L’Annonciation

 

PARAPHRASE DU PREMIER CHAPITRE DE SAINT-LUC

 

À ROSE-ANAÏS ROUMANILLE.

 

 

 

La sainte vierge Marie prie Dieu dans sa chambrette ; sur elle brille un rayon à travers l’étroite fenêtre. Parmi celles qui sont belles, nulle ne peut l’égaler et pourtant elle s’oublie comme le lis des ruisseaux.

 

Quand le bon Dieu vit en elle tant de vertu et de charme entre toutes les fillettes, il la choisit toute en fleur ; et un matin qu’elle était seule, il envoya du ciel un ange, et l’ange étendant ses ailes, d’un essor vole à son seuil.

 

Et l’ange inclina la face et lui dit : « Bien le bonjour, Marie pleine de grâce ! Le Seigneur est avec toi. Entre toutes, c’est toi-même, ô Marie, qu’il a élue, et au-dessus de toutes les femmes, le Seigneur te bénit. »

 

Mais Marie, toute craintive, en entendant cette voix, devint rouge, la pauvrette, comme un grain de raisin ; et confuse, elle cherchait en elle à trouver le fil des paroles merveilleuses qu’avait dites l’Ange de Dieu.

 

– Ô Marie, n’aie point de crainte, reprit alors le bel Ange, car en grâce Dieu t’élève plus qu’il ne fit à personne. Dans ton sein, ô bien heureuse, tu porteras un enfant, cela au Seigneur agrée, et Jésus sera son nom.

 

Ton fils sera grand, fillette, on l’appellera le fils de Dieu ! Il aura du roi David et la couronne et l’empire, sur Jacob et sa patrie brillera son front divin ; et son règne, ô Marie, n’aura jamais de fin.

 

Comment cela peut-il être ? alors répondit la Vierge, tout entière à Dieu mon maître ; jamais homme n’ai connu, – Va, dit l’Ange bienheureuse, l’Esprit-Saint en toi viendra, et de Dieu qui t’a sacrée la vertu t’ombragera.

 

Et voilà pourquoi ton enfant sera nommé le fils de Dieu ! Mais avant que je m’envole, apprends encore ceci : bien que stérile et vieillie, Élisabeth, ta parente, aura un garçon, car, ô sainte, rien n’est impossible à Dieu.

 

Alors du rayon qui brille couronnée : « Qu’il se fasse, dit Marie, ce qui fait plaisir à Dieu ! Me voici l’humble servante de mon Seigneur. » Elle dit, et l’ange étendant ses ailes, le bel ange disparut.

 

 

Frédéric MISTRAL.

 

Traduit par Jean Soulairol.

 

Recueilli dans La grande et belle bible des Noëls anciens,

par Henry Poulaille, Albin Michel, 1951.

 

 

 

 

 

 

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