Le Soleil du monde spirituel

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

Gustave RÉGAMEY

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Y a-t-il un Soleil dans le monde spirituel ?

 

À cette question, que nous désirons étudier non point pour satisfaire à un désir de vaine curiosité de l’esprit, mais afin d’en tirer quelque profit spirituel, plusieurs passages des Écritures répondent affirmativement.

Nous lisons en effet au livre des Psaumes (84. 11.) ces Paroles : Car Jéhovah Dieu est un soleil et un bouclier. Il nous est dit du Seigneur dans le même livre (104. 2.) qu’Il s’enveloppe de lumière comme un vêtement. David, en s’adressant à Lui dans sa prière, Lui dit : Car avec Toi, source de vie ; dans Ta lumière nous voyons la lumière (Ps. 36. 10.). Le prophète Ésaïe invite ses compatriotes de la maison de Jacob à marcher à la lumière de Jéhovah. (Ésaïe 2. 4.).

Tous ces passages et beaucoup d’autres encore nous rendent attentifs au fait que s’il existe une lumière naturelle dont nous pouvons jouir avec les yeux du corps matériel, il en existe une autre d’une nature et d’une essence supérieures, la lumière de l’âme, à la clarté de laquelle notre intelligence spirituelle peut pénétrer dans le royaume des réalités éternelles.

Cette lumière qui nous provient de Celui qui en est la source intarissable, de Celui que l’épître de Jacques (1. 17.) appelle le Père des lumières, nous ne la discernons que très imparfaitement, restreints et limités que nous sommes par les entraves de notre corps de chair. Mais quand nous aurons été délivrés des liens et des bandeaux de la matière, quand par le phénomène de la mort ou du dépouillement de notre corps charnel nous serons entrés, en pleine jouissance des facultés de notre organisme spirituel, dans les sphères de la vie de l’Au-delà, nous jouirons alors des bienfaisants rayons de chaleur et de lumière du Soleil spirituel.

Qu’est-ce que ce Soleil ? Emmanuel Swedenborg nous en parle dans ses ouvrages : « Dans le ciel, nous dit-il, ne se montre ni le soleil du monde, ni rien de ce qui provient de ce soleil, parce que tout cela est naturel... Or le spirituel... est absolument distinct du naturel, et ils ne communiquent entre eux que par les correspondances... Mais, quoique dans le Ciel ne se montre ni le soleil du monde ni rien de ce qui en provient, toujours est-il que dans le ciel il y a un Soleil, il y a une Lumière et une Chaleur.... Le Soleil du ciel est le Seigneur ; la lumière y est le Divin Vrai et la Chaleur le Divin Bien, procédant l’une et l’autre du Seigneur ; de cette origine proviennent toutes les choses qui existent et apparaissent dans les cieux... Si le Seigneur apparaît dans le ciel comme Soleil, c’est parce qu’Il est le Divin Amour par lequel existent toutes les choses spirituelles. C’est cet Amour qui brille comme Soleil. Que le Seigneur apparaisse dans le Ciel comme Soleil est non seulement ce qui m’a été dit par les anges, mais c’est aussi ce qu’il m’a été donné de voir quelquefois. Le Seigneur apparaît comme Soleil... devant la face des anges à une hauteur moyenne. » C. E. 116-118.

« De la lumière du Ciel les anges ont l’intelligence, et de la chaleur ils ont l’affection du bien ; car les lumières qui se présentent à leur vue externe tirent leur origine de la Divine Sagesse du Seigneur, et les chaleurs qu’ils perçoivent aussi viennent du Divin Amour du Seigneur ; aussi les Esprits et les Anges sont-ils d’autant plus près du Seigneur qu’ils sont davantage dans l’intelligence du Vrai et dans l’affection du Bien. » A. C. 3339.

« La chaleur spirituelle, qui est le Divin Amour du Seigneur, agit dans la volonté de l’homme et le réchauffe, comme le fait la chaleur naturelle dans le corps. Cette chaleur spirituelle est véritablement une chaleur qui fait le bonheur du corps des anges par la chaleur, et en même temps le bonheur de leurs intérieurs par l’amour. » A. C. 6032.

Swedenborg qui, au cours des vingt-cinq dernières années de sa vie, a joui du privilège de vivre aussi bien dans le monde spirituel que dans le monde naturel, a donc vu le Soleil de l’Au-delà, et, comme beaucoup d’hommes de Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testaments, il affirme non seulement l’existence mais encore la merveilleuse influence de ce Soleil de vie, première émanation de Dieu, par lequel l’univers, tant matériel que spirituel, est venu à l’existence. Il nous décrit les relations de correspondances comme aussi les analogies qui existent entre le Soleil du Monde spirituel et celui du Monde naturel.

Ces correspondances étaient connues de l’humanité des temps très anciens. C’est en vertu de la connaissance qu’ils en avaient que les anciens Égyptiens, par exemple, avaient décoré les bas-reliefs et les portes d’entrée de leurs temples de gravures symboliques représentant entr’autres les différents attributs de l’Être suprême sous l’image du dieu Ra ou du dieu Soleil. À l’origine ils n’adoraient pas ces images qui ne leur servaient que de représentatifs des vertus et des qualités du Soleil spirituel ; mais dans la succession des temps, quand ils eurent perdu, par suite de leur déchéance spirituelle, la science des correspondances, ils adorèrent les images et les simulacres que s’étaient fabriqués leurs ancêtres. Le culte du Soleil naturel n’a pas d’autre origine.

Le dernier des auteurs inspirés de l’Ancien Testament, le prophète Malachie, qui avait été en Égypte, y avait sans doute remarqué un grand nombre de ces images représentatives dont le peuple avait perdu la signification originelle, et c’est sans doute à l’une d’entre elles qu’il fait allusion au ch. 4, v. 2 de son livre. Le dieu soleil était généralement représenté par un disque de couleur rouge-feu avec des ailes étendues de deux côtés. Ce disque était surmonté de deux cornes de taureau, et deux serpents étaient enlacés à sa base. Par la science des correspondances que les révélations contenues dans les ouvrages d’Em. Swedenborg nous permettent de reconstituer peu à peu, nous comprenons que le disque de feu représentait l’éclat du Soleil de l’Amour divin ; les deux cornes signifiaient sa puissance ou sa force ; les deux serpents symbolisaient cet amour se traduisant jusque sur le plan naturel de l’activité prudente et sage de l’intelligence chez l’homme qui marchait dans la lumière et la sagesse divines. Quant aux deux ailes, elles typifiaient l’action protectrice de la Divine Providence du Seigneur et la manifestation de son œuvre salvifique et rédemptrice. C’est en vertu de cette signification symbolique que Malachie, en parlant du jour, prochain pour lui, de la venue du Seigneur, de l’incarnation de la Lumière du monde (Jean 8. 12.) dans un corps d’homme, a prophétisé au nom de Jéhovah ces paroles : « Mais pour vous qui craignez mon nom, se lèvera le Soleil de justice, et la guérison sera sous ses ailes. »

Il s’agit donc bien là d’une vérité très ancienne, d’une vérité qui faisait partie de l’Ancienne Parole écrite dans le style des correspondances et bien antérieure à l’Ancien Testament. Parole qui s’est perdue à partir de l’époque où les anciens eurent commencé à en falsifier les enseignements. C’est cette Ancienne Parole falsifiée qui a dû servir de base commune à toutes les religions un tant soit peu importantes de l’antiquité, ce qui nous explique pourquoi l’on découvre, sous le voile du symbolisme de l’Inde, de la Grèce et de Rome, pour ne parler que de ces contrées, des enseignements qui, s’ils varient quant à la forme, sont identiques quant au fond à ceux des onze premiers chapitres de la Genèse qui, eux aussi, faisaient partie de l’Ancienne Parole écrite. Mais ces enseignements sont mélangés à beaucoup d’autres qui ne sont, eux, que le produit de l’imagination dépravée d’une humanité devenue, depuis les siècles de la chute, le jouet des puissances spirituelles infernales et malfaisantes. Il est donc tout ce qu’il y a de plus indiqué d’être très circonspect à l’endroit des enseignements de ces anciennes religions, qu’il ne faut pas envisager en bloc, ainsi que le font trop malheureusement de nos jours un grand nombre de professeurs de théosophie, comme étant l’expression de la Sagesse divine telle qu’elle aurait été révélée dans les anciens temps. Rappelons-nous que les vérités divines sont éternelles et immuables dans leur essence et que si le Seigneur a dû les présenter au cours des âges en des formes toujours adaptées au degré de capacité de compréhension des hommes appelés à en bénéficier, elles ont dû rester et elles resteront toujours les mêmes dans leur substance. Nous devons donc les retrouver dans la Parole de Dieu telle que nous la possédons actuellement. Que cette Parole, que nous pouvons maintenant étudier dans son sens interne et spirituel au moyen de la science des correspondances en voie de reconstitution, nous serve donc de critère pour juger de la valeur que nous pouvons attribuer à tous les enseignements des religions antiques. Nous n’aurons pas de peine à reconnaître ainsi quels sont ceux d’entre eux qui font vraiment partie du trésor immuable des vérités divines. Mais fermons ici cette parenthèse dont le contenu n’a pas d’autre but que celui de nous servir d’avertissement.

Au nombre de ces divines vérités figure celle qui fait l’objet de notre étude. Elle faisait partie de l’Ancienne Parole. Elle se retrouve symboliquement exprimée dans les vestiges sacrés d’un grand nombre de religions de l’antiquité. Mais elle nous est confirmée par notre usage actuel dans les livres de l’Ancien et du Nouveau Testaments, et Swedenborg, dans ses ouvrages théologiques, nous en parle encore : Le Seigneur, le Divin Créateur de l’univers tant matériel que spirituel est un Soleil.

Quels sont les bénéfices spirituels que nous pouvons retirer d’une pareille affirmation ? Ils sont nombreux, si nombreux que le temps et la place dont nous disposons pour nous en entretenir ne peut suffire à les énumérer.

I. Comprenons bien tout d’abord qu’il ne s’agit pas ici d’une métaphore ou d’une simple figure de langage. Si le Seigneur ne nous apparaît pas comme tel, au cours de notre pèlerinage terrestre, c’est qu’il existe un degré discret, c’est-à-dire infranchissable, entre le naturel et le spirituel. Le monde spirituel est absolument invisible aux yeux de la chair. En règle générale, nous ne pouvons que percevoir les choses qui le concernent au moyen de l’intelligence et de la volonté. Mais la perception que nous pouvons en avoir nous laisse une impression de certitude d’autant plus forte et d’autant plus bienfaisante que notre volonté ou notre cœur est devenu le réceptacle de l’amour du Seigneur et notre entendement celui de sa parfaite sagesse. Plus nous vivons près de Lui et pour Lui, plus nous l’aimons et plus nous aimons notre prochain comme nous-mêmes, plus nous trouvons de bonheur en un mot à pratiquer les enseignements de sa Parole de Vérité, plus aussi le Soleil de son Amour Divin nous réchauffe et nous éclaire dans l’homme intérieur, c’est-à-dire spirituel. Plus Il nous apparaît vraiment comme le Soleil vivifiant de l’âme qui s’épanouit à son contact divin.

2. Mais il arrive parfois que cet état d’amour et de sagesse nous exalte à un degré suffisamment élevé pour que les sens de notre organisme spirituel, par lesquels nous réalisons sa présence, triomphent de la résistance de notre vêtement de chair, ce qui nous procure alors le privilège d’entrer en extase et de pouvoir contempler le monde spirituel dans sa réalité glorieuse. C’est l’expérience bénie que firent les trois disciples qui suivirent le Seigneur sur la montagne de la Transfiguration (Matth. 17.). Le Seigneur leur apparut alors tel qu’Il apparaît parfois aux habitants du monde spirituel, dans l’éclat infiniment glorieux d’une lumière incomprable. Leurs yeux spirituels se sont ouverts et ils l’ont vu tel qu’Il était et tel qu’Il est en réalité. Gardons-nous de supposer que, pour la circonstance, le Seigneur s’est enveloppé de lumière et que par conséquent un changement s’est produit dans sa nature. Le changement ne s’est effectué que dans la nature des disciples qui se trouvaient avec Lui. Ils ont vu le Seigneur tel qu’il est dans sa Divine Humanité, parce que leurs sens spirituels ont momentanément percé le voile de la matière et que leurs yeux spirituels ont pu plonger leurs regards dans l’océan de la lumière céleste.

3. La face du Seigneur ne s’est pas illuminée d’une clarté glorieuse inhabituelle. Elle brille toujours comme un Soleil dont l’éclat est incommensurablement supérieur à celui de l’astre qui nous éclaire. La Parole de Dieu nous dit de Lui qu’il s’enveloppe de lumière comme d’un vêtement. C’est ainsi qu’Il apparaît de nos jours encore aux anges du ciel. Les trois disciples sur la montagne de la Transfiguration en ont fait la magnifique expérience. Tirons-en comme enseignement la certitude que le Christ des Évangiles était bien le Dieu incarné, la Sagesse ou la Parole divine faite chair, le Soleil levant qui nous a visités d’En-haut (Luc 1-78).

4. Il va sans dire que tel qu’il est en Lui-Même, le Seigneur ne peut pas être vu par qui que ce soit au monde. Il va sans dire que nous ne pouvons et ne pourrons jamais Le voir que sous une forme qui soit accommodée à notre capacité de supporter sa présence. L’apôtre Jean, qui eut une seconde fois le privilège, dans un moment d’extase, au cours de sa mission sublime de Patmos, de Le contempler au milieu des sept chandeliers d’or (Ap. 1. 10.), tomba à ses pieds comme mort. Le Soleil d’amour qui a allumé tous les soleils qui foisonnent dans l’univers est un feu consumant dont l’ardeur anéantirait comme dans une fournaise quiconque se trouverait en sa présence immédiate. Ici-bas, ce n’est donc habituellement qu’au travers de nombreuses atmosphères spirituelles que nous pouvons bénéficier de son contact divin. La chaleur de son amour et la lumière de sa sagesse doivent toujours être adaptées à la nature de nos organes spirituels par le moyen desquels nous pouvons réaliser sa présence ; ce qui revient à dire tout d’abord que si notre cœur ou notre volonté, si notre entendement ou notre intelligence spirituels ne sont pas préparés à le sentir en nous, sa présence nous demeure insensible. C’est le cas des incrédules ou des athées. L’aveugle, l’homme dont l’organe visuel n’est pas ou n’est plus conformé pour bénéficier de la lumière, ne voit pas le soleil quand bien même il brille à ses côtés. Mais cela veut dire aussi que plus notre organe visuel spirituel sera susceptible de supporter la lumière de sa sagesse et plus notre organe volontaire sera sensible à l’influence de son amour, plus aussi nous serons en mesure de le voir dans une manifestation plus glorieuse de sa divine majesté. Cette pensée est de nature à nous encourager à nous laisser façonner de plus en plus à son image. Dans la mesure où notre volonté et notre entendement deviendront d’une manière plus parfaite les réceptacles de l’amour et de la sagesse du Seigneur, dans la mesure où nous nous habituerons à jouir de ses attouchements divins, nous bénéficierons de manifestations plus adequates de sa présence glorieuse. Efforçons-nous de gravir avec Lui la montagne de la Sainteté. Quand nous en aurons atteint le sommet, le Seigneur nous apparaîtra transfiguré et nous aurons, nous aussi, le privilège de voir le visage de sa Divine Humanité briller comme le Soleil dont Il s’enveloppe.

5. Le soleil du monde spirituel est la sphère d’amour et de sagesse, de chaleur et de lumière qui émane de sa personne divine. C’est la raison pour laquelle les peintres religieux, dès les origines du christianisme, ont toujours représenté le Seigneur avec une auréole lumineuse autour du visage. Au premier abord il peut nous paraître étrange que l’amour et la vérité du Seigneur se manifestent en un soleil de chaleur et de lumière. Mais l’amour qui constitue l’essence absolue de la Divinité n’est pas le sentiment d’affection qui le manifeste et avec lequel on le confond généralement. Ce sentiment que nous percevons quand nous exerçons une affection est déjà l’effet de l’amour, de même d’ailleurs que le plaisir de la chaleur n’est pas la chaleur mais son effet seulement. D’après ce même principe, la vérité ne doit pas être confondue avec l’expression d’une pensée ou d’une idée. Elle en est la cause. Elle est la forme que l’amour assume en se manifestant. L’amour engendre la vérité ou la sagesse. Cette révélation nous permet de comprendre pourquoi le Christ, le Fils ou la manifestation de Dieu, c’est-à-dire du Père ou de l’Amour divin, s’est appelé la Vérité (Jean 16. 6.). La vérité provient de l’amour. L’un et l’autre émanent du Seigneur et constituent, autour de sa personne infiniment glorieuse, comme une sphère d’où ils rayonnent pour remplir l’univers spirituel de la même manière que la chaleur et la lumière se répandent des soleils matériels dans l’univers matériel qu’ils pénètrent, qu’ils réchauffent et qu’ils éclairent.

6. C’est par l’instrumentalité de ses soleils que Dieu est partout dans l’univers créé. Si les terres du monde matériel sont provenues des soleils autour desquels elles gravitent, ces soleils eux-mêmes sont l’oeuvre, sur le plan matériel, du soleil spirituel dont ils traduisent les rayons d’amour et de sagesse en rayons de chaleur et de lumière naturelles ; il s’en suit donc que par cette chaleur et cette lumière naturelles, dont l’amour et la vérité sont l’essence intime et avec lesquelles elles entretiennent des relations de correspondance, Dieu est partout présent dans le monde matériel. Mais il est également partout présent dans le monde spirituel par son Soleil spirituel. Car le monde spirituel est provenu de ce soleil d’après les mêmes lois divines de création. Il y a des terres spirituelles dans l’univers spirituel et ces terres subsistent et sont maintenues par la force d’attraction du Soleil de l’Amour divin de la même manière que notre terre est maintenue dans son orbite par la puissance d’attraction du soleil naturel. C’est donc bien par l’amour et par la vérité qui sont les essentiels de sa nature et qui se dégagent de Lui comme d’un foyer originel de chaleur et de vie spirituelles dans le monde spirituel dont notre âme fait partie, et de chaleur et de vie naturelles dans le monde naturel, auquel nous appartenons par notre corps de chair, que l’on peut dire du Seigneur qu’Il est partout présent dans la nature qu’il a créée, et cela cependant sans jamais se confondre avec elle.

7. L’omniscience du Seigneur s’explique de la même manière. Puisqu’il a tout créé par son soleil de vie et puisque par les rayons de son soleil spirituel et de ses soleils naturels il pénètre tout ce qui existe et subsiste, puisqu’Il est, à des degrés divers, céleste, spirituel et naturel, dans tous les détails dont l’ensemble forme sa création universelle, Il connaît les substances, les formes, les qualités et les relations de tout ce qui existe et de tout ce dont Il est la cause première. Il est omniscient parce qu’Il est omniprésent. Il ne tombe pas un passereau à terre sans Lui. Partout nous voyons l’œuvre de son activité créatrice, conservatrice, rédemptrice et providentielle, laquelle fait concourir toutes choses, même les épreuves qui nous arrivent, au plus grand bien spirituel de ceux qui l’aiment.

8. Omniscient, omniprésent, gardons-nous de l’idée que ce divin Soleil de notre âme pourrait un jour ou l’autre nous ignorer ou s’éloigner de nous. C’est une pensée qui nous assaille parfois quand la souffrance physique ou morale nous étreint, quand nous passons par le deuil, les larmes et les tribulations. Rappelons-nous que, pas plus que le soleil matériel qui brille toujours malgré les nuages qui nous le cachent, le soleil spirituel ne cesse jamais de déverser les chauds et les purs rayons de son Amour et de sa Vérité dans nos âmes angoissées. S’il nous arrive de ne plus voir le soleil pendant la nuit ou de ne plus sentir sa bienfaisante chaleur pendant la saison froide comme nous la sentons en été, cela ne tient pas à l’astre des jours, mais seulement au fait que la face de la terre sur laquelle nous nous trouvons s’est détournée de l’influence de ses rayons de chaleur et de lumière. Il en est de même de nos nuits spirituelles qui ne proviennent jamais du fait que le Soleil divin s’est éloigné de nous, mais du fait que nous nous sommes détournés de sa présence. Le Seigneur est toujours présent et toujours favorable.

En discutant sur l’immutabilité de Dieu, un vieux chrétien disait un jour à un pasteur de la Nouvelle Église : « Si je ne pensais pas que, par mes prières, je puisse toucher le cœur de mon Père céleste, je ne prierais plus. » « Et moi, lui répondit le pasteur, si je ne savais pas que mes prières ont pour résultat de me changer moi-même et de me rendre toujours plus sensible sa présence, sa lumineuse sagesse et son ineffable amour, je ne prierais pas non plus. » Ce n’est pas le Seigneur qui nous prive de sa lumière ou qui doit nous en envoyer davantage ; c’est nous qui devons devenir plus réceptifs, car sa chaleur et sa lumière spirituelles, son amour et sa sagesse, sont toujours à notre disposition. Il n’a pas d’autre désir que celui de faire luire sur nous sa face qui est un rassasiement de joie (Ps. 16. 11.).

 

 

Gustave RÉGAMEY, Le Soleil du monde spirituel, 1926.

 

 

 

 

 

www.biblisem.net