Conversion ou évolution ?

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Gustave COHEN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Appartenant à une famille israélite peu pratiquante, j’ai été élevé en dehors de tout culte. Ma mère, qui lisait tous les samedis ses prières dans un vieux livre bilingue aux pages écornées, essaya bien de m’apprendre le catéchisme, mais y renonça lorsque, à la question : « Qui êtes-vous, mon enfant ? » je répondis selon la lettre du texte et fort stupidement : « Je suis un ou une jeune Israélite. » Puis ce fut l’agnosticisme total avec, cependant, de longues stations dans les églises à la grand’messe pour entendre la musique religieuse qui m’émouvait, et voir la pompe des offices, où les gestes lents et larges et les couleurs vives des chasubles des prêtres de Sainte-Gudule m’enchantaient. Mais je ne puis dire que cela allait jusqu’au cœur, et je ne m’étonnais pas trop quand mon maître de philosophie, René Berthelot, à la Faculté des lettres de Bruxelles (car j’étais né le 24 décembre 1879 – enfant de Noël – en Belgique, d’un père de Marseille 1 et d’une mère belge), m’enseignait les quatorze preuves de l’inexistence de Dieu, oubliant l’axiome : negatio non probatur. Je les avais trouvées avant lui et je m’accuse encore d’avoir fait, à vingt ans, un instant mienne cette absurdité qu’on attribue à tort au grand Laplace : « Je n’ai pas besoin de l’hypothèse Dieu. » Chose étrange, mon premier livre, publié chez Champion en 1906 (2e édition, 1926 ; 3e, 1950), fut une Histoire de la mise en scène dans le théâtre religieux français du moyen âge. Cependant, je respectais les formes et cérémonies de l’Église, tandis que l’esprit voltairien et la raillerie à l’égard des prêtres-corbeaux et des moines en froc m’étaient étrangers. Plutôt, je me cabrais contre toute inspiration ou exhortation venue de la synagogue des rabbins ou de la tradition familiale, qu’elle se manifestât dans des rites ou dans le pain azyme de Pâques, le Kascher n’étant pas pratiqué et le jargon yiddish inconnu.

Vint la guerre, à laquelle je pris part sur le front français comme aspirant, puis sous-lieutenant d’infanterie au regretté 46e, le régiment de La Tour d’Auvergne. J’assistai à l’office en plein air, si émouvant, de la fête de Jeanne d’Arc et fus grièvement blessé à Vauquois en Argonne dans un combat à la grenade dont, aujourd’hui encore, je garde en mon flanc les traces et fragments.

Soigné d’abord à l’hôpital de Clermont-en-Argonne et en pleine crise de tétanos, par Sœur Gabriel, celle-ci me dit, quand je revins à moi, que j’avais promis de communier si je guérissais. Insondable mystère !

À la clinique du Dr Témoin, à Bourges, je fus aux mains d’autres bonnes Sœurs dont l’une était une sainte : pleurant sur l’escalier des douleurs du cancer qui la rongeait elle entrait ensuite souriante dans la salle des officiers.

Ma première sortie fut pour aller à la cathédrale de Bourges dont l’architecture aux cinq nefs m’émut profondément.

En Hollande, où je fus envoyé en mission – février 1917 – pour y reprendre mon poste à l’Université d’Amsterdam, je dirigeai l’enseignement aux enfants français du Nord recueillis par la générosité néerlandaise et le confiai en grande partie aux Congrégations réfugiées là-bas, avec lesquelles j’entretins les rapports les plus cordiaux.

De l’Université de Strasbourg, où je fus appelé en octobre 1919, je passai en 1925 à la Sorbonne après deux suppléances en 1922 et 1924, et c’est là, dans un milieu libre penseur qui ne semblait guère s’y prêter, que je devais rencontrer ma révélation.

Ce fut à l’occasion d’un texte, le plus ennuyeux de la licence ès lettres, le Miracle de Théophile, de celui qu’on n’appelait pas encore le bon trouvère Rutebeuf, mais qu’on eût plutôt appelé l’empoisonneur (les étudiants disaient autrement). Les sentant un jour particulièrement endormis et insensibles aux beautés du lyrisme médiéval, je leur criai, exaspéré :

– Cette pièce n’a pas été écrite, entre 1260 et 1264, au grand siècle – le xviiie, – pour mettre à la question les étudiants de 1932 à 1936, mais pour émouvoir ceux du collège récemment fondé par Robert de Sorbon in vico qui dicitur Coupegueule. Si vous vous en partagiez les rôles et les jouiez sur un hourt ou un échafaud, sans doute reprendrait-elle ses couleurs vives de vitrail.

Et j’ajoutai – ce dit-on – cette phrase que mes malicieux disciples ont mise en chanson :

– Nos amphithéâtres ne sont pas faits pour la dissection des cadavres, mais pour la résurrection des morts.

Or, chez quelques-uns d’entre eux le grain avait germé, et au début de février 1933 se présentaient dans mon cabinet attenant à la salle de cours un grand jeune homme long et maigre (c’était Jacques Chailley) et une étudiante, petite et ronde (c’était Yette Jeandet), qui me dirent :

– Maître, nous sommes prêts ; écrivez-nous une adaptation du Miracle de Théophile qui soit compréhensible et, avec nos camarades, nous la jouerons.

Un professeur doit aide et obéissance à ses étudiants et, en huit jours, je mis sur pied ce que j’appelais une transposition (qui a paru depuis chez Delagrave) respectueuse des rythmes et parfois des rimes de l’original et assez archaïsante pour donner l’illusion de l’ancien français.

Bientôt après se réunit chez moi, au 16 de la rue Gay-Lussac, ce qu’on appelait jadis la Commission de records pour la lecture de la pièce et la répartition des rôles, sous la direction de Léon Chancerel, l’animateur des Comédiens routiers. Ils étaient là : Moussa Abadi, l’Israélite syrien, de tant d’intelligence et de talent, qui devait tenir le rôle du sorcier juif Salatin ; le normalien de Ferrier, qui serait Satan ; Dureau, qui serait le petit diable et qui devint Dominicain (le diable, parfois, se fait ermite) ; Hippolyte Bon, qui devait devenir abbé ; Marcel Schneider, aujourd’hui professeur et romancier ; Nicolas Weisbein, à présent agrégé de russe, à qui serait destiné le rôle écrasant de Théophile ; André Millot, élève des Beaux-Arts, maintenant missionnaire, qui dessinerait les costumes.

Arrive le 7 mai 1933, date inscrite désormais aux fastes de l’histoire littéraire, mais surtout inscrite dans nos cœurs en caractères flamboyants. C’était à la salle Louis-Liard (celle des Thèses), la moins faite, avec ses portraits du xviie et ses dorures iiie République rehaussées de petits drapeaux tricolores, pour une résurrection du théâtre médiéval.

Il est 3 heures moins 5, on n’est pas prêt ; Goetze, président du groupe d’Études françaises, s’élance sur la scène improvisée, criant : « On ne joue pas, il n’y a pas de coulisses », à quoi je réplique : « On jouera sans coulisses », les acteurs restant devant leur mansion jusqu’au moment d’entrer dans le jeu sur le proscenium. L’effet fut si beau, de vitrail dont les figures soudain s’animent, que, depuis, nous n’en fîmes jamais.

Puis la monstre : avec Dieu le Père et ses deux petits anges porteurs de palmes, Notre-Dame pressant la croix d’or sur sa robe blanche, l’évêque et ses trois clercs, Théophile en robe noire, Salatin en robe jaune et coiffé du bonnet phrygien. La représentation se déroule dans le silence et l’émotion contenue des spectateurs, et à la fin, après le Te Deum, les applaudissements enthousiastes éclatent. Alleluia : le théâtre du moyen âge est ressuscité. Il le fut surtout lorsque, restant réunis pour parfaire l’œuvre commune, mes étudiants que, spontanément, le public, de plus en plus nombreux, nomma les Théophiliens, eurent joué le Jeu d’Adam et Ève, la première pièce du théâtre français (fin du xiie siècle) au portail Sud de la cathédrale de Chartres à l’Ascension 1935, et plus tard des pièces tirées par moi des grands mystères du xve siècle.

Comme, allant à Chartres, j’offrais à Geneviève, qui devait y incarner le rôle d’Ève, de partager notre collation, elle me dit :

– Non, maître, car avant de jouer, je veux communier.

Quels interprètes que ceux qui, au moment de jouer, prient le Seigneur de les inspirer et qui gardent l’anonymat ! Celle-ci, dont son camarade Abadi dira : « Il n’y a eu qu’une « Ève », devait entrer en religion sous le nom de Mère Marie-Tharcisius, comme Mimi, l’héroïne du Jeu de Robin et Marion, devait nous quitter... pour prendre le voile chez les Missionnaires franciscaines. « Quand on a goûté au Miracle, disait le même Israélite syrien, on est intoxiqué pour la vie. »

C’est là, dans ce milieu d’élite (ah ! maudits soient ceux qui médisent de la jeunesse française), parmi les étudiants et étudiantes avec qui je vivais familièrement en communauté d’âme, d’action et d’inspiration, que j’ai compris ce qu’était la foi qui les animait et qui, non pas comme le coup de foudre de la grâce, me pénétrait progressivement jusqu’à la moelle. On disait au Quartier Latin que je communiais avec eux tous les mercredis à Saint-Étienne du Mont, où ils se retrouvaient. Ce n’était encore vrai qu’en aspiration et en esprit. Cette tendance profonde se confirma et se renforça dans les cérémonies auxquelles j’assistais avec eux et surtout au Lavandou où, pendant leurs vacances de Pâques, je fis, à leur demande, au feu de camp du soir, aux bords du lac Galiléen, la plus belle leçon de ma vie sur le drame liturgique, tandis qu’eux l’illustraient par une représentation improvisée des Pèlerins d’Emmaüs. Dans l’obscurité étoilée, Jésus, en sa couverture blanche, disparaissait au ressac des flots parmi les sapins sombres, ne laissant pas même sur le sable la trace de ses pas.

Dès alors (ceci se passait à Pâques 1935), mon orientation spirituelle était fixée. Ma compagne, qui était cependant protestante, me disait :

– Pourquoi ne vous convertissez-vous pas ?

Je ne sais. Peut-être une existence trop encombrée et mouvementée (car nous allâmes jouer en Belgique, en Hollande, en Angleterre, en Espagne et dans toute la France) ne laissait-elle pas assez de loisir à la méditation et à l’instruction préparatoire, mais le bon fruit lentement mûrissait en mon cœur, au chaud soleil de la tendresse de ceux... que j’appelais mes enfants théophiliens et qui me tenaient pour leur père. Il n’y a qu’en France qu’une telle chose soit possible : des enfants chrétiens et un père juif, ne pratiquant aucune religion, mais sentant la présence en lui de Jésus et de Notre-Dame dont il célébrait la geste en trois volets du triptyque qu’il sculptait : Marie-Madeleine (1936), Judas (1937), Notre Dame (1939).

La guerre (la seconde guerre mondiale, celle que je ne pus faire et que je dus subir) vint interrompre tout cela et empoisonner l’atmosphère de venin hitlérien ; mais les miens, qui firent noblement leur devoir (impatient du sacrifice, Louis Laurent, aspirant, se fit tuer à la défense des ponts de la Loire) 2, n’en furent point infectés. Pas un n’abandonna le proscrit, tous me restèrent éperdument fidèles.

Après que j’eus été chassé de l’Université et privé de ma chaire de Sorbonne par un simple coup de téléphone du rectorat d’Aix, en décembre 1940, comme un mauvais domestique (trente-quatre ans de service) à qui l’on refuse ses huit jours, Maï-Thé m’envoya une carte interzone où il n’y avait qu’un seul mot, mais combien parlant et émouvant : « Maître ! »

À Nice où je m’étais réfugié, les Allemands m’ayant refoulé, après cent kilomètres, de la zone occupée, un groupe se forma autour de moi, sous la direction de Paul Bonfante, pour me rendre ce climat d’affection dont j’avais plus besoin que du soleil du Midi. Un homme admirable, le P. Auguste Valensin, me dit : « Monsieur, vous êtes victime d’une grande injustice... Vous allez louer la salle Carlonia et y continuer votre cours public. » Je le fis, et un jour que je parlais sur Villon, j’y vis paraître au premier rang Mgr Rémond, évêque de Nice. Ma femme y étant assise entre lui et Carco, je fis cette réflexion que c’était comme dans mes mises en scène médiévales : elle était entre l’Enfer et le Paradis. Un journal narra la chose en disant : « ce professeur », car mon nom était tabou. Monseigneur me quitta en disant que je lui avais donné envie de canoniser Villon.

Sur ces entrefaites, les Américains s’étaient émus de mon sort et avaient créé pour moi une chaire à Yale University, équivalente à celle de la Sorbonne.

En juin, le P. Valensin étant venu me voir, me dit :

– Avez-vous vos visas ? Êtes-vous prêt ?

– Oui, mon Père, mais ma fille doit passer son bachot.

– Pas question, vous partez dimanche et je viens vous mettre dans le train pour l’Espagne à 6 h 30 du matin.

Avait-il des ordres ? Craignait-il pour moi ? Je ne sais, mais je n’avais qu’à obéir. Ainsi, j’étais protégé par l’Église avant d’y être entré comme un de ses membres. Voilà la charité chrétienne 3.

Le P. Valensin connaissait mes sentiments, il ne sentait nul besoin de me « convertir ». Il me disait seulement, expression que je n’aime point : « Il faut sauter le pas. » Ce qui me retardait, c’était la persécution sauvage contre ceux que je ne pouvais appeler mes coreligionnaires, mais à qui m’unissaient une communauté d’origine et surtout une immense pitié. Je ne voulais pas avoir l’air de les abandonner par lâcheté dans leur malheur, et cette même appréhension continua à me paralyser au début de mon séjour aux États-Unis, à partir d’août 1941.

Mais à New York, un fait nouveau et décisif se produisit. Ayant constaté là-bas la présence de professeurs éminents, français ou belges, persécutés et chassés par la terreur hitlérienne, j’eus l’idée de les réunir dans une Université, sous la présidence d’Henri Focillon, et ensuite, après la mort de celui-ci, de Jacques Maritain. Inaugurée dans un grand enthousiasme, le 14 février 1942, elle s’appela modestement l’école libre des Hautes-Études et existe encore, quoique au ralenti, faute de crédits suffisants. Ce fut la première Université de De Gaulle ; le projet fut approuvé par son représentant, René Pleven, aujourd’hui président du Conseil, avec trois Facultés : celle de droit, dirigée par Van Zeeland et surtout Mirkine-Guetzevitch le constitutionnaliste, son doyen actuel ; celle des sciences, dirigée successivement par Jean Perrin et puis par Hadamard ; celle des lettres, qui me fit l’honneur de m’élire doyen, avec, à mes côtés, le grand helléniste belge Henri Grégoire 4.

Le fameux problème laïque, si discuté encore, y était magistralement résolu sous les espèces de la liberté. J’avais dans ma Faculté des socialistes comme Gurvitch, maintenant professeur en Sorbonne ; des religieux, comme le P. Delos et le P. Ducattillon ; des catholiques, comme Vignaux et Maritain. Celui-ci devait devenir notre recteur, suivi aussi bien par le libre penseur Perrin, l’athée Hadamard, que par ceux que j’ai nommés, chacun enseignant selon sa conscience et respectueux de la pensée des autres.

Tout cela me rapprocha très fort de Jacques Maritain qui recevait le dimanche dans son petit appartement de la 5e avenue et du R. P. Ducattillon que j’aimais particulièrement. C’est à lui surtout que je m’ouvris de mes intentions, mais je ne les réalisai qu’au moment où, en décembre 1943, fut décidé mon départ pour l’Angleterre où m’appelaient à la fois le gouvernement de la France combattante (le ministre Cassin) et les Universités d’Oxford, de Cambridge et de Manchester.

Ce pouvait être, à cause des dangers de la guerre sous-marine, ma dernière croisière avant le grand voyage que je désirais aborder dans la paix de ma conscience.

Jamais je n’oublierai le froid matin de décembre où Maritain, le P. Ducattillon et moi, nous nous rencontrâmes dans la sacristie de l’église française, l’office qu’il célébra, le Baptême et bientôt la communion, ma première Communion.

De quel appétit, de quel mouvement invincible de tout l’être je me tendais vers l’Hostie offerte que je n’osais regarder, mais dont je savais et sentais le contenu divin. Tout moi allait être comblé d’une plénitude ineffable que je retrouve, mais j’en dois l’aveu, avec une intensité un peu moindre, à Pâques, à l’Assomption et à Noël.

Désormais, je n’étais plus seul ; les prières latines (car je ne sais prier que dans la langue du rituel, qui m’est si familière) : le Pater, l’Ave, le Credo, le Confiteor, le Veni Creator, auquel je viens d’ajouter le Salve Regina, m’entouraient chaque nuit et m’enveloppaient de leurs harmonies significatives, l’ange gardien devenait une réalité et, demandant peu, j’obtenais beaucoup, tout d’abord la certitude de la foi, dont tous mes livres, depuis le Miracle de Théophile (1934) jusqu’à La grande clarté du moyen âge 5 (1943) que je tiens pour mon testament littéraire et philosophique, antérieurs tous deux aux évènements que j’ai racontés, portaient déjà témoignage. Comme ceux des philosophes, ils ont pour substrat ce dogme de la Trinité et se fondent sur le Credo ut intelligam (je crois pour comprendre) de saint Anselme. Peut-être étais-je aussi soutenu et inspiré par des intercesseurs de l’au-delà comme Louis Laurent ou par mes saintes filles et mes pieux fils théophiliens.

Mais en tout cas je n’arriverais pas trop tard au rendez-vous divin comme un Bergson, dont l’âme, qui avait désiré le prêtre, ne le put attendre, et je ne me suis pas refusé, comme Simone Weil, tout acquise, toute prise, toute fervente et qui, faute d’humilité, ne fit pas les démarches voulues.

Mais je voudrais rendre ce témoignage à l’Église que jamais elle ne tenta d’exploiter ma « conversion », que j’appellerai plutôt mon « évolution », à des fins de propagande ou de prosélytisme. Elle respecta ma liberté de penser et d’écrire sans mettre l’emprise sur une âme qui cependant lui appartenait toute.

Ce que je demande à Dieu, c’est de pouvoir continuer à le servir et à la servir quelque temps encore avant une fin que je souhaiterais édifiante. Les souffrances 6 qu’il m’envoie et qui résultent du réveil de ma blessure de 1915, depuis 1945, je les accepte sans me plaindre, soit comme un châtiment pour être venu trop tard vers Lui et avoir différé les gestes nécessaires, soit comme une grâce qui me permet de m’unir à Notre-Seigneur dans sa Passion que j’ai décrite et, plus encore, sentie.

Mais aussi, parce que je suis médiéviste et Français, je garde une part royale de mon amour à la Sainte Vierge pour qui notre Moyen Âge français, et lui seul, inventa la caresse de ces mots : Notre Dame, qui servent de dédicace à tant de nos admirables cathédrales. Que Notre-Dame du Miracle m’ait en sa sainte garde !

 

  

 

Gustave COHEN.

 

Recueilli dans : Giovanni Rossi,

Traqués par Dieu,

Bonne Presse, 1951.

 

Traduit de l’italien par

Marcelle Bourrette-Serre.

 

 

  

 

 



1 Appartenant à une famille de Marranes espagnols dont le nom était : de Lara. 

2 Je lui ai dédié en une pièce de vers mon Mystère de la Passion, qui vient de paraître. Parts, Richard-Masse, 1950, in-12, planches. 

3 Elle se manifesta d’une façon admirable dans le sauvetage des enfants Juifs opéré par Moussa Abadi (le Salatin du Miracle) avec le concours de Mgr Rémond et des couvents de la région. 

4 Pour plus de détails, voir mes Lettres aux Américains, Montréal, l’Arbre, 1943, in-12. 

5 Dont l’idée première me fut suggérée par Daniel-Rops. 3e édition, Gallimard, 1930, in-12. 

6 Dans mes nuits d’insomnie, je lis les Évangiles en grec, m’apercevant combien nous nous exprimons souvent inconsciemment en termes d’Évangile. Au reste, parole ne vient-il pas de parabole ?

 

 

 

 

 

 

 

 

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