Jeanne de Montégut-Ségla
(1709-1752)
Notice biographique extraite de :
Jeannine MOULIN, La poésie féminine, Seghers, 1966.
Jeanne de Ségla, originaire de Toulouse, vivait le plus souvent à la campagne. Elle conversait avec les villageois, interprétait Théocrite et rimait à ses heures. Ses écrits n’auraient jamais vu le jour si son fils ne les avait fait paraître en 1768. Il les accompagna d’un éloge enthousiaste de cette mère avec qui il avait traduit des Odes d’Horace et qui lui adressait d’adorables missives : « Soyez philosophe, de la façon dont vous savez que je l’entends. Point de rêveries creuses, d’idées noires, d’air froid, morne ou pensif... beaucoup de sérénité sur le visage, de liberté dans les manières... »
Ces conseils font penser à ceux que donnait vers ce même temps Mme de Lambert à sa fille : « Il faut craindre ces grands ébranlements de l’âme. Mettez de la règle dans toutes vos vues et dans toutes vos actions. » Au dix-huitième siècle, les poétesses se montrent le plus souvent amies du bon sens, de la mesure et du devoir.
L’esprit enjoué de Mme de Montégut se manifeste dans d’amusantes pièces sur des thèmes imprévus : la mort d’une bourrique, la saveur du fromage et les plaisirs du jeu d’échecs. Ses paysages rappellent ceux de Chaulieu et présagent déjà ceux de Lamartine. Sa recherche d’un équilibre n’exclut pas des réflexions désabusées, parfois même le sentiment de l’absurde d’un cœur que n’occupent ni l’amour ni Dieu.
Sans atteindre à l’inquiétude de Jean-Jacques, la châtelaine de Ségla s’interroge par moment sur les mystères de l’au-delà à une époque où les poètes ne s’en soucient guère. Le mélange de trouble et de sérénité qui règne dans ses Œuvres mêlées reflète bien l’état d’esprit d’une société qui ne prend pas toujours son parti d’une morale essentiellement matérialiste et raisonnable.
OEUVRE : Œuvres mêlées de Madame de Montégut-Ségla, maîtresse ès Jeux Floraux, recueillies par Monsieur de Montégut, son fils, Paris, Desaint et Barbou, 1768, 2 vol.