Homme d’État, homme de Dieu :

Dom Lou

 

(1871-1949)

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Geneviève DUHAMELET

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le 15 janvier 1949, mourait, à Bruges, Dom Pierre-Célestin Lou Tseng-Tsiang, Abbé titulaire de Saint-Pierre de Gand, ancien diplomate et homme d’État chinois et dont l’existence avait été exceptionnelle.

Baptisé protestant méthodiste, il devint catholique, mais il était et demeura confucianiste. Il fut ministre des Affaires Étrangères et premier ministre de Chine. Devenu veuf, il se fit moine en Belgique, fut ordonné prêtre et, onze ans plus tard, revêtu de la dignité abbatiale. Avant sa mort, il établit un programme d’action pour la rencontre spirituelle de la Chine et de l’Europe.

 

 

SON ENFANCE – SA JEUNESSE

 

Lou Tseng-Tsiang naquit, à Shanghai, le 12 juin 1871. Ses parents, M. et Mme Lou Yong-Fong, de condition aisée, suivaient les hautes traditions morales et spirituelles du Confucianisme. Ils connurent l’épreuve de la pauvreté.

À huit ans, l’enfant perdit sa mère. L’amour qu’elle lui avait porté, l’affection et le silencieux courage de son père s’imprégnèrent dans son âme ; il fut, selon la touchante expression chinoise, un « fils filial ».

La Chine souffrait, assujettie, sous un pouvoir impérial en décadence, à la servitude des Puissances étrangères. M. Lou Yong-Fong estima qu’il fallait joindre à la formation ancestrale une information réelle des choses d’Occident. Il entra dans la London Missionary Society. Lui-même et son enfant devinrent chrétiens et reçurent le baptême :

 

« C’est dans cette société protestante que j’ai reçu le baptême et que j’ai expérimenté, pour la première fois, la charité chrétienne : je pourrais en narrer mille traits touchants. Le Protestantisme a été pour moi une étape sans laquelle je crois que je n’aurais pu arriver au Catholicisme. »

 

Ayant fait initier son fils aux classiques chinois, M. Lou le plaça, à treize ans et demi et en dépit des critiques, à l’École des Langues Étrangères de Shanghai, en vue d’un futur séjour à l’étranger.

Le jeune Lou, malgré une santé fragile, réussit brillamment dans ses études. À 21 ans, il entra au Collège Tong Wen, qui dépendait des Affaires Étrangères. Ayant lu Rousseau, il décida de prendre un prénom « occidental » : Jean-Jacques ! En 1893, il fut envoyé comme interprète à la Légation de Chine à Saint-Pétersbourg.

M. Lou Yong-Fong avait doté son fils d’un grand trésor moral : « S’appuyer sur le Ciel » et ne jamais dépendre de l’argent :

 

« Dès mon enfance, mes parents m’apprirent à affronter les critiques des hommes et les vicissitudes de la vie ; mon père m’apprit aussi à ne jamais m’attacher à l’argent : L’argent, disait-il, doit passer entre les mains comme l’eau sur le dos d’un canard ; l’homme ne peut retenir pour lui ce qui est un objet d’échange en vue du bien de tous. »

 

 

À LA LÉGATION DE SAINT-PÉTERSBOURG

 

La doctrine de Confucius était la règle d’or du jeune homme. Il rencontra, à Saint-Pétersbourg, un homme d’État qui en faisait, avec grandeur, l’esprit même de sa vie : le ministre Shu King-Shen.

Le nouvel interprète fut aussitôt distingué par son chef qui l’engagea à se donner au service du Pays, dans la carrière diplomatique : « Je vous formerai », lui avait-il dit. Courageusement, Lou Tseng-Tsiang et son père acceptèrent de ne plus se revoir.

À Pékin, la dynastie mandchoue agonisait. Les fonctionnaires impériaux méprisaient et dénigraient quiconque ne les suivait pas. L’Europe, de son côté, portait à la Chine une pitié dédaigneuse et intéressée.

Il fallait aux diplomates chinois une force de caractère peu commune. M. Shu prescrivait à son disciple : « Observez, taisez-vous, et, quand l’heure sera venue, réformez. » M. Lou écrira un jour :

 

« C’est dans cette atmosphère de silence, de révolution et d’action que s’est passée toute ma vie publique. »

 

M. Shu avait été chef de mission dans les principaux pays européens. Il avait observé de près les éléments de leur équilibre et ceux de leur faiblesse. Il dit au jeune M. Lou : « La force de l’Europe ne se trouve pas dans ses armements ; elle ne se trouve pas dans sa science ; elle se trouve dans sa religion... Observez la religion chrétienne... Lorsque vous en aurez saisi le cœur et la force, emportez-les et donnez-les à la Chine. »

Quant au régime qui déclinait : « Lorsque ces hommes seront tombés, disait-il encore, soyez prêt, vous, non pas à leur jeter la pierre, mais, aussitôt, à les remplacer. »

M. Shu fut victime de son abnégation patriotique. Le parti conservateur, patronné par l’Impératrice Douairière, suscita la guerre des Boxers. M. Shu, alors haut fonctionnaire aux Affaires Étrangères, fut accusé, condamné à mort et décapité, sur la place du marché, à Pékin, le 29 juillet 1900.

Un collègue, condamné avec lui, cria au représentant du ministre de la Justice qui présidait l’exécution : « Aujourd’hui, c’est à moi ! Demain, c’est à vous ! » M. Shu le tira doucement par la manche : « Ce n’est pas l’heure de parler. Taisons-nous. » Et il se livra au bourreau. Six mois plus tard, sa mémoire était réhabilitée glorieusement, et vainement ! M. Shu s’était avancé jusqu’au seuil du Christianisme. Il fut un martyr de la loyauté et du patriotisme.

À la mort de son maître, M. Lou était secrétaire de la Légation à Saint-Pétersbourg. Un an durant, il subit, en silence, une douloureuse lutte intérieure : « À quoi bon servir des gouvernants aussi mauvais ? » Le ministre Yan You, successeur de M. Shu à Saint-Pétersbourg, lui indiqua son devoir : « Vous vengerez votre maître, en restant digne de lui et en réalisant le programme pour lequel il a sacrifié sa vie. »

 

« Dieu aidant, écrit M. Lou, je compris que toute hésitation devant le devoir était un recul. »

 

 

MADEMOISELLE BERTHE BOVY

 

La personnalité de M. Lou se précise à nos yeux : la piété filiale, « fondement de toute perfection morale », la maîtrise et le don de soi, dans une grande liberté intérieure, au service du Pays, spécialement dans ses relations internationales.

 

« Au cours de mon existence, je me suis efforcé, du mieux que j’ai pu, d’agir bien pour voir clair et pour aller de l’avant, de ne me laisser aveugler par aucun préjugé volontaire et par aucune crainte, et de réviser sans cesse, à la lumière de l’expérience, de la réflexion et de notre dépendance commune du Ciel, mes actes et mes devoirs. »

 

À cette étape de sa carrière et de son ascension morale, le Ciel lui offrit le réconfort d’une affection. Il rencontra, à Saint-Pétersbourg, Mademoiselle Berthe Bovy, fille et petite-fille d’officiers belges. Apparentée au ministre de Belgique en Russie, elle enseignait le français dans la haute société russe.

Leur sympathie fut soudaine et réciproque. Nous avons pu lire les premières lettres adressées par Mlle Bovy à M. Lou (mai 1897). On y sent le battement d’un cœur qui se défend contre une émotion nouvelle et qui s’y livre pourtant, dans un élan de confiance. Mais il fallut presque deux ans à cet amour pour s’épanouir et se réaliser, en dépit des obstacles...

À Bruxelles, la famille Bovy ne comprenait pas : « Épouser un Chinois ! » À la Légation de Chine, on ne comprenait pas davantage :

Vous brisez votre carrière... Si vous donnez suite à vos projets, vous ne pourrez demeurer à la Légation.

Je l’ai prévu... Mes valises sont faites.

Mais le ministre ne tenait pas à se priver des services de ce précieux collaborateur. La Légation précisa :

Votre femme ne sera jamais admise dans les cérémonies officielles.

Mademoiselle Bovy épouse Monsieur Lou ; elle n’épouse pas la Légation.

Or, M. Lou voyait loin, et très loin. Il avait rencontré et choisi une Européenne de langue française, une chrétienne, une catholique, une femme clairvoyante, de haute valeur morale, de tact parfait. En outre, elle n’appartenait pas à une Grande Puissance, mais à un petit pays, ce qui était tout différent pour un diplomate chinois.

Le mariage eut lieu, le 12 février 1899, en l’église Sainte-Catherine, à Saint-Pétersbourg, et fut béni par le R. P. Lagrange, O. P.

Les jeunes époux s’aimèrent profondément. Madame Lou comprenait le devoir d’état de son mari ; elle lui apporta un soutien affectueux et une information européenne constante. Fille d’officier, elle connaissait la valeur du service de la Patrie. La délicatesse et la confiance de M. Lou avivaient encore son respect pour les décisions et les responsabilités que celui-ci assumait.

Leur union conjugale fut parfaite ; mais, à leur grand regret, Dieu ne leur donna pas d’enfants.

Quand M. Lou devint moine, il se sépara des lettres et souvenirs de son foyer. Il les confia aux religieuses de « la Providence », à Champion-lez-Namur, où Berthe Bovy avait fait ses études. De 1927 jusqu’à sa mort, il demeura en correspondance avec ces religieuses, « fidèles et dévouées gardiennes des souvenirs intimes du petit foyer Lou-Bovy ».

 

 

NOUVELLES ÉTAPES

 

En 1905, M. Lou est promu conseiller de la Légation de Saint-Pétersbourg. Depuis 1644, les Chinois étaient astreints, sous peine de mort, à porter une tresse. De concert avec quelques collègues, M. Lou se fait couper les cheveux. Son chef l’informa qu’il jouait sa carrière. Il fut inflexible : la sécurité personnelle ne motivait pas un retour en arrière.

En 1906, il est nommé ministre à La Haye, chargé d’y ouvrir une Légation. L’Empereur de Russie, Nicolas II, exprime le désir de recevoir M. Lou ; au cours de cette audience, l’Impératrice rejoint l’Empereur pour souhaiter au partant un très bienveillant au-revoir. Ce fait n’avait aucun précédent.

À La Haye, c’est Madame Lou qui reçoit dans les salons de la Légation de Chine ; la Reine Wilhelmine est la première personne par qui elle-même est reçue.

Nous avons dit comment elle apportait au diplomate une collaboration précieuse et discrète. Au lendemain de sa mort, son mari attestait :

 

« Tu as toujours su garder la juste mesure... Durant les vingt années que tu dirigeas notre foyer, tu le fis d’une manière si égale et si constante qu’elles paraissent ne former qu’un seul jour de bonheur... Rien de ce que tu as fait ne peut demeurer ignoré, car ta foi profonde éclairait et guidait toutes tes actions. »

 

Un jour, il devait faire graver ces mots sur la tombe de sa femme.

Qu’avait-elle donc fait ? Elle avait compris et aimé son mari. Elle était née belge ; avec lui, elle était devenue chinoise. Elle avait pénétré le douloureux malentendu entre l’Occident et la Chine. Elle avait vu que l’âme humaine, « créée à l’image de Dieu », est grande et immortelle.

Dans le cadre réconfortant de son foyer, M. Lou poursuivait sa route intérieure ; tout aux devoirs de sa charge publique, il méditait la parole de M. Shu sur ce qui fit « la force de l’Europe »...

À La Haye, il aborde aussitôt, avec une fructueuse patience, les questions d’ordre public qui l’y amènent. En 1907, il représente son pays à la Seconde Conférence Internationale de la Paix. « Toutes les Puissances, écrit-il, furent unanimes à traiter la Chine comme un pays de dernier rang. » Et il ajoute : « Expérience très riche d’enseignements et de renseignements. »

En 1911, il revient à Saint-Pétersbourg en qualité de ministre. À ce moment, en Chine, la révolution conduite par le Dr Sun Yat-Sen progressait rapidement.

Le 31 décembre, M. Lou prend sur lui de télégraphier à l’Impératrice Régente que l’heure de l’abdication a sonné. Six semaines plus tard, la Dynastie prenait fin et, par un vote à peu près unanime, le Parlement provisoire offrait à M. Lou le portefeuille des Affaires Étrangères.

Il accepta.

 

 

DANS L’ÉGLISE CATHOLIQUE

 

J’ai promis que nos enfants seraient catholiques, dit un jour M. Lou à sa femme. Puisque nous n’avons pas d’enfants, que dirais-tu si, moi, je me faisais catholique ?

Et, tandis qu’il était encore à Saint-Pétersbourg, M. Lou accomplit cette démarche, préparée depuis longtemps et décidée depuis peu. Il pria le P. Lagrange, qui avait béni son mariage, de le recevoir dans l’Église Catholique. C’était le 25 octobre 1911. Le Père l’accueillit volontiers et le rebaptisa sous condition ; M. Lou prit alors le prénom symbolique de René.

Il écrivait plus tard :

 

« Ma conversion n’est pas une conversion, c’est une vocation. » ... « Ma femme, dira-t-il encore, n’avait jamais soulevé auprès de moi la question religieuse ; elle s’était bornée à accomplir, avec beaucoup de simplicité, ses devoirs de conscience. »

 

Dieu aime les âmes loyales. Le 22 novembre 1911, M. Lou s’approcha de la Sainte Table. Le 5 avril 1912, il fut confirmé par l’archevêque catholique de Saint-Pétersbourg.

 

 

AU DÉPARTEMENT DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES

 

Le programme de M. Lou comportait, en premier lieu, la réforme du Département et la constitution elle-même de la carrière diplomatique, qui, en Chine, alors, était inexistante. Tâche capitale ! Il l’accomplit au cours des trois périodes pendant lesquelles il assuma la direction des Affaires Étrangères. D’abord, en 1912, lors de la fondation de la République, et il eut aussitôt à tenir tête à la Russie. Il revint au pouvoir, en 1915, pour la défense de la Chine face à l’ultimatum des XXI Demandes lancé par le Japon. À deux reprises, en 1912 et en 1915, il fut, également, premier ministre.

En 1917, M. Lou voulut que sa patrie prît part au conflit mondial et à son règlement. À Versailles, les Puissances Européennes, refusant tout examen, prétendirent que la Chine acceptât le traité. Le Gouvernement Chinois crut prudent de s’incliner ; il donna au ministre l’instruction formelle de signer. M. Lou refusa. Les Puissances comprirent son geste et se turent. La Chine le comprit également et elle l’acclama.

En cette même année 1917, M. Lou amena le Gouvernement Chinois à offrir au Saint-Siège l’établissement de relations diplomatiques. Cette proposition fut aussitôt acceptée par le Pape Benoît XV. Déjà, le ministre au Vatican et le nonce à Pékin étaient désignés... Dom Lou a indiqué lui-même, à la page 140 de ses Souvenirs et Pensées, l’opposition que « l’Europe » fit à ces actes.

 

 

DE PÉKIN À LOCARNO ET À BERNE

 

Or, cette longue expérience de la vie avait raffermi en M. Lou la jeunesse de cœur. Dans sa piété filiale, il décida le transfert, de Shanghai à Pékin, des restes mortels de sa grand-mère paternelle, de son père et de sa mère, afin de les inhumer, à Chala, près des tombes vénérées des trois éminents Jésuites du XVIIe siècle : Matteo Ricci, Adam Shall et Ferdinand Verbiest. Cette translation solennelle eut lieu le 14 novembre 1920.

En décembre, M. Lou quitta définitivement la direction des Affaires étrangères. Il projetait de se construire, à Chala même, une villa que, par reconnaissance envers Dieu, il appellerait : Mou Lou, « Cabane de vénération », et où sa femme et lui se consacreraient à faire le bien. Déjà il avait assumé la charge de vice-directeur du Bureau de Secours aux affamés.

L’état de santé de Madame Lou contraria ce dessein. Un retour en Europe était nécessaire. En 1922, ensemble, ils gagnèrent la Suisse pour habiter une villa qu’ils possédaient à Locarno.

Le Gouvernement invita M. Lou à prendre les fonctions de ministre à Paris ; il déclina cette offre. Il accepta le poste de Berne. À cette même heure, la Chine allait au-devant de nouvelles épreuves : une première mainmise de la Russie Soviétique, qui, en 1923, s’attribua exactement ce qu’en 1915 M. Lou avait refusé au Japon. Il fallut attendre, alors, jusqu’en 1928 pour que le pays recouvre son indépendance, sous la conduite énergique du nouveau chef de l’État. Quant à M. Lou, il s’éloignait de la vie publique...

La Providence agissait. M. Lou vit sa « bien-aimée compagne » frappée à mort. Dans leur tendresse mutuelle, ils avaient fait le rêve de mourir le même jour. À chaque fête de sainte Berthe, le 4 juillet, M. Lou évoquait ce vœu. La maladie s’aggrava. À l’approche de leurs noces d’argent, 12 février 1924, M. Lou fit faire deux nouvelles alliances, en platine. Sur celle qu’il offrit à sa femme, il fit graver trois fois la lettre P, signifiant : « Prière, Patience, Pénitence ! » C’était l’austère et religieux programme de leur vie à deux, en préparation à l’existence nouvelle vers laquelle le Seigneur les orientait 1.

Vers cette époque parut Journal et Pensées de chaque jour d’Élisabeth Leseur, publié par le P. Leseur, qui, après la mort de sa femme, était devenu dominicain. M. Lou en fit la lecture à haute voix : « Cette lecture permit à nos deux cœurs de se comprendre et de se pénétrer plus profondément que jamais. » Toute la tendresse conjugale qui transparaît dans ce livre faisait vibrer des échos dans l’âme des époux chinois.

 

« Comme par jeu, écrit M. Lou, je donnai à ma chère malade le nom d’Élisabeth : « Tu es une véritable émule d’Élisabeth Leseur... Je ne sais si je pourrais, un jour, devenir le Père Leseur !... » Elle sourit : « Pourquoi pas ? Avec la grâce de Dieu et ta bonne volonté !... » Depuis cette confidence, faite avec mon cœur plein d’elle, plus de deux ans encore ont uni nos deux âmes dans une communion de pensées plus profonde et une compréhension plus mutuelle que jamais. Chacun de nous s’est incliné devant la vocation que Dieu nous avait clairement assignée, celle de nous aimer en Lui et de Lui offrir le tout de chacun de nous. »

 

En 1925, M. Lou, au nom de la malade, se rend à Rome pour demander, de vive voix, à S. S. Pie XI sa bénédiction paternelle. Ce pèlerinage de son mari apporta à Madame Lou un accroissement de joie et de sérénité. Elle mourut à Berne, le 16 avril 1926.

M. Lou avait voulu, à Pékin, pour les tombes de ses parents, le voisinage de celles des illustres évangélisateurs Ricci, Shall et Verbiest. Pour le tombeau de sa femme, il désira la proximité du mausolée de la Famille Royale de Belgique. Il avait eu des relations personnelles avec les Souverains Belges et, en 1917, reçu par le roi Albert, il s’était rencontré avec lui dans une grande unité de vues et d’appréciations sur la politique et la vie internationales. Il transféra donc à Bruxelles, au cimetière de Laeken, les restes de Madame Lou. En 1948, il déposa sur la tombe, gravée en chinois et en français, l’émouvante déclaration dont nous avons donné plus haut un extrait.

 

 

LE MOINE

 

Sur le conseil de son directeur spirituel, le P. de Munnynck, O.P., M. Lou se disposa à devenir oblat bénédictin. Il se rendit à l’Abbaye de Saint-André-lez-Bruges. Dom Théodore Nève, Abbé du monastère, l’y accueillit et, après quelques semaines, lui suggéra de « faire un pas de plus », pour devenir moine et accéder, ensuite, à la prêtrise.

C’est ainsi que, le 4 octobre 1927, nous retrouvons M. Lou prosterné dans la salle du chapitre de Saint-André, demandant au Révérendissime Père Abbé « la miséricorde de Dieu et la confraternité » et recevant de lui l’habit bénédictin.

Ce jour même, il écrivit au roi Albert, pour lui faire part de son entrée au cloître et lui rendre hommage du bien spirituel qu’il devait à sa « compagne de vie », qui avait été « sujette » du roi des Belges. Le Roi lui répondit par une lettre autographe qui se terminait par ces mots : « Se consacrer entièrement au service de Notre-Seigneur confère seul, à ceux qui sont touchés par la grâce, la paix de l’âme qui est le bonheur suprême ici-bas. »

Le Frère Lou se trouva, vis-à-vis des jeunes gens de 18 ans, ses confrères du noviciat, et vis-à-vis de la communauté, dans une double infériorité technique : ignorance du latin, connaissances religieuses sommaires. Il pria Dieu de lui donner « la souplesse de saint Joseph ». Aucun membre de la communauté n’eut jamais la possibilité de s’apercevoir que ce sacrifice d’humilité et de patience pouvait lui être pénible.

Il écrira un jour :

 

« Toutes nos souffrances trouvent leur apaisement, leur justification et leur solution dans l’œuvre rédemptrice de Jésus-Christ à laquelle nous sommes en mesure d’apporter notre modeste quote-part. Nos épreuves, alors, disparaissent... et deviennent, pour nous et pour ceux que nous aimons, une source de bonheur et de vie. »

« Je suis un enfant sachant à peine marcher. Je me sens courageux... Je ne regarde pas les circonstances ; j’avance, j’avance, j’avance... Le bon Dieu ne cesse de me faire signe, et j’avance. L’enfant avance vers sa mère et lorsque, tremblant, il parvient entre ses bras, alors, il saute, il rit, il l’embrasse. – Ceci, lorsque je parviendrai à Dieu, sera ma mort. »

 

Oui, il avançait. De plus en plus, ses traits reflétaient la douceur, l’affabilité, la paix, la joie. Il entra au noviciat canonique, le 14 janvier 1928, et reçut le nom de Pierre-Célestin. Il émit ses vœux triennaux le 15 janvier 1929. Trois ans plus tard, il fit sa profession solennelle.

Il avait 61 ans. Il se sentait épuisé. La poursuite de ses études sacerdotales semblait dépasser ses forces. L’Abbé de Saint-André l’autorisa paternellement à se contenter d’être moine.

 

 

LE PRÊTRE

 

Le 3 mai 1933, un de ses amis, M. Liou Fou-Tcheng, venait, de Shanghai, lui présenter un calice offert par vingt de ses anciens collègues du Corps Diplomatique Chinois, tous non chrétiens.

– ... Mais je ne vais plus devenir prêtre !

Nous serons très désillusionnés, répondit son ami.

Alors, il se remit au travail, non pour lui, mais pour son Pays, pour l’Église et pour l’Épiscopat chinois, qui devait sa création au Pape Pie XI, à Mgr Costantini, premier délégué apostolique en Chine, à l’humble Père Vincent Lebbe.

Le 29 juin 1935, Mgr Costantini, plus tard cardinal, venu de Rome à Saint-André, lui conférait le sacerdoce. Dom Lou aimait et vénérait le grand archevêque, messager de Dieu et du Pape auprès de l’Église de Chine et qui, à Rome, en 1942, devait rendre au maître de la pensée chinoise un splendide hommage : « L’humble tombe de Confucius brille encore, lumineuse, de la lumière de l’âme. En vertu de la loi naturelle et de la haute intelligence d’hommes supérieurs,... cette lumière... fait entrevoir à l’humanité quelque aspect de ces vérités éternelles dont, plus tard, le Christ allait faire aux hommes une révélation parfaite. »

Dans la couronne de prêtres imposant les mains au nouvel appelé, se trouvait le Père Leseur.

M. Lou n’avait cessé, dès son enfance, d’être un fidèle « serviteur du Très Haut ». La pensée de célébrer quotidiennement le sacrifice de la Messe le terrassait : « Oser approcher, tous les jours, moi-même, le Tout-Puissant ! » À Dom Édouard Neut, qui fut, pendant vingt-et-un ans, son collaborateur et secrétaire, il déclara : « J’en mourrai. »

Le drame intérieur s’aggravait. À l’autel, chaque parole devenait plus lente, chaque génuflexion se prolongeait, au point de doubler la durée de la célébration. Un jour de novembre, son secrétaire, assistant à sa messe, le vit baigné de sueur : « Je suis totalement épuisé. » Souffrant moralement et atteint de pneumonie, Dom Lou avait continué, en silence, à célébrer quotidiennement la Sainte Messe.

La maladie suivit un cours normal. Convalescent, Dom Lou fit appeler son collaborateur :

 

« Père Édouard, j’ai une déclaration à vous faire. Je me suis complètement trompé. Notre bienheureux Père saint Benoît dit, dans la Règle, que Dieu est un Maître et qu’il est un Père. J’ai retenu qu’Il est Maître. J’ai oublié qu’Il est Père. Pendant cette maladie, le Seigneur a daigné m’éclairer. Puisque j’offre la Messe à Dieu, notre Père, je n’aurai plus peur de célébrer la Messe. »

 

Trois jours plus tard, il reprenait, dans la joie et dans la vigueur de ses 64 ans, la célébration du Saint-Sacrifice. Il avait passé de l’Ancien Testament au Nouveau, de Confucius à Jésus-Christ, humblement heureux d’être, comme la petite sainte Thérèse de Lisieux, « un enfant de Dieu, notre Père ».

 

 

SON TÉMOIGNAGE SUR L’ÉGLISE

 

Quelques textes nous diront ce que Dom Lou pensait de l’Église :

 

« L’esprit confucianiste m’a disposé à reconnaître la supériorité tellement claire de la Sainte Église Romaine, qui détient un trésor dans lequel, de siècle en siècle, le croyant puise des valeurs anciennes et des valeurs nouvelles, trésor vivant qui, de siècle en siècle, grandit et fructifie. » ...

 

« Indépendamment des déficiences personnelles de ceux qui sont membres de l’Église ou de ceux qui y détiennent l’une ou l’autre part d’autorité, indépendamment des erreurs et des fautes qu’ils peuvent commettre dans leurs actes journaliers, est-il imaginable qu’un organisme pareil ne doive pas être observé de l’intérieur, étudié et approfondi par tout homme sensé et ne doive pas être respecté et désiré, – sans blesser en quoi que ce soit la pleine liberté des consciences, – par toute société soucieuse du bien de ses membres et par tout État jaloux de la grandeur humaine de ses citoyens ? Quelle aide incomparable, quelle décharge de labeur et de responsabilité pour l’autorité civile que de voir une œuvre pareille accomplie au sein des familles et des populations ! » ...

 

« Je suis chrétien et catholique parce que la Sainte Église, préparée dès l’origine de l’humanité, fondée par Jésus-Christ, Fils de Dieu, éclaire et soutient divinement l’âme de l’homme et donne les réponses définitives à toutes nos pensées les plus hautes, à tous nos désirs les meilleurs, à toutes nos aspirations, à tous nos besoins... Elle est le complément divin, merveilleux et irremplaçable de tout ce que je possédais, de tout ce que je pressentais, cherchais et désirais, et des institutions fondamentales de mon peuple. » ...

 

 

L’APOSTOLAT ET L’ABBATIAT

 

C’était pour ouvrir à son peuple une avenue nouvelle reliant le glorieux Confucianisme à l’Église Universelle du Fils de Dieu fait Homme que M. Lou avait frappé à la porte d’un monastère bénédictin de Belgique, la patrie de sa femme. L’importance supérieure de sa carrière et de sa vocation incitèrent le Souverain Pontife à lui conférer la dignité abbatiale. Il fut établi, le 13 mai 1946, Abbé titulaire de Saint-Pierre de Gand. Le 10 août, il reçut la bénédiction abbatiale des mains de Mgr Cento, nonce à Bruxelles. Son anneau porte les trois clés de l’abbaye de Saint-Pierre et le caractère chinois Tien, qui signifie Ciel. (« Appuie-toi sur le Ciel », lui avait dit jadis son père...) Le 26 août, dans l’ancienne Abbaye de Saint-Pierre, il était accueilli solennellement par la Ville de Gand.

Le voici donc moine, prêtre et Abbé mitré. Quel est son programme ? Recto Tramite, il avance « par un chemin droit », dont nous avons, de sa plume, le tracé précis.

L’Itinéraire de l’Aller. Sous la conduite du Seigneur, il a fait la route, via l’Occident, de la Chine à Jésus-Christ, par la carrière diplomatique et gouvernementale, par l’amour conjugal, par le service de Dieu et du prochain, par la vie monastique, par l’ascension au sacerdoce, par les chemins de l’apostolat et de l’abbatiat.

Son livre, Souvenirs et Pensées, auquel nos principales citations sont empruntées, fixe, jusqu’en 1943, les étapes de cette route. Dom Lou laisse de nombreuses notes et une abondante correspondance qui permettront de reprendre ce thème, pas à pas, et d’en poursuivre l’exposé jusqu’au bout.

L’Itinéraire du Retour comporte deux routes.

La seconde guerre mondiale avait arrêté, en Chine, le développement de l’organisation politique et de la vie sociale. Dom Lou connaissait la Russie, pour l’avoir habitée pendant 14 ans, et il observait les Soviets, qui, déclarait-il, « poursuivent, d’une manière supérieure et mondiale, la politique traditionnelle de l’impérialisme russe ». Or, il voulait, pour son pays, cette liberté du spirituel dont, en Belgique, le cardinal Mercier fut l’héroïque défenseur.

Mais, il allait plus loin encore. Sa route apostolique mène de Jésus-Christ à Confucius. C’est le thème nouveau, simple et profond qu’il expose dans son livre La Rencontre des Humanités (chinoises et gréco-latines) et la Découverte de l’Évangile : les hommes droits d’Occident et d’Extrême-Orient sont appelés à se connaître les uns les autres, à se comprendre et à s’aimer. Un petit groupe de Chinois et d’Occidentaux prépare, suivant les directives reçues, les débuts de l’action à engager.

Le Troisième Thème, en connexion avec les deux premiers, concerne l’introduction de la langue chinoise dans la liturgie de l’Église Catholique en Chine, ainsi que la vocation du monachisme bénédictin chinois, dans la ligne religieuse et culturelle que la Providence lui assigne. Dom Lou demanda à la Ville de Gand une pierre du vieux cloître de son abbaye, afin que, sur cette pierre, se réédifie, près de Pékin, l’antique monastère fondé, en 630, par saint Amand, et dont un Chinois se trouvait être le 81e abbé.

Au printemps 1948, un évènement politique, passé inaperçu, lui donna la claire vision des maux qui s’abattraient sur la Chine et troubleraient le monde entier. Il déclara alors : « Je transporterai cette pierre en Chine, mais je ne sais pas si je le ferai vivant ou mort. »

 

 

QUE NOTRE PÈRE ARRIVE !

 

Tout au long de son existence, M. Lou avait utilisé, pour sa correspondance, différents cachets pleins de symboles. Les lettres qu’il écrit de Saint-André vers la fin de sa vie portent ces trois mots dont l’acrostiche forme son nom : « Laetus Obtuli Universa... Joyeux, j’ai tout donné. »

Le Seigneur l’appelait à Lui.

En juin 1948, il contracta une bronchite qui l’affaiblit beaucoup. Le 15 août, pour la dernière fois, il célèbre la Sainte Messe. Le 14 décembre, Mgr Yupin, archevêque de Nankin et M. King Wunzs, ambassadeur à Bruxelles, viennent le saluer. Ce jour-là, son médecin, le Dr Warmoes, prescrit son transfert à Bruges, dans la clinique des « Sœurs Noires ». Son secrétaire fut autorisé à loger dans sa chambre et fixa par écrit, jour par jour, les paroles, attitudes et désirs du malade.

Dès son arrivée à Bruges, Dom Lou appela son confesseur, Dom Thomas-Becket Tibot. Le 20 décembre, et bien que le danger ne parût pas immédiat, à la demande instante du malade et du confesseur, l’Abbé de Saint-André lui conféra l’Extrême-Onction et lui donna le Saint Viatique : « Grâce à Vous, Révérendissime Père, j’ai vraiment reçu le centuple ici-bas. Et, maintenant, je vais encore recevoir la vie éternelle. »

Jamais un retour sur lui-même, jamais une plainte. Il songeait aux autres, à son pays : « Je confie mon pays à Notre-Seigneur Jésus-Christ. Il est en bonnes mains. »

Le 9 janvier, le malade et son secrétaire récitaient ensemble le Pater. Ce dernier raconte : Arrivés au passage : « Que votre règne arrive », il change le texte et dit : « Que notre Père arrive ! » Je le reprends : « Que votre règne arrive. » Il insiste : « Que notre Père arrive ! » Et ainsi à trois reprises.

Le 13 janvier, octave de l’Épiphanie, jour de sa dernière communion, fut, malgré son extrême faiblesse et dès 4 heures du matin, une journée entière d’amour pour Dieu et de sollicitude spirituelle très précise pour le prochain. À plusieurs reprises, il supplia : « Que le bon Dieu me prenne avec Lui Avec Lui seulement ! Seulement ! »

Le vendredi 14, à midi 30 : « Encore quelques heures seulement... pour voir Notre-Seigneur ! Quel bonheur ! Voir Notre-Seigneur ! » À midi 55, son agonie commençait : « Vous souffrez ? – Inexprimablement ! – Dans tout le corps ? – Dans tout le corps. » À ce moment, il eut encore une parole de charité pour autrui. Le P. Édouard lui dit : « C’est l’offrande de la souffrance avec Notre-Seigneur sur la Croix. » Vivement, de la tête, il acquiesça.

Ce geste fut la dernière manifestation de sa pensée. L’agonie dura vingt-trois heures. Le samedi 15 janvier, à 11 h 50, jour et heure du XXe anniversaire de sa profession monastique, le souffle s’arrêta, la tête retomba en arrière. Son secrétaire et les deux religieuses présentes s’agenouillèrent et entonnèrent le Subvenite, puis, debout, « dans des larmes de douleur et de joie », le Te Deum et le Magnificat.

Les obsèques de Dom Pierre-Célestin Lou Tseng-Tsiang furent présidées par le Nonce Apostolique. Le roi des Belges, le Président de la République Chinoise étaient représentés. Malgré les usages ecclésiastiques, une couronne avec cette seule inscription : « Léopold ».

 

 

UN SECRET – UN RAYONNEMENT

 

Le 15 février, le Dr Jean Wu, autre converti chinois, ministre de Chine près du Saint-Siège, – qui, avec une maîtrise supérieure, repensa et traduisit en langue classique chinoise le Psautier et le Nouveau Testament, – donnait une conférence, à Rome, sur la vie spirituelle de Dom Lou. Actuellement encore, son témoignage apparaît définitif : L’apostolat de Dom Lou s’inspire de celui de saint Paul... Son message est le même message que celui de sainte Thérèse de Lisieux. Chez Thérèse, l’esprit d’enfance mène à la sagesse. Chez Dom Lou, la sagesse mène à l’esprit d’enfance. Le lien entre eux deux, c’est la docilité au Saint-Esprit... En Dom Lou, l’Orient et l’Occident se sont rencontrés et mariés dans la Sainte Église. Jésus et sa mère ont assisté à ces noces, et l’eau a été changée en vin.

De son côté, le confesseur de Dom Lou, que j’ai eu l’honneur de rencontrer, m’a dit, citant Chesterton (The Silence Trappist) : « The best has never been said. À propos de Dom Lou, le meilleur ne sera jamais dit. »

 

 

Geneviève DUHAMELET.

 

Recueilli dans Convertis du XXe siècle,

3e volume, 1963.

 

 

Note de l’auteur : Je tiens à exprimer ici ma reconnaissance à tous ceux qui m’ont fourni les éléments de cette biographie. Notamment, elle est la synthèse des conversations échangées au Secrétariat de Dom Lou, à l’Abbaye de Saint-André-les-Bruges, entre plusieurs, venus d’Occident et d’Extrême-Orient et qu’unissaient le souvenir de Dom Lou et le désir de servir ses desseins.

 

 

Geneviève Duhamelet est vice-présidente de l’Association des Écrivains catholiques de France, sociétaire des Gens de Lettres et de la Société des Poètes français.

Poète, romancière, hagiographe, journaliste, conférencière, elle a publié plus de trente ouvrages, en particulier : Rue du Chien qui pêche ; La vie et la mort d’Eugénie de Guérin ; Les Petites Sœurs de l’Assomption ; Les Dominicaines de Ste Catherine de Sienne ; Mère Marie-Xavier Voirin, Fondatrice de la Congrégation des Sœurs de la Providence ; etc., et, pour les enfants : Tout feu, tout flamme ; La petite fille d’en face ; etc.

Plusieurs de ses ouvrages ont été couronnés par l’Académie française.

 

 

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Principaux écrits de Dom Pierre-Célestin Lou Tseng-Tsiang :

Souvenirs et Pensées (Desclée de Brouwer, 1945). – Traductions en anglais, néerlandais, allemand, italien, portugais et espagnol. Edition française : 28e mille.

La Rencontre des Humanités et la Découverte de l’Évangile (Desclée de Brouwer, 1949).

De Jean Wu Ching-Hioung : Dom Lou, Sa Vie spirituelle (Desclée de Brouwer, 1949).

– Une remarquable étude sur Dom Lou a été publiée par son secrétaire, Dom Édouard Neut, dans la revue Synthèses, mai-juin 1962 (Bruxelles).

 

 

 

 

 



1 Ces deux alliances et les deux premières ont pris place dans le pied d’un calice dont se servit plus tard Dom Lou.

 

 

 

 

 

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