La chaumière

 

 

La maison que mon père terrestre a laissée,

Mon père céleste l’abat,

Car elle est privée d’air et de soleil,

Et les étoiles ne couronnent pas son toit.

 

Il me l’a donnée, mais non point comme quelqu’un

De qui les cadeaux sont sages et justes ;

Ce n’était qu’une pauvre chaumière de boue ;

Qui résista quelque temps aux tempêtes.

 

Mais les longues années, la pluie fréquente

En triomphèrent : elle chancela, tomba,

Et me laissa encor sans toit –

Je ne savais plus où aller.

 

Mais bientôt la lumière et le grand air

Me reçurent comme un enfant errant,

Et bientôt je trouvai leur maison bien plus belle,

Et leur amour pansa toute ma peine.

 

À moi étaient le bois, le champ joyeux

Aux fleurs que chaque jour je piétinais ;

C’est près d’elles aussi que je m’agenouillais

Et que j’appelais leur ami, mon Père, Dieu.

 

 

 

 

Jones VERY.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie américaine,

par Alain Bousquet, Stock, 1956.

 

 

 

 

 

 

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