Les fées, syrènes, gnômes, etc.
par
Ernest BOSC
Bien des personnes croient aux Fées, mais un bien plus grand nombre n’y croient pas...
Les fées font partie du monde invisible, du monde astral, auquel ont cru beaucoup de penseurs, bien des savants et même des hommes de génie
Tel Paracelse, par exemple, dont nous mentionnerons bientôt l’opinion au sujet des entités invisibles. Il les dénomme Saganes.
Peu importe du reste le nom, qui varie suivant les temps et les pays.
En Bretagne, en les nomme : Dames Blanches, Lavandières, Chanteuses de nuit, etc., et malheur à ceux qui ne leur donnent pas assistance, quand elles la demandent pour tordre le linge quelles ont lavé. Il paraîtrait que d’aucunes cassent les bras, sans pitié, à ceux qui refusent de las aider.
En France, les fées les plus célèbres sont : la fée Morgue, la sœur du vieux roi Arthur ; la fée Mélusine, l’épouse de Guy de Lusignan, qui poussa des cris effroyables de désespérée quand elle fut obligée d’abandonner pour toujours son époux ; la fée Urgande, etc., etc.
Selon une tradition germanique, la Reine des Fées, serait Titania.
Les Saxons possèdent des Fées en grand nombre ; les plus célèbres sont : les Du-Elfen, esprits des champs ; les Mounts Elfen, les esprits des montagnes ; les Wudu-Elfen, les esprits des bois ; les Water-Elfen, les esprits des eaux ou de la mer, etc., etc.
En Ecosse, où les fées sont dénommées Fairies ou Fairfolk’s, il y a également des esprits dénommés Garçons de fées, qui sont des êtres mixtes entre les lutins et les mortels 1.
Dans beaucoup de pays un considère l’esprit ou génie de la montagne comme un être mystérieux très puissant ; c’eut lui qui exciterait les tempêtes, au sommet des montagnes, qui ferait rouler les rochers et les avalanches, et il paraît que parfois il parle et menace les chasseurs qui osent poursuivre les chamois.
Il existe aussi des génies des mines : bien des montagnes suisses ont des Servants, c’est-à-dire des esprits élémentaires (élémentals et élémentins) qui vivent dans les chalets solitaires, qui gardent le bétail, sans se montrer, et qui entretiennent et cultivent parfois les jardins qui entourent ces chalets.
Ces élémentaires exigent qu’on leur fasse des libations, sinon ils s’irritent et démolissent tout dans les étables qu’ils soignaient quelques jours auparavant avec zèle et beaucoup d’intérêt.
Un jour, dans une localité suisse, nous avons vu un berger jeter sous la table sous laquelle il mangeait une cuillerée de lait, et comme nous lui demandions la raison de ce fait, il nous répondit simplement que c’était pour obéir à une ancienne coutume, à un ancien usage, qui recommandait de donner à boire aux Fallets.
On a découvert en Suisse, tout près de Lausanne, une inscription attestant qu’on révérait autrefois dans les campagnes les Suelves, qui n’étalent rien autre que les mêmes espèces de Sylphes que les Germains dénommaient Sylvain. Du reste, suivant les pays et même les localités, les noms varient comme nous venons de le dire : les Djinns de la Perse sont nos lutins d’Occident ; les Dracae ou Draks sont des espèces de fées ondines, qui habitent parfois dans les grottes et les cavernes ou Spélunques (grottes) des montagnes. C’étaient probablement les dragons du moyen-âge, comme peut le faire supposer l’assonance du mot.
En Orient les fées se nomment Péris, elles rappellent à l’imagination tout ce qu’il y a de plus élégant, de plus frais, de plus gracieux, de plus voluptueux.
Les Dives sont les fées malfaisantes ; elles n’attirent et ne recherchent les mortels que pour les tromper !...
Un grand nombre de vieilles Chroniques du moyen-âge sont remplies d’unions mystérieuses des élémentals 2 avec la race humaine, unions le plus souvent interrompues par l’inconstance de l’homme ou de la femme envers ces êtres de l’astral.
Il y a à cette inconstance une raison majeure ; c’est que la fatigue neurique dans le monde astral est beaucoup plus énervante, plus considérable pour l’espèce humaine que pour les élémentals.
Nous n’insisterons pas pour le moment sur ce sujet, et nous passerons la plume au grand Alchimiste :
« Tous les éléments ont une âme dit-il, et sont vivants. Les habitants des éléments se nomment Saganes, ce qui veut dire éléments ; ils ne sont pas inférieurs à l’homme, mais ils en diffèrent, en ce qu’ils n’ont pas d’âme immortelle. Ce sont les puissances de la Nature, c’est-à-dire, ce sont eux qui font ce qu’on attribue généralement à la Nature.
« Nous pouvons les appeler des êtres, mais ils ne sont pas de la race d’Adam. Ils mangent et ils boivent les substances qui dans leur élément servent de nourriture et de boissons. Ils sont habillés ; ils se marient et se multiplient entre eux. On ne peut les enfermer et ils meurent comme les animaux n’ayant point d’âmes. Ils savent tout ce qui se passe et le révèlent souvent aux hommes, qui peuvent converser avec eux 3 ; mais il ne faut pas trop s’y fier, car quelques-uns sont perfides. Ils ont une préférence pour les enfants et les innocents ; ils évitent les gens brutaux et les ivrognes. Ils se font mieux connaître aux innocents et aux simples d’esprit qu’à ceux qui sont instruits et arrogants. Il y a parmi eux plus de femmes que d’hommes, et une association de femmes se nomme : Mont de Vénus. La légende de ce Tannhäuser n’est pas un conte, elle est vraie. »
Que sont les Saganes d’après ce qui précède ?
Nous n’osons dire que ce sont des élémentals, bien que Paracelse le dise ; ce sont peut-être des incubes et des succubes ; ce qui suit, du moins, pourrait le faire supposer ; car, ajoute le grand Alchimiste : « Ils peuvent venir parmi nous et se mêler à notre Société. Ils peuvent engendrer avec nous, mais les enfants ne leur appartiennent point, ils sont à nous.
« Nous pouvons lier à nous les femmes élémentales par la fidélité, la pureté de la pensée, et le pouvoir de notre imagination. Quand ils entrent dans notre sphère d’existence et s’unissent à nous, ils nous apparaissent comme les dieux. Ceux qui vivent dans l’eau s’appellent Nymphes et Ondins, ceux de l’air Sylphes, ceux de la terre Pygmées et Gnômes, ceux du feu Salamandres
Les Nymphes et les Ondins ressemblent beaucoup aux hommes, les autres en diffèrent plus ou moins. Quand une Ondine épouse un homme, elle et ses enfants deviennent des âmes. »
Le Kabbalah nous fournit beaucoup d’indications et d’enseignements qui sont loin d’infirmer les dires de Paracelse ; ainsi nous lisons, dans les Livres Sacrés des juifs, que les Shedim ou élémentals sont une race d’êtres intermédiaires entre l’homme et l’animal ; ils comprennent quatre classes : les Schedim du feu, ceux de l’air, la troisième est composée des Schedim de l’eau, enfin la quatrième classe est composée des mêmes éléments, dans lesquels il entre de la terre.
Le mâle des Schedim est dénommé Ruchird et la femelle Lilin.
Ce que nous venons d’exprimer ci-dessus des rapports des humains et des êtres du monde invisible vient à l’appui de ce que bien des savants Occultistes (le comte de Gabalis entre autres) ont écrit, c’est-à-dire que si l’homme, dans le monde astral, a des rapports avec les Nymphes, les Ondines et les Syrènes, celles-ci créent des êtres, qui après une période de temps passé dans l’astral meurent et peuvent ensuite se réincarner sur la terre ; c’est là un mode de multiplication utilisé par Lucifer pour donner à ses émanations, à ses créations, l’immortalité qu’elles ne possèdent pas par elles-mêmes, et qu’elles ne peuvent acquérir sans le concours de la race humaine.
Ernest BOSC.
Paru dans La Vie mystérieuse en avril 1912.
1 En Irlande, on nomme Bonnes gens et Bonnes voisines des fées analogues à celles des Écossais.
2 Ne pas confondre ce terme avec celui d’Élémentins, qui désigne les Esprits de la Nature. – Cf. DICTIONNAIRE D’ORIENTALISME, D’OCCULTISME ET DE PSYCHOLOGIE, 2 vol. in-12 avec figures, Paris.
3 Tous les hommes ne peuvent converser avec eux, il faut des personnes entraînées, des Médiums, des Voyants.