Citations et extraits

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Gustave MOREAU

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Croyez-vous en Dieu ? Je ne crois qu’en lui seul. Je ne crois ni à ce que je touche, ni à ce que je vois. Je ne crois qu’à ce que je ne vois pas et uniquement à ce que je sens. Mon cerveau, ma raison me semblent éphémères et d’une réalité douteuse. Mon sentiment intérieur seul me paraît éternel et incontestablement certain.

 

Gustave MOREAU.

 

Cité par Georges ROUAULT, Souvenirs intimes : G. Moreau,

Léon Bloy, Cézanne..., 2e éd., Paris, E. Frapier, 1926, p. 42-43.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Dieu, c’est l’immense et je le sens en moi.

 

Gustave MOREAU.

 

Cité dans Gustave Moreau.

Coll. « Les Peintres illustres »,

sous la direction de H. Roujon,

Paris, P. Lafitte, 1914.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

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Consultez les maîtres. Ils nous donnent tous le conseil de ne pas faire d’art pauvre. De tout temps, ils ont introduit dans leurs tableaux tout ce qu’ils connurent de plus riche, de plus brillant, de plus rare, de plus étrange parfois, tout ce qui, autour d’eux, passait pour précieux et magnifique. Dans leur sentiment, c’est ennoblir le sujet que de l’encadrer dans une profusion de formules décoratives, et leur respect, leur piété ressemblent à ceux des Rois Mages apportant sur le seuil de la crèche le tribut des contrées lointaines. Voyez leurs Madones, incarnation de leur rêve de beauté le plus haut : quels ajustements, quelles couronnes, quels bijoux, que de broderies sur le bord des manteaux, que de trônes ciselés !... Dira-t-on, cependant, que les pesants orfrois dont il les accable fassent des grands-prêtres de Rembrandt des images de réalisme ? Dira-t-on que le faste royal des Vierges de Van Eyck contrarie l’onction ou le recueillement de ces graves figures ? Au contraire, le mobilier somptuaire et les accessoires même, qui se combinent en un étalage d’un prix incalculable dans les œuvres des maîtres du passé, renforcent la ligne du thème abstrait, et l’on voit parfois ces grands génies naïfs jeter dans leurs compositions je ne sais quelle délicieuse végétation, je ne sais quelle faune absurde et ravissante, des moissons de fleurs, des guirlandes de fruits inconnus, des animaux nobles et gracieux.

Qu’ils viennent des Flandres ou de l’Ombrie, de Venise ou de Cologne, les maîtres se sont efforcés de créer un univers dépassant le réel. Ils ont été jusqu’à imaginer des ciels, des nuages, des sites, des architectures, des perspectives insolites et tenant du prodige. Quelles villes bâtissent un Carpaccio ou un Memling pour y promener sainte Ursule, et quelle Tarse édifie Claude Lorrain pour sa petite Cléopâtre ! Quelles vallées creusées dans le saphir ouvrent les peintres lombards ! Enfin, partout, aux murs des musées, que de fenêtres ouvertes sur des mondes artificiels qui semblent taillés dans le marbre et l’or et sur des espaces nécessairement chimériques !

 

Gustave MOREAU.

 

Propos rapportés par Ary RENAN,

Gustave Moreau, Paris,

Gazette des Beaux-Arts, 1900, p. 43.

 

Recueilli dans Les créateurs et le sacré,

par Camille Bourniquel et

Jean Guichard-Meili,

Cerf, 1956.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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