Peut-on lire Ruysbroeck ?

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Jean-Pierre JOSSUA

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ruysbroeck est aussi connu que peu lu, si j’en crois les quelques sondages que j’ai tenté de pratiquer. C’est qu’il passe pour obscur, interminable et diffus. Ainsi ai-je eu l’idée de le lire attentivement en me demandant si quelques conseils pourraient être donnés aux lecteurs de La vie spirituelle. C’est donc à eux que je m’adresse, en simplicité amicale et sans aucune prétention, non certes aux historiens de la spiritualité !

Le prêtre de Bruxelles, puis chanoine régulier de Groenendael, né en 1293 et mort en 1381, est un contemporain de Tauler. Si les questions d’influence entre lui et les Rhénans sont discutées, il est clair que leur courant spirituel est le même et qu’ils ont eu un identique combat à mener contre les « frères du libre esprit ». À la différence d’Eckhart ou Tauler, on dispose en ce qui le concerne d’une biographie qui n’est pas sans valeur, celle de Pomerius. Ses écrits furent rédigés en brabançon pour un public large, et il a eu une immense influence à travers Gérard Groote et les « frères et sœurs de la vie commune » qui sont à la source de la devotio moderna. Mais ce théologien assez classique, unissant plus qu’aucun autre la haute contemplation et le service d’autrui, a été fortement critiqué par Gerson et Bossuet. Ces deux auteurs sourcilleux, qui en ont persécuté bien d’autres, ont tiqué sur quelques formules évoquant l’union à Dieu de telle manière que la contemplation d’ici-bas semble égaler ou dépasser ce qu’il est commun d’enseigner au sujet de la « vision bienheureuse » attribuée à ceux qui ont achevé leur chemin terrestre. Et cette condamnation a nui beaucoup à sa diffusion à l’époque de la Contre-Réforme, comme le jugement avignonnais porté contre Eckhart. Seul Tauler a échappé à ces tracasseries, ainsi a-t-il toujours été lu. Avouons qu’il est aussi de tous le plus lisible, sans excepter Henri Suso 1. Mais qu’en est-il de Ruysbroeck ? Pour essayer de répondre à cette question, je vais retenir dix ouvrages authentiques et les passer en revue 2.

 

 

Le royaume des amants [1]. Sans doute le premier écrit de Ruysbroeck, alors qu’il était encore vicaire à Bruxelles, et la première expression de sa pensée qui fut peu connue à cette époque. Il s’agit d’une catéchèse dogmatique, anthropologique, morale, spirituelle, dont le cœur est une longue description ascendante des dons du Saint-Esprit qui culmine par une initiation aux états supérieurs de la vie contemplative. Sans doute avait-elle alors un grand mérite, mais elle ne me semble guère présenter d’intérêt pour un lecteur actuel, malgré quelques chapitres curieux 3. Je vais revenir sur ce jugement dans un moment, mais il me faut d’abord évoquer un ouvrage nettement plus tardif.

 

Samuel, ou le livre de la plus haute vérité [7], Il s’agit d’un traité court, datant de 1350, et destiné à expliquer le Royaume à la demande des chartreux d’Hérinnes, en particulier en ce qui concerne les modes de l’union. Ruysbroeck va critiquer la divinisation censément éprouvée par les sectaires : une conversion des âmes et même des Personnes divines dans l’essence simple de Dieu, qui se produit dès ici-bas, dispensant de toute Écriture, vertu et sacrement. Telle n’est pas sa conception de l’« union sans intermédiaires », qui ne permet pas de faire l’économie des épreuves et ne conduit pas à surmonter l’état de créature. À un premier niveau, l’amour actif et l’intelligence gardent leur place même s’ils sont dépassés par un amour essentiel et passif, le « silence dans les ténèbres et le repos » (ch. IX). À un second niveau, on éprouve une « jouissance qui dépasse tout mode et toute essence et plonge dans l’abîme sans mode et la béatitude sans fond », sans différence ou distinction des créatures, car cette béatitude est trop simple (ch. XII). En devenant plus précis, il maintient donc toutes ses audaces : « Tous les esprits élevés se fondent et s’anéantissent par la jouissance dans l’essence de Dieu [...]. Là, ils échappent à eux-mêmes et se perdent dans un non-savoir sans nom. » Dans sa brièveté, ce traité est donc très caractéristique, et en lisant d’abord les quatre chapitres litigieux du Royaume 4, quelqu’un qui aurait déjà une certaine connaissance de l’histoire de la spiritualité pourrait s’y faire une idée du monde mystique de Ruysbroeck.

 

Les Noces, ou Ornement des noces spirituelles [2], Cet ouvrage, d’une date incertaine, est sûrement celui qui peut être abordé – au moins quant à ses deuxième et troisième parties – par un lecteur qui, n’ayant aucune connaissance préalable, veut pourtant découvrir un texte de Ruysbroeck assez élaboré. Un verset biblique, « Voyez, l’époux vient, sortez à sa rencontre » est repris dans chacune des trois parties en s’appliquant successivement à la vie active, à la vie intérieure et à la vie contemplative. La première représente une catéchèse de la conversion et de l’existence chrétiennes, sans intérêt spécial, et rendue très pénible par un procédé de division, répété jusqu’à l’obsession, que l’on retrouve hélas dans toute l’œuvre de Ruysbroeck ; on la négligera sans grand inconvénient. Les deux autres décrivent un itinéraire dont on aura intérêt à se rappeler qu’il ne se réfère sans doute pas à une expérience qui prendrait place exactement ainsi dans le temps et peut-être même dans le réel : c’est ce que fait écrire un certain type de recherche de vie unitive ; il faudrait comparer avec minutie les divers ouvrages de notre auteur : on verrait sans doute que les mots, les étapes, les états, varient très sensiblement, et pourtant quelques constantes assez nettes s’imposent à l’attention du lecteur.

La seconde partie décrit donc les stades indéfiniment subdivisés d’un cheminement spirituel vers des états d’oraison de plus en plus élevés, avec un grand soin de mettre en connexion ces avancées et celles qui concernent la vie vertueuse et charitable. La première « venue » de l’époux a lieu par rapport au registre affectif (les vertus et l’action de grâces ; la joie spirituelle ; le désir insatisfait ; le délaissement). La deuxième venue regarde les puissances supérieures de l’âme : simplification de la mémoire, illumination de l’intelligence, inflammation d’amour de la volonté. La troisième venue se rapporte à l’unité essentielle de l’esprit humain comme royaume de Dieu : y jaillit une veine vive qui est la touche de Dieu, procurant un désir amoureux infini et la jouissance sans intermédiaire. Ce thème sera repris plus loin, à propos du don de sagesse, non sans que l’on ait analysé entre-temps les diverses rencontres de Dieu : l’unité essentielle de notre esprit avec Dieu, comme créature et comme image, devient à la fois vivante par grâce comme ressemblance, et consciente chez les croyants d’esprit intérieur. Cela dans le dépouillement et la nescience qu’il est classique d’invoquer comme correctifs, mais la voie dominante de cette mystique est sa joie et sa lumière.

La troisième partie rejoint les états évoqués dans le Royaume et Samuel. Il s’agit de « contempler Dieu par Dieu même », voire d’« être Dieu avec Dieu », au-delà de tout mode, sans différence, en recevant de lui « une parole unique profonde comme l’abîme » : génération éternelle et toujours nouvelle, mais ultimement unité suressentielle à laquelle cèdent même les Personnes divines avant la reprise du mouvement qui les différencie. Point capital : nous rejoignons ainsi notre être incréé, éternel (principe de notre être créé), dans la Sagesse Divine qui est identique à Dieu.

 

L’anneau ou La pierre étincelante [3], Ce vade-mecum de l’ermite, datant d’avant 1343, est en rapport avec le précédent, ce qui a pu faire penser que celui-ci était assez ancien : il offre une version brève des mêmes parcours, mais avec d’autres images prédominantes (le trépas, l’engloutissement, l’immersion). C’est aussi une version plus prudente où l’on insiste sur le caractère indépassable de la condition de créature et sur la différence entre contemplation et « vision béatifique ». On pourrait en résumer l’apport global en évoquant un mouvement de systole et de diastole : tantôt la touche divine entraîne au-dedans dans l’unité, tantôt elle excite vers le dehors en exigeant une action animée par l’amour, ce qui est bien la pierre de touche d’une mystique réellement christianisée, fût-elle d’origine néo-platonicienne. Il ne me semble pas que sa lecture ajoute quelque apport essentiel aux Noces.

 

De la foi [4] est une très courte glose des symboles de Constantinople et d’« Athanase », datant d’avant 1343. Pour ce qui est de la foi, il s’agit d’une simple paraphrase ; l’Église fait l’objet d’un traitement un peu plus ample ; le bonheur du Ciel et le malheur des damnés donnent lieu à une catéchèse classique et, pour tout dire, peu supportable.

 

Le tabernacle spirituel [5], le plus long, le plus répandu de tous les traités de Ruysbroeck, est pour nous proprement illisible. Terminé après 1343 ou après 1350, il occupe presque deux volumes de l’édition bénédictine. Il s’agit d’un commentaire de l’Exode dans lequel, s’appuyant sur nombre de devanciers, l’auteur se livre à une allégorie infinie des moindres prescriptions concernant l’arche d’alliance ainsi que des noms hébraïques cités. Ainsi la doctrine mystique n’est proposée qu’à l’état de fragments réduits et occasionnels. Trait particulier, la vie vertueuse n’est pas présentée ici essentiellement comme une préparation à l’union mystique, mais plutôt comme une conséquence de celle-ci qui est évoquée succinctement dès les pages 62 à 64 du premier volume (ch. X). À la fin du ch. XIII, on trouverait un beau paragraphe sur le désir spirituel, si l’on se risquait dans cette œuvre étouffante et peu enrichissante.

 

Le livre des quatre tentations [6], le plus court de tous, est un opuscule écrit entre 1343 et 1350 sur le discernement spirituel : quelles sont les attitudes croyantes et spirituelles justes ? Il faut lire ce merveilleux petit traité qui décrit d’abord quatre manières d’être faussées (le jouisseur, le dévot hypocrite, le docteur orgueilleux, le mystique passif égaré), puis les deux piliers d’une vie sainte et heureuse : l’humilité et une expérience intérieure très haute et très simple, dont voici la description 5.

« Nous devons nous recueillir et garder notre intelligence nue et dépourvue d’images pour la vérité incompréhensible de Dieu. Et nous trouverons cette vérité formée en nous, et nous-mêmes formés à nouveau en elle, devenant ainsi un avec elle. Et ceci constitue la voix la plus claire avec laquelle nous invoquons le Fils de Dieu, et possédons avec lui son héritage et le nôtre.

« En raison de ces grandes faveurs, nous devons de nouveau retourner vers nous-mêmes, et nous incliner devant la toute-puissante bonté de Dieu dans un anéantissement de nous-mêmes, pour souffrir en patience tout ce que Dieu permet pour nous dans le temps et dans l’éternité. Et ceci est la voix la plus gracieuse. Et c’est ainsi que le Christ descendit vers l’humanité et nous mérita la vie éternelle. Et par là nous invoquons la justice de Dieu, et nous descendons avec le Christ dans la profondeur sans fond, qui jamais encore ne fut remplie.

« De cette profonde bassesse nous devons nous élever avec un vrai courage, jusqu’à la hauteur supérieure. Et avec tous les anges et tous les saints, dans le Christ Jésus, nous devons aimer, remercier et louer Dieu, maintenant et dans l’éternité. Et ceci est la voix la plus joyeuse par laquelle nous invoquons la sainte Trinité, que nous trouverons habitant en nous avec la plénitude de tous les dons, tandis que nous-mêmes serons, avec toutes les vertus, réfléchis dans l’unité divine.

« Du fond de cette riche unité nous nous écoulerons librement en la bonté de Dieu, et nous parcourrons avec un cœur large le ciel et la terre, la grâce et la gloire, ainsi que tout bien utile à chacun. Telle est la voix la plus douce avec laquelle nous invoquons le Saint-Esprit, possédons la sagesse de l’amour et y sommes unis.

« Et lorsqu’ainsi l’amour envahit l’esprit en unité, il touche la vie même de l’esprit et lui fait goûter son insondable richesse. Et alors l’intérieur tout entier de l’homme est ému de jouissance. Et par là il est amené à aspirer et à soupirer vers l’infinité de l’amour. Et ceci est la voix la plus cachée par laquelle nous invoquons l’amour, afin qu’il nous consume et nous dévore dans sa profondeur, où tous les esprits défaillent en leur activité et cèdent à la jouissance.

« Là se révèle à l’amour le silence obscur, qui demeure inactif au-dessus de tous les modes. Là nous sommes trépassés et nous vivons au-dessus de nous-mêmes. Car là se trouvent notre jouissance et notre béatitude la plus haute. Là est un silence éternel en notre superessence. Là nulle parole ne fut jamais prononcée dans l’unité des personnes. Là aussi nul ne peut parvenir sans amour et exercice de vertus en justice. Et c’est pourquoi ils se sont trompés, ceux qui ont pratiqué une fausse oisiveté. »

 

Les sept clôtures [8], de 1356, est adressé à une Clarisse. C’est un court traité de la vie religieuse, décrivant l’existence quotidienne et les mœurs spirituelles d’une religieuse cloîtrée, dans l’imitation et à la suite du Christ. Un ouvrage clair et classique, qui ne me semble pas spécialement à recommander ; il contient en quelques chapitres succincts (XIII à XIX) la doctrine des Noces. On peut y remarquer la diversité des images – brasier, torrent, désert, point où convergent et se perdent des lignes qui pourtant demeurent lignes... – qui mériteraient une étude dans l’ensemble de l’œuvre, semblable à celle que l’on a proposée pour Eckhart dans le no 689 de cette revue.

 

Le miroir du salut éternel (1359) [9] fut offert à la même Clarisse. Il s’agit d’un triptyque présentant la vie vertueuse (ch. II, de façon sans doute plus théologale que l’Imitation), la vie progressante (ch. III, ouvrant sur un traité de l’eucharistie qui a évidemment beaucoup vieilli), la vie unitive (à partir du ch. XVII, qui recoupe de façon plus simple le développement des Noces). Le miroir est à la fois le livre, le Fils et notre âme. On trouve dans cet ouvrage une certaine prédilection pour les images optiques. Par exemple : « Par la foi, l’espérance et la charité ils s’élèvent au-dessus de toutes leurs œuvres jusqu’à cette vue nue de l’âme, qui est l’œil simple toujours ouvert, au-dessus de la raison, dans le fond même de notre intelligence. Là se montre la vérité éternelle qui inonde notre vue nue, c’est-à-dire l’œil simple de notre âme, dont l’essence, la vie et l’opération consistent à contempler, à voler, à courir et à dépasser toujours notre être créé, sans regard ni retour en arrière » (p. 131). Plus loin, il est question de la Clarté divine qui nous apparaît dans une nudité déserte et sans images (p. 140). À mon avis, ce n’est pas cet ouvrage important, dont la grande insistance, évidemment polémique, porte sur le fait que « nous ne pouvons ni franchir ni dépasser notre nature créée » (p. 132), qui doit être conseillé pour découvrir Ruysbroeck.

 

Les sept degrés de l’amour spirituel [10]. Ce traité assez court est de date incertaine. Il est sans doute écrit pour une religieuse, mais porte sur la vie chrétienne en général : présentation assez répétitive de l’échelle des vertus et des attitudes spirituelles, devenant échelle de la vie contemplative à partir de la fin du cinquième degré (au quatrième mode du chant céleste : l’obsessionnalité ne perd pas ses droits). Le septième degré (ch. XIV) est une hymne à la « jouissance oisive » qui mérite d’être lue comme une pièce d’anthologie, par le psychologue autant que par qui s’intéresse aux itinéraires spirituels.

 

Les douze béguines [11] est considéré comme le dernier ouvrage de Ruysbroeck. En fait, il s’agit d’un ensemble composite qui ne retiendra guère l’attention. La première partie, très courte et manquant de clarté, commence sous une forme versifiée et se poursuit en prose. Il s’agit d’un enchiridion de la contemplation, où l’on peut mieux comprendre que le sommet de celle-ci consiste à rejoindre, en l’essence simple de Dieu, notre « super-essence » qui est notre être incréé au-dessus de notre nature créée, découvrant ainsi une « essentielle unité avec Dieu, éternellement en repos et inactive » (p. 39). La seconde partie est un catalogue d’hérésies, distinguées peut-être de façon artificielle, suivi d’un petit traité de l’amour de Dieu. La troisième partie, la plus longue, est un ouvrage cosmologique et astrologique, assez allégorique, en rapport avec la vie spirituelle : un fourre-tout plutôt moralisant et rempli de lamentations sur la décadence des temps. La quatrième partie porte sur la passion du Christ et sa célébration aux heures canoniales, incluant des développements sur l’amour, le péché et la vie éternelle 6.

 

 

On le voit, il est possible de donner une réponse nettement positive à la question posée au début de cet article. Pourvu toutefois que l’on ne se trompe pas d’ouvrage, que l’on supporte certaines particularités de composition et surtout que l’on s’intéresse à ce type de mystique unitive : à chacun et chacune, bien sûr, de mettre au clair les motifs de cet intérêt !

 

 

Jean-Pierre JOSSUA.

 

Paru dans La Vie spirituelle

en septembre-octobre 1990.

 

 

 

 



1  L’édition Hugueny-Théry des Sermons de Tauler étant devenue introuvable, j’en ai préparé une version un peu améliorée, en ce sens que le texte y est préservé mais les introductions supprimées et les notes ou incises allégées : quelle qu’ait pu être leur valeur, elles sont tout à fait illisibles aujourd’hui. Cette édition paraîtra fin 1990 aux éditions du Cerf. Pour ce qui est de Ruysbroeck, on dispose de deux publications du XXe siècle. La première est une traduction en six volumes d’après les manuscrits flamands, par les bénédictins de Saint-Paul de Wisques, Œuvres de Ruysbroeck l’admirable, Bruxelles, 1919-1938 (je cite d’après cette édition ; elle a été reprise aux éditions Universitaires à Paris en 1946). La seconde est un volume d’Œuvres choisies, traduction de J. A. Bizet, Paris, Aubier-Montaigne, 1946 : elle comprend l’intégralité des Noces et l’essentiel du Royaume des amants.

2  J’ai suivi pour le choix et la numérotation (entre crochets) l’excellent article d’Albert Ampe dans le Dictionnaire de Spiritualité, « Jean Ruysbroeck » (Fasc. LIV-LV, 1973). Je laisse donc de côté deux ouvrages présents dans l’édition de Wisques : La somme de la vie spirituelle (deux petits traités plus tardifs publiés par Surius) et les Douze vertus (opuscule écrit par un proche de Ruysbroeck mais traduisant une nette influence eckhartienne). On y trouvera aussi La vie et les miracles de Jean Ruysbroeck, de Pomerius.

3  Celui où est décrite la voie naturelle vers Dieu (V) a son importance, même si Ruysbroeck ne la considère pas comme salvifique, car elle lui permettra par la suite d’interpréter les expériences mystiques des Beghards (voir aussi VIII, XII, XIII). Noter aussi un beau chapitre XXII sur l’intercession qui est rattachée au don de force, au sein d’une évocation de la compassion spirituelle faisant le lien entre la misère des hommes et l’infinie générosité de Dieu : un thème que tous les mystiques ne mettent pas en valeur.

4  Ch. XXV : la touche qui fait naître au plus vif de l’âme le plus haut désir ; ch. XXIX : la jouissance de l’union avec l’essence divine sans mode, par le retour en soi ; ch. XXXI : le don de contemplation du Père par illumination ; ch. XXXIII : le goût de l’amour, qui n’est autre que le Saint Esprit.

5  Tome VI de l’édition bénédictine, p. 273-274.

6  Cet article était prêt pour l’impression lorsque j’ai reçu l’excellent ouvrage de Paul Verdeyen, Ruysbroeck l’admirable (Paris, Cerf, 1990, 190 p. 95 F.). L’essentiel en est une très intéressante biographie, pleine de discernement, avec une présentation de l’œuvre et de son influence. Le dernier tiers du volume, modestement intitulé « Textes », constitue une analyse succincte de la doctrine spirituelle de Ruysbroeck, illustrée par des passages significatifs de ses livres.

 

 

 

 

 

www.biblisem.net