Prière pour l’heure de ma mort

 

 

Seigneur, quand je mourrai

un jour gris de décembre,

dans les draps malades qui sentent,

le visage jauni comme un navet gelé,

la barbe rongée de sueur,

pendant que mes mains angoissées

pétriront l’oreiller,

veuillez étendre sur moi, Seigneur,

sur moi, pauvre agneau égaré,

Votre miséricorde.

 

Car j’ai toujours été stupide,

paresseux, impudique et fier,

je fus toujours avide

de pots de vin, de pots de bière,

et mes dents ont bruni sous maintes pipes.

 

Seigneur, quand je mourrai,

et que mes pieds

se glaceront comme du verre,

lorsque la cire amère

de la bougie coulera sur mes mains

et que le médecin dira : « C’est fini »,

lorsque, tout près du mur,

le prêtre, d’une voix qui murmure,

Suppliera : « Seigneur, il vient à Vous, le voilà,

Puissé-je prier avec lui :

Seigneur, ayez pitié de moi. »

 

 

 

Karl VAN DEN OEVER, La montagne sainte.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie néerlandaise

de Belgique (1830-1966),

choix de textes et traduction par Maurice Carême,

Aubier-Montaigne, 1967.

 

 

 

 

 

 

 

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