Des mots très doux...
Des mots très doux – vérités ou mensonges ? –
Même de Toi – ô pur Galiléen –
Viennent m’aider à supporter le songe
De cette vie aux si fragiles biens.
Face à la terre encore toute fraîche,
Où dort – pourquoi ? – mon beau petit enfant,
Se rappeler les bergers et la crèche
A des douceurs dont l’esprit se défend.
De vieux accents s’étendent comme un baume
Sur le mal vif que je voulais cacher ;
Tu m’évoques les grands ciels purs, les lis du psaume.
La brebis triste, et que Tu vas chercher.
Tu dis « Pauvre âme, hélas, si inquiète !...
Et je te dis « – ô mon enfant » – et Toi :
Tu dis « Allez et préparez la fête »
Ou bien « – Ce soir tu seras avec moi ! »
Et puis encore – et n’est-ce pas une aile
Qui dans un cri virevolte là-haut ? –
« Pourquoi vis-tu toujours en souci d’elle ?
Vous valez plus que tous les passereaux ! »
Et la souffrance écoute en son silence
Des mots si purs et si mélodieux,
Qu’une ineffable et tenace présence
Monte vers nous comme un signe de Dieu.
Geneviève USAIRE, Au jardin de Peau d’Âne, 1945.