Le mariage de Catherine

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

MARIE-THÉRÈSE

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DANS Alexandrie, sur les bords de la Méditerranée orientale, grandit la princesse Catherine, douée d’une vive intelligence et d’une merveilleuse beauté, mais dont le cœur est rempli d’orgueil.

À la mort du roi, la reine Sabinelle, sa mère, l’emmène en Arménie où Catherine devient une adolescente toujours plus belle, toujours plus savante, toujours plus orgueilleuse aussi. Bientôt, les demandes en mariage se succèdent, mais toujours elles sont suivies d’invariables refus. L’époux que l’on propose à la jeune fille n’est jamais assez beau, jamais assez savant.

 

 

*

 

Or, un jour, la reine Sabinelle emmène Catherine vers un vieil ermite nommé Ananias.

« Eh bien ! déclare celui-ci, à mon tour, j’ai un brillant parti à te proposer. »

Très intriguée, la jeune fille écoute, puis lève vers le vieillard des yeux remplis de hardiesse :

« Avant de m’engager envers ce jeune homme, je veux le voir.

– Mon enfant, sache seulement que la plus belle créature est vile devant lui.

– Qu’importe, je veux le voir absolument.

– Soit, répond Ananias. Cette nuit donc, reste dans ta chambre et invoque la Vierge Marie, Mère de Dieu. »

 

 

*

 

Catherine, bouleversée, rentre chez elle. Bientôt, le soir tombe, jetant sur toute chose le silence, le recueillement.

D’une main tremblante, la jeune fille allume les flambeaux et les lampes.

« Je veux que mon visiteur ait un accueil vraiment digne ; je veux que tout rayonne et brille ; je veux être moi-même magnifique... d’ailleurs, ne le suis-je pas déjà ? »

Puis elle se met à genoux. Son cœur bat très fort, car elle essaie de croire en Dieu, de croire à ce qu’en réalité elle n’a jamais cru vraiment.

Soudain, une grande lumière projette mille rayons. Une voix s’élève, très douce, une voix comme jamais Catherine n’en a entendue.

« Ma fille, que me veux-tu ?

– Oh ! Madame, vous qui êtes si jolie, accordez-moi la grâce de voir votre fils.

– Le voici, regarde, et dis-moi : Le veux-tu ?

– Oh ! Mère, je ne suis digne que d’être son esclave. »

Mais la Vierge, s’adressant à Jésus, continue :

« Et Vous, mon Fils, la voulez-Vous aussi ? »

Alors une voix répond : « Non ! Je la trouve trop laide ! » Cette fois, c’est le visiteur tant attendu qui refuse. La vision disparaît, Catherine reste seule, navrée de ces rudes paroles.

« Comment, moi la plus jolie créature du monde, Il ne me veut pas, c’est inadmissible ! Je vais aller conter à Ananias ce qui s’est passé. » Et, sans attendre, Catherine part dans le petit jour.

 

 

*

 

L’ermite l’accueille avec son bon sourire.

« Sans doute, ma fille, tu es très belle, mais ton âme est laide parce qu’elle est toute pleine d’orgueil. Allons, va et corrige-toi. Tu sauras désormais que les humbles sont les préférés du Roi du Ciel. »

Catherine repart le cœur bien gros, mais souvent elle revient voir Ananias qui l’instruit et lui donne le baptême.

Avec la grâce du sacrement, une grande lumière se répand dans l’âme de la jeune fille, dans son âme devenue forte : une âme vaillante, maintenant.

Chaque heure qui passe est marquée de progrès. Les efforts s’enchaînent et s’échelonnent tout au long d’une route bien droite qui monte sans cesse, une route où Catherine avance, tombe parfois, mais se relève toujours.

 

 

*

 

Elle atteindra la perfection. C’est ainsi qu’un soir la Vierge et son Fils reviendront la visiter.

« Mon Fils, la voulez-Vous maintenant », demandera la Vierge à Jésus.

Et Il répondra :

« Oui, car la voilà devenue toute pure et toute belle, comme je la désirais. »

 

 

 

MARIE-THÉRÈSE.

 

Recueilli dans Et maintenant, une histoire !, volume II,

textes rassemblés par Marie-Colette Mainé, Fleurus, 1954.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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