L’ancienne littérature religieuse roumaine
(XVe-XVIIIe SIÈCLES)
par
N.-A. GHEORGHIU
Entrée dans la sphère de l’influence chrétienne dès les premiers temps du christianisme, l’ancienne Dacie, une des dernières conquêtes de l’Empire romain, reçut les éléments de la nouvelle religion en langue latine. Mais l’effondrement de l’empire, sous la perpétuelle pression des invasions barbares, a fait changer l’évolution normale de cet état de choses. Après les temps troubles du haut Moyen Âge, la masse des Slaves et ensuite les Hongrois ont séparé effectivement ce peuple latin de l’est, greffé sur l’ancienne population dace, du reste de la latinité occidentale.
Ainsi, lorsque les premières formations politiques roumaines prennent leur naissance, la culture slave comptait déjà une existence de plusieurs siècles et se trouvait en pleine ascension, tandis que l’Empire byzantin, aux prises avec les peuplades asiatiques, connaissait son déclin politique et culturel. Pratiquement, la culture slave était l’héritière directe de Byzance, cette étrange et illustre synthèse de traditions latines et d’éléments orientaux. Représentée comme celle-là, en très grande partie, par les gens d’Église, cette culture slave était toute imprégnée d’un sentiment religieux qui semble mettre toute œuvre de l’esprit humain au service de Dieu Tout-Puissant.
Nées dans ces circonstances et sous ce climat spirituel, les principautés roumaines n’avaient rien à opposer à une culture acquise pendant plusieurs siècles. D’autre part, si la langue roumaine répondait aux nécessités pratiques de la vie, elle n’avait pas encore gagné la souplesse indispensable pour rendre avec justesse la valeur symbolique et esthétique d’un texte religieux, ou l’enchaînement logique d’un acte issu de la chancellerie princière.
Lorsque le clergé roumain était composé de disciples des prélats d’au delà du Danube et que les secrétaires des princes eux-mêmes étaient formés dans les écoles slaves du sud, ils ne pouvaient faire autrement que d’acclimater dans leur patrie la langue qui leur avait fourni les rudiments de leur initiation et de leur savoir.
Cette pénétration de la culture slave dans les principautés roumaines s’accroît encore au moment où les Turcs s’emparent de la péninsule des Balkans. Alors, surtout les religieux qui craignaient le fléau des musulmans se réfugient au nord du Danube, où ils trouvent un asile sûr pour eux et pour leurs trésors : précieux manuscrits calligraphiés avec soin et objets d’art religieux. En des conditions plus favorables qu’ailleurs, ces religieux, qui étaient en même temps des calligraphes, des enlumineurs ou des imprimeurs, peuvent continuer leur art, tranquilles et protégés par les princes roumains. Ce n’est donc guère étonnant si la Valachie et la Moldavie représentent par la suite la dernière phase de la renaissance littéraire et artistique slave. Et, parmi les lettrés qui font honneur à cette période de l’ancienne culture slave, il faut mentionner, en premier lieu, un prince roumain, Néagoé Bassarab de Valachie (1512-1521), l’auteur d’un des plus importants monuments littéraires de l’époque : les Instructions à son fils Théodose 1, qui – outre les endroits imités d’après les modèles célèbres de la littérature byzantine, Agapet le Diacre et Basile le Macédonien – contient des passages originaux d’un lyrisme profond inconnu avant lui. Traduit en roumain au XVIIe siècle, en même temps que la Vie de Saint Niphon 2 – écrite en grec par Gabriel, protos du Mont Athos, et comprenant des détails historiques sur le règne de Néagoé, détails qui sont entrés dans le corps des chroniques du pays –, ces deux ouvrages, témoignages de la piété du prince, fondateur de la cathédrale de Courtéa de Arges, eurent une grande fortune chez les Roumains.
L’État et l’Église roumaine se trouvèrent dès leur naissance dans l’ambiance de la culture slave, qui forme par conséquent, à côté de la culture latine de l’Occident et de la culture grecque de Byzance, le troisième fondement de l’ancienne civilisation européenne. Institutions par excellence conservatrices, étroitement liées dans la conception monarchique des pays roumains, l’État et l’Église gardèrent pendant plusieurs siècles la tradition de la langue slave, qui eut une grande influence sur la langue roumaine et lui imposa, dès qu’elle fut capable de rendre la pensée par écrit, l’alphabet cyrillique, dont elle se défit il y a un siècle à peine.
Mais la réaction nationale ne tarda pas à paraître dans le domaine où elle pouvait le plus efficacement intervenir : dans la vie religieuse. Elle se fit sentir dès qu’une nouvelle influence venant du dehors la soutint, au nom d’un peuple qui ne comprenait guère la langue qu’il entendait à l’église.
Aux confins de la Transylvanie du nord, les disciples de Jean Huss propageaient la réforme de leur maître. Tour à tour, sous cette influence, Hongrois, Tchèques et Polonais, eurent l’Écriture Sainte dans leur langue. La propagande des réformateurs n’eut point son influence sur les Roumains des deux principautés, dont l’orthodoxie était bien gardée, mais sur ceux qui habitaient dans le voisinage immédiat de ces peuples, sous la domination hongroise.
Ainsi, vers la fin du XVe siècle, les Actes des Apôtres 3, le Psautier, conservé en trois versions 4, et probablement l’Évangile – dont on n’a pas gardé de traces –, sont traduits en roumain. Mais la tradition slave de l’Église ne fut point du tout ébranlée par cet évènement. La copie même la plus ancienne de ces textes, comprenant la traduction des « Actes » garde à ce propos le témoignage concluant d’un curé de village du XVIIIe siècle : « Ce livre – dit-il – est écrit en roumain et il n’est bon à rien 5. »
Au début du siècle suivant, à partir de 1508, la première imprimerie commença, en Valachie, son activité, mise exclusivement au service de l’impression des livres religieux en slave. Mais bientôt ce moyen excellent pour la propagation de la pensée fut utilisé par les adeptes des nouvelles réformes. C’est toujours au delà des Carpathes, en Transylvanie, que les novateurs – cette fois-ci luthériens ou calvinistes – voulaient gagner la population roumaine. Tout d’abord, on glissa entre les pages d’un Catéchisme (Sibiu, 1544) 6 les dogmes des luthériens. Les Roumains furent contents de lire un livre en leur langue ; quant à l’adoption des dogmes réformés, le fait resta sans avoir eu de suite. On choisit alors un autre moyen qu’on estimait plus efficace : pour ne donner rien à soupçonner aux Roumains, l’un des leurs devait publier une série de livres liturgiques traduits en roumain conformément aux principes réformés.
Un diacre, originaire de Târgoviste (Valachie), Coresi – dont le nom rappelle le fameux théologien grec du XVIIe siècle – fut appelé à développer une activité peu commune, comme imprimeur, à Brasov, là où, à l’époque, Johannes Honter prêchait la réforme de Luther. Outre les livres en slave à l’usage de l’Église, il publie aux frais des maires de la ville, Johannes Benkner et Lukas Hirscher, un certain nombre de livres religieux en roumain. Les textes n’étaient autres que les anciennes traductions faites, le siècle précédent, dans le nord de la Transylvanie. Mais Coresi en bannit toute particularité dialectale et toute expression désuète, pour faire place au parler roumain de son pays d’origine. C’est ainsi que dès le début des premiers livres roumains, le parler valaque eut sa prépondérance dans la formation de la langue littéraire.
Successivement, Coresi fait sortir des presses de Brasov une nouvelle édition du Catéchisme (1560) 7, l’Évangéliaire (1561) 8, les Actes des Apôtres (1563) 9, l’Interprétation des Évangiles avec un Bréviaire (1564) 10 – ce dernier teinté de calvinisme, étant donné qu’il fut publié, dans ce même but de propagande, aux frais du hongrois calviniste Forro Miklos – ; ensuite les Liturgies (1570) 11, le Psautier (1570) 12, une autre version slavo-roumaine du Psautier (1577) 13, et enfin l’Interprétation des Évangiles (1581) 14, d’après les commentateurs les plus célèbres de l’Église orthodoxe. Les paroles de l’apôtre Paul « mieux valent cinq mots avec sens que dix mille sans aucun sens », invoquées par Coresi dans les préfaces de ses livres, eurent une certaine influence, mais non pas celle qu’on aurait voulue. Tandis que luthériens et calvinistes ne visaient qu’à propager de cette manière la réforme et détacher les Roumains de Transylvanie de l’ensemble de la nation roumaine, ils ont rendu, au contraire, un immense service à l’unité spirituelle des Roumains. Les livres se répandirent sur toute l’étendue des pays habités par les Roumains et contribuèrent à créer l’unité de la langue littéraire et le goût de cette langue maternelle, considérée jusqu’alors comme incapable d’exprimer la pensée. L’exemple de Coresi trouva donc des imitateurs encore plus hardis. Deux de ses disciples, qui se répandirent un peu partout, publièrent en Banat, à Oràstie, un essai de traduction des premiers livres de la Bible (1582) 15 d’après une version hongroise.
Mais l’influence de Coresi se fit sentir surtout dans la littérature profane et historique. Ce furent toujours des religieux, la classe cultivée de l’époque, qui se mirent à répandre en multiples copies manuscrites des œuvres de littérature populaire, à commencer par les légendes religieuses apocryphes jusqu’au roman d’aventures d’Alexandre le Grand. D’autre part, ils furent aussi les premiers rédacteurs des annales historiques du pays, qu’ils écrivirent en slave, dans une intention d’hommage au prince fondateur de leur monastère. Après eux vinrent des chroniqueurs issus de la classe noble qui, ayant fait leurs études en Pologne, à Constantinople, et en Italie, ont su exprimer, en langue nationale, la fierté de l’origine latine du peuple roumain et ont raconté aux descendants les exploits de leurs ancêtres.
En ces nouvelles circonstances, l’influence slave perd de ses forces et, petit à petit, touche à sa fin. La langue roumaine s’emploie de plus en plus dans les actes privés. Michel le Brave, prince de Valachie (1593-1601), donne des ordres laconiques à ses capitaines, en roumain, et dès le début du XVIIe siècle la langue nationale pénètre aussi dans la chancellerie princière. Enfin, quand les règnes plus tranquilles de Matthieu Bassarab, en Valachie (1632-1654), et Basile le Loup, en Moldavie (1633-1652), laissent le loisir de penser à l’âme des sujets, la littérature religieuse reprend son essor dans toutes les provinces roumaines et marque une nouvelle époque dans son évolution, grâce à l’appui des princes et des grands prélats du temps.
Parmi ces derniers, il faut mentionner en premier lieu Pierre Movila, le métropolite de Kiev (1596-1646) – fils du prince Moldave Siméon Movila – qui, dégoûté par les intrigants qui briguaient le trône de son père, prit l’habit monacal. Grand défenseur de la religion contre les innovations des réformés et contre le Catéchisme publié sous le nom de Cyrille Lucaris 16, patriarche de Constantinople (1572-1638), il écrit, entre autres, une Confession orthodoxe en latin, qui fut traduite en grec moderne par Mélétios Syrigos 17 et imprimée en Hollande, en 1667 18. D’autre part, n’oubliant pas sa patrie, il envoie dans les pays roumains des typographes et des maîtres-imprimeurs.
Aidé par ce fils éloigné du même pays, le métropolite Barlaam de Moldavie fait imprimer à Iassy un livre de sermons (1643) – Livre roumain d’instruction 19, d’après l’intitulé qu’il lui a donné – pour tous les dimanches et fêtes de l’année, les Sept Sacrements (1644) 20 et un Nomocanon (1646) 21. En même temps, lui aussi prend position contre les calvinistes, qui avaient publié aux frais de Georges Ratoczi, prince de Transylvanie, un nouveau Catéchisme roumain (Alba-Iulia, 1640) 22, et leur donne une véhémente Réponse (Iassy, 1645) 23. Pour réfuter l’hérésie qui s’insinuait, au nom de l’Église orthodoxe, dans les pages du « Catéchisme » grec de Cyrille Lucaris, le prince lui-même, en protecteur de la religion, fait rassembler à Iassy une conférence synodale (1642), destinée elle aussi à ratifier la « Confession » de Pierre Movila, dans la traduction grecque de Mélétios Syrigos, et à publier le décret du patriarche Parthénius de Constantinople contre les calvinistes 24.
Les livres destinés au culte sont imprimés, pendant ce temps, en Valachie. Le rôle du prince comme protecteur de l’Église, qui dépassait celui de chef de l’État, est, là aussi, évident. Imprimés en slave, les livres liturgiques sont destinés à tous les peuples qui emploient cette langue dans leurs églises : « aux Bulgares, aux Serbes, aux Valaques, aux Moldaves et aux autres ». L’animateur culturel de l’époque est le beau-frère du prince, Udriste Nàsturel, traducteur du De imitatione Christi en slave (Deal 1647) 25 et du roman de Barlaam et Joasaph en roumain 26. Le Nomocanon (Govora, 1640) 27, imprimé en roumain dans le même but que celui de Moldavie – à savoir de mettre à la disposition des membres du clergé, en tant que distributeurs de la justice, les normes usuelles – est suivi d’une monumentale Rectification de la Loi (Târgoviste, 1652) 28. En même temps, une nouvelle série de livres imprimés à Târgoviste viennent répondre à des nécessités spéciales du culte : L’enterrement des prêtres séculiers et des diacres (1651) 29, le Sacrement (même date) 30 et la Consécration des églises (1652) 31. Il est surtout intéressant de constater que le slave n’était plus qu’une tradition formelle, car la méconnaissance de cette langue était devenue un fait manifeste, dont ces livres mêmes sont la preuve. En effet, c’est pour la première fois que dans des livres destinés au culte, on imprime à côté du texte en slave les indications du rituel en roumain. Sous les auspices de l’Église même, on réalise cette fois-ci un premier pas vers la nationalisation du service divin, problème aigu qui ne recevra de solution définitive qu’au bout d’un siècle.
Le prince Matthieu Bassarab pensa aussi aux Roumains de Transylvanie et y envoya, à son tour, du matériel et des imprimeurs pour fonder une typographie, à Alba-Iulia. Une nouvelle traduction du Nouveau Testament (1648) 32 et un Psautier (1651) 33 paraissent grâce au zèle du métropolite roumain de Transylvanie, Siméon Stefan. Dans la préface du premier de ces livres, le prélat, préoccupé du problème de la langue littéraire, montre les difficultés qu’il eut pour employer des expressions qui seront comprises par tous les Roumains de n’importe quel pays : « Nous le savons bien – dit-il – que les paroles doivent être comme les monnaies ; parce que ces monnaies sont bonnes qui ont cours dans tous les pays, de même ces paroles sont bonnes que tous comprennent 34. »
Dorénavant, la question de la nationalisation du service divin devient une œuvre dont les grands prélats de l’Église roumaine ont fait leur gloire.
Ainsi, la deuxième étape du problème est représentée par l’œuvre liturgique de Dosithée, métropolite de Moldavie (1624-1693). Le chroniqueur moldave Neculce, qui l’avait probablement connu pendant son enfance, nous a laissé son portrait spirituel : « Ce Dosithée – remarque-t-il – n’était pas un homme simple de sa nature ; il était descendant de petits propriétaires et savait plusieurs langues : le grec, le latin, le slave et d’autres. Il parlait avec sagesse, religieux accompli et doux comme un agneau : dans notre pays, à cette époque-là, il n’y avait pas un autre pareil 35. » Lorsque Georges Duca, prince de Moldavie, fut chargé par les Turcs d’administrer l’Ukraine et d’intervenir pour la paix avec les Russes, Dosithée envoie, par l’intermédiaire des émissaires moldaves, des lettres destinées à son ami, le Spathar Nicolas Milescu, roumain au service du Tzar, et à Joachim, patriarche de Moscou, en les priant de lui envoyer une imprimerie. Dans sa réponse, le patriarche fait l’éloge du prélat moldave et lui fait don d’une imprimerie.
Obligé jusqu’ici d’envoyer ses ouvrages en Pologne, pour les faire imprimer, il eut dorénavant sur place les moyens nécessaires pour réaliser ses projets. Mais les temps étaient troublés. Le roi de Pologne, Jean Sobieski, en guerre contre les Turcs, entre en Moldavie et lors de sa retraite fait captif le métropolite et d’autres membres du clergé. Rappelé par le prince Constantin Cantemir, on ne lui permit probablement pas de rentrer. Le patriarche de Constantinople le frappe alors d’anathème, sentence qu’il lève quelque temps après sa mort. En Pologne, il prit part aux discussions religieuses entre le patriarche Joachim de Moscou et le métropolite de Kiev, et sollicité par ce dernier, Dosithée traduit en russe quelques traités sur le dogme de la transsubstantiation, question qui avait formé l’objet de la discorde entre les deux prélats russes.
Suivant le programme de l’introduction de la langue nationale dans l’Église, Dosithée traduit et fait imprimer en roumain l’Acathiste de la Vierge (Uniev, 1673) 36, la Sainte Liturgie (Iassy, 1679 et 1683) 37, un Bréviaire (1681) 38 et un Octoëque (1683) 39.
Mais sa personnalité se manifeste surtout dans deux œuvres capitales pour l’évolution de là littérature roumaine : les Psaumes versifiés 40 et les Vies des Saints 41.
La traduction des psaumes en vers, imprimée en Pologne, à Uniev (1673), est le fruit d’un grand labeur : « avec beaucoup de peine et pendant longtemps – lui-même – cinq ans avec beaucoup de zèle », il travailla à cette œuvre. La littérature orthodoxe ne connaissait pas encore une œuvre de pareille envergure. L’exemple en avait été donné par les calvinistes : Calvin lui-même versifia quelques psaumes ; mais le meilleur essai de traduction de la poésie sacrée, dans la littérature française, fut celui de Clément Marot. En Pologne, il trouva un imitateur dans J. Kochanowski, « le père de la poésie polonaise ». Étudiant à Padoue, le poète polonais voyagea aussi à Paris, où il connut Ronsard et la Pléiade. Sa traduction eut une grande fortune et Dosithée la prit comme modèle en ce qui concerne la versification. Malgré les difficultés qu’il eut à surmonter – c’était le premier essai important d’écrire des vers en roumain – la traduction de Dosithée n’est pas exempte d’images suggestives et originales ajoutées au texte primitif des psaumes. Elle fut assez répandue et quelques psaumes versifiés dans l’esprit de la poésie populaire roumaine se retrouvent, de nos jours, dans la bouche des enfants des villages, qui dans leurs chansons, le jour de Noël, annoncent le miracle de la Conception. Bien plus, deux d’entre ces psaumes sont entrés dans la composition du mystère dramatique de la naissance du Christ « Bethléem ».
Les Vies des Saints, sa deuxième œuvre de grande importance, fut publiée à Iassy (4 vol., 1682-1686), grâce à la nouvelle imprimerie donnée par le patriarche de Moscou, Joachim. Dans sa version, Dosithée s’est guidé d’après les synaxaires byzantins, néo-grecs et slaves, en utilisant aussi pour les détails historiques, les légendes des chronographes 42. Malheureusement, sa captivité et sa mort à l’étranger l’ont empêché de mener à bout cette œuvre, qui fournit une lecture des plus agréables.
Contemporain et ami de Dosithée, un laïque, cette fois-ci, Nicolas Milescu (1637-1708), fut une des figures les plus intéressantes du passé roumain. Esprit encyclopédique par excellence, il laissa des œuvres en plusieurs domaines : théologie, histoire, mythologie, lexicographie, voyages. Après avoir fait ses études à l’École du Patriarcat de Constantinople, il occupa des fonctions de confiance soit dans les deux principautés, soit dans la diplomatie. Lors d’un voyage en Occident, il est envoyé par l’ancien prince de Moldavie, Georges Stefan, qui vivait en exil à Stettin, en mission auprès du roi de Suède. Là, il connaît le marquis de Pomponne, ambassadeur de France, familier du salon de Mme de Sévigné et plus tard ministre des Affaires étrangères. Celui-ci est agréablement surpris par sa culture : « un homme si voisin de la Tartarie – dit-il à propos de Milescu –, autant instruit aux langues, et avec une connaissance aussi générale de toute chose 43... » Ils se lient d’amitié et, poussé par de Pomponne, Milescu écrit un petit traité destiné aux théologiens de Port-Royal. Avec des lettres de la part du roi de Suède et de Georges Stefan, il part à Paris pour voir Louis XIV. Dans l’absence du roi, il est reçu par le ministre de Lionne qui transmet les lettres au roi, en guerre sur le front d’Espagne. Mais l’intervention royale à la Porte pour appuyer le prince moldave exilé ne donne pas de résultats. Bientôt, Georges Stefan meurt, et Milescu rentre en Moldavie. Il tente de s’emparer du trône, on découvre son complot, et, le nez coupé – punition de son audace – prend pour toujours le chemin de l’exil. Avec une lettre de recommandation de la part de son ancien camarade d’études, le patriarche Dosithée de Jérusalem – fameux historien du patriarcat dont il occupait le siège et hôte familier des deux pays roumains – Milescu part de Constantinople pour Moscou où on demandait un interprète auprès du Ministère des Affaires étrangères qui puisse traduire en russe aussi les livres liturgiques. « Homme fort savant en latin et en slavon et surtout en grec – dit Dosithée dans sa lettre de recommandation au Tzar –, il pourra apprendre aussi vite le russe et faire toutes sortes de traductions, il a parcouru beaucoup de pays et d’empires pour s’instruire et est comme un chronographe où sont assemblées toutes les choses du monde : on chercherait en vain un homme pareil, c’est Dieu qui vous l’envoie 44... ». Là, il gagne facilement la confiance du Tzar, qui l’envoie en 1675 comme chef d’une ambassade en Chine, destinée à éclaircir les rapports entre les deux pays. Rentré après trois ans, il prend part aux discussions théologiques, du côté des théologiens de nuance latine, en concordance avec le nouvel état de choses inauguré par Pierre le Grand.
Parmi les œuvres qu’il laissa en roumain, il faut mentionner ici l’Histoire de la sainte icône de la Vierge Marie 45, icône conservée au monastère de Néamtzou, dont la légende dit qu’elle fut donnée au prince Alexandre le Bon de Moldavie par Jean Paléologue, lors de son voyage pour se rendre au Concile de Florence ; une traduction de la Bible 46, restée inconnue jusqu’à présent ; un livre de Questions et Réponses 47 d’après Saint Athanase d’Alexandrie, comprenant des principes de dogme, et un Bréviaire 48, écrit à l’intention du prince Georges Stefan.
Mais le seul ouvrage imprimé de son vivant fut l’Enchiridion sive Stella orientalis occidentali splendens 49, opuscule écrit en latin et en grec, pendant son séjour à Stockholm, en février 1667, à la demande du marquis de Pomponne. Celui-ci l’envoya à Port-Royal, où Antoine Arnauld et Pierre Nicole firent imprimer la version latine dans La Perpétuité de la Foy de l’Église catholique touchant l’Eucharistie, vol. I (Paris, 1669, p. 50-54 du petit texte) 50, recueil dirigé contre le ministre Jean Claude et les réformés français. L’opuscule de Milescu montre les troubles provoqués par les hérésies en général depuis la naissance du christianisme et s’arrête spécialement sur les réformés qui essayaient de mettre leurs erreurs sous la protection de l’Église grecque, en prétendant que la négation protestante de la transsubstantiation serait partagée par l’Église orthodoxe. À la fin, il donne quelques détails sur la foi, le rituel et les coutumes de l’Église orientale.
Milescu laissa aussi plusieurs ouvrages en russe. Entre autres, il faut citer une narration sur la Construction de l’Église Sainte-Sophie de Constantinople 51, qui donne les légendes populaires concernant cet évènement, et surtout son Journal de voyage en Chine 52, vrai chef-d’œuvre du genre.
Pendant ce temps, en Valachie, les règnes de Serban Cantacuzène (1678-1688) et Constantin Brancovan (1688-1714) marquent la renaissance dans tous les domaines de l’activité littéraire et artistique : littérature historique, religieuse et profane, architecture et peinture civile et religieuse, sont l’expression des traditions du pays, en même temps que la preuve d’un contact suivi avec l’Occident.
L’œuvre la plus importante de l’époque est, sans doute, la traduction intégrale de la Bible (Bucarest, 1688) 53, monument de technique graphique, en même temps que synthèse spirituelle d’une collectivité de savants, prélats, religieux et artisans. L’épître du prince Serban rappelle un seul nom, celui de Germain de Nisse, mort pendant le travail. Ensuite, elle mentionne « des professeurs fort savants en grec », probablement ceux de l’Académie grecque de Bucarest – et « des hommes du pays non seulement connaisseurs de notre langue, mais sachant aussi traduire le grec 54 ». Parmi ces derniers, il faut mentionner les noms des frères Radu et Serban Greceanu, qui signent à la fin, comme ceux qui en ont traduit « le plus en langue roumaine 55 ».
Radu Greceanu était le chroniqueur du règne de Constantin Brancovan ; et le traducteur de la « Confession orthodoxe » de Pierre Movila (Buzau, 1691) 56 et des Ménées (12 vol., Buzau, 1698) 57, utilisant la version des Vies des Saints du métropolite Dosithée 58. En collaboration avec son frère, Serban, il publia aussi la traduction des Perles de saint Jean Chrysostome (Bucarest, 1691) 59.
Parmi les maîtres-imprimeurs, il faut mentionner Métrophane, qui occupait le siège épiscopal de Buzau. Enfin, la suprême instance pour toute incertitude ou difficulté dans la traduction fut certainement Constantin Cantacuzène le Stolnik, frère cadet du prince Serban et savant historien des premiers temps de sa patrie. La renommée de son savoir avait dépassé les frontières de son pays : les Grecs eux-mêmes lui demandaient des conseils concernant le grec ancien et lui dédiaient des livres. De même, le comte italien de Marsigli, général de l’armée impériale, lui doit plus d’un renseignement pour les travaux d’histoire et de géographie qu’il a publiés. C’est aussi à ce savant homme que les traducteurs de la « Bible » ont dû recourir pour éclaircir les passages obscurs du texte.
Sous le patronage du prince et réunissant dans une étroite collaboration tout ce qu’il y avait de meilleur à l’époque dans le pays, cette œuvre ne négligea point les anciennes traductions fragmentaires de la Bible. Évitant toute particularité dialectale, elle s’adressait aux Roumains de tous les pays, comme le fait remarquer le patriarche Dosithée de Jérusalem, dans l’épître qui suit celle du prince60. En effet, dans une langue correcte et claire, la Bible de Serban – nom sous lequel elle est souvent citée – représente l’expression la plus haute de la langue littéraire de l’époque.
Sous l’héritier du prince Serban, Constantin Brancovan, son neveu, la littérature religieuse garde son ascendant. Bien plus, le prince se considère comme le patron de toutes les églises de l’Orient, abandonnées entre les mains des Turcs. Ainsi, Grecs, Arabes et Géorgiens ont, eux aussi, les livres rituels en leurs langues, grâce à la générosité du prince valaque et à la bienveillance du métropolite de Valachie. Ce dernier était lui-même d’origine géorgienne et savait mieux que personne les dures épreuves subies par les chrétiens qui se trouvaient sous la domination ottomane.
Imprimeur, calligraphe habile, xylographe, enlumineur 61, peintre et sculpteur, Anthime d’Ivir prit soin de la typographie princière, à Bucarest, ensuite à Snagov, et ses disciples se répandirent jusqu’au delà des Carpathes. Higoumène du Monastère de Snagov, évêque de Râmnic, où il fonda une imprimerie roumaine et grecque, il fut élu métropolite en 1708. En des temps d’incertitude politique, envisageant une alliance chrétienne avec les Russes contre les Turcs, le prince, pour ne pas élever des soupçons, lui demande sa démission. Anthime se défend avec tant de dignité devant son prince, qu’on lui laisse le siège métropolitain, même après la mise à mort de Brancovan et de ses enfants. Sous Nicolas Mavrocordat, Anthime, étant donné ses relations avec les chrétiens – les Autrichiens cette fois-ci –, est révoqué et envoyé en exil au Mont Sinaï. Mais, en route, il est tué et son corps jeté dans une rivière.
Sous Anthime, le processus de la pénétration de la langue nationale dans l’Église se perfectionne. À part les livres de rituel qu’il fait imprimer en grand nombre, il donne des directives spirituelles au clergé de son éparchie, par des publications comprenant des conseils relatifs à l’administration des paroisses et à la direction des ouailles.
Bien qu’étranger d’origine, Anthime laissa aussi une œuvre originale en roumain d’une grande importance, les Sermons 62, qu’il prononçait dans la cathédrale métropolitaine, les dimanches et les grandes fêtes, parfois en présence du prince et des grands dignitaires. Il eut comme modèle l’œuvre d’un contemporain, Élie Miniatis, le fameux prêcheur de la colonie grecque de Venise. Mais si jusqu’à un certain point, les sermons d’Anthime ne manquent pas de lieux communs, souvent ils sont très intéressants, car ils peignent la société de son temps, sans ménager personne. Le voilà élevant sa voix contre ceux qui ont la mauvaise habitude d’injurier et de blasphémer. Le voilà encore se plaignant que les jours de fête ne soient pas gardés et que les gens aiment beaucoup trop faire la fête. À ce propos, il ordonne aux artisans et aux marchands de respecter le jour du Seigneur : « Fermez donc vos boutiques, vous ne devez ni vendre ni acheter, non seulement de chez les Chrétiens, mais non plus de chez les Turcs, ni de chez d’autres encore, et ne travaillez pas. » Il est vrai, ajoute-t-il, que tous ont à souffrir de la part de « ceux qui sont maîtres de cette terre » – ose-t-il affirmer en pensant aux Turcs –, mais cependant le jour du Seigneur doit être respecté.
Il ne craint pas de s’en prendre aux puissants. Les riches et les boïards se moquent des saints sacrements, car ils ont deux confesseurs : un à la ville auquel ils confessent leurs petits péchés, et un autre « homme simple » au village, auquel ils avouent les péchés graves. Ils n’aiment pas jeûner, « injurient les légumes, disant : en vain ils sont venus au monde ». Ils boivent l’eau avec dégoût et ils préfèrent les autres boissons.
Les femmes, à leur tour, ne sont guère ménagées. Elles ne ressemblent plus à Sarah, femme d’Abraham, qui recevait ses hôtes en pétrissant la pâte. Leurs mains d’ailleurs ne pourraient plus faire cette chose, car elles sont pleines « de bagues et de bijoux », pendant que leur visage se couvre des « artifices du diable ».
Les prêtres même ne font pas leur devoir comme ils le devraient et à ce propos il leur montre l’importance des sermons comme interprétation de la parole divine.
Vif et sévère dans ses sermons, Anthime a su toucher les masses, employant souvent des images suggestives, prises dans la vie quotidienne. Quelquefois il emprunte même aux livres populaires des images qui mettent en relief les lieux communs, comme celle qui suit, prise dans le « Physiologue », livre d’histoire naturelle du peuple : « Et lorsque nous sortons de l’église, ne sortons pas vides, mais faisons comme le hérisson, car lui, après s’être rendu à la vigne, d’abord il se rassasie de raisins, ensuite secoue la vigne de sorte que les graines tombent par terre, et se roule dessus, si bien que les graines s’enfoncent dans ses piquants, et il en porte aussi à ses petits. Ainsi, portons nous aussi dans nos maisons, aux enfants et à ceux qui ne sont pas allés à l’église, des paroles que nous avons entendues du saint Évangile et des autres livres, pour les nourrir eux aussi avec la nourriture de l’âme 63. »
Sans doute, la sévérité dont Anthime traita les grands et les petits et la franchise avec laquelle il leur reprocha leurs vices dans ses « Sermons », contribua, en grande partie, à sa révocation et à sa perte.
Après la mort tragique de Constantin Brancovan de Valachie, suivie de près par celle de son successeur, Stefan Cantacuzène (1714-1716), et après la fuite de Démétrius Cantemir, prince de Moldavie (1710-1711), en Russie – la Porte ne prêtant plus confiance aux princes indigènes –, commence l’ère phanariote. Les princes étaient choisis parmi les dignitaires grecs du Sultan. Quelques-uns d’entre eux ont rendu des grands services à leur pays d’adoption : esprits éclairés pour la plupart, ils ont essayé des réformes sociales importantes, mais le régime d’asservissement plus dur encore que jamais n’était pas de nature à favoriser une intense vie spirituelle. Les historiens et les chroniqueurs ne gardent plus leur objectivité et leur indépendance. La littérature profane reçoit le renfort de l’influence grecque qui fait venir en Roumanie des textes littéraires nouveaux ; il ne s’agit donc pas encore d’une littérature originale. Par contre, au milieu des prélats étrangers qui avaient envahi le pays, la littérature religieuse a pu continuer son évolution normale, grâce à l’élan national qui l’a toujours rafraîchie.
Ainsi, en Valachie, l’évêque Damascène de Buzau (1702-1708), ensuite de Râmnic (1708-1725), refait les traductions des livres rituels. En outre, il traduit aussi les hymnes de la messe, qui, étant donné les difficultés de traduction et, en même temps, d’adaptation au rythme musical original, étaient restées jusqu’alors en slave ou étaient remplacées par le chant liturgique grec.
Le même important problème préoccupe aussi le métropolite Grégoire de Valachie (1760-1787) – voyageur à la Cour de Catherine II de Russie, dont il implora l’aide contre l’oppression turque –, et ses collaborateurs, César, évêque de Râmnic (1773-1780), savant prélat qui était en même temps au courant du mouvement littéraire français de l’époque, et Philarète, son successeur à Râmnic (1780-1792), ensuite métropolite (1792-1793). Tous les trois mettent au point la traduction intégrale des Ménées (12 vol., Râmnic, 1776-1780) 64. Parmi les disciples du métropolite Grégoire, il faut mentionner aussi Grégoire de Sicle, éditeur des livres rituels qu’il revit d’après les originaux grecs. En Moldavie, sous Jacob de Putna, métropolite (1750-1760), la littérature théologique s’enrichit de quelques traductions faites du russe.
C’est à cette époque aussi que remontent les premières versions roumaines des Hermines 65, traités qui contiennent la tradition de la peinture religieuse orthodoxe et qui donnent des normes utiles à ce sujet.
En ce moment de quasi-paresse spirituelle, causée par les influences étrangères, le revirement de la culture roumaine viendra, comme autrefois, de Transylvanie. Là, une partie des Roumains avait embrassé le catholicisme dès les premières années du XVIIIe siècle. L’évènement a provoqué la rupture avec le métropolite orthodoxe de Valachie, si bien que l’évêché uni de Blaj publie à partir de 1750, dans sa propre imprimerie, quelques traités destinés à éclairer les fidèles et les livres nécessaires au culte. Mais la conséquence la plus importante fut que les jeunes Roumains unis de Transylvanie ont pu aller étudier dans les collèges supérieurs de Vienne et de Rome. Vers la fin du siècle, des historiens et des philologues issus de ces collèges raniment par leurs écrits le peuple roumain accablé par la domination étrangère.
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Dans son évolution, la littérature religieuse représente la base de l’ancienne culture en Roumanie. Les gens d’Église avaient entre leurs mains les destinées spirituelles du peuple. En même temps traducteurs des livres religieux et colporteurs des livres profanes, ils furent également les premiers chroniqueurs du pays. Petit à petit, ils ont laissé le soin d’écrire l’histoire à des gens plus aptes à le faire par leur instruction et par les dignités qu’ils ont occupées dans le pays. À la fin du XVIIIe siècle, la littérature profane passe elle aussi entre les mains des écrivains de métier.
Par ailleurs, cette littérature religieuse ne manque pas d’intérêt et de valeur, car, à toute époque, elle représente un contact sensible avec l’extérieur, tout en mettant en relief les tendances nationales. Dès le début, elle est déterminée par une influence qui venait du dehors. Une influence de même origine donne naissance aux premiers livres religieux en roumain. Ensuite, les trois grandes personnalités sur lesquelles on a insisté dans cette présentation, représentent chacune une tendance ou une valeur particulière, intéressantes à remarquer : Dosithée, en contact avec ses modèles, fait jaillir la valeur intérieure de la langue dans ses œuvres ; Milescu fait connaître aux théologiens de l’Occident le vrai sens de son Église ; Anthime, en contact avec l’œuvre d’un coreligionnaire d’Orient, donne des normes de conduite à ses fidèles. Ces trois principaux facteurs de la littérature religieuse roumaine : force autochtone, contact avec l’Occident et contact avec l’Orient, lui ont donné ses aspects les plus significatifs, en créant des œuvres dont on doit reconnaître l’importance dans le développement de la littérature roumaine.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
BIBLIOGRAPHIES, HISTOIRES DE L’IMPRIMERIE :
Bianu (I), Hodos (N.) et Simonescu (D.) pour le 3e vol., Bibliografia româneascà veche, 3 vol., Bucarest, 1903-1938.
Picot (E.), Coup d’œil sur l’histoire de la typographie dans les pays roumains au XVIe siècle, dans le Centenaire de l’École des Langues orientales vivantes, Paris 1895, pp. 183-221, et extrait.
TRAVAUX DE SYNTHÈSE :
Cartojan (N.), Istoria literaturii române vechi (en cours de publication), 2 fasc., Bucarest, 1940-1942.
Comsa (G.), Istoria predicei la Români, Bucarest 1921.
Gaster (M.), Geschichte der rumänischen Litteratur, dans Gröber’s Grundriss der romanischen Philologie, II, Strasbourg 1898.
Iorga (N.), Istoria literaturii religioase a Românilor pâna la 1688, Bucarest 1904.
Iorga (N.), Istoria literaturii române în secolul al XVIII-lea (1688-1821), 2 vol., Bucarest 1902.
Ces deux travaux se trouvent réunis et mis au courant dans celui qui suit :
Iorga (N.), Istoria literaturii românesti, 2 vol., Bucarest 1925-1928.
Iorga (N.), Istoria Bisericii românesti si a vietii religioase a Românilor, 2 vol., Vàlenii-de-Munte, 1908-1909 ; 2e éd., 2 vol., Bucarest 1929-1932.
Iorga (N.), Istoria literaturii românesti : Introducere sinteticà, Bucarest 1929.
Lupas (I.), Istoria bisericeascà a Românilor ardeleni, Sibiiu 1918.
Puscariu (S.), Istoria literaturii române, vol. I : epoca veche (seul paru), Sibiiu 1921 ; 3e éd., Sibiiu 1936.
Sbiera (I.-G.), Miscàri culturale si literare la Românii din stânga Dunàrii în ràstimpul dela 1504-1714, Cernàuti 1897.
ANTHOLOGIES :
Gaster (M.), Chrestomathie roumaine, 2 vol., Leipzig-Bucarest, 1891.
Lambrior (A.), Carte de citire, 3e éd., Iassy 1893.
ÉTUDES ET ARTICLES ANALYTIQUES :
LA CULTURE SLAVE EN ROUMANIE. Panaitescu (P.-P.), La littérature slavo-roumaine (XVe-XVIIe siècles) et son importance pour l’histoire des littératures slaves, dans Sbornik Praci I. Sjedzu slovanskych filologù v Praze 1929, Svazek II, Prague 1929, et extrait.
CORESI : Predescu (L.), Diaconul Coresi, Bucarest, 1933 ; mais cf. aussi le compte rendu de Simonescu (D.), Diaconul Coresi, dans Raze de Luminà, V (1933), pp. 86-101, et extrait.
Mazilu (D.-R.), Diaconul Coresi, Ploesti, 1933.
PIERRE MOVILA. Panaitescu (P.-P.), L’influence de l’œuvre de Pierre Mogila, archevêque de Kiev, dans les Principautés Roumaines, dans Mélanges de l’École Roumaine en France, IV, 1926, 1re partie, pp. 1-95, et extrait.
Picot (E.), Pierre Movila (Mogila), dans Legrand (E.), Bibliographie hellénique, XVIIe siècle, IV, Paris 1896, pp. 104-159.
BARLAAM, MÉTROPOLITE DE MOLDAVIE. Dinulescu (St.), Notite despre viata si activitatea mitropolitului Moldovei Varlaam (1633-1653), Cernàuti 1886.
UDRISTE NASTUREL. Nàsturel (Général P.V.), Viata Sfintilor Varlam si Ioasaf, Bucarest 1904.
DOSITHÉE, MÉTROPOLITE DE MOLDAVIE. S.N. Tcheban, Dosithej, mitropolit Sotchavskij, Kiev 1915 ; traduction roumaine : Ciobanu (St.), Dosofteiu mitropolitul Moldovei, trad. du russe par St. Berechet, Iassy 1918.
Ciobanu (St.), Contributiuni privitoare la originea si moartea mitropolitului Moldovei Dosofteiu, discours de réception à l’Académie Roumaine, no 50, Bucarest, 1920.
Dinulescu (St.), Vieata si scrierile lui Dositeiu mitropolitul Moldovei, Cernàuti 1885.
NICOLAS MILESCU. Panaitescu (P.-P.), Nicolas Spathar Milescu (1636-1708), dans Mélanges de l’École Roumaine en France III, 1925, 1re partie, pp. 33-180, et extrait.
Picot (E.), Notice biographique et bibliographique sur Nicolas Spathar Milescu, ambassadeur du Tsar Alexis Mihaïlovici en Chine, dans Mélanges orientaux... publiés par les professeurs de l’École des Langues orientales vivantes à l’occasion du sixième congrès des orientalistes réunis à Leyde (septembre 1883), Paris 1883, pp. 431-492 ; reprod. dans Legrand (E.), Bibliographie hellénique, XVIIe siècle, IV, pp. 62-104.
LA BIBLE (1688). Solomon (C.), Biblia dela Bucuresti (1688), Contributiuni nouà istorico-literare, Tecuciu 1932.
ANTHIME D’IVIR, MÉTROPOLITE DE VALACHIE. Dinulescu (St.), Viata si activitatea mitropolitului Tàrii Românesti Antim Ivireanul (1708-1716), Cernàuti 1886 (traduit en grande partie le dans suivant :).
Picot (E.), Notice biographique et bibliographique sur l’imprimeur Anthime d’Ivir, métropolitain de Valachie, dans Nouveaux Mélanges orientaux... publiés par les professeurs de l’École des Langues orientales vivantes à l’occasion du septième congrès des orientalistes réunis à Vienne (septembre 1886), Paris 1886, pp. 513-560.
DAMASCÈNE L’ÉVÊQUE. Lapedatu (A.), Damaschin episcopul si dascàlul, traducàtorul càrtilor noastre de ritual, dans Convorbiri literare, XL (1906), pp. 561-581, et extrait.
LA CULTURE GRECQUE EN ROUMANIE. RUSSO (D.), Elenizmul in România, Bucarest 1912 ; reprod. dans Studii istorice greco-române du même, Bucarest 1939, II, pp. 487-541.
Sur l’introduction de la langue roumaine dans l’Église, et Bianu (I.), Despre introducerea limbii românesti în Biserica Românilor, discours de réception à l’Académie Roumaine, n° 26, Bucarest 1904.
N. A. GHEORGHIU.
Paru dans Études byzantines en 1944.
1 Invàtàturile lui Neagoe-Voda Basarab catre fiul sau Theodosie, Bucarest, 1843 (version roumaine) ; une édition moderne a été donnée par N. Iorga, Vàlenii-de-Munte, 1910. Sur la version slave, cf. St. Romansky, Mahnreden des Walachischen Wojwoden Neagoe Basarab an seinen Sohn Theodosios, dans Jahresbericht für rumänischen Sprache zu Leipzig, XIII (1908), et extrait. Cf. aussi D. Russo, Studii bizantino-române, Bucarest 1907, et du même, Studii si critice, Bucarest 1910.
2 Viata si traiul Sfintici Sale pàrintelui nostru Nifon, patriarhul Tarigradului, publ. par J. Naniescu et C. Erbiceanu, Bucarest 1888 ; une nouvelle édition publiée par Tit Simedrea, dans Biserica ortodoxà românà LV (1937), n° 5-6, et extrait. Cf. Diacre N. M. Popescu, Nifon II patriarhul Constantinopolului, dans Analele Academiei Române, memoriile sectiunii istorice, IIe série XXXVI (1913-1914), pp. 731-798.
3 Codicele Voronetean, publ. par I. G. Sbiera, Cernàuti 1885. Cf. B. Tenora, Uber die kirchen-slavischen Verlage des Codice Voronetean, dans Mitteilungen des rumänischen Instituts au der Universität Wien, Heidelberg 1914, pp. 145-221.
4 Psaltirea Scheianà, publ. par I. Bianu, tome Ier (seul paru) comprenant le texte en fac-similés et transcription, avec les variantes du Psautier de Coresi (1577), Bucarest 1889 ; Psaltirea Scheianà comparatà cu celelalte psaltiri din secolele XVI si XVII traduse din slavoneste, éd. critique par I.-A. Candrea, 2 vol., Bucarest 1916.
5 Cf. Codicele Voronetean, ed. citée, p. 273.
6 I. Bianu et N. Hodos, Bibliografia româneascà veche, I, Bucarest 1963, n° 5, pp. 21-23.
7 Repr. en fac-similés par I. Bianu dans Intrebare crestineascà, Bucarest 1925 (Textes de langue du XVIe siècle publ. par l’Académie Roumaine, I). Dans la même collection (II) a paru aussi le fragment d’une impression postérieure de Coresi comprenant Pravila Sfintilor Apostoli, Bucarest 1925.
8 Bianu et Hodos, op. cit., I, n° 10, pp. 43-46 ; éd. moderne : Gerasim Timus Pitesteanu, Tetravanghelul diaconului Coresi, Bucarest 1889.
9 Ibid., n° 12, pp. 49-50. Repr. en fac-similés par I. Bianu dans Lucrul apostolesc-Apostolul, Bucarest 1930 (Textes de langue du XVIe siècle, IV). Cf. C. I. Karadja, Despre Lucrul apostolesc al lui Coresi dela 1563, dans Analele Academiei Române, memoriile sectiunii literare, IIIe série, II (1925), pp. 545-555.
10 Ibid., n° 13, pp. 51-52. Un fragment du Bréviaire publ. par N. Hodos, dans Prinos lui D. A. Sturdza, Bucarest 1903, pp. 233-276.
11 Cf. N. Sulicà, dans Soimii, Târgu-Mures, III (1927), n° 9-10, pp. 37-38.
12 Bianu et Hodos, n° 16, pp. 54-56.
13 Ibid., n° 19, pp. 63-65 ; éd. moderne : Psaltirea publicatà româneste la 1577 de Diaconul Coresi, publ. par B. Petriceicu-Hasdeu, tome Ier : le texte (seul paru), Bucarest 1881. Cf. C. Galusca, Slavisch-rumânisches Psalter Bruchstück, Halle 1913.
14 Cartea ce se cheamà Evanghelie cu învàtàturà, ibid., n° 29, pp. 85-93 ; éd. moderne : Diaconul Coresi, Carte cu învàtàturà (1851), publ. par S. Puscariu et A. Procopovici, vol. Ier : le texte (seul paru), Bucarest 1914.
15 Ibid., n° 30, pp. 93-98 ; éd. moderne : Palia d’Oràstie (1581-1582), I, préface et livre de la Genèse, publ. par Mario Roques, Paris 1925. Cf. du même, L’original de la Palia d’Oràstie, dans Mélanges Émile Picot, II, Paris 1913, pp. 515-531, et I. Popovici, Palia de la Oràstie (1582), dans Analele Academiei Române, memoriile sectiunii literare, IIe série, XXXIII (1910-1911), pp. 517-538.
16 Après une éd. en latin de 1629, une nouvelle éd. latine, quatre en français et une en anglais et en latin publiées la même année, le Catéchisme de Lucaris fut publié en grec et en latin, à Genève, en 1633 ; cf. E. Legrand, Bibliographie hellénique, XVIIe siècle, I, pp. 267-272 et 315-321.
17 Cf. A. Malvy et M. Viller, La Confession Orthodoxe de Pierre Moghila, métropolite de Kiev (1633-1646), dans Orientalia Christiana, X (1927), pp. LI-LII.
18 Legrand, op. cit., II, pp. 202-216.
19 Carte româneascà de învàtàturà dumenecele preste an... ; Bianu et Hodos, I, n° 45, pp. 137-143 ; édit. moderne : Varlaam, mitropolitul Moldavei, Cazania, Bucarest 1943, publ. par J. Byck.
20 Sapte taine ; ibid., pp. 147-150.
21 Carte româneasca de învàtàturà de la pravilele imparatesti ; ibid., n° 50, pp. 156-158. Cf. S. G. Longinescu, Pravila moldoveneascà din vremea lui Vasile Lupu, Bucarest 1912.
22 Ibid., n° 38, p. 107.
23 Ibid., n° 48, pp. 150-151. Cf. Legrand, op. cit., III, n° 708, p. 89.
24 Ibid., n° 41, p. 119, d’après Legrand, op. cit., I, pp. 450-451, où il décrit l’éd. de Paris, 1643 ; cependant cf. le même ouvrage de Legrand, III, p. 89.
25 Kniga o Khristosovê podrazhanii Bozhieu ; ibid.. n° 52, pp. 158-160.
26 Vieata Sfintilor Varlaant si Ioasaf, publ. par le général P. V. Nasturel, Bucarest 1904.
27 Pravila ; Bianu et Hodos, I, n° 39, pp. 104-114 ; éd. moderne : Pravila bisericeascà, Bucarest 1884. Cf. I. Peretz, Pravila dela Govora, dans Revista pentru istorie, archeologie si filologie, XI (1910), pp. 22-95, XII (1911), pp. 178-193 et 417-474, et extrait.
28 Indreptarea legii ; ibid., n° 61, pp. 190-203 ; éd. moderne publ. par N. Blaramberg et G. Missail, s. 1. n. d. (Bucarest 1871).
29 Cartea ce sà chiamà pogribaniia preotilor mireni si a diaconilor ; ibid., n° 57, pp. 175-177.
30 Mystirio sau Sacrament ; ibid., n° 59, pp. 178-183.
31 Eugheniasmos sau Obnovlenie sau Târnosanie ; ibid., n° 62, pp. 204-205.
32 Noul Testament ; ibid., n° 54, pp. 165-170.
33 Psaltirea ; ibid., n° 60, pp. 184-190.
34 Cf. ibid., p. 170.
35 Ioan Neculce, Cronica, éd. par A. Procopovici, Craiova 1932, I, p. 121.
36 Pretchestny Akathist ; Bianu et Hodos, I, n° 66, p. 215.
37 Dumnezàiasca Liturghie ; ibid., n° 69, pp. 222-225 et n° 77, pp. 262-263.
38 Molitvenic de’ntàles ; ibid., n° 72, pp. 237-240.
39 Ibid., n° 78, pp. 263.
40 Psaltire a Sfântului Prooroc David ; ibid., n° 65, pp. 209-254 ; éd. moderne : Dosofteiu mitropolitul Moldovei, Psaltirea in versuri, publ. d’après le manuscrit original et d’après l’édition de 1673 par I. Bianu, Bucarest 1887.
41 Viata si petriacerea Svintilor ; ibid., n° 73, PP. 240-246.
42 Cf. Julian Stefànescu, Legende despre Sfântul Constantin in literatura românà, dans Revista istoricà românà, I (1930, pp. 260-267 et extrait.
43 La Perpétuité de la Foy de l’Église catholique touchant l’Eucharistie, I, Paris 1669, pp. 432-433 (extrait d’une lettre de M. de Pomponne...) ; cf. P. P. Panaitescu, Nicolas Spathar Milescu, dans Mélanges de l’École Roumaine en France III, 1925, Ire partie, pp. 54-55.
44 Cf. ibid., pp. 66-67.
45 Cf. ibid., pp. 48-50, où on cite aussi une traduction russe.
46 Cf. ibid., pp. 50-52.
47 Cf. ibid., p. 50.
48 Cf. N. Draganu, Codicele pribeagului Gheorghe Stefan-Vodà, Cluj 1924, pp. 72-73.
49 Cf. P. P. Panaitescu, op. cit., pp. 60-63.
50 Cf. aussi les extraits en français donnés par de Pomponne dans la lettre mentionnée ci-dessus, ibid., pp. 432-435 ; cf. l’éd. Migne, Paris 1841, I, col. 1185-1194, et 544-546.
51 Cf. P. P. Panaitescu, op. cit., pp. 78-79.
52 Cf. ibid., pp. 80-118. Cf. aussi John F. Baddeley, Russia Mongolia, China, 2 vol., Londres 1919, et C. C. Giurescu, Nicolae Milescu Spàtarul, dans Analele Academiei Române, memoriile sectiunii istorice, IIIe série, VII (1927), pp. 231-284.
53 Bibliia adecà Dumnezeiasca Scripturà ; Bianu et Hodos, I, n° 86, pp. 281-291.
54 Cf. ibid., p. 286.
55 Cf. ibid., p. 291.
56 Pravoslavnica Màrturisire ; ibid., n° 92, pp. 321-324.
57 Mineiul ; ibid., n° III, pp. 365-369.
58 Cf. Iulian Stefànescu, op. cit., pp. 276-270.
59 Màrgàritare ; Bianu et Hodos, I, n° 91, pp. 315-321.
60 Cf. ibid., p. 289.
61 Il convient de mentionner à ce propos l’œuvre inédite d’Anthime, Les images de l’Ancien et du Nouveau Testament, comprenant de jolies miniatures en marge du texte biblique ; cf. St. Berechet, Un manuscript de zugràvealà al mitropolitului Antim, dans Comisiunea Monumentelor istorice, sectia pentru Basarabia, Annar, Chisinàu, II (1928), pp. 125-135.
62 Predice, publ. par I. Bianu, Bucarest 1886 (d’après la copie de Grégoire de Side, alors higoumène du monastère Dealul) ; une 2e éd. publ. d’après le manuscrit original par C. Erbiceanu, Bucarest 1888 ; une autre éd. publ. par P. V. Hanes, Bucarest 1915.
63 Cf. N.-A. Gheorghiu, Mitropolitul Antim Ivireanul si càrtile populare, dans Biserica ortodoxà românà, LVII (1939), n° 5-6.
64 Bianu et Hodos, II : Mineiul, octobre (1776), n° 395, pp. 215-217 – sur les deux éditions de ce Ménée, cf. N.-A. Gheorghiu dans Biserica ortodoxà românà, LIV (1936), pp. 694-696 – ; novembre (1778), n° 415, pp. 226-228 ; décembre, janvier, février, mars (1779), n° 419-422, pp. 231-244 ; avril, mai, juin, juillet, août, septembre (1780), n° 433-438, pp. 254-268.
65 Cf. V. Grecu, Erminiile de picturà bizantinà, Cernauti 1936 ; un autre manuscrit signalé par N.-A. Gheorghiu dans Biserica ortodoxà românà, LII (1935), pp. 491-493.