Madeleine de Scudéry
(1607 – 1701)
Notice biographique extraite de :
Jeannine MOULIN, La poésie féminine, Seghers, 1966.
George Sand et Mme de Noailles ne connaîtront pas une gloire plus retentissante que celle qui accueillit « la nouvelle Sapho ».
La carrière triomphale de Madeleine de Scudéry lui valut des amitiés illustres (celles de Mme de Sévigné, de Mme de La Fayette et de La Rochefoucauld), de nombreuses distinctions académiques (le prix de l’éloquence de l’Académie française en 1671), d’appréciables pensions (dont l’une de Mazarin), le succès en France comme à l’étranger.
Les poèmes sans prétention de « la Vierge du Marais » la montrent sous un jour familier, soit qu’ils chantent l’affection, soit qu’ils décochent des traits malicieux, soit enfin qu’elle s’y moque allègrement d’elle-même. Ne dédaignons pas non plus ses Stances sur la Résurrection qui en imposent par la noblesse du rythme et la justesse du ton.
Sa prose, dont le ton parfois alambiqué rebute aujourd’hui, a exercé une influence décisive sur l’évolution du roman; sa morale annonce celle de Diderot, de Rousseau et des romantiques. Tel est en tout cas l’avis de ceux qui ont eu la patience d’analyser les quelque vingt mille pages que comptent, Clélie, histoire romaine et Artamène ou le Grand Cyrus.
Mais il suffit de feuilleter ces volumes d’un poids rébarbatif pour être tout surpris par la légèreté de l’écriture, tellement fine dans le tracé des palais à galeries et des jardins à jets d’eau, qu’on se demande si c’est le goût de l’architecture ou celui de la poésie qu’elle satisfait le mieux.
OEUVRES : in Recueil Sercy, 1644-1666. Clélie, histoire romaine, Paris, Augustin Courbe, 1656; in Recueil des pièces galantes, 1667; in Recueil La Fontaine, 1671; in Recueil Bouhours, 1693; in Le Parnasse des dames, 1773. Mademoiselle de S., sa vie et sa correspondance, avec un choix de ses poésies, par Rathery et Boutron, Paris, Léon Techener, 1873.