront ;
Tout aussitôt commencera la jeune ronde
Autour du vierge cœur, autour du faible front.
Les moindres mouvements lui seront une extase :
Une fleur, un détail d’étoffe ou de rideau,
Le ciel où passera le nuage de gaze,
Où l’ombre des pigeons glissant comme de l’eau.
Mon Dieu, mon Dieu ! j’étais si lasse et vacillante !
– Le tout petit enfant s’en vient pour me sauver –
Rendez-moi claire, et réceptive, et transparente,
Puisque l’élan du premier jour est retrouvé !
Geneviève USAIRE, Au jardin de Peau d’Âne, 1945.