La rose


Dans mon jardin la rose,
Je le vois, est éclose.
Longtemps j’ai regardé
Le bouton retardé :
Il vient enfin d’éclore
Au lever de l’aurore.
Admirez ce matin
Son tissu de satin.

Aussitôt je m’approche,
Mais l’oiseau-mouche est proche
Visitant tour à tour
Les plantes d’alentour.
Il vient quand de rosée
La fleur est arrosée,
Goûter de son bec long
Qu’il plonge jusqu’au fond
Ma rose à peine ouverte
Sur la pelouse verte.

Une suave odeur
Excitant son ardeur,
Dans le fond du calice
Il trouve son délice,
Prenant le doux nectar
De suite sans retard.
Car ma fleur parfumée
Semblable à la fumée,
À la fin de ce jour
Finira son séjour.
En naissant elle adore
Son Dieu avec l’aurore
Et dit à l’Éternel
Sur un ton solennel :
Avant que ne s’achève
Mon existence brève,
De mon être, moi fleur,
Je donne le meilleur.

Alors je me recueille,
D’une main je la cueille.
Pour orner les autels
Du Sauveur des mortels,
Quelle fleur plus jolie
Pourrait être cueillie ?
De vivre jusqu’au soir,
Tel est ton seul espoir ;
S’il faut que tu te fanes
Sous les pas des profanes,
J’aime mieux te cueillir
Pour l’autel embellir.
Dans ta pourpre éphémère
Tu feras ta prière,
Pour ceux – disons tout bas –
Pour ceux qui ne prient pas.


François-Moïse LANTEIGNE,
Lyre d’Acadie
.





 

 

 

 

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