Le manteau du bon Saint Martin

 

 

Quand Martin rencontra, râlant au bord d’un champ,

Un pauvre sans abri, sans pain ni nourriture,

Il lui dit : « Frère, tiens, voici pour couverture

La moitié de ma cape... » Et ce don fut touchant.

 

Mais Satan qui le vit, déchaîna sur-le-champ

Les rigueurs de l’hiver, la neige et la froidure,

La pluie et l’ouragan, la grêle la plus dure...

Il fit tant que le saint tremblait tout en marchant.

 

« – Tu te repentiras d’avoir l’âme aussi grande,

Se disait le démon, et de ta sotte offrande. »

Martin songeait au pauvre en suivant le sentier :

 

« – Seigneur, il fait bien froid ! se disait le saint homme,

La moitié d’une cape est peu de chose, en somme,

J’aurais dû lui donner mon marteau tout entier. »

 

 

 

Adrien HUGUET.

 

Paru dans La Jeune Picardie en 1900.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

www.biblisem.net