Anne-Catherine Emmerick

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Marcel POBÉ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Le visage le plus cher, le plus aimable, le plus serein, le plus pur, le plus vivant. »

Clemens BRENTANO.     

 

Le 24 septembre 1818, le poète Clemens Brentano arrive à Dülmen, petite ville de Westphalie. Incité par son amie Louise Hensel et son frère Christian qui est médecin, attiré sans doute aussi par son goût de l’étrange, il y vient pour rendre visite à Anne-Catherine Emmerick 1, dont la vie extraordinaire a suscité une atmosphère de légende. Vénérée pair les uns comme une sainte à qui Dieu a accordé des grâces exceptionnelles, accusée par d’autres de simulation et d’imposture, comment apparaîtrait-elle à ce romantique, sensible entre tous aux phénomènes qui dépassent la compréhension humaine ? « Sans épouvante, sans horreur, sans étonnement », il s’approche de la malade qu’il désire connaître, depuis la lecture d’une lettre du comte Léopold de Stolberg 2. L’entente des deux âmes se fait dès le premier abord. Il écrit le lendemain à Louise Hensel : « En six minutes, elle était familière avec moi comme si elle m’avait connu depuis ma jeunesse, et elle m’a dit bien des choses aimables et naturelles 3. »

Anne-Catherine Emmerick avait alors quarante-quatre ans et derrière elle un passé de souffrances qui avait réduit son corps à n’être plus qu’un réceptacle de douleurs. Elle était née de pauvres paysans, le 8 septembre 1774 dans le hameau Flamske non loin de Coesfeld (évêché de Münster). Chétive dès son enfance, elle se distinguait par une piété et par une vie méditative où se manifestaient des dons surnaturels. A-t-on assez parlé de l’amour de Jésus pour les enfants pâtres ? – Anne-Catherine garde son troupeau dans la solitude des champs et vit un perpétuel dialogue avec Dieu. Son innocence et son humilité, belle parce qu’elle s’ignore, font l’admiration de tous ses biographes. Déjà dans son âge le plus, tendre, elle connaît les privations imposées par la pauvreté de sa famille, souvent aussi recherchées par esprit de sacrifice. En quelques pages où se révèle toute sa délicatesse, Brentano a fixé l’image poétique de cette jeunesse qui contient déjà le mystère d’une vie que Dieu s’est réservée d’une façon toute particulière 4. Il est probable qu’elle sentît, adolescente encore, l’appel de la vie religieuse, bien que les conditions matérielles de son existence ne parussent point lui permettre de réaliser ce vœu. Son dénuement complet retarda son entrée au cloître jusqu’en 1802 où Clara Söntgen, fille de riches bourgeois, la fit admettre en même temps qu’elle au couvent des augustines d’Agnetenberg, à Dülmen. Après l’année de noviciat fertile en épreuves morales – dont le spectacle de l’inobservance des règles monastiques autour d’elle n’était pas la moindre – Anne-Catherine prononça ses vœux, le 13 novembre 1803, malgré une certaine résistance de la part de la communauté. Étant novice, elle fut atteinte de maladies qui nécessitèrent l’intervention du médecin. Le docteur Wesener qui devait la soigner plus tard a noté d’une façon laconique : « La liste des maladies dont elle a souffert au couvent est très longue. » Il est difficile, même pour les spécialistes, de distinguer dans le cas d’Anne-Catherine Emmerick, comme d’ailleurs dans bien d’autres analogues, entre les maux naturels, fréquents au point de rendre manifeste que Dieu les multiplie selon ses inexplorables desseins, et les souffrances, que la religieuse s’attire par la prière afin d’en soulager des malades qui ne pourraient les supporter. D’autres phénomènes s’y ajoutent : ceux-là incontestablement surnaturels. Elle a raconté à Brentano comment apparurent les premiers signes précurseurs de sa stigmatisation. « …en 1798, je me trouvais un jour vers midi dans l’église des jésuites de Coesfeld... je priais ardemment devant un crucifix : comme j’étais plongée dans la méditation, je ressentis tout à coup une chaleur vive et douce, et je vis, de l’autel où se trouvait le saint Sacrement dans le tabernacle, venir à moi mon fiancé céleste, sous la forme d’un jeune homme resplendissant. Sa main gauche tenait une couronne de fleurs, sa main droite une couronne d’épines ; il me présenta l’une et l’autre pour choisir. Je pris la couronne d’épines ; il me la mit sur la tête et je l’y enfonçai avec mes deux mains : alors il disparut, et je revins à moi ressentant une violente douleur autour de la tête... Le jour suivant, mon front et mes tempes s’étaient très enflés et je souffrais horriblement... Je ne remarquai de sang autour de ma tête que lorsque mes compagnes m’avertirent de prendre un autre bonnet, parce que le mien était plein de taches rougeâtres 5. » Elle réussit à cacher ces marques de la grâce pendant son séjour à Agnetenberg.

En décembre 1811, le couvent fut supprimé par les Français. Anne-Catherine resta à Dülmen au service de l’abbé Jean Martin Lambert, vieux prêtre émigré. Le 29 décembre 1812, elle reçut les stigmates aux mains, aux pieds et au côté. Brentano a pu retracer les phases de ce miracle, car sept ans plus tard « elle eut une vision circonstanciée de tout ce qui lui était arrivé jusqu’alors, mais présentée de telle sorte qu’elle crut qu’il s’agissait de quelque autre religieuse ayant éprouvé les mêmes choses qu’elle 6... » Voici le passage essentiel de ce récit : « …elle ressentit un violent désir de participer aux souffrances de Jésus-Christ. Elle vit alors une lumière qui s’abaissait vers elle, et y distingua une forme resplendissante et comme la figure vivante du Sauveur crucifié : ses blessures rayonnaient comme cinq foyers lumineux. Son cœur était fortement ému de douleur et de joie, et à la vue des saintes plaies, son désir de souffrir avec le Seigneur devint si violent qu’il lui sembla que de ses mains, de ses pieds et de son côté droit, son amour compatissant s’élançait vers les stigmates de l’apparition. Alors des mains, des pieds et du côté de la figure du crucifié partirent successivement de triples rayons d’un rouge sanglant qui se terminaient en forme de flèches, et qui vinrent frapper ses mains, ses pieds et son côté droit. Les trois rayons du côté étaient plus divergents et plus larges et finissaient en fer de lance. Aussitôt qu’elle en fut touchée, des gouttes de sang jaillirent aux places des blessures 7. » L’état de santé de la stigmatisée s’aggrava quelques temps après au point qu’il lui fallut s’aliter ; elle ne devait plus se relever. À la même époque, la grâce extraordinaire dont son corps portait les signes fut connue par une ancienne compagne de couvent. Le secret fut bien vite divulgué. C’est alors que le docteur Wilhelm Wesener, déjà cité, se souvint de la malade et se proposa de dévoiler ce qu’à ce moment-là il croyait encore être une mystification. Ce qui se passe par la suite rappelle étrangement le cas de Thérèse Neumann et du docteur Fritz Gerlich. La stigmatisée qui, sans bien s’en rendre compte elle-même, possède le don de double vue, dévoile à Wesener des détails très secrets de sa vie antérieure. L’attitude du médecin change du tout au tout ; de sceptique qu’il était, il devient l’ami et l’apologiste de la religieuse. À peine a-t-il remplacé auprès d’elle son prédécesseur Krauthausen, qu’il charge une commission locale qui se compose du doyen Rensing, de l’ancien médecin, du père Limberg, confesseur d’Anne-Catherine, de l’abbé Lambert et de lui-même, de faire une enquête auprès de la malade. Le résultat nous en est connu par un procès-verbal dont l’original existe encore 8.

Pendant les années qui suivent, plusieurs enquêtes sont ordonnées par les autorités ecclésiastiques – le vicaire général de Münster essaie consciencieusement de se faire une opinion juste – ainsi que par les autorités civiles qu’aveuglent leur mauvaise foi et leurs préjugés matérialistes au point de leur interdire à jamais un jugement équitable. L’examen rigoureux qu’on fait subir à la malade pendant l’été 1819 et dont Wesener a noté les détails atroces 9 risque tout juste de la faire mourir.

Ce n’est pas sans difficultés que le médecin qui durant six années s’est généreusement dévoué à Anne-Catherine cède la place à celui qui est destiné à répandre la gloire de la stigmatisée jusqu’aux limites du monde chrétien. La première visite de Clemens Brentano se termine brusquement en octobre 1818, et sans la prudence de son frère Christian qui réussit à vaincre la résistance de Wesener, Clemens, ne serait sans doute pas revenu à Dülmen, au printemps 1819. Fait étrange, depuis lors, ce voyageur sans répit, cet homme instable, type même du romantique déraciné 10, reste avec quelques rares et brèves interruptions auprès du lit de la stigmatisée jusqu’en 1824, c’est-à-dire jusqu’à la mort d’Anne-Catherine ; il y a là de quoi étonner ceux qui étudient Brentano. C’est que cet inquiet, dont le journal et la correspondance trahissent vers cette époque un immense besoin de certitude surnaturelle, trouve à Dülmen à la fois le repos intérieur et une tâche suffisamment noble pour y fixer sa vie. Ajoutons à cette explication que le grand travail dont Brentano va se charger satisfait et sa curiosité du surnaturel et son amour de la création littéraire.

Impossible de résumer en quelques phrases ce que fut, pendant cinq ans, l’union de ces deux vies. Brentano se donne corps et âme à sa tâche de secrétaire ; il note au jour le jour les détails d’une existence qui le dépasse infiniment et transcrit les méditations de la stigmatisée. Anne-Catherine, de son côté, malgré sa répugnance à parler des dons exceptionnels qu’elle a reçus de Dieu, se confie à celui qu’elle appelle « le pèlerin » et auquel une voix intérieure lui commande de révéler ses visions.

La malade, dont les souffrances varient sans jamais cesser durant ces années, s’affaiblit considérablement au début de 1824, tandis que ses douleurs, d’après le témoignage de Brentano, deviennent véritablement affreuses. Le 15 janvier, elle prononce l’admirable parole : « Je m’abandonne aveuglément à mon martyre, soit qu’il faille vivre, soit qu’il faille mourir ; je désire que la volonté cachée de Dieu s’accomplisse en moi. Du reste, je suis calme et j’ai des consolations dans mes peines. Ce matin encore, j’étais très-heureuse. Béni soit le nom du Seigneur 11. » Elle entre en agonie le 9 février. Après la suprême torture qui cesse à quatre heures de l’après-midi, elle attend la mort dans une grande sérénité. Elle expire en pleine connaissance, vers huit heures du soir.

Le poète romantique a déjà reçu le singulier héritage d’Anne-Catherine Emmerick ; d’année en année ses notes ont augmenté, et peu après la mort de la stigmatisée, il quitte Dülmen en emportant quatre in-folio dont le classement l’occupera jusqu’à sa propre mort. Tout d’abord, il s’agit d’en dresser la table des matières puis, dans l’immense matériel, de grouper ce qui relève du même sujet. La correspondance des années 1826 à 1828 témoigne plusieurs fois de l’ardeur avec laquelle il veut se dévouer à la mémoire d’Anne-Catherine. Une autre tâche cependant retarde la publication d’un premier extrait de ses papiers ; Brentano est pris par le livre qu’il consacre aux sœurs de la charité. Mais dès l’apparition de celui-ci en 1831 12, il se remet à réunir et à rédiger définitivement les méditations d’Anne-Catherine qui ont trait à la passion du Christ. En été 1833, il annonce à son ami Joseph Görres que l’impression touche à sa fin. Quelques semaines plus tard, le livre que Brentano édite à ses frais au profit d’œuvres de charité paraît sous le titre : Das bittere Leiden unseres Herrn Jesu Christi. Nach den Betrachtungen der gottseligen Anna Katharina Emmerich, Augustinerin des Klosters Agnetenberg zu Dülmen. († 9 Febr. 1824) Nebst dem Lebensumriss der Begnadigten. Sulzbach. In Commision der J. E. Seidel’schen Buchhandlung. 1833 13. Le livre trouve immédiatement un accueil enthousiaste ; cinq éditions se suivent presque d’année en année. En 1835, Edmond de Cazalès en donne une traduction française qui marque la première étape d’un succès qu’il convient d’appeler européen ; car depuis, il y a eu des traductions anglaise, italienne, tchèque, polonaise, hollandaise, espagnole, etc.

 Après avoir édité la Passion, le poète songe à réunir un deuxième volume qui contiendrait les visions d’Anne-Catherine Emmerick relatives à la vie de la Vierge. L’orientaliste Haneberg, professeur à Munich, le célèbre historien Möhler ainsi que Görres l’aident de leurs conseils. Lui-même y consacre ses dernières forces. Bien qu’en 1840 il soit déjà question de l’impression, le livre ne paraîtra pas du vivant de Clemens Brentano. Christian continue le travail après la mort de son frère, survenue 1e 28 juillet 1842 ; ce n’est pourtant pas lui encore qui mènera la tâche à bien. À son tour, en 1851, il lègue les documents de Clemens à sa femme. Et l’année d’après enfin, la Vie de la Vierge paraît sous le titre : Leben der heil. Jungfrau Maria. Nach den Betrachtungen der gottseligen Anna Katharina Emmerich, Augustinerin des Klosters Agnetenberg zu Dülmen († 9. Februar 1824). Aufgeschrieben von Clemens Brentano. Zum Besten milder Stiftungen.  Literarisch-artistische Anstalt. München. 1852 14.

Au moins, Brentano a eu le temps de suivre avec un intérêt compréhensible la propagation de la Douloureuse Passion, œuvre qui lui était chère entre toutes. On peut se demander alors pour quelles raisons il s’est dissimulé derrière l’anonymat. Bien plus que d’un acte de modestie, il s’agit là d’une précaution ; le nom de Brentano aurait fait croire à une œuvre d’imagination plus qu’à une transcription fidèle. Les historiens littéraires, les psychologues et les théologiens ont discuté la véridicité de Brentano afin de savoir si, oui ou non, dans la Douloureuse Passion et la Vie de la Vierge, nous nous trouvons en présence d’authentiques révélations surnaturelles. Brentano a eu de chauds partisans, tout d’abord le père K. E. Schmöger qui, en se servant des manuscrits de Dülmen, a écrit la vie tout entière du Christ d’après les méditations de la stigmatisée ainsi qu’une très complète biographie d’Anne-Catherine Emmerick (p. 8) 15.

Jusque de nos jours il s’est trouvé des historiens et des théologiens pour défendre le secrétaire de la stigmatisée 16. En parlant des adversaires, on peut passer sous silence les quelques libres penseurs qui, tout au long du XIXe siècle, ont essayé, avec une mauvaise foi manifeste, d’atteindre à travers Brentano et Anne-Catherine l’Église catholique elle-même. Rien de plus absurde que d’isoler un cas évidemment discutable pour attaquer l’Église qui, jusqu’à ce jour, ne s’est point encore prononcée. Mais des théologiens catholiques se sont posé, de leur côté, la question de la véridicité des visions d’Anne-Catherine Emmerick telles que Brentano nous les a transmises. En 1909, le travail philologique de Stahl 17 montre les emprunts que Brentano a faits à des auteurs de Vies du Christ antérieurs au XIXe siècle, avant tout au père Martin de Cochem 18. Cardauns 19 ne doute pas seulement de la bonne foi du secrétaire, mais encore de celle de la visionnaire elle-même. Richen 20, en examinant les faits bibliques contenus dans les méditations, y relève un grand nombre d’erreurs d’ordre topographique. Actuellement, nous possédons une œuvre qui résume admirablement le débat tout en le complétant d’une façon heureuse : le père Winfried Hümpfner, augustin dont l’érudition remarquable aura mieux servi la cause d’Anne-Catherine que l’enthousiasme ou l’hostilité des polémistes, a recueilli patiemment tous les documents, imprimés et inédits, propres à éclairer le cas de la stigmatisée et de son secrétaire.

Des trois volumes 21 dans lesquels il a réuni les documents de ses recherches, il résulte que Clemens Brentano ne saurait être considéré comme interprète fidèle d’Anne-Catherine Emmerick.

C’est à tort que les admirateurs de la religieuse de Dülmen seraient scandalisés par cette constatation. Qu’ils ouvrent la Douloureuse Passion et qu’ils relisent la première phrase de l’introduction : « Les méditations suivantes prendront peut-être une place honorable parmi beaucoup d’œuvres semblables, fruits de l’amour contemplatif de Jésus, mais elles n’ont aucune espèce de prétention à un caractère de vérité historique, nous devons ici le déclarer solennellement. Elles ne veulent que se joindre humblement à tant de représentations de la Passion, données par des artistes et des écrivains pieux 22. En tant qu’artiste, en tant qu’écrivain pieux – l’auteur des Romances du Rosaire a droit à ces deux titres – Brentano a naturellement usé d’une certaine liberté, dans la rédaction de la Passion 23. Que les fervents d’Anne-Catherine considèrent le bien immense que la Douloureuse Passion et la Vie de la Vierge ont fait à tant et tant d’âmes qui y ont puisé un réconfort religieux et moral ; qu’ils tiennent compte de ce fait étonnant que de toutes les œuvres du romantisme allemand, la plus universellement répandue est sans doute le recueil des émouvantes méditations que le plus artiste des romantiques a transcrites d’après les récits d’une humble religieuse dont personne n’oserait contester sérieusement les dons surnaturels. L’historien littéraire Oehl dit à juste titre : « Aujourd’hui, la Passion de Brentano est un facteur dans la civilisation européenne dont l’importance esthétique et éthique est incalculable 24. »

Les amis de Brentano à qui une critique littéraire, manifestement partiale, essaie de faire croire que le génie auquel nous devons les plus beaux lieder romantiques s’est obscurci et que le talent qui a su renouveler le conte (Kunstmärchen) s’est diminué après la conversion du poète, feront bien de relire certaines scènes de la Passion que la virtuosité de Brentano a rendues hallucinantes. Le jugement de Oehl : « C’est l’œuvre d’un riche génie poétique, un authentique chef-d’œuvre d’une grande beauté de style 25 » devra être soigneusement confirmé par une étude d’histoire littéraire analogue à celle qui nous a révélé les Romances du Rosaire 26.

Si la Douloureuse Passion ainsi que la Vie de la Vierge ont dû être écartées du dossier de la béatification, parce que trop sujettes à caution, il reste pourtant assez de documents dont la véridicité incontestable prouvera, tôt ou tard, que Clemens Brentano, en se dévouant à Anne-Catherine Emmerick, a servi une sainte. Dès à présent, le cas de la stigmatisée de Dülmen nous apparaît, au milieu du romantisme allemand que tant de magie et d’occultisme ont assombri, comme l’irruption de la lumière surnaturelle. Le génie de Brentano s’en est emparé et en la transposant sur le plan de l’art, il a ennobli la littérature romantique.

 

 

Marcel POBÉ.

 

Paru dans les Cahiers du Sud en 1937.

 

 

 

 

 



1  J’adopte l’orthographe Emmerick qui, selon les spécialistes, est préférable à Emmerich.

2  Brentano y fait allusion dans son Introduction à La douloureuse Passion de N.-S. Jésus-Christ d’après les médiations d’Anne-Catherine Emmerich.

3  Le 24 septembre 1818 Il note dans son journal : « Tout ce qu’elle dit est bref, simple, naïf ; mais plein de profondeur, plein d’amour, plein de vie. Je me sentis tout de suite comme chez moi ; tout fut compréhensible et sensible autour de moi. » Cité par le père K. E. Schmöger, Das Leben der gottseligen Anna Katharina Emmerich. Herder, Freiburg 1867, t. I, p. 442.

4  Dans sa Vie d’Anne-Catherine Emmerich dont il fait précéder La douloureuse Passion.

5  La douloureuse Passion de N.-S. Jésus-Christ d’après les méditations d’Anne-Catherine Emmerich... Traduction revue... par M. l’abbé de Cazalès, 41e édition. P. Téqui, Paris 1916, p. 19-20.

6  Ibid., p. 30.

7  Ibid., p. 29-30.

8  Le texte en est reproduit par W. Hümpfner. Tagebuch des Dr Wesener über Anna Katharina Emmerick. Würzburg 1926, p. 397-400.

9  Ibid., p. 309-366.

10  « La vie de Brentano fut un voyage continuel... toujours alléché par l’étranger, il ne s’accorda jamais le loisir de prendre racine. » Ricarda Huch. Ausbreitung und verfall der Romantik. 8e et 9e éditton. H. Haessel, Leipzig 1920, p. 154.

11  La douloureuse Passion de N.-S. Jésus-Christ.... p. 5e.

12  Die Barmherzigen Schwestern in Bezug auf Armen und Krankenpflege. Nebst einern Bericht über das Bürgerhospital in Coblenz und erläuternden Beilagen. In Commission bei Hölscher in Coblenz, 1831.

13  Je cite ce titre, comme d’ailleurs celui de la note 2 d’après l’édition complète des œuvres de Brentano : Clemens Brentano. Sämtliche Werke unter Mitwirkung von Heinz Amelung, etc., herausgegeben von Carl Schüddekopf. Band XIV, 1 Religiöse Schriften I herausgegeben von Wilhelm OEhl und Carl Schüddekopf – Band XIV, 2 Religiöse Schriften II herausgegeben von Wilbelm OEhl. Georg Müller, Munchen und Lepzig, 1912-1913.

14  V. la note précédente.

15  Das Leben unseres Herrn und Heilandese Jesu Christi. Nach den Gesichten der gottseligen Anna Katharina Emmerich aufgeschrieben, von Clemens Brentano. 3 vol. Pustet, Regensburg 1848-1860. – Das Leben der gottseligen Anna Katharina Emmerich. 2 vol. Herder, Freiburg 1867-1870.

16  Thomas Wegener. Anna Katharina Emmerich und Clemens Brentano. Zur Orientierung in einer vielbesprochenen Frage. Dülmen I. W. 1900. – Id. Ueber die Vtsionen der Dienerin Gottes Anna Katharina Emmerich. Dülmen I. W. 1909. – Dr J. Niessen. A. K. Emmerichs Charismen und Gesichte : Grundsätzliches, Tatsächliches, Kritisches. Zugleich Beiträge zur Cl. Brentano-Frage. Trier 1918.

17  Dr Hans Stahl. P. Martin von Cochem und das « Leben Christi ». Ein Beitrag zur Geschichte der religiösen Volksliteratur. Bonn 1909.

18  L’édition originale de la Vie du Christ du père Martin de Cochem a paru en 1677.

19  Hermann Cardauns. Klemens Brentano. Beiträge, namentlich zur Emmerich-Frage. Köln 1915.

20  Laurenz Richen. Die Wiedergabe biblischer Ereignisse in den Gesichten der Anna Katharina Emmerich. Blblische Studien XXI. Band, 1. Heft. Freiburg 1923. – Cf. Wintried Hümpfner. Uebersicht über die Literatur über Anna Katharina Emmerick. Theologie und Glaube, Jahrg, 1924, Heft 5. On trouvera une très complète étude d’ensemble sur tout le problème par le père jésuite Alois Stockmann. Der heutige Stand der Anna Katharina Emmerick-Forschung. Stimmen der Zeit. 119. Band Herder, Freiburg 1930, p 292-306.

21  Clemens Brentanos Glaubwürdigkeit in seinen Emmerick-Aufzeichnungen. Untersuchung über die Brentano-Emmerick-Frage unter erstmaliger Benutzung der Tagebücher Brentanos. St. Rita-Verlag, Würzburg 1923. – Tagebuch des Dr. med. Franz Wilh. Wesener über die Augustinerin Anna Katharina Emmerick. Unter Beifügung anderer auf sie bezüglicher Briefe und Akten. St. Rita-Verlag, Würzburg 1926. – Akten der kirchlichen Untersuchung über die stigmatisierte Augustinerin Anna Katharina Emmerick. Nebst zeitgenössischen Stimmen. St. Rita-Verlag, Würzburg 1929. (On trouvera un résumé de ces trois volumineux livres (près de 2000 pages) dans l’étude d’Alois Stockmann. Die neueste Krise der Emmericli-Forschung. Stimmen der Zeit. 119. Band. Herder, Freiburg 1930, p. 444-460.

22  D’ailleurs, dans son Avant-Propos, le poète dit que son livre n’a « point la prétention d’ajouter quoi que ce soit à l’Écriture sainte telle qu’elle a été interprétée par l’Église ».

23  Qu’on ne se laisse pas tromper par Brentano lui-même quand, avec une modestie quelque peu affectée, il s’adresse au lecteur de la Passion : « Tout au plus doit-on y voir les méditations de carême d’une dévote religieuse, racontées sans art et écrites avec simplicité d’après ses récits... »

24  Dans l’introduction à son édition des œuvres religieuses de Brentano (v. note 3, page 262), t. XIV, 1, p. XLII.

25  Ibid.

26  Günther Müller. Brentanos Romanzen vom Rosenkranz. Magie und Mystik in romantischer und klassischer Prägung. Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 1922.

Les grandes lignes d’une étude concernant Brentano et son œuvre après 1818 ont été indiquées par Leodegar Hunkeler. Clemens Brentanos religiöser Entwicklungsgang. Eine psychologische Studie. L. Ehrli, Sarnen (Suisse) 1915.

 

 

 

 

 

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