Citations et extraits

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Jean COCTEAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Quoi de plus jobard, de plus flou que le scepticisme du XVIIIe siècle ? On ne le déteste pas ; on le goûte comme une attitude de l’esprit, attitude qui devint fort vite le comble de la vulgarité avec la science. (Lettre à Jacques Maritain.)

 

Les grandes découvertes de l’homme sont des épaves apportées par la vague. Jamais encore il n’a, dans le surnaturel, rencontré une Amérique. (Lettre à Jacques Maritain.)

 

Seuls l’amour et la Foi nous permettent de sortir de nous. (Lettre à Jacques Maritain.)

 

L’art pour l’art, l’art pour la foule sont également absurdes. Je propose l’art pour Dieu. (Lettre à Jacques Maritain.)

 

Sans effort rien de beau n’existe. (Le livre blanc.)

 

Après une crise religieuse, l’âme retombe. C’est la minute délicate. Le vieil homme ne se dépouille pas aussi facilement que les couleuvres de cette robe légère accrochée aux églantines. (Le livre blanc.)

 

Faire son salut à Paris est impossible ; l’âme est trop distraite. (Le livre blanc.)

 

L’homme a fait de Dieu un juge, parce que l’homme juge et condamne. Mais ne vous y trompez pas. (Bacchus.)

 

L’élite croit que la méchanceté prouve l’intelligence et que la bonté prouve la bêtise. Le drame est là. (Bacchus.)

 

Il n’y a pas de vraie victoire sans échec. On laisse les vainqueurs crever de leur victoire, et les vaincus deviennent des vainqueurs parce que chacun les soigne et les prend en charge. Christ le savait. (Bacchus.)

 

D’homme libre en homme libre, de bûcher en bûcher, la cause de Dieu finira peut-être par vaincre le diable qui se déguise en ermite. (Bacchus.)

 

Le divorce entre la religion et la science est une grande faute. Comme un ricochet de la faute originelle. Nous portons tous le poids de cette faute du XIXe siècle. (Journal d’un Inconnu.)

 

Quoi de plus suspect qu’un poème en langue française, objet non identifié dans le ciel des lettres ? Existe-t-il plus haute solitude en face de la conspiration du bruit ? Quoi de plus nu, de plus inconnu, de plus paille, de plus bœuf, de plus âne, de plus crèche ? Quoi de plus menacé par des massacres d’innocence, mais aussi quoi de plus étoilé, de plus visité par des simples, par des mages, par des rois ? (Discours sur la poésie, dans Poésie critique.)

 

L’invisible a ses chemins, et nous avons les nôtres. Il ne partage pas notre besoin de nous accroître. S’il nous quitte, c’est assez pour lui. Peu lui importe notre rôle d’esclave et notre fatuité qui nous affirme que nous sommes libres. Nous ne servons qu’à le servir. (Journal d’un Inconnu.)

 

Un savant m’a dit un jour qu’on avait plus de contacts avec le mystère si l’on n’était pas engoncé par les doctrines, avec la chance si l’on jetait sa pièce de-ci de-là sur des chiffres, au lieu de se plier aux martingales. Que la science retardait sa course en se comptant et recomptant les jambes et que l’école buissonnière risquait de nous mettre sur le bon chemin. Qu’on avait vu des meutes perdre la trace alors que le nez d’un roquet tombait juste. (Journal d’un Inconnu.)

 

L’homme est un infirme. Je veux dire qu’il est limité par des dimensions qui le finissent et l’empêchent de comprendre l’infini où les dimensions n’existent pas. C’est, plus que par la science, par la honte que lui inflige cette infirmité et la hantise d’en sortir, qu’il arrive à concevoir l’inconcevable. (Journal d’un Inconnu.)

 

 

 

 

 

 

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