Citations et extraits

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Gilbert CESBRON

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Beaucoup de romanciers et la plupart des lecteurs de ce temps confondent la Réalité avec la Vérité.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

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Il n’y a pas de coïncidences : il n’y a que des grâces et des pressentiments.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Les hommes de talent essaient de démonter la serrure ; l’homme de génie enfonce la porte d’un coup d’épaule.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Regarde-toi dans une glace à l’improviste : tu verras ton démon gardien...

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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La patience est parfois le fruit le plus secret de l’impatience.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Avec le temps le fleuve accroît sa rive, la mer détruit la sienne. La docilité plus féconde que la violence ?

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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L’Envie est une bête sauvage qu’il ne faut pas chasser à mort mais domestiquer pour en faire de l’Admiration.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le Génie est irréversible : Racine ne comprendrait rien à Rimbaud, qui admire Racine ; et Léonard de Vinci n’entendrait pas le premier mot de l’étude que Valéry lui a consacrée.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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La propagande est un tapis roulant qui vous emporte ou vous oblige, pour garder l’équilibre, à courir en sens inverse.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Drouet (l’homme de Varennes) dont un regard change le cours de l’histoire de France, de l’histoire du monde. S’il avait hésité (« Est-ce bien le Roi ? »), ou tardé dix minutes, ou préféré un verre de vin ou sa tranquillité (« Pas d’histoires ! »), Louis XVII aurait peut-être éclipsé Louis XIV, le maréchal de Bonaparte été son meilleur serviteur, etc.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Quand la famine approcha, les journaux ne parlèrent plus que de « disette » : le mot faisait plus gai.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le cœur humain est pareil aux montres, lesquelles s’usent peut-être en servant, mais se détraquent en ne servant pas.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le chrétien est un voyageur qui a de l’argent plein les mains, mais ce n’est pas la monnaie du pays.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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« Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas ! » disent les imbéciles quand ils changent.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Nous sommes d’un siècle où il fait bon mourir tôt. Si Charles Péguy avait vécu, il aurait peut-être été excommunié, ou fusillé, ou les deux.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Les gens bien ont horreur de la foule et croient que c’est signe de noblesse. Mais c’est tout le contraire preuve de bassesse. Si le Christ avait eu « horreur de la foule »...

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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La politesse. Des gens qui viennent de perdre leur enfant et qui s’excusent parce que, par distraction, ils vous ont tendu la main gauche...

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le propre des génies est moins de surprendre que de se surprendre : ils expriment plus qu’ils ne le croyaient.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Choisir sa vie, c’est décider à l’avance et volontairement ce qui vous empêchera de dormir.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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L’Histoire n’est un « perpétuel recommencement » que pour les myopes et les presbytes : pour ceux qui la regardent de trop haut ou qui n’en voient que des détails.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Pourquoi est-il encourageant de progresser d’une marche, et décourageant de monter quatre marches pour en redescendre trois ?

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Il est plus facile à un jongleur de jongler avec des objets lourds qu’avec des objets légers. Au véritable écrivain aussi.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Qu’est-ce qui distingue, en apparence, les poissons d’eau douce et ceux d’eau salée ? Cependant, transportés d’un milieu dans l’autre, ils meurent. Il existe ainsi des êtres qui ne peuvent vivre que dans l’amour, et d’autres dans la haine ; et rien ne les distingue.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Il y a une générosité facile qui consiste à donner, et une moins facile qui consiste à accepter.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Non, ce n’est pas une croix d’or qu’elles portent sur leur poitrine trop décolletée : c’est un bijou en forme d’avion, tout au plus !

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le plus difficile n’est pas de passer de l’indifférence à la pitié, mais de la pitié à l’amour.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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L’amour que les vrais communistes portent aux hommes diffère de celui que leur porte le Christ comme une lumière électrique allumée en plein jour diffère du soleil.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Et surtout ne deviens jamais cette sorte d’égoïste sentencieux, satisfait, souriant que le monde appelle « un sage » !

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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À chaque siècle, des historiens suggèrent ou croient prouver du nouveau concernant Jeanne d’Arc : elle n’a pas été brûlée, elle était bâtarde royale, ou la maîtresse du roi, etc. La simplicité les déroute, la clarté les aveugle : ils butent contre la merveille transparente, comme des guêpes contre une vitre.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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De Marat il reste une baignoire, de Camille Desmoulins une histoire d’amour, de Fabre d’Églantine une chanson... – C’était bien la peine !

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Se faire une doctrine pareille à l’eau de la mer : qui vous porte, mais dans laquelle il est dangereux de s’endormir !

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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On lit à l’entrée du Jardin des plantes, à Paris : « Il est interdit de se livrer à toute action pouvant entraîner une protestation du Public... » Par exemple dire la vérité, pratiquer l’Évangile, risquer sa vie pour la Justice, etc.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Jeanne d’Arc est un rouage de cristal que Dieu, trichant avec ses propres lois, place dans la machine d’acier de l’histoire.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Pour vous, casser un lacet est un sujet d’énervement ; mais il existe des millions de gens pour qui c’est surtout cinquante francs à dépenser.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Les discours des hommes de 1848 commencent, vers les années 1950, à paraître moins naïfs. Rendez-vous dans cent ans !

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Pourquoi avoir choisi le laurier comme symbole de la gloire ? – Sans doute parce que le fruit du laurier est un poison.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Si saint Martin avait acheté un manteau pour le pauvre, le pauvre eût été mieux vêtu, mais personne ne parlerait plus de M. Martin.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Il suffit d’un vrai chrétien pour instaurer la paix et le sourire du Christ ; il ne suffit pas d’un vrai communiste pour instaurer, etc. Cela mérite réflexion.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Les années 50 furent le règne du n’importe quoi signé Picasso. À Saint-Germain-des-Prés on aurait vendu un bon prix ses empreintes digitales.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Il faut être exquis dans les temps faciles, si l’on veut rester seulement convenable dans les temps difficiles.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le monde des pauvres – comme celui des animaux, comme celui des enfants – est le monde de l’immédiat.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Ce qui rend ce temps si pénible, c’est que les gens qui n’ont souffert en rien s’arrogent le droit de s’aligner (en hargne, en incommodité, en exigence) sur ceux qui ont le plus souffert.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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Le verbe « souffrir » n’a de sens qu’à l’indicatif présent et à la première personne.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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César Franck, c’est la voix du Christ ; et Bach, celle de Dieu le père.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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L’activisme est aussi dangereux à l’âme que l’indolence. Le vent dessèche autant que le soleil.

 

Gilbert CESBRON, Libérez Barabbas.

 

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J’aime, donc je suis.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Certaines Madones sont habitées par l’amour du peintre pour la Vierge ; d’autres par l’amour du peintre pour le modèle.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Le romancier révèle un monde ; le poète en crée un.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Corps et âme, c’est cheval et cavalier – et chacun peut tuer l’autre sous lui.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Mon Dieu, soyez béni pour toute la joie que vous nous donnez ; et montrez-nous, un jour, l’envers de toute la douleur que vous nous laissez subir, amen.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Le Ciel est le seul endroit où il y ait de la place pour tout le monde.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Ils se prennent pour Verlaine, Rimbaud, Baudelaire : ils ne sont qu’ivrognes, pédérastes, drogués. S’ils écrivent leurs livres en vingt jours, ils se croient Giraudoux. Et parce qu’ils sont impies, légers, cyniques, ils osent évoquer Stendhal.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Dans le milliardaire, l’empereur, le génie, le vieillard, à de certaines heures, il y a quelqu’un qui crie « Maman ».

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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– Cette fois, mon Dieu, il faut que Vous interveniez !

– Quand ? demanda le Seigneur.

– Hier.

– Bien, dit le Seigneur.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Le chant des oiseaux m’en prouve davantage sur l’existence de Dieu que tous vos sermons.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Colisée. Sur les dix mille spectateurs, y compris la tribune impériale, il n’y a qu’un seul homme libre : celui sur lequel le lion vient de porter la griffe.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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De nos jours, pour persécuter les Chrétiens, les lions ne seraient plus assez sûrs.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Ils connaissent mieux leur dû que leur devoir.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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La plupart des ménages sont composés d’une guêpe et d’une abeille, tantôt elle, tantôt lui.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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La différence essentielle entre les grandes personnes et les enfants est que celles-là ne sourient que lorsqu’elles sont heureuses tandis que ceux-ci ne cessent de sourire que lorsqu’ils sont malheureux. Cette différence s’appelle la grâce.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Ce qui est difficile, ce n’est pas d’être chaste mais de n’en pas rougir.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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À l’impossible nul n’est tenu. « Sauf moi ! » pense le héros. Le saint ne le pense pas mais le prouve, à son insu.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Les tièdes ne sont même pas dignes du démon.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Sous prétexte que la passion conduit à des excès, ils prennent leurs excès pour de la passion.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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L’homme d’affaires et le saint. L’un veille et l’autre ne peut pas dormir – c’est tout différent !

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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On envie les grands hommes ; pas les saints : on les aime.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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L’Histoire est déjà une imposture en ceci qu’elle est écrite par les survivants.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Tous les records sont, par définition, périssables. Dans le domaine littéraire, les tentatives de sincérité, de liberté, d’érotisme absolus, etc., portent un nom : surenchère, et sont signe d’une grande naïveté d’orgueil.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Il ne s’agit même pas d’avoir « le triomphe modeste », il faut l’avoir invisible.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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La plupart des hommes ne savent pas calculer le prix de revient de leur réussite.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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La liberté d’esprit consiste à continuer de juger qu’une chose est injuste, absurde, ou odieuse, même si elle dure depuis des milliers d’années, touche des millions d’hommes ou rapporte des milliards de francs.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Ils ne veulent pas « être la poire » : ils préfèrent être le couteau...

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Ils croient être simples ; ils ne sont que sommaires.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Les « explications » épaississent souvent les mystères : elles ne sont pas de la même espèce.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Deux plaideurs se disputaient une huître. Un juge survient, gobe l’huître et leur remet à chacun une écaille. Le premier, furieux, la jette au loin. Le second, résigné, examine avec soin sa coquille : elle contenait une perle.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Si les hommes avaient à défendre leur cause au tribunal de Dieu, on y plaiderait encore le procès d’Adam.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Le Christ est le seul être qu’on puisse sans cesse regarder sans tourner le dos aux autres.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

 

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Comme il y a des tableaux trompe-l’œil, il y a des livres trompe-l’esprit.

 

Gilbert CESBRON, Une sentinelle attend l’aurore.

  

 

 

 

 

 

 

 

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