Christ en croix

 

 

Je remarquais toujours ce grand Jésus de plâtre

Dressé comme un pardon au seuil du vieux couvent,

Échafaud solennel à geste noir, devant

Lequel je me courbais, saintement idolâtre.

 

Or, l’autre soir, à l’heure où le cri-cri folâtre,

Par les prés assombris, le regard bleu rêvant,

Récitant Éloa, les cheveux dans le vent,

Comme il sied à l’Éphèbe esthétique et bellâtre,

 

J’aperçus, adjoignant des débris de parois,

Un gigantesque amas de lourde vieille croix,

Et de plâtre écroulé parmi les primevères ;

 

Et je restai là, morne, avec les yeux pensifs,

Et j’entendais en moi des marteaux convulsifs

Renfoncer les clous noirs des intimes Calvaires !

 

 

 

Émile NELLIGAN.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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