À l’aube

 

 

Pas un mot. Tout est calme à la fois. C’est la nuit,

Et les yeux ne voient rien. Le cœur tant l’ombre est douce,

Bat plus libre et sans heurt quand on dort sur la mousse

Où le rêve est au guet dès que le jour a fui.

 

En bas, au ras du ciel, un point d’or, fleur qui luit,

Cligne un œil las et mol sous le vent qui le pousse,

À l’heure où dans l’air frais qui se mêle à la brousse,

L’aube entre au fond du lac et fait à peine un bruit.

 

Tiède et claire en son lit, l’eau se meurt sur la grève,

Et le jonc se tient droit, car la brise a fait trêve.

La source au bord du pré chante et rit tour à tour.

 

Dans le nid, sur la branche, un cri part : c’est une âme

Dont la voix monte au ciel teint de moire et de flamme.

La fleur rend grâce à Dieu, puis tend son cœur au jour.

 

 

 

Gaétan VALOIS.

 

Quinze ans de poésie française à travers le monde,

Anthologie internationale,

textes rassemblés par J. L. L. d’Arthey,

France Universelle, 1927.

 

 

 

 

 

 

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