Sur la réunion de tous les chrétiens

dans une seule et même Église

 

 

 

Tous les chrétiens seront réunis dans une seule et même église dès que tous ceux qui veulent croire et pratiquer la religion de Jésus-Christ s’accorderont dans les doctrines qu’on doit regarder comme parties essentielles et indispensables de la foi chrétienne, et dès qu’ils se réuniront tous indistinctement dans les mêmes temples pour exprimer la même foi par le même culte 1.

Il résulte de cette définition que l’union de tous les chrétiens dans la même Église n’est détruite, ni par les incrédules, qui, nés dans le christianisme, cessent plus tard de le professer de fait, de le croire et de le pratiquer, ni non plus par ces controverses telles que celles qui divisent entre eux les théologiens catholiques. Car ces théologiens, tout divisés qu’ils soient sur certaines opinions, sont d’accord sur les parties essentielles et indispensables de la foi chrétienne, et ils se réunissent dans les mêmes temples pour exprimer la même foi par le même culte. Quant aux incrédules, ils rejettent le christianisme, ils ne comptent donc plus parmi les chrétiens, nom qui ne s’applique qu’à ceux qui veulent croire et pratiquer la religion de Jésus-Christ. En sorte que ceux qui prétendent que les catholiques ne sont pas tous unis dans la même foi, puisqu’il y a parmi eux beaucoup d’incrédules, raisonnent aussi mal que s’ils tiraient une conséquence contre l’unité chrétienne en général, de la circonstance qu’on voit des mahométans et des juifs vivre au milieu des chrétiens.

Le véritable obstacle à l’union de tous les chrétiens dans une seule et même Église, c’est que ceux qui s’accordent à vouloir sincèrement croire et pratiquer la religion de Jésus-Christ ne peuvent s’accorder sur la question importante de savoir ce qu’on doit croire et pratiquer pour être chrétien : c’est que les uns appellent corruption du christianisme ce que les autres regardent comme article essentiel de la foi chrétienne, et qu’ainsi n’ayant pas la même foi ils ne peuvent raisonnablement aller dans les mêmes temples ; parce que le culte devant exprimer la foi, il faut plusieurs cultes lorsqu’il y a des croyances divergentes et opposées entre elles. Voilà pourquoi les catholiques et les protestants ne peuvent être unis dans une seule et même Église.

Or la division qui existe entre eux est un mal, et leur réunion serait un bien.

C’est à cette funeste division qu’il faut d’abord renvoyer le reproche fait injustement au christianisme d’avoir allumé des guerres, et si elle n’en allume plus de nos jours, elle empêche du moins la religion chrétienne d’exercer, pour les prévenir ou les diminuer, toute cette influence qu’elle aurait, si toutes les nations chrétiennes ne formaient qu’un seul troupeau sous la conduite d’un seul pasteur ; elle s’oppose plus que toute autre chose à l’établissement dans tout le monde chrétien d’un droit des gens basé sur les principes de l’Évangile, et qui, maintenu par une autorité également respectée de tous, pourrait, mieux que toutes les autres combinaisons politiques qu’on a imaginées à cet effet, protéger les faibles contre les forts et nous rapprocher de la réalisation du beau idéal d’une société européenne perfectionnée et jouissant d’une paix durable et universelle.

Si ensuite on considère chaque pays en particulier, il faudra convenir encore que de l’absence de l’unité religieuse il est résulté partout de grands embarras et souvent de grands maux politiques. De quels dangers le nombre toujours croissant des dissidents de l’Église nationale ne menace-t-il pas l’avenir de l’Angleterre ? Quel appui le protestantisme n’a-t-il pas offert plus d’une fois aux factions, qui, à diverses époques, ont troublé le repos de la France ? Combien l’établissement partiel de la réforme n’a-t-il pas été fatal et destructif pour l’union, la force et la prospérité de la grande fédération de l’empire germanique, de l’intéressante fédération des républiques de la Suisse ? D’ailleurs qui pourrait ne pas sentir qu’abstraction faite de ces conséquences politiques, il est choquant qu’un souverain suive un autre culte que le peuple dont il doit être le père, que les enfants de la même patrie, les membres de la même communauté professent deux religions différentes et en quelque sorte opposées ?

Mais combien plus funeste cette différence de religion ne lui devient-elle pas encore dans ses conséquences, lorsqu’elle ne divise plus seulement les habitants du même pays, mais jusqu’aux membres de la même famille ! On a beau dire et faire, les mariages mixtes ne pourront jamais s’éviter là où des catholiques et des protestants vivent ensemble. Les indifférents forment sans peine de semblables liaisons, dans lesquelles la passion peut quelquefois entraîner même les âmes pieuses. Dans ce cas il arrive de deux choses l’une, ou ces âmes pieuses finissent par devenir indifférentes à leur tour, et de telles familles sont ensuite des pépinières d’indifférentisme et souvent d’impiété, ou bien elles conservent un attachement profond à la religion de leurs pères. Mais alors combien ne doivent-elles pas trouver pénible et affligeant de ne pouvoir faire partager, à ceux avec qui elles ont mis tout en commun, le bien que la piété que nous leur supposons doit leur représenter comme le meilleur de tous les biens, les lumières et les consolations de la vraie religion ; quelle douleur de se séparer de ceux dont on est d’ailleurs inséparable, lorsqu’on veut prier, et de ne pouvoir jamais rencontrer au banquet de Dieu ceux qu’on voit tous les jours assis à ses côtés à la table domestique !

On a dit que les hommes peuvent vivre ensemble dans la meilleure intelligence, alors même qu’ils suivent les opinions les plus opposées en matière de religion. Cela peut être vrai jusqu’à un certain point, si ces hommes sont indifférents pour leurs croyances, s’ils n’ont justement que des opinions, au lieu d’avoir des convictions intimes et des attachements profonds en matière de religion. Mais si l’on parle de catholiques zélés et de protestants zélés, on recevra de l’expérience le démenti le plus formel. Prenons les choses telles qu’elles sont. Si le catholicisme est vrai, les protestants (je parle de ceux surtout qui le sont avec connaissance de cause) sont des hérétiques ; ils sont en révolte contre l’autorité établie par Jésus-Christ ; ils méprisent ce qu’il y a de plus vénérable et de plus terrible, la voix de Dieu, ils négligent des pratiques qui sont de la première importance pour le salut. Si au contraire le protestantisme est vrai, les catholiques sont des hypocrites ou des aveugles qui confondent une puissance usurpatrice avec une autorité divine, qui altèrent la pureté du christianisme par des additions humaines, qui offrent un culte qui, loin de plaire à Dieu, est presque idolâtrique, qui professent et pratiquent une foule de choses absurdes et superstitieuses. Or peut-on connaître le cœur humain et s’imaginer que les hommes qui sont si impatients des contradictions qu’ils éprouvent et qui ne sont pas plutôt ensemble qu’ils commencent à discuter les points qui les divisent, puissent s’adresser réciproquement des reproches aussi graves sans que la charité et la paix en souffrent ? Si les hommes étaient si pacifiques et si indulgents pour ceux qui ne partagent pas leurs opinions religieuses, verrait-on si souvent ceux qui passent d’une Église à l’autre être en butte aux invectives et à toute sorte de mauvais traitements de la part de ceux envers lesquels ils ne se sont donné aucun autre tort que celui de ne plus penser comme eux en matière de foi ?

Ne doit-on pas compter aussi, parmi les malheureuses conséquences de la grande division de la chrétienté, les changements de religion, changements qui exigent toujours des sacrifices si pénibles de la part de ceux à qui la conviction de leur conscience en font une nécessité morale, et qui remplissent d’amertume, et trop souvent aussi de sentiments coupables, les âmes d’un plus ou moins grand nombre des anciens coreligionnaires de celui qui se convertit ? N’est-il pas évident que tous ces maux seraient prévenus et toutes ces plaies fermées, si tous les chrétiens étaient de nouveau réunis dans une seule et même église ?

Cependant nous n’avons pas encore nommé l’effet le plus déplorable de la division qui existe entre les chrétiens. Elle obscurcit la vérité du christianisme, en arrête les progrès et place entre les mains de ses ennemis des armes dangereuses. Que doivent-ils penser, les juifs, les mahométans, les païens et les incrédules, lorsqu’on vient leur annoncer, au nom du même Sauveur et comme sorties de la bouche du même Dieu, les doctrines les plus divergentes et des dogmes souvent contradictoires ? Combien n’est-il pas difficile de répliquer d’une manière victorieuse, lorsque l’incrédule dit d’un ton moqueur : « Vous voulez me prouver que le christianisme est vrai et qu’il vient du ciel, mais commencez donc, je vous en prie, par répondre d’une manière uniforme à ma question : qu’est-ce que c’est que le christianisme ? que faut-il croire et que faut-il faire pour être chrétien ? » Ces réflexions qu’on pourrait augmenter de tant d’autres sont déjà plus que suffisantes. Aussi les hommes sages de tous les temps et de tous les partis se sont accordés à déplorer comme un grand mal la division qui existe entre les chrétiens, et à parler de l’unité religieuse comme d’un des biens les plus désirables. Contentons-nous d’une seule citation prise dans les écrits du célèbre Bacon : « L’unité, dit-il, produit deux effets salutaires. L’un regarde ceux qui sont en dehors de l’Église, l’autre ceux qui sont dans l’Église ; il est certain que les hérésies et les schismes sont de tous les scandales le plus grand ; ils scandalisent plus même que la dépravation des mœurs ; car il en est du corps spirituel comme du corps matériel, pour lequel on craint moins une humeur corrompue que des ruptures et des dislocations. C’est à la rupture de l’unité plutôt qu’à toute autre chose qu’on doit s’en prendre si tant d’hommes sortent de l’Église et que tant d’autres n’y entrent pas.

« Quant à l’autre effet salutaire produit par l’unité et qui regarde ceux qui sont dans l’Église, c’est la paix qui renferme un nombre infini de bénédictions. L’unité affermit la foi, elle enflamme la charité. La paix extérieure de l’Église produit la paix intérieure des âmes, et elle fait qu’au lieu d’avoir à écrire et à lire des ouvrages de controverse, on peut tourner toutes ses pensées vers la piété et la perfection 2. »

L’Évangile lui-même nous recommande l’unité de foi et d’esprit qui est la base de l’union de tous les chrétiens dans une même Église ; cette unité est par conséquent la volonté de Dieu et de son Fils éternel. Jésus-Christ prie son Père pour tous ceux qui croyaient et qui croiront en lui, qu’ils soient un, comme nous sommes un 3 ! Saint Paul dit qu’il ne doit y avoir qu’une foi, comme il n’y a qu’un Dieu, et qu’un baptême 4, et il recommande à tous de conserver l’unité de l’esprit 5. Il est donc évident que Jésus et ses apôtres voulaient et que par conséquent Dieu veut que tous les chrétiens n’aient qu’une foi. Aussi les liturgies protestantes mêmes énumèrent-elles l’unité de la foi parmi les biens pour lesquels on doit implorer Dieu, et une de ces liturgies lui demande expressément la réunion depuis si longtemps désirée de toutes les Églises.

Or si Dieu veut une chose, ce que nous reconnaissons en la lui demandant, puisqu’on ne doit lui demander que ce qui est conforme à sa volonté sainte, il veut toujours aussi que nous fassions nous-mêmes tout ce qui dépend de nous pour que cette chose arrive ; ainsi, s’il veut l’unité de la foi, il doit vouloir aussi que nous ne négligions aucun moyen légitime pour la conserver si elle existe, pour la rétablir si elle a été troublée. Voyons donc quels sont à cet égard les moyens légitimes qui pourraient en préparer et en faciliter le succès.

Il est d’abord certain que le rétablissement de l’unité de la foi parmi les chrétiens, et leur réunion dans la même église, sont deux choses inséparables. Cependant, cette vérité même qui paraît si claire et si incontestable, a été méconnue de nos jours.

Deux partis religieux, les luthériens et les calvinistes, dans plusieurs parties de l’Allemagne, ont cru pouvoir se réunir dans la même Église sans se réunir d’abord dans la même foi. Mille voix dans le protestantisme même se sont élevées contre cette monstrueuse union, et cela nous épargne la peine de montrer combien elle est contraire à l’esprit des apôtres, de toute l’Église, des réformateurs même qui ont déployé toute l’énergie de leur âme pour ou contre ces doctrines, qui, à entendre les auteurs de cette union, ne valent pas seulement la peine qu’on en parle. Quoi qu’il en soit, les luthériens et les calvinistes mêmes qui se sont unis de cette manière nous accorderont volontiers que leur meilleur argument, celui de dire qu’ils ne sont divisés que sur un ou deux points peu importants, et que le culte est essentiellement le même, ne saurait s’appliquer au catholicisme et au protestantisme, entre lesquels il existe une différence ou plutôt une opposition trop tranchante, qui embrasse trop de points, et qui est marquée trop fortement dans le culte pour qu’une union de cette espèce puisse être possible.

Il est ensuite des personnes qui pensent que les catholiques et les protestants pourraient s’unir dans la même foi, en se faisant des concessions mutuelles ; les uns en sacrifiant, les autres en adoptant quelques dogmes. Pour concevoir de semblables espérances, il faut également ignorer la nature de la foi, et la constitution même du catholicisme et du protestantisme. Nous croyons un dogme lorsque nous sommes intérieurement certains qu’il fait partie de la révélation, ou qu’il nous est proposé par une autorité infaillible. Ainsi, proposer aux catholiques de sacrifier des dogmes par amour de la paix, c’est leur dire de ne pas croire une chose qu’ils savent avec certitude faire partie de la révélation ; et conseiller aux protestants d’adopter des dogmes par amour de la paix, c’est leur proposer de dire qu’ils sont intérieurement certains de ce qui leur a toujours paru incertain ou même faux. En d’autres termes, c’est vouloir opérer l’unité de la foi, en proposant le sacrilège aux uns et le mensonge aux autres.

Qu’est-ce qui constitue d’ailleurs essentiellement le catholicisme et le protestantisme ? L’un se réduit à reconnaître l’autorité de l’Église, l’autre à la nier et lui substituer celle de la raison individuelle. Or, comme on ne peut reconnaître l’autorité de l’Église à moitié, l’écouter sur quelques points et ne pas l’écouter sur quelques autres, il est clair que si les catholiques et les protestants ne peuvent s’unir dans la foi moyennant des concessions réciproques, c’est que leur réunion ne peut s’effectuer qu’en tant que les uns passeront entièrement dans les rangs des autres.

Si on pouvait parler d’une réunion dans la foi comme d’une réunion ordinaire, il serait peut-être juste que les protestants revinssent aux catholiques, puisqu’ils sont les descendants de ceux qui se sont séparés, et aussi parce que, malgré leur grand nombre, ils forment encore la minorité qui, d’après l’opinion générale, doit céder à la majorité. Mais nous n’insistons pas là-dessus ; ce que nous dirons, c’est que tout le monde doit tomber d’accord que, puisqu’il faut ou le passage des catholiques aux protestants, ou le retour des protestants aux catholiques, afin d’obtenir le rétablissement de l’unité de l’Église, ou, ce qui revient au même, de l’unité de la foi, on doit préférer, des deux seuls partis possibles, celui qui conduit au but qu’on se propose à celui qui n’y conduirait aucunement.

Constatons d’abord quel serait le résultat pour l’unité de la foi, si tous les protestants se faisaient catholiques. Il est évident que dès lors il n’y aurait plus qu’une seule Église et une seule foi, puisque tous les catholiques ayant et ne pouvant avoir que la même foi, ceux qui se feraient catholiques partageraient cette même foi avec ceux qui le sont déjà. Ainsi, le but que nous cherchons serait obtenu.

Supposons au contraire que tous les catholiques se fissent protestants, arriverions-nous également à l’unité de l’Église et de la foi ? On est forcé de convenir que non. Car on ne peut dire que tous les protestants, comme on peut le dire de tous les catholiques, ne forment entre eux qu’une seule Église, et n’ont tous qu’une seule foi. Par exemple, que tous les catholiques en Angleterre se fassent protestants, il n’y en aura pas moins une foule de croyances et d’églises, ou de sectes différentes : et l’unité de la foi, loin d’y gagner, y perdra, au contraire, puisque ces catholiques, qui avaient tous la même foi avant leur conversion au protestantisme, formeront après plusieurs sectes nouvelles, comme l’ont fait ceux qui étaient protestants avant eux.

Il en serait de même dans les autres pays protestants ; or, il faut bien observer que si l’unité n’existe pas parmi les protestants, ce n’est pas uniquement parce que, dès le commencement de la séparation, il s’est formé plusieurs églises protestantes, et que maintenant il y a un grand nombre de sectes protestantes, mais surtout parce que le protestantisme, de sa nature, tend à les augmenter continuellement ; de telle sorte que si une Église ne peut raisonnablement se composer que d’hommes qui ont la même foi, il devrait y avoir dans le monde protestant presqu’autant d’Églises qu’il y a d’individus pensants. Cependant la division dans la croyance précède quelquefois de longtemps la séparation extérieure. Ainsi nous voyons aujourd’hui en Allemagne tous les protestants qui pensent, divisés en deux grands partis (sans compter les subdivisions), les Surnaturalistes et les Rationalistes. Les premiers admettent, les derniers rejettent la Trinité, la divinité de Jésus-Christ, le péché originel, le sacrifice expiatoire, la résurrection de la chair, etc., et cependant les uns et les autres vivent extérieurement dans la même Église et suivent le même culte, ce qui, certes, doit être regardé comme plus monstrueux et plus affligeant pour des chrétiens que la réunion des luthériens et des calvinistes, dont nous avons parlé plus haut. Aussi les surnaturalistes ou luthériens orthodoxes ont-ils plus d’une fois invité les rationalistes à se séparer d’eux, et à former une Église nouvelle.

Il est donc évident, aussi évident qu’une chose peut l’être, et plusieurs théologiens protestants l’ont formellement reconnu, que l’unité de la foi ne peut exister que dans le catholicisme, et que, par conséquent, l’unique moyen de la rétablir partout serait le retour des protestants à l’Église catholique. Or, je ne dis pas que l’amour de l’unité à lui seul doive décider les protestants à embrasser le catholicisme ; la conviction de la vérité de celui-ci peut, seule, autoriser et commander une pareille démarche ; mais je pense que tout protestant qui a lu attentivement les réflexions que nous venons de faire, et qui porte dans son cœur l’amour de Dieu avec le désir de faire sa volonté, devrait se dire : « Il est incontestable que l’unité de tous les chrétiens dans la même foi et par la même foi dans la même Église serait un grand bien ; il est également incontestable que Jésus-Christ veut cette unité ; peut-il donc vouloir le protestantisme qui la rend à jamais impossible ? Et ne voudrait-il pas plutôt le catholicisme, dont le triomphe universel accomplirait cette prière qu’il a adressée à son Père : Que tous soient un comme nous sommes un, qui réaliserait ainsi la parole de son apôtre, qu’il ne doit y avoir parmi les chrétiens qu’une foi, comme dans l’univers il n’est qu’un Dieu ; enfin, qui opérerait ce que les protestants eux-mêmes demandent dans leurs liturgies, la réunion de toutes les Églises ? »

Telles sont les réflexions que nous soumettons avec amour et simplicité à nos frères séparés ; qu’ils daignent en faire le sujet de quelqu’une de leurs méditations. Ils le voient eux-mêmes ; la foi diminue ; le doute, l’incrédulité, le scepticisme travaillent et dissolvent les vérités sorties de la bouche du Christ. Des vœux coupables couvent peut-être au fond de bien des cœurs, non pour faire advenir, mais pour faire disparaître son règne sur la terre ; pourquoi ne serions-nous pas un comme le veut Jésus ? Il semble n’avoir laissé qu’une seule manière de le devenir pour que nous n’hésitions plus.

 

Georges ESSLINGER.

 

Paru dans les Annales de philosophie chrétienne en 1830.

 

 

 

 

 

 

 

 



1 L’auteur de cet article est M. Georges Esslinger, aumônier protestant du premier régiment suisse de la garde royale de Charles X. Nos lecteurs apprendront avec plaisir que Dieu a béni les heureuses dispositions dans lesquelles il était en le composant. Il est rentré publiquement dans le sein de l’Église en 1831, et il a rendu compte des motifs de sa conversion dans une Lettre au conseil ecclésiastique de Zurich, publiée à Fribourg, chez J. Schmid, 1831. Il remplit en ce moment une place d’aumônier dans les États de Sa Sainteté.

(Note de la deuxième édition.)

2 Voir Bacon’s Essays.

3 Ut sint unum, sicut et nos unum sumus. S. Jean, chap, XVII, v. 22.

4 Unus dominus, una fides, unum baptisma. S. Paul aux Éphés., ch. IV, v. 5.

5 Solliciti servare unitatem spiritus in vinculo pacis. Idem, ch. IV. v. 3.

 

 

 

 

 

 

 

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