Tremblement de terre

 

 

Le Très-Haut envoya à la ville de Constantin

Un tremblement de terre,

Et l’abîme de l’Hellespont,

Et le rivage avec son amoncellement de monts et de rochers

Tremblèrent – et les palais des empereurs

Et le temple, et le cirque et l’hippodrome,

Et les faîtes crénelés des murs de la cité,

Et tout autour les pays voisins de la mer.

 

Dans Byzance tout entière,

Dans ses temples ouverts, des prières pour les morts

Sont chantées abondamment au Dieu des forces.

Et les fumées des encensoirs serpentaient ;

Et tous, saisis de peur,

Couraient en foule devant l’autel du Christ,

Le Sénat, le Conseil ecclésiastique, les vagues du peuple

Et le pieux empereur en personne.

 

En vain ! clameurs et supplications,

La colère du Seigneur les rejetait,

Et le grondement et les tonnerres du tremblement

Ne se taisaient pas, ne se taisaient pas.

Alors une force invisible

Des cieux est descendue sur terre,

Et brusquement, saisissant un adolescent,

L’a soulevé plus haut que les nuées.

 

Et il a entendu le verbe montagneux

Des Forces célestes : saint, saint, saint !

Puis, sous l’empire d’un frémissement sacré,

Il apporta ce chant à la vallée,

Et l’Église a accepté ces saintes paroles

Et les a inscrites dans ses prières.

Et cette prière a arraché

Byzance à sa perdition.

 

De la même façon, ô poète,

À l’heure des peurs et des chancellements de la terre,

Plane avec ton âme au-dessus des poussières,

Écoute les faces angéliques,

Apporte aux hommes tremblants,

Du haut des montagnes, tes prières,

Pour que nous les acceptions dans nos cœurs

Et que nous soyons, par notre foi, sauvés.

 

 

 

Nicolas IAZYKOV.

 

Recueilli dans Anthologie de la poésie russe

du XVIIIe siècle à nos jours, par Jacques Robert

et Emmanuel Rais, Bordas, 1947.

 

 

 

 

 

 

 

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