Ismaël chassé au désert
par
Youakim MOUBARAC
Il appartient au théologien, exégète de la Bible, de dégager l’intérêt, au point de vue de l’Histoire religieuse, des récits de la genèse concernant l’Hégire d’Ismaël (16, 1-14, tradition jahwiste et 21, 8-21, tradition élohiste). Le présent essai voudrait contribuer du côté islamique à dresser une tête de pont, à l’aide de ce qui serait le correspondant coranique et comme une sorte d’écho aux textes prophétiques de la GENÈSE 1.
L’Hégire – terme qui signifie « exode », « expatriement » – est une constante fondamentale du monde sémitique. Celui-ci s’est constitué au moyen d’hégires successives, massives ou individuelles. Des vagues de nomades venant d’Arabie (berceau du monde sémitique, d’après l’hypothèse la plus communément reçue) déferlent sur le Croissant Fertile. Abraham part d’Ur en Chaldée. Les Hébreux traversent la mer Rouge et le Sinaï. Selon MATTHIEU 2, 15, le Christ est rappelé d’Égypte. Mahomet s’exile à Yathrib, devenue depuis Médine, alors que ses premiers compagnons avaient dû chercher refuge auprès du roi d’Éthiopie.
Cette Hégire de Mahomet, début de l’ère musulmane, serait le point d’aboutissement de la destinée abrahamique dans sa branche arabe. Le monde arabe qui trouve pour la première fois son unité, et avec lui tout le monde sémitique, dans l’Islam, n’est pas « ismaélien », il est abrahamique. Le mystère d’Ismaël réalise la vocation primitive de son père voué lui-même à l’Hégire et c’est ce qui s’accomplirait lorsque le monde arabe passe à l’Islam. Le monde arabe trouverait dans l’Islam l’accomplissement, dans une extension universelle, de sa vocation à l’origine. La race arabe ayant été formée par l’amalgame des exclus de la Promesse, descendants d’Ésaü autant que d’Ismaël, et celui-ci ayant épousé une femme du pays d’Égypte (GEN. 16, 1), l’Islam continuerait jusqu’à nos jours à affranchir et à faire l’unité d’un monde à part, qu’il contient dans un devenir « arabe ». Cette appellation serait à rapprocher d’après sa racine ‛RB (cfr l’hébreu ‛BR ?) de la racine GRB, qui donne GaRîB (« étranger »).
C’est ce qui donnerait à tout musulman, arabe non point de race mais par vocation quasi-mystique et affiliation spirituelle (ne pourrait-on pas parler d’un Ismaël spirituel comme l’Église s’appelle l’Israël spirituel ?), le goût d’une terre jamais possédée et une nostalgie quasi maladive pour une patrie qu’il ne saurait réintégrer.
C’est ce qui s’exprime par exemple, dans ce vers de Mutanabbi, poète arabe du Xe siècle :
Il vous reste, ô demeures, dans les cœurs, des demeures.
Vous êtes devenues désertes et ils sont encore de vous tous peuplés.
Se rappeler aussi ce vers d’Ibn Al-Fârid, mystique du XIIIe siècle :
Et si la nuit t’enveloppe et enfouit en leur solitude 2
Allume de désir en leur noirceur un feu.
C’est ce qui lui donnerait aussi, au musulman « arabe », comme par voie de contraste et pour en savoir le prix par expérience, le sens de l’hospitalité et le respect du droit d’asile...
Mais il est une symbolique de l’Hégire désertique plus fondamentalement attachée à la structure même de la religion musulmane. Tout comme le Désert semble avoir été un terrain d’élection pour son développement historique (depuis le Désert d’Arabie jusqu’au Rio del Oro à l’Ouest et jusqu’au Désert de Gobi à l’Est) et que ce sont des nomades, les Arabes, puis, quelque cinq siècles plus tard, les Turcs du Turkestan 3, qui ont travaillé à la plus grande extension de l’Islam, il se trouve que la foi musulmane elle-même a été profondément informée par l’Exode-Exil au Désert.
Cela semble symboliquement figuré à nos yeux dans le diptyque coranique de la naissance de Jésus et de l’ultime refuge qui lui est assigné avec sa mère. ‛Isä naît de la Vierge sous un palmier :
19, 16. Et fais mention dans le Livre, de Marie, quand elle se fut écartée de son peuple vers l’Orient
17. Et qu’elle prit par devers eux un voile. C’est alors que Nous lui envoyâmes Notre Esprit... 4
22. Elle le conçut et se retira avec lui en un lieu éloigné.
23. C’est alors que les douleurs de l’enfantement la surprirent au pied d’un palmier et qu’elle dit : « Que ne suis-je morte avant ce jour et devenue à jamais oubliée ! »
24. (L’ange) (?) l’appelle de sous le palmier (?) et lui dit : « Ne t’attriste pas ! Voici que ton Seigneur a fait (couler) à tes pieds un ruisseau.
25. Et secoue vers toi le palmier, il en tombera sur toi des dattes fraîches et mûres.
26. Puis tu mangeras et boiras et que ton regard devienne serein. Et si tu vois quelqu’un du nombre des humains,
27. Tu diras : J’ai voué au Seigneur (Al-Rahman ; un jeûne, je ne saurais parler à personne aujourd’hui... 5
Au terme de sa mission, Dieu donne à ‛Isä refuge avec sa mère « sur une colline de paix assurée et de sources d’eau vive » (23, 52). Cela fait songer, quand on fait le rapprochement avec la Femme au désert de l’APOCALYPSE (Apoc. 12, 14), à une oasis. Aussi, ce texte serait-il à mettre en parallèle avec 3, 48 :
Et quand Dieu dit : Ô ‛Isä, voici que je vais te rappeler et t’élever vers Moi et te rendre pur de ceux qui ont été infidèles et placer ceux qui t’ont suivi au-dessus d’eux jusqu’au jour de la Résurrection. C’est alors (seulement) que Je vous ramènerai tous à Moi et que Je jugerai entre vous au sujet de ce qui vous mettait en désaccord.
Rapproché encore du texte plus contesté quant à l’interprétation, de 43, 61 (sur Jésus, « Science » ou « Signe de l’Heure »), il semble bien que, dans la croyance coranique, la relation de l’Islam au christianisme, comme d’ailleurs aux autres communautés religieuses, ne sera révélée qu’à la Fin des Temps.
Quoi qu’il en soit, et avant de lier ainsi le destin désertique de l’Islam tendu dans l’attente de Jésus par une espérance eschatologique, il convient de rappeler comment sa foi primitive est pareillement informée.
Nous avons situé ailleurs la conversion d’Abraham, père de ‛Islam (Coran 22, 77), au Désert 6. Le récit de cette conversion (6, 74-81) revient à illustrer le dépouillement désertique, nuit des sens et ténèbres de l’esprit, qu’exige et qu’accomplit la foi monothéiste. C’est un Désert spirituel analogue à celui de la Tentation du Christ, où l’on doit repousser la vue de tout ce qui nous allèche de par le monde et ses royaumes, pour adorer Dieu seul. L’Islam, religion du Monothéisme (al-’Islâm dîn al-Tawîhd) trouve donc ainsi au Désert son terrain privilégié d’éclosion.
Le Coran l’exprime encore dans un passage également puissant et curieux. Il s’agit de l’égaré au Désert qui croit apercevoir au loin de l’eau, alors qu’il ne s’agit que d’un mirage, mais « auprès duquel il trouve Dieu Lui-même, Qui lui fait rendre ses comptes ». C’est dans l’étonnant chapitre de la Lumière (Sourate « al-Nûr » 24, 39).
Si paradoxal que cela puisse paraître, c’est ce qui a été vécu par le Prophète, qui se trouve avoir servi là encore de « type » à l’ensemble de sa Communauté. Peut-on parler d’une première « conversion » où, le Prophète étant « égaré », Dieu le « trouve » et le « guide » ? Voici la belle sourate « al-Duhä » (L’Aurore, Sourate 93) :
1. Par l’Aurore
2. Et la Nuit quand elle est établie
3. Ton Seigneur ne t’a point délaissé ni pris en haine
4. Et la (Vie) Dernière sera bien plus heureuse pour toi que la Première.
5. Voici que ton Seigneur va te donner et tu seras pacifié.
6. Ne t’a-t-il pas trouvé orphelin et pris chez lui ?
7. Ne t’a-t-il pas trouvé errant et guidé ?
8. Ne t’a-t-il pas trouvé dans le besoin et comblé ?
9. L’orphelin donc, ne le brime pas,
10. Et le mendiant, ne le repousse pas,
11. Raconte plutôt la grâce de ton Seigneur.
Ailleurs il s’agit dans la vision prophétique initiale, sourate « al-Najm » (L’Astre 53, 14), d’un « ultime jujubier », « Sidrat al-Muntahä » 7. Il doit être question d’une pousse rabougrie au Désert. Le nomade qu’a surpris la tempête de sable tourne autour d’elle (comme l’alpiniste égaré dans le brouillard sur un glacier peut tourner indéfiniment entre les parois d’une crevasse et croit avancer en suivant la trace de pas qui ne sont autres que les siens).
Le monothéisme est ainsi cet unique repère de la foi islamique qui ne saurait s’en écarter ni s’en rapprocher. L’Islam est indéfectiblement attaché au mystère du Dieu unique sans pouvoir ni vouloir y pénétrer. Le Jardin de Paradis est pourtant tout près, « ‛indahâ Jannatu’l-Ma’wâ » (53, 15). Mais il n’est pas question pour le Prophète ni pour les adeptes de sa Foi d’y entrer. Il importe seulement d’adhérer au pur témoignage que Muhammad rend pour la Transcendance, sur la communication d’un « être vigoureux, lequel s’étant posé à l’Horizon suprême, s’est ensuite rapproché, mais pour demeurer à la distance de deux portées d’arc ou un peu plus près » (53, 5-9 ; trad. libre).
C’est ainsi que la Mystique en Islam n’y a pratiquement pas acquis droit de cité, ayant d’ailleurs généralement versé dans le panthéisme (« wahdat al-wujûd » succédant à « wahdat al-shuhûd »), par réaction peut-être contre le monothéisme trop rigide de la foi musulmane. Ceux qui ont voulu briser le verre (« zujâja » 24, 35) qui entoure et protège la Lumière divine, s’y sont brûlés ou fait brûler. Hallâj est jugé, condamné et crucifié 8.
La Théologie elle-même a été surtout une science négative (« tanzîh »), excluant finalement tout compromis avec une philosophie que Ghazâli a définitivement proscrite des terres d’Islam, de sorte qu’on ne la voit plus fleurir qu’en Espagne, sous la forme d’un rationalisme depuis lors transmis à l’Occident, qui voile à peine son incompatibilité avec la Foi.
C’est ainsi également que l’Art n’a été en Islam que la négation en quelque sorte de lui-même. Pas plus qu’on ne voulait contrefaire la création de Dieu, il n’était question d’entrer dans le mystère de son i acte créateur.
Si seules la grammaire et la rhétorique, genres, on le sait, combien stériles, semblent avoir abouti en Islam, c’est en fonction de la langue arabe et du Coran. La grammaire arabe s’est créée et fixée en fonction du Livre. Quant à la poésie, si elle n’a pas été inventée pour fournir des exemples aux linguistes et aux grammairiens, quand par ailleurs elle n’a pas divagué en suivant le sentiment personnel (’ittibâ ’al-hawa, 18, 27 ; cf. 10, 16 ; 19, 60 ; 2, 204) ou ne s’est pas perdue dans des délires de verbalisme, elle a été fidèle à sa naissance désertique en faisant éclore le lyrisme le plus pur, le plus dépouillé. La poésie aura été fidèle ainsi au génie de la langue arabe, unique fleur du Désert, forte, drue et pauvre. Or, l’arabe est la langue du monothéisme coranique et sa création. Il ne saurait trahir ce Livre :
Ce n’est point le dire d’un poète auquel vous croyez si peu, ni d’un prêtre vaticinant, combien peu vous vous le rappelez ! (69, 41 ; cf. 68, 51 ; 52, 30 ; 37, 35 ; 26, 224-5 ; 21, 5.)
Et Nous ne lui avons pas appris la Poésie, ni (les artifices) qu’il faut (à son expression) ; ce n’est qu’un Rappel (« Dhikr ») et une récitation (Qur’ân) claire, pour prévenir (du Jugement) tout être vivant et pour que la Parole réalise son emprise dans la justice sur les renégats (36, 69-70).
Le Coran a été commis à un simple témoin, aussi dépouillé d’astuces dialectiques que de charismes pour les prodiges et qui affirme uniment la transcendance divine dans l’imminence du Jour du Jugement.
Ils dirent : Qu’est-ce que c’est que cet apôtre qui mange comme tout le monde et se promène dans les rues ? (25, 8).
Ce n’est qu’un être humain comme les autres, qui mange de ce que vous mangez et boit pareil (23, 34-5 ; cf. 5, 79).
Dis : « Je ne suis qu’un homme comme vous autres ; il m’est seulement révélé que votre Dieu est un Dieu unique » (18, 110).
Le Coran est encore appelé « mu‛jam al-fuqarâ’», une encyclopédie fortement condensée, sinon maigre et tronquée par endroits, à l’usage des pauvres (cf. 24, 32 ; 59, 8 ; 35, 15).
Pour ces pauvres d’Allah, comme pour les anawim de Yahweh, il existe encore en dehors de ce Livre du Témoignage, un sanctuaire. C’est une pierre noire et il est spécifié qu’elle a été établie « dans une vallée sans végétation » :
14, 38 : Et quand Abraham dit : Seigneur, établis cette Cité dans la Paix et détourne-moi, ainsi que mes fils, du culte des idoles.
39. Seigneur, elles en ont égaré plus d’un de par le monde. Celui qui suivra ma voie, sera des miens ; celui qui me résistera... Tu es celui qui pardonnes et fais grâce.
40. Seigneur notre Dieu, j’ai fait habiter une partie de ma descendance dans une vallée sans végétation auprès de Ta Maison sacralisée afin qu’ils accomplissent la Prière. Fais donc que des cœurs parmi les humains se penchent vers eux et pourvoie à leurs besoins des fruits de la Terre, peut-être en seront-ils reconnaissants !
41. Seigneur notre Dieu, Tu sais bien ce que nous tenons caché et ce que nous dévoilons et il n’est rien qui soit caché pour Dieu sur la terre comme au ciel.
Grâces à Dieu qui m’a donné dans ma vieillesse Ismaël et Isaac ; certes mon Seigneur écoute bien l’Appel.
42. Seigneur, fais de moi quelqu’un qui accomplisse la Prière ainsi que de ma descendance, Seigneur notre Dieu et agrée mon Appel.
43. Seigneur, notre Dieu, pardonne-moi, pardonne à mes parents et aux croyants au Jour du Jugement.
Le Destin désertique de l’Islam s’exprimant dans le monothéisme dépouillé du Coran arabe, se traduit aussi dans le Pèlerinage mekkois institué par Abraham, « fondateur de la Mekke », comme un expatriement au Désert. C’est peut-être pour cela que Muhammad s’est tourné finalement vers sa ville natale, où il n’est d’ailleurs rentré qu’en pèlerin, après avoir prié dix-huit mois en regardant avec ses premiers compagnons vers Jérusalem. L’Islam revendique toujours Jérusalem, que Saladin a reconquise le jour de la fête de l’Isrâ’ (Voyage nocturne du Prophète, 17, 1) comme pour essayer de goûter à ce mystère de l’intimité divine auquel Muhammad se serait refusé dans son Ascension mystique. Aussi l’Islam est-il toujours resté depuis à Jérusalem, « al Quds » (comme à Hébron toujours, depuis la bataille de Hattîn). Mais Jérusalem demeure pour l’Islam une dernière Qibla. Son mystère est réservé dans le secret de la Vierge au « Mihrâb de Zakariyya » (3, 32). D’ici que l’Islam se rende au témoignage d’un Enfant au berceau (19, 30), c’est la Mekke qui est le lieu de son pèlerinage et c’est ce qui s’accomplit spirituellement pour tous les fidèles à chacune des cinq prières canoniques de la journée. La Prière dont la « Shahâda » est l’attestation première et le Pèlerinage, pratiques essentielles du croyant abandonné à son Seigneur, sont l’expression semblable de son Expatriement au Désert. Aussi, pour l’expression figurée de ce détachement et de l’entrée en état de sacralisation (« ’ihrâm »), suffit-il d’un tapis et de n’importe quel objet qui puisse lui suppléer en cas de besoin (on a vu les ouvriers du port de Djedda monter sur les tonneaux de pétrole pour la prière).
C’est également vécu dans les autres pratiques canoniques : l’Aumône est un dépouillement de ses biens et le Jeûne, de sa propre suffisance, « li-wajhi’l-Lâh », en recherchant la seule face de Dieu et en vue du Jugement (107, 1-3 ; 102, 1-2 ; 92, 4-11 ; etc.). Il s’agit de réaliser de facto et volontairement la condition de l’homme au Désert, dénué de tout, souffrant de la faim et de la soif, abandonné à la seule miséricorde de Dieu. Le Jeûne exige en outre le Silence (voir Jeûne – Silence de Marie, 19, 17, 27 et 32), et c’est le Silence qui permet de prendre conscience dans toute sa dimension de la vertu de Patience. La Patience (« Sabr »), vertu naturelle de l’Homme au Désert, est une grande composante de la vie religieuse en Islam 9.
Mais il ne faut pas croire qu’elle est brisée – car il n’est pas question de contenir sa Patience – lorsque le Jihâd, ou Guerre pour la seule cause de Dieu ou de ses Pauvres, s’offre comme une ultime expression et le plus exigeant des devoirs à la Foi de celui qui demeure un tireur d’arc au Désert (GEN. 16, 21) et auquel a été donné, avec « les Signes divins », « le Livre et la Balance pour la Justice », de manier « l’Épée », « le Fer à la puissance acérée » (Coran, Sourate al Hadîd, 57, 25).
En la fête de l’Isrâ’Mi‛râj 1954.
YOUAKIM MOUBARAC.
Paru dans Bible et vie chrétienne en mars-mai 1955.
1 La présente étude reprend quelques idées recueillies dans un texte h. c. de L. MASSIGNON (cfr Le Signe Marial dans Rythmes du Monde, n° 3, 1948) et d’autres qui leur sont étroitement apparentés dans des articles de J. MONCHANIN (Islam et Christianisme, dans Bulletin des Missions, Saint-André-lez-Bruges, XVII (1938), pp. 10-23 ; Spiritualité du Désert, dans Dieu Vivant, Cahier I, Paris, 1945, pp. 45-52) et C. Ledit (La Vision musulmane du Mystère de Jésus, dans Témoignages, Cahiers de la Pierre-qui-Vire, IX (mars 1946), pp. 70-82 ; La Porte orientale : deux notes sur le Sanctuaire de Madeleine à Vézelay et celui d’Abraham à la Mekke, id. (juin 1952) pp. 310-318). Ces textes sont devenus familiers à l’auteur, qui ne distingue pas toujours entre ce qui est citation littérale, référence plus lointaine et pensée personnelle. Signalons en outre que le P. G. BASETTI-SANI, O. F. M., prépare un travail important sur l’ensemble des problèmes historiques, théologiques ou apologétiques posés par l’Islam à la conscience chrétienne. Voir son étude sur La Mission prophétique de saint François d’Assise et sa relation à Muhammad et à l’Islam, éd. Séminaire des Missions franciscaines, 14, rue Roger Radisson, Lyon V.
2 Il s’agit toujours des demeures : « al-diyār ».
3 Auxquels on pourrait peut-être assimiler ces marins de l’Arabie du Sud qui ont fait tout le tour des ports de l’Océan Indien, de Zanzibar à Ceylan, et qui ont porté l’Islam jusqu’en Malaisie. Remarquer à ce propos l’interdépendance entre la constitution désertique du monde musulman (cf. A. ADAM, Islam et Géographie, dans Hespéris, 1952) et sa puissance maritime. C’est seulement lorsque les Portugais ont dominé les voies maritimes après avoir doublé le Cap de Bonne-Espérance, qu’ils ont maîtrisé l’expansion de l’Islam à l’Est. Cfr L. MASSIGNON, Causes et modes de la propagation de l’Islam parmi les populations païennes de l’Afrique, Actes du VIIIe Congrès Volta, Rome, 1938, p. 12.
4 Pour lui annoncer la naissance d’un fils, c’est Dieu qui parle.
5 On aura remarqué l’assimilation frappante du récit avec ceux d’Agar au Désert (comme d’ailleurs tel ou tel trait de s. Luc semble s’apparenter à ces mêmes récits de la GENÈSE. Comparer en particulier les paroles des Anges). C’est pour cela que nous avons traduit v. 24 : (l’Ange ?) l’appela – plutôt que « l’Enfant » (selon le Ps. Matthieu, XX, cfr R. BLACHÈRE, traduction du Coran, II, 229).
6 Cfr Dieu Vivant, Cahier 20, pp. 73-91, L’affirmation monothéiste dans le Coran.
7 Ce passage est interprété naturellement de diverses manières. « Muntahä » et plus bas « Ma’wä » seraient au sens littéral des localités connues près de la Mekke. Cfr R. BLACHÈRE, trad. du Coran, notes sur ces passages. Cela n’exclut pas d’autres possibilités de compréhension, selon une symbolique ou une « archétypique » plus vaste. Cfr pour rapprochements, H. de LUBAC, Aspects du Bouddhisme, Paris, 1951, sur l’Arbre Cosmique.
8 Cfr L. MASSIGNON, La Passion d’al-Hallâj, Martyr Mystique de l’Islam, Paris, 1922, et Dieu Vivant, cahier 4. L. GARDET, Expériences mystiques en terres non chrétiennes, Paris, 1953.
9 Voir J. M. ‘ABD-EL-JALIL, Aspects intérieurs de l’Islam, Paris, 1952 ; Bulletin du Cercle Saint-Jean-Baptiste, novembre 1952, La prière dans le Coran ; et Études Carmélitaines (***), Élie dans le Coran (Commentaire de la Sourate 18, « Ahl al-Kahf », « les gens de la Caverne » (VII Dormants), vv. 59-81).