Après...

 

 

Lorsque le rêveur jette un regard en arrière

Et réveille les jours depuis longtemps passés,

Il apprend, en fouillant sous les marbres glacés,

Que l’esclave et le roi font la même poussière,

 

Que la tente fragile ou le donjon de pierre,

Par le temps qui survient sont d’un souffle effacés ;

Et que nous cheminons sur l’énorme litière

Que laissent, après eux, les mondes entassés.

 

Mais, pour rendre à nos yeux moins cruels et moins sombres

Les décombres, sans fin, succédant aux décombres,

Et le ver du cercueil rongeant nos tristes os,

 

Dieu, comme un manteau neuf, sur les tours écroulées

Met le velours du lierre et l’or des giroflées,

Et fait fleurir la gloire aux tombes des héros.

 

 

 

Vicomte d’YBARRART D’ETCHEGOYEN.

 

Paru dans L’Année des poètes en 1890.

 

 

 

 

 

 

 

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