J.-E. RENUCCI
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CONCILIATION SCIENTIFIQUE
DU MATÉRIALISME
ET DU SPIRITUALISME,
DU THÉISME ET DE L’ATHÉISME
PAR LA RÉVÉLATION MÉDIANIMIQUE
DE L’EXTATIQUE MICHEL DE FIGANIÈRES
AVEC PRÉFACE DE
RENÉ CAILLIÉ
PARIS
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1894
AVANT-PROPOS
LA RÉVÉLATION LOUIS MICHEL, DE FIGANIÈRES
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Malgré les matérialistes à l’intelligence étroite, malgré le clergé autoritaire et courtisan de la lettre qui tue, le Spiritisme, autrefois honni et conspué, est en train de changer la face du monde. Les premiers, sans foi ni principes et confis dans leur orgueil, ont eu beau violer la méthode expérimentale en refusant, contre toute droiture et tout honneur, à se rendre à l’évidence et à la réalité du fait, sont à la veille de se perdre sans merci. Le second, tout tremblant à la pensée de voir tomber d’un bloc l’échafaudage bâti sur la thèse affirmant que tout est œuvre démoniaque dans la phénoménalité spirite, va bientôt passer, lui aussi, sous les fourches caudines de la vérité qui s’impose. Que matérialistes et prêtres veuillent bien lire les œuvres du paysan du Var, Louis Michel, de Figanières, et ils y verront, les uns, un système cosmogonique si grandiose, si logique et si savant, qu’ils seront obligés d’avouer que jamais ils n’auraient été capables de l’imaginer eux-mêmes ; et les autres, que le prétendu démon qui dicta cette grande œuvre révélatrice en sait plus long que tous les princes de l’Église et que le pape lui-même sur le Christianisme, que cette Révélation vient éclairer de la plus vive lumière et expliquer dans tous ses mystères.
C’est dans tous les coins de l’Europe, et de la France en particulier, que se fait cette Révélation nouvelle qui s’appelle le Spiritisme. Et c’est bien là un signe des temps. Aveugle qui ne veut pas le voir. Il fallait des armes aussi puissantes et péremptoires pour vaincre le matérialisme orgueilleux et triomphant.
En 1810, naissait à Figanières, de simples paysans, Louis Michel. Enfant du peuple, il n’eut d’autre éducation que celle du peuple, et n’apprit absolument que ce que l’on apprend à l’école primaire : à lire, à écrire et à compter. Mais c’était un puissant médium, et, comme Swedenborg, son âme détachée de son corps voyageait partout, aux antipodes, sous la croûte du globe, dans les astres. Il décrivait avec la plus parfaite rectitude de jugement tous les lieux que, pendant son sommeil magnétique, on lui faisait visiter. Et cependant il n’était jamais sorti de son village. Les événements depuis longtemps passés, aussi bien que les événements futurs, il les dévoilait à qui voulait l’entendre. Un voyage dans Uranus, dans Saturne ou dans Jupiter ne dépendait pour lui que d’un simple acte de sa volonté ; mais, lorsque, éveillé, on lui racontait tout ce qu’il avait dit, il ne voulait pas y croire, jusqu’à ce qu’enfin il eût compris qu’il n’était que l’instrument d’un moteur extérieur, d’une puissance céleste qui parlait par l’intermédiaire de ses lèvres et de son cerveau. Voici ce gue, certain jour, dicta l’Esprit invisible à Louis Michel et lui fit répéter tout haut en parlant de sa mission :
« – Esprit de la Terre, j’ai à te faire de grandes révélations... Les hommes sont à ce point égarés, qu’ils ne peuvent plus se comprendre ni s’entendre les uns les autres. Plus de bonne foi parmi eux. Égoïsme et ambition, voilà la grande devise. Apprends que nous sommes entraînés par un grand courant, par un immense tourbillon qui s’arrêtera dans une paix générale et définitive.
« L’homme placé par la Providence à la tête de ce mouvement immense, grand pivot de puissantes combinaisons, portera dans tout le globe le flambeau des lumières.
« Tu t’en souviens, je t’ai parlé d’un homme parfait, d’un homme privilégié des régions où est le grand Moteur qui dirige tout. Il est envoyé sur la planète Terre pour faire triompher la puissance du bien, détruire l’égoïsme, l’avarice et l’ambition, anéantir les êtres monstrueux en rapport avec la puissance du mal. C’est alors que s’engagera une lutte terrible entre ces deux agents universels : le Bien et le Mal. Quand le mal sera terrassé, une génération bienfaisante sèmera l’abondance sur la planète.
« Les hommes ont atteint la dernière limite de la perversité. Tu le sais, le jeune homme a fait à peine les premiers pas dans la vie, que la corruption l’inonde de tous côtés ; mais après la régénération dont je te parle, cette corruption sera maîtrisée.
« Il y a aussi sur la planète des hommes secondaires envoyés pour féconder ce grand développement de vertu et de sagesse. Grâce à eux, les nouvelles idées se propageront dans votre belle France et sur tout le globe, avec la rapidité de l’étincelle électrique, avec la promptitude de l’éclair. »
Dans une autre séance, voici ce qui se passa :
« – Je vous remercie, dit Louis Michel, d’avoir bien voulu m’entretenir si longtemps aujourd’hui. Oh ! moi, un être si simple ! »
« – J’ai très bien fait, dit l’Esprit, c’est la simplicité qu’il me faut. De cette manière, tu ne diras que ce que je voudrai. J’ai cherché longtemps un être comme toi. Marche donc avec le laurier embrasé de l’Amour ! et tu verras.
« Pénètre-toi bien de cette vérité écrite dans tous les mondes : Nous faisons tous partie du grand Moteur ! Tous nous avons une étincelle plus ou moins pure du feu céleste ; une foi vive, une ferme volonté, nous assurent toujours l’aide des éléments célestes.
« Il est essentiel que tu saches ceci : tu es le seul de bien loin, le seul sur ta Planète, tu es le seul, dis-je, pénétré du principe vivifiant divin et en rapport avec le Père des Pères. »
Il faut avouer que cette Cosmogonie révélée, dictée à un paysan ignorant et simple par un habitant des sphères célestes prenant auprès de lui le nom d’Esprit de Vérité, est tout simplement admirable. Elle est pleine d’une science décrite avec la main sûre d’un véritable savant et qui trouve son estampille et son contrôle dans ce que nous a appris elle-même notre science humaine en astronomie, en chimie, en botanique et en psychologie. Mais elle est si peu de chose, notre pauvre science humaine, tout entière basée sur des hypothèses continuellement changeantes ! L’homme est borné, aussi bien dans le pore infime et microscopique qu’il habite dans le petit coin de l’univers sans bornes où il se meut que dans les instruments d’étude qu’il peut mettre à sa portée. Il faut donc absolument admettre que jamais il n’eût pu sortir de ce cercle étroit où le renferme son impuissance et son ignorance, pour savoir ce qui se passe dans le reste de cet univers, sans le secours de Révélations venues d’en haut.
En étudiant ce vaste et beau système dicté à Louis Michel, peut-être sera-t-on conduit à s’avouer qu’il n’en est aucun qui satisfasse autant l’intelligence. Peut-être aussi dira-t-on qu’il est impossible de comprendre autrement l’Univers : DIEU, placé comme un immense aimant de matière infiniment pure et quintessenciée au Centre, dans les Cieux des Cieux, créant et gouvernant son incommensurable domaine au moyen de fluides sortis de lui-même, et portant en soi tous les rêves de sa pensée sous forme de puissants messagers qui sont ses mains ; les mondicules infinitésimaux, et les astres gigantesques, vivant et se transformant sans cesse, en même temps que les humanités et tous les êtres qui les couvrent, en décrivant intelligemment leurs courbes éternelles et sûres à travers l’espace et la matière ; l’Âme, d’essence divine, étincelle infinitésimale dans l’hominicule invisible au plus puissant microscope, plus grande et plus élevée dans l’homme, enfin d’une puissance inouïe dans les unités collectives formant les âmes d’astres de toutes natures, mais toutes, infimes ou grandioses, faisant parti de Dieu lui-même et composant l’ensemble des serviteurs obéissant à sa PENSÉE dans son œuvre éternelle de vie ; enfin le Libre-Arbitre, la peine et la récompense, le désir ardent et toujours inassouvi qui pousse en avant joint à l’Attraction divine qui tend les bras à tous ses enfants et les ramène à Soi. En un mot, une éternelle et continuelle Involution marchant de concert avec une éternelle et continuelle Évolution. Rien de plus rationnel, rien de plus consolant, rien de plus beau ni de plus grand ! Ajoutons à cela que c’est la lumière qui se fait au milieu des ténèbres, car : les obscurités de la Bible et de l’apparition de l’homme sur la terre, les prophéties des prophètes hébreux, l’œuvre de Moïse, le mystère de l’immaculée Conception 1, la mission du Christ, tout se trouve expliqué.
Cette Révélation nous dit que l’Univers, avec tous les fluides qui le constituent (soleils lumineux, terres opaques, globes transparents et globes fluidiques invisibles à nos yeux de chair, disséminés dans les champs du Ciel) n’est autre chose que le corps de Dieu lui-même, vivant absolument comme vit notre propre corps à nous, car nous sommes exactement faits à l’image de Dieu. Dieu a comme nous des artères immenses, des veines bleues ; des ganglions où se ramasse la Vie pour se distribuer partout, jusqu’au plus petit atome infinitésimal ; un système nerveux que suivent les fluides divins de sa volonté ainsi que les Esprits et grands Messagers chargés de la répandre dans tous les coins de l’immense Univers. C’est la vie, l’Intelligence et le Mouvement partout. Non seulement Dieu a une âme, mais toute molécule infinitésimale et tout globe aussi monstrueux qu’il soit possèdent une âme aussi, dérivée de la grande ÂME UNIVERSELLE et la constituant pour ainsi dire. Chaque Nébuleuse que nous voyons avec nos télescopes et qui renferme des millions et des millions d’Étoiles est un être vivant à l’image du Dieu-Vivant-Créateur, et l’on voit régner dans son sein la même hiérarchie des Intelligences et des Puissances que, sur notre terre, on voit régner au sein des nations. Car la Loi est la même partout ! D’abord ce sont les petits soleils (dont le nôtre peut être considéré comme le type), Chefs de Tourbillons autour de chacun desquels tournent, soumises à leur volonté, toutes les Planètes qui sont nées de lui en vertu de la même loi d’amour qui règne dans tout l’Univers. Chacun de ces tourbillons tourne autour du soleil Chef d’Univers dont il dépend. Enfin tout cet ensemble de chefs de second ordre et de troisième ordre tourne autour de leur chef le Soleil Central, immense aimant colossal plein d’amour, de puissance et de vie, en relation directe avec Dieu lui-même. Et tout ce gigantesque ensemble de globes intelligents contenus dans une nébuleuse ne sont encore qu’un point imperceptible du grand corps de Dieu.
Cette révélation de Louis Michel de Figanières, faite par l’Esprit de vérité, a été recueillie en deux volumes intitulés, l’un : la Clé de la Vie, l’autre : la Vie universelle. « C’est, dit M. Renucci, le plus grand monument qui existe dans les archives de l’humanité. Platon, Aristote, Descartes, Leibnitz, Kant et Hegel ne sont que des esprits de troisième ordre relativement à celui qui ne se révèle dans cette œuvre. Ces grands philosophes sont à cet Esprit ce que des maîtres d’école de village sont à un professeur en Sorbonne 2. »
C’est la Monadologie de Leibnitz dans sa plus splendide ampleur ; c’est la Loi d’analogie dans sa plus rigoureuse application.
Mais nous allons donner sur la Clé de la Vie, de Louis Michel, l’opinion de quelques personnes haut placées dans la science et la littérature. Voici ce qu’en disait Louis Jourdan, qui fut l’éminent rédacteur du journal parisien le Siècle :
« Nous lûmes avec étonnement d’abord, nous relûmes ensuite plus lentement ces pages empreintes d’une grandeur étrange, où se révèle la plus prodigieuse des sciences, et, faut-il le dire ? nous ne sommes pas encore revenus de ce sentiment de surprise que l’on éprouve à la vue des choses merveilleuses.
« Mais qui a écrit ce livre étrange, que nulle plume de notre époque – nous n’en exceptons pas même celle de l’auteur de Terre et Ciel – n’aurait pu écrire ?
« Qui donc l’a écrit ? Qui l’a inspiré ? Nous n’en savons rien. Ce que nous affirmons, c’est que ce livre est le plus magnifique poème qui ait jamais été rêvé, la vision la plus extraordinaire qui ait jamais été racontée, sans même en excepter la Divine Comédie.
« Cette Clé de la Vie ouvre à deux battants les portes mystérieuses que l’Humanité, depuis son origine, a essayé d’ouvrir. La vie des minéraux, des végétaux, des animaux, celle de l’homme, la vie éternelle de Dieu, les enfantements incessants des mondes, l’économie divine, en un mot, tout s’éclaire d’une lumière inattendue à la clarté du flambeau qu’un pauvre enfant des montagnes tient dans sa main vacillante. Il révèle les lois de la vie de Dieu, et, par ces lois clairement déduites, il explique les phénomènes les plus inexplicables ; il crée une science nouvelle, et cette science confirme l’Évangile, confirme la liberté, confirme tous les grands principes humains ; elle confirme ce sentiment, exprimé par les penseurs les plus illustres, que nous participons à l’œuvre de Dieu, à l’œuvre de la perfection infinie ; sentiment que le grand apôtre de la charité de la chrétienté exprimait sous une forme si admirable et si concise : in Deo movemur, vivimus et sumus.
« Est-ce un savant, est-ce un poète, qui a raconté ces choses inconnues ? Est-ce la révélation d’un voyant auprès duquel Swedenborg n’était qu’un aveugle ?
« Quant à l’éblouissement, j’affirme qu’il est impossible de ne pas l’éprouver, etc., etc. »
Le poète a parlé, écoutons le savant. C’est M. Jobard, le savant universel, le directeur du Musée royal de l’Industrie en Belgique, qui va maintenant nous donner son avis. Le savant est plus affirmatif, on voit qu’il a mieux compris.
« Tous les livres ressemblent à tous les livre, dit-il, comme tous les coffres à tous les coffres ; mais quand on les ouvre, on trouve les uns pleins de guenilles, et les autres pleins d’or.
« Il y a quelque temps qu’il est tombé, on peut dire du ciel, un assez gros in-octavo signé : Louis Michel, un paysan, un cultivateur.
« Il est vrai qu’il ne nous a fallu pas moins d’une année pour les trois gros volumes de ce paysan, où tout est si neuf, si imprévu, que tout ce qu’on peut avoir appris ne sert à rien pour les comprendre.
« Les livres de Michel sont concentrés et ils paraissent diffus ; ils sont clairs et ils paraissent obscurs. Une première lecture est comme une visite à l’exposition universelle. On n’y voit rien et l’on dit : c’est pauvre ! Mais, à la fin, on dit : c’est riche, c’est très riche, c’est trop riche pour l’étudier en six mois, au point que les membres du jury en oublient plus de la moitié et ne comprennent pas le quart du reste. Or, le livre de Michel est une exposition universelle à partir de la monade initiale, de l’infiniment petit vivant, à l’infiniment grand.
« Ce livre peut tenir lieu de tous les autres, car il est la science de Dieu, de la Vie Universelle. Une seule de ses pages vaut plus d’in-folios qu’elle ne contient de lignes pour qui sait méditer et comprendre.
« Quant à nous, qui avons tant lu de livres, celui-ci sera le dernier, et on le trouvera sous notre chevet à notre heure suprême. »
Certes, voilà des éloges qui ne laissent rien à désirer. Nous ne sommes donc pas seuls, M. J. Renucci et moi, à admirer cette œuvre splendide et merveilleuse, et nous serions heureux d’amener nos lecteurs à en faire autant. C’est ce qui nous a fait publier cet opuscule, que nous livrons aux quatre vents du ciel, bien persuadés qu’il trouvera plus d’un terrain favorable et propice où fleuriront les germes de Foi, d’Espérance et de Charité que notre adoré Créateur a déposés en chacun de nous. Car Dieu n'est absolument qu’Amour, et les malheurs qui frappent l’homme ne viennent que de lui-même.
RENÉ CAILLIÉ.
Je divise ce travail en trois parties :
PREMIÈRE PARTIE. – État actuel du matérialisme ;
SECONDE PARTIE. – La Révélation médianimique de Michel de Figanières ;
TROISIÈME PARTIE. – Conciliation scientifique du matérialisme et du spiritualisme, du théisme et de l’athéisme par la révélation médianimique de l’extatique Michel de Figanières.
J. RENUCCI.
CONCILIATION SCIENTIFIQUE
DU MATÉRIALISME
ET
DU SPIRITUALISME
DU THÉISME ET DE L’ATHÉISME
PAR LA RÉVÉLATION MÉDIANIMIQUE DE L’EXTATIQUE MICHEL
(DE FIGANIÈRES)
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PREMIÈRE PARTIE
ÉTAT ACTUEL DU MATÉRIALISME
Le matérialisme actuel procède de trois écoles :
1o De l’école Positiviste d’Auguste Comte ;
2o De l’école Critique engendrée par la critique de la raison pure de Kant ;
3e De l’école transformiste, dont le principal auteur est Darwin.
L’ÉCOLE POSITIVISTE D’AUGUSTE COMTE. – Le matérialisme et l’athéisme de cette école sont parfaitement établis par Auguste Comte lui-même dans le passage suivant de son catéchisme positiviste (p. 29) :
« La Femme. – Encouragée par votre préambule, je vous prie, mon père, de commencer l’expositions systématique du dogme positif par une explication plus directe et plus complète de son principe universel. J’ai déjà compris que votre conception du vrai Grand-Être résume nécessairement l’ensemble de l’ordre réel non seulement humain, mais aussi extérieur. C’est pourquoi j’éprouve le besoin d’une détermination plus nette et plus précise envers cette unité fondamentale du positivisme. »
« Le Prêtre. – Pour y parvenir, vous devez, ma fille, définir d’abord l’Humanité comme l’ensemble des êtres humains, passés, futurs, et présents. Ce mot ensemble vous indique assez qu’il ne faut pas comprendre tous les hommes, mais ceux-là seuls qui sont réellement assimilables, d’après une vraie coopération à l’existence commune. Quoique tous naissent nécessairement enfants de l’Humanité, tous ne deviennent pas ses serviteurs, et beaucoup restent à l’état parasite que ne fut excusable que pendant leur éducation. Les temps anarchiques font surtout pulluler, et trop souvent fleurir, ces tristes fardeaux du véritable Grand-Être. Plus d’un vous a rappelé l’énergique flétrissure d’Arioste après Horace :
Venuto al mondo sol per far letame ;
et, mieux encore, l’admirable reproduction de Dante :
Che visser senza infamia e senza lodo
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Cacciarli i ciel per non esser men belli,
Ni lo profondo inferno li receve,
Ch alcuna gloria i rei avrebber d’elli.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
Non ragionam di l’or, ma guarda et passa.
« Vous voyez ainsi que, à cet égard comme à tout autre, l’inspiration poétique devança beaucoup de systématisation philosophique. Quoi qu’il en soit, si ces producteurs de fumier ne font vraiment point partie de l’Humanité, une juste compensation vous prescrit de joindre au nouvel Être Supérieur tous ses dignes auxiliaires animaux. Toute utile coopération habituelle aux destinées humaines, quand elle s’exerce volontairement, érige l’être correspondant en élément réel de cette existence composée avec un degré d’importance proportionné à la dignité de l’espèce et à l’efficacité de l’individu. Pour apprécier cet indispensable complément, nous n’avons qu’à supposer qu’il nous manque. On n’hésite point alors à regarder tels chevaux, chiens, bœufs, etc., comme plus estimables que certains hommes.
« Dans cette première conception du concours humain, l’attention concerne naturellement la solidarité, de préférence à la continuité. Mais, quoique celle-ci soit d’abord moins sentie, parce qu’elle exige un examen plus profond, sa notion doit finalement prévaloir. Car, l’essor social ne tarde guère à dépendre davantage du temps que de l’espace. Ce n’est pas seulement aujourd’hui que chaque homme, en s’efforçant d’apprécier ce qu’il doit aux autres, reconnaît une participation beaucoup plus grande chez l’ensemble de ses prédécesseurs que chez celui de ses contemporains. Une telle supériorité se manifeste, à de moindres degrés, aux époques les plus lointaines ; comme l’indique le culte touchant qu’on y rendit toujours aux morts, suivant la belle remarque de Vico.
« Ainsi, la vraie sociabilité consiste davantage dans la continuité successive que dans la solidarité actuelle. Les vivants sont toujours, et de plus en plus, gouvernés nécessairement par les morts : telle est la loi fondamentale de l’ordre humain.
« Pour la mieux concevoir, il faut distinguer chez chaque vrai serviteur de l’Humanité deux existences successives : l’une temporaire mais directe, constitue la vie proprement dite ; l’autre, indirecte mais permanente, ne commence qu’après la mort. La première étant toujours corporelle, elle peut être qualifiée d’objective ; surtout par contraste envers la seconde, qui, ne laissant subsister chacun que dans le cœur et l’esprit d’autrui, mérite le nom de subjective. Telle est la noble immortalité, nécessairement immatérielle, que le positivisme reconnaît à notre âme en conservant ce terme précieux pour désigner l’ensemble des fonctions intellectuelles et morales, sans aucune allusion à l’entité correspondante. »
Ainsi, d’après ce passage, l’âme est l’ensemble des facultés intellectuelles et morales de l’homme ; l’immortalité de celle-ci consiste à subsister, après la mort, dans le cœur et l’esprit d’autrui. Le vrai Grand-Être, c’est l’humanité ; et l’humanité, c’est l’ensemble des êtres humains passé, futurs et présents, en excluant de cet ensemble tous les hommes parasites et en joignant par compensation à cette humanité, à ce nouvel Être-Suprême, tous les dignes auxiliaires animaux.
C’est tout simplement bête. On ne saurait trouver dans les années de l’histoire un tel crétinisme moral. Et dire que l’École Positiviste d’Auguste Comte a été et est encore dominante dans l’esprit d’une certaine partie du monde savant. Littré, lui-même, a exalté la religion matérialiste et athée de cette école en ces termes :
« Voilà un dogme, voilà un régime, voilà un culte, qu’il s’agit de développer, de propager, de prouver, d’éclaircir !
« ..... Parmi les ouvriers, qui ne manqueront pas, heureux ceux à qui il sera donné de signaler leurs noms et de mériter une reconnaissance pareille à celle que méritent les glorieux fondateurs du christianisme ! »
(Conservation, Révolution et Positivisme,
par É. Littré, 1852.)
Il est juste d’ajouter qu’il s’est rétracté depuis sur ce point.
Le catéchisme positiviste d’Auguste Comte a son calendrier. Voici ce qu’on y lit à la page 332 :
« Jour complémentaire : Fête universelle des Morts.
« Jour additionnel des années bissextiles : Réprobation solennelle des deux principaux rétrogradateurs (Julien et Bonaparte), mais seulement pendant la première demi-génération.
« Après ces quatre célébrations initiales de la Fête des Réprouvés, ce jour exceptionnel prendra sa destination normale pour le culte abstrait. »
C’est donc par fanatisme religieux qu’on renversa la colonne du grand réprouvé sur la place Vendôme ; c’est également par fanatisme religieux que M. Clémenceau demanda à la tribune de l’assemblée nationale, au nom du chef positiviste, que la Corse fût séparée de la France.
Elle devait être, sans doute, à jamais maudite pour avoir engendré Napoléon, le grand rétrogradateur, et l’amour vomi sur le sol français.
Les positivistes de l’École d’Auguste Comte, aussi savants et érudits qu’ils puissent être, manquent à la fois de sens commun et de sens moral.
L’ÉCOLE CRITIQUE. – Kant, dans sa critique de la raison pure, a invinciblement prouvé que l’esprit humain est radicalement impropre à affirmer ou à nier légitimement quoi que ce soit touchant l’existence de la nature de Dieu, touchant l’existence et l’immortalité de l’âme. L’école critique a adopté la doctrine de Kant et professe, par conséquent, un scepticisme scientifique absolu au sujet des deux entités métaphysiques, Dieu et l’Âme humaine. Mais le scepticisme scientifique absolu à l’égard de Dieu et de l’Âme porte logiquement l’esprit à une indifférence absolue en matière religieuse, et une indifférence absolue en matière religieuse se traduit en pratique par un athéisme et un matérialisme effectifs. Donc, l’école critique est matérialiste et athée par voie de conséquence, et ses adeptes, comprenant la majeure partie du monde savant, professent ouvertement le matérialisme et l’athéisme sous la forme sceptique.
L’ÉCOLE TRANSFORMISTE. – Tous les spiritualistes, soit spirites, soit rationalistes, – et ils me paraissent très nombreux – qui professent le transformisme, font du matérialisme et de l’athéisme sans s’en douter, comme M. Jourdain faisait de la prose sans le savoir. Je le prouverai tout à l’heure.
Je n’ai pas besoin de nommer tous les spiritualistes de marque qui professent le transformisme dans leurs écrits ; il me suffit de constater que l’École spirite d’Allan Kardec, qui est répandue dans le monde entier et qui prime toutes les autres par le nombre de ses adeptes, est ouvertement transformiste. Voici ce qu’écrit à ce sujet le capitaine Bourgès dans une brochure intitulée : Psychologie transformiste, et où l’auteur, spirite convaincu et dévoué, cherche à démontrer que l’homme descend du singe :
« Notre système s’appuie sur l’enseignement même des Esprits chargés d’établir la doctrine spirite. Voici quelques passages du livre des Esprits, nos 666 et suivants :
« Les animaux puisent le principe intelligent qui constitue l’espèce d’âme dont ils sont doués dans l’élément intelligent universel. L’intelligence de l’homme et celle des animaux émanerait donc d’un même principe.
« L’esprit accomplirait ses premières phases dans une série d’existences qui précèdent la période de l’humanité. L’âme aurait été le principe intelligent des êtres inférieurs de la création, et c’est dans ces êtres, que nous sommes loin de connaître tous, que le principe intelligent s’élabore, s’individualise et s’essaye à la vie. C’est en quelque sorte un travail préparatoire à la suite duquel le principe intelligent subit une transformation et devient Esprit. C’est alors que commence pour lui la période de l’humanité, et avec elle la conscience de son avenir, la distinction du bien et du mal, et la responsabilité de ses actes.
« Après la mort, l’animal conserve son individualité ; son esprit est classé par les Esprits que cela concerne et presque aussitôt utilisé. Il n’a pas le loisir de se mettre en rapport avec d’autres créatures, ni le choix de s’incarner dans un animal plutôt que dans un autre ; il doit suivre la loi du progrès 3. »
« Voilà certes du transformisme. Avant même que l’ouvrage de Darwin sur l’origine des espèces ne fût traduit en français, nos guides spirituels nous donnaient la marche à suivre pour découvrir dans la création les secrets qui s’y trouvent cachés.
« Ils nous font entrevoir toutes les joies intimes que l’on goûte dans l’étude de la nature, admirer les richesses fossiles d’animaux et de végétaux que l’on distingue dans les couches de l’écorce terrestre, et ils sont heureux quand ils nous voient suivre leurs bonnes inspirations. Pourtant, les âmes des êtres organisés qui ont vécu aux diverses époques géologiques, où sont-elles ? Nous trouvons bien leurs débris matériels, mais qu’est devenu l’esprit ?... Il s’est réincarné.
« La matière animée n’est unie à l’âme que pour un temps ; à la mort elle s’en sépare. L’esprit monte ainsi l’échelle du progrès par des incarnations successives, accomplissant son évolution en passant par toute la série animale, et après des millions de siècles il vient faire son apparition dans l’humanité. Selon ces données, l’âme s’édifie graduellement par l’adjonction progressive d’éléments spirituels à travers ses diverses incarnations. Comme c’est précisément la totalité de ces valeurs qui, en s’unissant dans une intime harmonie, constitue le moi conscient, une fois parvenu à l’humanité, nous pensons que notre hypothèse est légitime pour amener l’esprit à la perfection.
« Quand les anthropoïdes, le gibbon, l’orang, le gorille et le chimpanzé eurent atteint le dernier degré de l’animalité, et qu’il n’y eut dans leur espèce aucun autre progrès à accomplir, ces âmes rudimentaires, en quittant leur corps, furent dirigées vers une nouvelle incarnation. En naissant de nouveau chez nos ancêtres, ces anthropoïdes prirent une forme perfectionnée se rapprochant de celle de l’homme, dont ils furent les précurseurs.
« Voici l’homme primitif de l’époque chelléenne contemporain du Mammouth. Il a le front bas, la tête dolichocéphale, et porte tous les caractères simiens. Cette époque, base des quaternaires, se distingue par les instruments grossiers dont se servaient les premiers hommes 4. Nous traversons la longue époque glaciaire du Moustier qui a eu près de cent mille ans de durée et dont quelques glaciers existent encore. Nous trouvons l’homme en lutte avec le grand ours des cavernes pour chercher un asile et se préserver du froid. L’époque suivante de Solutrée fut celle du Mammouth et du Renne ; celle de la Magdaleine fut aussi presque en totalité celle du Renne. Son organisme change et s’améliore, son cerveau se développe en formant des circonvolutions nouvelles – et, en vertu de la loi d’affinité, il attire à lui un nombre de parcelles psychiques proportionnel à son prochain degré d’élévation.
« Lorsque Allan Kardec fit son voyage spirite en 1862, il vint nous visiter à Provins, où nous étions en garnison ; nous eûmes la satisfaction de garder le Maître quelques jours auprès de nous. Dans ses conversations, il ne nous cacha pas notre origine animale, et nous parla du progrès que devait faire l’esprit pour arriver à la perfection. Il nous recommanda surtout d’approfondir toutes les branches de la science, nous assurant que nous nous élèverions par elle, et que nous trouverions dans le Livre des Esprits les éléments pour tout connaître et tout embrasser. »
J’ai déjà examiné la question du transformisme dans un article paru dans la Revue spirite du mois de janvier 1894 ; aujourd’hui je vais la traiter plus à fond et prouver que le transformisme aboutit logiquement et nécessairement au matérialisme et à l’athéisme, c’est-à-dire, à l’absurde pour les spiritualistes de toute espèce qui l’acceptent. Je commence par reproduire ici l’article de la Revue spirite dont je viens de parler ; je ferai ressortir ensuite toutes les conséquences logiques de la doctrine transformiste.
Mausoleo (Corse), le 6 décembre.
Si je ne me trompe, il manque à l’érudition de tous les rédacteurs de la Revue spirite une connaissance approfondie de l’exégèse philosophico-religieuse exposée par l’extatique Michel de Figanières dans ses deux ouvrages intitulés : LA CLÉ DE LA VIE, LA VIE UNIVERSELLE.
Sans trouver cette œuvre parfaite, j’ai affirmé il y a vingt ans, dans une brochure intitulée Une révolution inconnue, que c’est le plus grand monument qui existe dans les archives de l’humanité. Je ne crains pas de renouveler cette affirmation encore aujourd’hui.
J’attribue ma divergence d’opinion à ce sujet avec tous ceux qui s’occupent de la question de Dieu et du Cosmos, à l’ignorance où se trouvent ces derniers de ce système théonomique, aussi extraordinaire par son fond que par sa forme et son origine ; exclusif de toute abstraction réalisée et de toute entité métaphysique, malgré l’étendue et la profondeur infinitésimales de son analyse et malgré l’immensité de sa synthèse organique, embrassant, dans son unité vivante, tous les mondes, toutes les âmes humaines qui peuplent ces mondes et DIEU directeur suprême et éternel du Tout ; système constamment indicatif et descriptif de réalités matérielles, visibles ou invisibles à l’homme, mais toujours substantielles et déterminées, c’est-à-dire toujours positives et remplissant par là même toutes les conditions scientifiques qu’exige l’école philosophique positiviste, qui règne en ce moment sur l’esprit de la généralité des savants.
Quand il s’agit de spéculations philosophico-religieuses, le critérium de vérité est le jugement rationnel éclairé et non l’avis plus ou moins général des Esprits, comme le prétendent les partisans exclusifs d’Allan Kardec. Les idées et les doctrines qui marquent les grands progrès de l’humanité sont toujours dues à des initiateurs individuels d’intelligence supérieure, et jamais à des collectivités dont la valeur intellectuelle ne peut être que moyenne.
Il y a longtemps que les spirites kardécistes intransigeants piétinent sur place, quand ils n’adoptent pas des théories scientifiques complètement erronées, comme celle du transformisme darwiniste, où l’âme humaine devient un composé organique d’éléments infinitésimaux, par conséquent d’une décomposition toujours possible, partant d’une immortalité toujours douteuse, ce qui conduit logiquement et invinciblement au scepticisme et par là même renforce beaucoup la thèse du matérialisme ; car les matérialistes peuvent logiquement affirmer, en vertu de la loi d’analogie, que l’âme humaine, composée d’éléments infinitésimaux, est décomposable comme tous les composés du règne minéral, du règne végétal et du règne animal, à moins de preuves positives du contraire qui n’existent pas dans l’espèce. Bien mieux, si la théorie du transformisme est vraie, chaque fois qu’on va aux lieux d’aisance, on y jette une incommensurable quantité d’âmes humaines élémentaires. Le système de Michel de Figanières, au contraire, combat victorieusement le transformisme darwiniste, et prouve avec une incontestable évidence rationnelle que l’âme humaine est une unité substantielle, simple et immortelle, absolument distincte à jamais de l’âme des animaux, qui se décompose, comme le corps, à la mort de chaque sujet, et ne jouit d’aucune immortalité. J’ajoute que ce système réalise un progrès immense dans tout le domaine religieux, dans tout le domaine philosophique et dans tout le domaine scientifique.
Je me fais un devoir de tenter de réhabiliter une œuvre du plus haut mérite qui est en librairie depuis trente-six ans et qui est méconnue et dédaignée par tout le monde encore aujourd’hui. À cet effet, je suis prêt à soutenir, dans les colonnes de la Revue Spirite, une discussion contradictoire et publique avec n’importe quelle personne sur la valeur relative du système théonomique de Michel de Figanières ; mais c’est à la condition expresse que cette personne aura lu, compris et convenablement appris le système dont il s’agit. Les discussions sur n’importe quoi avec ceux qui ne connaissent pas ou ne connaissent qu’imparfaitement ce qu’ils discutent sont toujours stériles et deviennent souvent irritantes. Je décline aussi toute discussion à ce sujet par correspondance privée, qui ne devrait pas profiter au public. Je conseille aux personnes qui seraient disposées à discuter avec moi le système de Michel de Figanières de prendre préalablement connaissance de ce que j’ai dit de cette œuvre dans l’épilogue de mon livre intitulé Projet d’une constitution politico-sociale humanitaire 5.
Je ne serais pas surpris qu’en raison du complet oubli où l’on a laissé jusqu’ici l’œuvre de Michel de Figanières, nul ne se trouve immédiatement en mesure de répondre à mon invitation : c’est pourquoi je déclare que j’accepterai la discussion publique à n’importe quel moment ultérieur, fût-ce dans un an.
J’envoie une note identique à celle-ci à la Religion Universelle, au journal le Spiritisme, au journal le Relèvement social, au journal le Matin et à Bastia-Journal, organes de publicité auxquels je suis abonné, avec prière de la publier également dans leurs colonnes. J’agis ainsi pour faire triompher, autant qu’il peut dépendre de moi, la vérité scientifique et la justice due à tout grand ouvrier du progrès humanitaire. Les médecins, en raison de leurs connaissances anatomiques, ont beaucoup plus de facilités que les autres savants pour apprécier la doctrine théonomique de Michel de Figanières.
RENUCCI.
« N. D. L. R. – Le très estimable capitaine, notre ami et F. se trompent en croyant que nous n’avons pas étudié la Clé de la Vie, et la Vie Universelle de Michel de Figanières ; nous les avions lus et relus, et, si nous n’en acceptions pas la teneur, nous admirions et la belle faculté médianimique de Michel et les conceptions originales énoncées par ses guides.
« Nous désirions connaître de visu ce médium dont les adeptes se déclaraient, comme lui, les adversaires du spiritisme ; or, en 1879-1880, Michel de Figanières vint à Paris pour rééditer la deuxième édition de sa Vie Universelle, chez Dentu de la galerie d’Orléans, au Palais Royal ; il était accompagné par un négociant de Lyon, son fervent disciple, lequel nous présenta le célèbre médium en nous déclarant, tout d’abord, que nous étions dans l’erreur en étant de l’école d’Allan Kardec ; pour nous le prouver, Michel nous demanda à être présenté à la Société scientifique d’études psychologiques, dont M. François Vallès, inspecteur général des ponts et chaussées, était le président.
Nous nous empressâmes de mettre Michel en rapport avec ces messieurs ; après de longues explications, de concert avec les amis qui l’accompagnaient, il offrit de donner des preuves de sa puissance médianimique (à l’aide de son guide spirituel) à une commission de vingt-cinq personnes choisies parmi les membres de la Société ; il prouverait que les théories émises dans ses œuvres étaient les seules dignes de créance.
Au jour et à l’heure choisis par Michel de Figanières et ses admirateurs, la commission choisie était réunie dans notre salle, 5, rue des Petits-Champs ; il y avait, entre autres, MM. François Vallès ; Eugène Bonnemère, l’historien ; Eugène Nus, le grand écrivain ; Ch. Fauvety, le philosophe ; Ch. Lomon, le poète inspiré ; le colonel d’artillerie Devoluet ; deux professeurs de hautes mathématiques de nos facultés ; le colonel (génie) Mallet ; l’ingénieur Émile Barrault ; l’ingénieur astronome Tremeschini, etc., etc. Sous la protection de ses disciples, Michel de Figanières s’endormit, et l’assistance attendait anxieusement les résultats ; chacun lui était sympathique après avoir lu ses œuvres.
Vaine attente, il n’y eut rien ; cela n’est pas extraordinaire, les spirites savent que les conditions du lieu étant changées, la médiumnité peut être modifiée profondément. Michel, s’étant éveillé, paraissait vivement contrarié de n’avoir pas donné les manifestations promises ; il discuta, ainsi que ses disciples, avec la délégation des vingt-cinq, et finalement il s’emporta, étant agacé ; il déclara aux délégués que l’ignorance étant leur règle, ils n’étaient pas dignes de recevoir la parole de vérité. Naturellement cette réponse d’un homme vexé fit sourire et chacun de se dire : « Au lieu de déranger des hommes sérieux venus des quatre points cardinaux de Paris, les Esprits Guides eussent dû prévenir le médium Michel qu’une impolitesse ne peut servir de mode de conviction. »
La Société scientifique d’Études psychologiques n’a pas à recommander l’œuvre de Louis Michel, qui ne se trouve plus en librairie.
La lettre du capitaine Renucci prouve sa fidélité à l’exégèse philosophico-religieuse de l’extatique Michel ; il fait un exposé clair et succinct de cette exégèse, dans son volume Projet d’une Constitution politico-sociale humanitaire, déposé à notre librairie ; son prix est de 3 fr. 85, et nous le recommandons aux studieux et aux penseurs.
La Revue Spirite est le seul des six organes de publicité auxquels cette lettre a été envoyée qui l’ait publiée. La note de la Rédaction, si intéressante qu’elle soit d’ailleurs, ne formule aucune critique précise sur la doctrine de Michel de Figanières, dont j’ai pris ouvertement la défense. Le fait que celui-ci, contrarié de n’avoir pas réussi dans sa séance, s’en est pris aux assistants d’une façon peu convenable, n’est qu’un écart de forme qui ne porte aucune atteinte au fond d’une œuvre dont il n’a été que le simple médium.
J’ai parfaitement établi plus haut que l’école spirite kardéciste est transformiste, et j’ai parfaitement démontré aussi que le transformisme aboutit nécessairement, par voie de conséquence, sinon au matérialisme positif d’Auguste Comte, du moins au matérialisme sceptique de l’école critique qui procède de Kant.
– Les kardécistes me diront peut-être : La preuve que le transformisme n’aboutit et ne peut aboutir ni au matérialisme positif, ni au matérialisme sceptique, est fournie expérimentalement par la phénoménalité spirite elle-même d’une façon évidente et décisive. Cette phénoménalité, aujourd’hui universelle et journalière dans toutes les classes sociales, montre l’espace environnant le globe terrestre rempli d’Esprits désincarnés, se mettant en relation par une foule de moyens avec les incarnés et leur donnant même des instructions morales et intellectuelles, souvent d’une valeur très élevée. Beaucoup de ces Esprits déclarent avoir été incarnés sur la terre et donnent des preuves de leur identité comme hommes d’autrefois ; ce qui démontre qu’après la mort, l’âme humaine, au lieu de se désagréger, survit au corps et persiste à vivre dans l’espace avec les mêmes facultés intellectuelles et morales, jusqu’au moment d’une nouvelle incarnation sur notre globe ou sur un autre. Le transformisme ne porte donc aucune atteinte au principe de l’immortalité de l’âme, c’est-à-dire à son éternelle individualité.
– Je réponds aux kardécistes par les considérations suivantes :
1° Il est incontestable que la phénoménalité spirite de notre époque atteste expérimentalement et d’une façon évidente qu’il y a une foule d’Esprits désincarnés de toutes catégories qui vivent et agissent matériellement, moralement et intellectuellement dans l’atmosphère terrestre, et ce fait donne un démenti formel aux matérialistes positifs de l’école d’Auguste Comte qui affirment que l’âme humaine ne survit pas au corps et se décompose avec lui et comme lui.
2“ Quant à la question de savoir si les Esprits qui se manifestent dans la phénoménalité spirite sont en tout ou en partie les âmes des hommes qui meurent sur notre globe, elle est fort controversée en ce moment, et on ne saurait encore se prononcer en parfaite connaissance de cause ni dans un sens ni dans l’autre. Les kardécistes affirment qu’une partie au moins des Esprits qui se manifestent sont des âmes de personnes mortes sur notre globe depuis plus ou moins longtemps, et qu’elles donnent des preuves incontestables d’identité de leur individualité à l’état d’hommes. La religion chrétienne nie que les âmes des morts puissent réellement se manifester aux hommes, puisque le jugement particulier les classe immédiatement soit au Paradis ou en Enfer, à titre définitif, soit en purgatoire, à titre transitoire, pour aller ensuite en Paradis. Michel de Figanières est d’accord avec le christianisme pour nier que les Esprits qui se manifestent soient les âmes des morts et il explique longuement et rationnellement quelle est l’origine et la nature de ces Esprits, dans la Clé de la Vie et dans la Vie Universelle aux chapitres intitulés Clé des manifestations dites spirituelles. Pour moi, la vérité est du côté de Michel de Figanières. Celui-ci explique bien d’ailleurs pourquoi ces Esprits ne produisent que des doctrines insuffisantes, incohérentes et contradictoires, comment ils prennent faussement des noms de morts de toutes conditions et peuvent reproduire les traits, l’écriture, le langage et la vie intime de ces morts.
3o Mais qu’importe l’origine et la nature des Esprits désincarnés qui se manifestent dans la phénoménalité spirite, ce sont des Esprits, et, selon l’École kardéciste, ces Esprits, avant de parvenir à l’état d’Esprits conscients et raisonnables où ils se trouvent maintenant, ont dû passer antérieurement tous par le règne animal et par le règne hominal, conformément aux prétendues lois du transformisme ; l’École kardéciste ne connaît d’autre origine première aux Esprits. Il résulte de là que les kardécistes peuvent expérimentalement affirmer la survivance de l’âme humaine après la mort, pour un temps plus ou moins long, mais que rien ne les autorise à affirmer sa survivance pour un temps infini, c’est-à-dire son immortalité. Comme, en vertu du transformisme, elle est un composé, après des siècles, après des milliers d’années, elle peut se décomposer, dans ce monde ou dans un autre, pour telle ou telle cause inconnue : l’expérience universelle prouve que tous les composés, à quelque règne qu’ils appartiennent et de quelque nature qu’ils soient, finissent par se décomposer et s’évanouir sous l’action des lois naturelles. Donc le kardécisme aboutit forcément, par voie de conséquence, au matérialisme sceptique, qui, en pratique, devient un matérialisme effectif.
Accordons néanmoins aux kardécistes, à titre d’hypothèse, que tous les Esprits, après avoir passé par les trois règnes inférieurs et par le règne hominal, continuent leur évolution ascendante et parviennent, à la suite d’un nombre indéfini d’incarnations dans tous les mondes de l’univers, à l’état de perfection absolue et d’Esprits purs ; ces Esprits, au terme de leur ascension céleste, ont-ils rencontré et perçu Dieu d’une manière quelconque, comme réalité objective ?
Sinon, Dieu n’existe pas pour eux, et ils sont athées. Si oui, quelle est l’origine et la nature de ce Dieu ? Est-il de même origine et de même nature que les âmes humaines parvenues à l’état d’Esprits divins ? Est-il, par exemple, un Dieu collectif, un composé d’Esprits parfaits, comme les âmes humaines sont des composés d’Esprits élémentaires ? Ou bien est-il d’origine et de nature différentes des Esprits qui ont évolué de bas en haut, jusqu’à lui par d’incalculables incarnations à travers tous les règnes et à travers tous les mondes ?
Dans le premier cas, ce Dieu est un composé susceptible d’être décomposé, et par conséquent frappé de scepticisme relativement à son éternité ; au lieu d’être un incréé, une cause première, il est un créé, une cause seconde ; les Esprits qui l’ont composé et le composent étaient avant lui et il procède d’eux ; ce n’est pas une unité simple pouvant dire moi, c’est une unité collective obligée de dire nous. Bref, c’est un Dieu absurde et impossible n’ayant de Dieu que le nom ; c’est un non-Dieu.
Dans le second cas, si ce Dieu est d’origine et de nature étrangère aux Esprits que nous connaissons expérimentalement à l’état d’incarnés et à l’état de désincarnés, et qui par des progrès incessants deviennent des Esprits supérieurs et parfaits, d’où vient-il et qu’est-il ? En tout cas, quelle notion, quelle idée pouvons-nous nous en faire comme réalité objective et substantielle, puisqu’il ne nous est perceptible par aucun sens, par aucun concept rationnel ? Absolument aucune. Ce Dieu fût-il, il serait pour nous comme s’il n’était pas ; scientifiquement nous serions dans l’athéisme.
Les kardécistes donnent une preuve incontestable de leur impuissance au sujet de la question de Dieu, dans le passage suivant relatif au programme du Congrès spirite universel qu’ils doivent tenir cette année en Belgique :
« Le Congrès spirite de 1894, estimant qu’il n’a pas les éléments nécessaires pour résoudre scientifiquement le problème de l’Absolu, réserve toute discussion sur la Nature de Dieu, tout en reconnaissant la cause initiale de ce qui existe, de quel nom qu’on la nomme. »
Ce passage est un absurde galimatias. En effet, l’Être absolu, Dieu, la cause initiale de ce qui existe sont des expressions qui signifient une seule et même chose, ce sont des noms différents de l’Être suprême. Je dirai aux kardécistes : En avouant que vous n’avez pas les éléments nécessaires pour résoudre scientifiquement le problème de l’absolu, vous avouez par là même que vous n’avez pas les éléments nécessaires pour résoudre scientifiquement le problème de la nature de Dieu et vous êtes logiquement obliges d’écarter un tel sujet des discussions de votre congrès ; mais alors vous devenez des athées sceptiques comme les partisans de l’école critique : la devise de cette école est que les questions de Dieu, de l’âme et de son immortalité doivent être exclues du domaine de la science, ce qui en pratique se traduit par un athéisme et un matérialisme effectifs.
La Théonomie de M. Fauvety
M. Charles Fauvety, dans son livre intitulé Théonomie, s’est proposé de démontrer Dieu scientifiquement, sans le secours d’aucune révélation d’Esprits ultramondains. A-t-il atteint ce but ? Non, à mon avis. Voici des passages de son livre :
« Je suis autorisé à affirmer le moi divin comme le moi humain parce que l’univers dans son objectivité changeante, variée et multiple, manifeste l’existence de Dieu, absolument comme mon corps manifeste mon existence, comme votre corps manifeste la vôtre. »
Il est absolument inexact que ce soit le corps qui manifeste l’existence et le moi de l’homme ; c’est le sens intime, vue interne de l’esprit ou de l’âme. Quand Descartes voulut s’assurer de sa propre existence, il le fit par cette célèbre proposition : « Je pense, donc je suis » ; il ne dit pas : j’ai ou je vois mon corps, donc je suis. Par la même raison, l’univers, dans son objectivité changeante, variée et multiple, ne saurait manifester l’existence et le moi de Dieu, ni à Dieu lui-même, ni aux hommes ; Dieu ne peut connaître et contempler son existence, son moi et ses attributs qu’à la lumière de sa propre conscience, et les hommes ne peuvent se faire une idée plus ou moins approximative de ces mêmes choses qu’en faisant un anthropomorphisme supérieur, c’est-à-dire en poussant à l’infinitude leurs qualités dynamiques intellectuelles et morales.
Je continue à citer M. Fauvety :
« Seulement il faut bien prendre garde que ce corps qui manifeste votre moi n’est pas votre moi lui-même, pas plus que l’univers qui est le corps du moi divin ne doit être confondu avec le moi divin. »
La recommandation me paraît fort inutile ; M. Fauvety poursuit :
« C’est dans l’unité qu’est la synthèse de tous les rapports, c’est dans son unité propre que l’homme se connaît, se possède et se réfléchit ; c’est aussi dans son unité synthétique que l’existence universelle se réfléchit, se reconnaît, se possède. C’est là vraiment qu’est la réalité de l’univers. Elle n’est plus dans ce qui passe et change sans cesse. Dieu s’appellera toujours l’Éternel. »
M. Fauvety viole ouvertement ici la méthode positiviste.
Ces mots : unité, synthèse, rapports, indiquent-ils des catégories de l’existence substantielle, ou bien n’indiquent-ils que des choses appartenant à la catégorie de l’idéal insubstantiel ; évidemment ils désignent des choses appartenant à cette seconde catégorie ; ce sont des abstractions de l’esprit dépourvues de toute réalité objective et substantielle, ce sont des entités métaphysiques creuses. En disant que c’est dans son unité synthétique que l’existence universelle se réfléchit, se connaît et se possède, M. Fauvety fait une affirmation arbitraire et antiscientifique. Puis, quelle belle abstraction réalisée, quelle magnifique entité métaphysique vide, que cette existence universelle qui se réfléchit, etc. ; et M. Fauvety ajoute : « C’est là vraiment qu’est la réalité de l’Univers. » La réalité de l’univers est alors dans le manque de toute objectivité substantielle ? Ce n’est pas mal absurde ! Le système philosophique de M. Fauvety me paraît ressembler beaucoup à celui de M. Vacherot exposé dans son remarquable livre intitulé La Métaphysique et la Science. Ce dernier considère Dieu comme l’Idée du monde, et le monde comme la réalité de Dieu ; mais au moins il se rend compte que son Dieu n’est qu’une Idée et le reconnaît, tandis que le premier ne se rend pas compte que son Dieu n’est qu’une abstraction réalisée appartenant à la catégorie de l’existence substantielle. J’ouvre le dictionnaire et je lis au mot : abstraction, s. f., « opération par laquelle l’esprit considère séparément des choses réellement unies ».
En vertu de cette définition, la réalité de l’Univers n’est dans aucune de ses parties matérielles, spirituelles et morales considérées séparément, c’est-à-dire abstraites par une opération de l’esprit, mais bien dans l’unité intime et vivante de toutes ces parties inséparables au fond et en tant que réalité objective l’une de l’autre.
M. Fauvety ajoute, quelques lignes plus bas :
« Nous dirons de Dieu qu’il est la Raison universelle et absolue comme il est la vie universelle et plénière et l’existence dans son infinitude. »
M. Fauvety est libre de dire tout ce qu’il voudra, mais ces expressions : la Raison universelle absolue, la vie universelle et plénière, l’existence dans son infinitude, dont il construit son Dieu, ne sont que des abstractions réalisées, de vaines entités métaphysiques, étrangères à la science positive.
M. Fauvety n’est pas un athée, mais il est le créateur, l’adorateur et le propagateur d’un faux Dieu. Comme il est transformiste, il est à son insu, et par voie de conséquence, un matérialiste sceptique, au même titre que les spirites kardécistes.
Je m’arrête dans la critique des révélations soit rationalistes, soit spirites qui abondent à cette époque. Parmi celles que j’ai lues, sauf celle de Michel de Figanières, aucune n’est, à mon avis, de nature à donner une idée expérimentale et rationnelle de Dieu, de l’âme humaine et de la vie universelle. J’ajoute que ces révélateurs, ayant généralement adopté la doctrine erronée du transformisme darwiniste, peuvent être convaincus par une logique scientifique sévère de matérialisme et même d’athéisme inconscients.
Les sciences progressent autant par la critique que par la théorie. Il est donc nécessaire en ce moment de soumettre à la critique scientifique une foule de doctrines erronées venant soit des spéculations des Esprits incarnés, soit des révélations des Esprits désincarnés. C’est ce que font en ce moment des sommités médicales de Paris relativement à la doctrine transformiste, faisant descendre l’bomme du singe. Voici ce que je lis à ce sujet dans le Petit Bastrais du 11 mars 1894 :
« Une constatation consolante pour notre dignité d’homme... Deux orangs-outangs, appartenant au jardin d’acclimatation, sont morts à Paris ; leurs cadavres ont été transportés au Muséum, ou on les a disséqués et étudiés. Les résultats de cet examen, a dit à un journaliste M. Milne Edwards, sont des plus intéressants. Chaque professeur, en sa spécialité, a pu vérifier, éclairer, compléter les récits des voyageurs, récits obscurs, incompréhensibles parfois, que, faute de preuves à l’appui, on tenait pour un peu fantaisistes. Du même coup, bien des légendes ont été détruites. Bref, c’est une étude entièrement neuve dont je compte sous peu faire part à l’Académie des sciences. Nous avons bien eu ici, de temps en temps, des orangs-Baha, encore l’année dernière, – mais ceux-ci étaient des nourrissons comparés aux sujets que nous examinons aujourd’hui, et leurs caractères physiologiques différaient du tout au tout. L’étude n’est pas encore terminée, mais il est, dès maintenant, une chose bien établie, dit en souriant le distingué savant, et peut-être le public sera-t-il satisfait d’être fixé définitivement à ce sujet, c’est que l’homme ne descend pas du singe. Il ne peut pas en descendre. »
(PIPELET.)
La science médicale donnerait donc aujourd’hui raison à l’extatique Michel de Figanières contre tous les transformistes rationalistes et spirites.
––––––––––
SECONDE PARTIE
LA RÉVÉLATION MÉDIANIMIQUE DE MICHEL DE FIGANIÈRES
Méthode. – La méthode de Michel de Figanières est la méthode intégrale, c’est-à-dire la méthode expérimentale et la méthode rationnelle réunies et fonctionnant de concert, du commencement jusqu’à la fin de son exégèse philosophico-religieuse. Elle remplit par conséquent toutes les conditions scientifiques qu’exige l’école philosophique positiviste. Les choses qu’indique et décrit Michel de Figanières sont visibles ou invisibles à l’homme incarné des mondes ‘matériels ; mais elles sont toujours déterminées et substantielles, c’est-à-dire toujours positives et d’une réalité objective incontestable ; il est exclusif de toute abstraction réalisée et de toute entité métaphysique creuse.
En raison de la méthode positive qui y a régné du commencement jusqu’à la fin, l’exégèse philosophico-religieuse de Michel de Figanières est une science au même titre que toutes les autres sciences. Le contrôle expérimental et le contrôle rationnel pourront y trouver des erreurs d’insuffisance, des obscurités, comme dans n’importe quelle science, mais on n’aura qu’à relever ces défauts à mesure qu’on les constatera avec une parfaite certitude.
Unité de substance de tout ce qui existe,
selon Michel de Figanières
J’ai déjà traité cette question dans l’épilogue de mon livre intitulé : Projet d’une constitution politico-sociale humanitaire, et je n’ai rien de mieux à faire ici que de reproduire exactement ce que j’ai écrit dans ce livre :
« Il est dit dans la première citation que l’omnivers est le grand assemblage, la masse incommensurable, infinie, de tout ce qui existe matériellement et fluidiquement. Il est encore dit que l’omnivers se compose d’une partie vivante et d’une partie inanimée et que la partie vivante amène peu à peu à la vie la partie inanimée ou inerte et la transforme en êtres de diverses natures.
Il est dit dans la citation 2 que l’omnivers est composé de trois substances distinctes, trois états gradués en réalité de la même substance : les solides, les liquides et les fluides.
Il est dit dans la citation 3 : « L’omnivers se divise ainsi en trois principes, en trois natures principales et, en somme, en neuf natures. Il contient donc, pour nous résumer, toutes les substances matérielles, solides, liquides et fluidiques, tous les mondes qui vivifient ces substances, tous les êtres qui habitent ces mondes, sous la direction suprême de DIEU, du grand être infini, âme de tout : C’EST LE GRAND OMNIVERS. »
Il résulte de la teneur de ces trois citations que tout ce qui existe dans l’omnivers, y compris l’homme qui est un des êtres qui habitent un globe quelconque de cet univers, est de la même substance. Il n’y a que les neuf natures qui diffèrent et différencient les choses et les êtres. Reste à savoir si Dieu, l’âme de tout, qui constitue une dixième nature, est ou n’est pas de la même substance que l’omnivers.
Dans la citation 5 il est dit : « Âme et corps, l’homme est l’image de Dieu réduite à sa plus simple expression. Étincelle intelligente de la grande lumière divine, l’âme existe par cette émanation même, d’une manière éternelle, et se sert du corps pour se manifester aux sens, dans un milieu de la nature du corps. Si l’homme est la plus petite ressemblance de Dieu, son étincelle divine est aussi l’unité la plus petite, l’unité primaire dans son ordre, de la substance divine. La substance divine signalée ici est la quintessence fluidique, vivifiante, intelligente, alimentaire de Dieu, des mondes, de leur mobilier, de l’homme qui fait partie de ce mobilier et le dirige, et animant tout le grand omnivers ; formée en unités immuables par essences éternelles, en étincelles divines, âmes humaines, elle est l’aliment fluidique des neuf natures du grand omnivers et de Dieu lui-même, distincte de lui à jamais. Fractionnée de toute éternité en parcelles infiniment petites par rapport à nous, elle alimente, dans des conditions semblables, l’homme et les règnes inférieurs, comme nous nous proposons de le développer. »
Dire que l’étincelle divine ou l’âme humaine est l’unité primaire de la substance divine, c’est dire que l’âme humaine et Dieu sont de la même substance. Si la substance divine formée en étincelles divines, âmes humaines, ou fractionnée en parcelles infiniment petites, scintellicules, animules hominiculaires, alimente tout et Dieu lui-même, tout, y compris Dieu, est de la même substance ; car s’alimenter de quelque chose, c’est s’assimiler sa substance. Dans la citation 7 il est dit : « Seul de sa nature, Dieu, l’âme du grand omnivers vivant, le masculin et le féminin par excellence, embrasse tout. Absorbé en lui-même, tout entier a ses mondes, sans relation en dehors de lui, car hors de lui il ne saurait y avoir rien, Dieu..... » Si Dieu embrasse tout, s’il est sans relations en dehors de lui, si hors de lui il ne saurait y avoir rien, tout est Dieu et tout est substance de Dieu.
Dans la citation 9 il est dit : « Le grand homme infini vit, s’alimente intérieurement et de sa propre substance, matérielle ou fluidique, sans rien recevoir d’extérieur à lui, sans rien perdre. » Si Dieu s’alimente de sa propre substance, tous les objets et tous les êtres dont il s’alimente sont d’une substance identique à la sienne et il n’existe qu’une substance unique.
Dans la citation 15, il est dit : « L’unité sans fin, renouvelant elle-même tout ce qui n’est pas arrivé encore à être complètement de sa nature..... » C’est dire que non seulement tout est de la même substance que Dieu, mais que Dieu amène progressivement tout à être de sa nature divine. Il n’y a qu’une seule substance, mais il y a dix natures, y compris celle de Dieu, et toutes ces natures diffèrent entre elles par des propriétés et des qualités caractéristiques. Par exemple, l’analyse chimique constate que le diamant et le charbon sont composés de la même substance, mais ces deux corps diffèrent du tout au tout comme nature et comme qualité.
D’après la citation 42, la vie omniverselle est caractérisée par un double courant de transsubstantiation, un ascendant et l’autre descendant. Tout progresse et s’élève vers Dieu et, arrivé à la nature divine, tout retourne volontairement, par amour et dévouement, dans les natures inférieures pour secourir leurs frères arriérés et égarés, où quelquefois des âmes, succombant dans leurs missions, se pervertissent et se dégradent jusqu’à devenir de véritables démons ; mais leur retour, dans le sein de Dieu, est toujours assuré, quel que soit le temps qu’elles passent et quelles que soient les souffrances qu’elles endurent dans les mondes inférieurs.
Nous terminons ici la question de l’imité de la substance. Le lecteur pourra la connaître mieux en examinant attentivement l’ensemble des citations que nous avons faites et surtout en lisant les ouvrages de Michel de Figanières.
Le Mystère de la Sainte Trinité,
selon Michel de Figanières.
J’ai également traité cette question dans le livre susmentionné et je me contenterai de reproduire ici ce que j’ai écrit à ce sujet :
La question du mystère de la Sainte Trinité chrétienne n’est ni posée, ni traitée explicitement dans l’œuvre de Michel de Figanières, mais elle y est résolue implicitement.
En effet, de l’ensemble des citations que nous avons faites de l’œuvre de Michel de Figanières et que le lecteur a eu sous les yeux, il ressort :
1o Que la substance divine est formée ou divisée, de toute éternité, en trois unités éternelles, immuables et indestructibles, à jamais distinctes les unes des autres, qui sont : 1o la grande unité suprême, infinie, âme du grand omnivers, constituant, à la tête de celui-ci, le GRAND HOMME INFINI, remplissant tout de son immense volume ; 2o l’étincelle divine où l’âme humaine qui, unie à un corps de la nature du globe où elle se trouve, constitue l’HOMME ; 3o la scintellicule ou animule hominiculaire qui, unie à un corps de la nature du globule où elle se trouve, constitue l’HOMINICULE. Celui-ci est l’élément infinitésimal de tous les fluides de l’omnivers et de toutes leurs créations organiques, minérales, végétales, animales et hominales à l’exclusion de l’âme humaine ;
2o Que chacune de ces trois unités est une individualité douée d’intelligence, de moralité et d’activité libre ; une véritable personne autonome ;
3o Que la seconde unité ou personne émane, ou, comme dit le christianisme, procède – les termes sont synonymes – de la première unité ou personne, ce qui constitue celle-ci le père de la seconde personne et la seconde personne, le fils de la première ;
4o Que la troisième personne émane ou procède de la seconde personne et par conséquent indirectement de la première, ce qui justifie le Procedenti ab utroque du Tantum ergo... ou l’affirmation du christianisme que le Saint-Esprit procède du Père et du Fils ;
5o Que les trois personnes sont coéternelles et n’ont qu’une seule et même substance ; c’est ce que dit également le christianisme ;
6o Que la première unité ou personne ou le Père est unique et dirige souverainement tout le grand omnivers, tandis que les deux autres unités sont à la fois personnes individuelles finies, pouvant, comme telles, occuper des situations très différentes dans leurs diverses carrières intermondaines, et personnes collectives infinies, remplissant et vivifiant éternellement tout le grand omnivers, comme coadjutrices divines et indispensables du Père suprême, se trouvant à ce titre éternellement immuables et indéfectibles.
En prenant la seconde et la troisième personne, non dans le sens d’individualités particulières, mais dans le sens de collectivités infinies, on peut parfaitement dire que la première personne, ou le PÈRE, est une puissance divine éternelle et infinie, que la seconde personne, ou le FILS, est une puissance divine, éternelle et infinie ; que la troisième personne, ou le SAINT-ESPRIT, est une puissance divine éternelle et infinie, et que ces trois personnes ou puissances divines à jamais distinctes et irréductibles l’une à l’autre, constituent, ensemble, un seul et même Dieu, dont l’action suprême donne la vie à tout l’omnivers, le transforme et le perfectionne sans cesse, et qui est, comme l’enseigne le christianisme, au ciel, sur la terre et en tous lieux.
Supprimez une quelconque de ces trois personnes, ou puissances divines, et il n’y a plus ni Dieu, ni vie omniverselle, c’est la mort de tout. En effet, si l’on supprime la troisième personne, ou le Saint-Esprit, il n’y a plus de fluides d’aucune nature dans l’omnivers, par conséquent plus de règne minéral et plus de règne végétal, plus de règne animal et plus de règne hominal ; l’âme humaine elle-même, privée des hominicules du fluide divin, qui sont les agents indispensables de ses facultés, se trouve, sinon anéantie comme étincelle de la substance divine, du moins privée de toute vie, faute de pouvoir penser, sentir et agir. Si l’on supprime la seconde personne, ou le Fils, l’unité suprême, âme du grand homme infini, manque d’êtres humains pour diriger les neuf natures de l’omnivers, et cette âme elle-même, privée des Esprits purs de la nature divine, qui sont les agents indispensables de ses facultés, se trouve sinon anéantie comme unité suprême de la substance divine, du moins privée de toute vie, faute de pouvoir penser, sentir et agir. Si l’on supprime la première personne, ou le Père, le grand homme infini se trouve décapité, et les neuf natures de l’omnivers n’ont plus aucune direction, par conséquent aucune vie.
Nous faisons remarquer que, dans l’œuvre de Michel de Figanières, le nom de Dieu est tantôt appliqué à la première personne, au Père, à l’âme du grand homme infini, et tantôt à l’ensemble de tout ce qui existe, comme dans ces expressions : Dieu est tout. En dehors de Dieu, il ne saurait rien y avoir. Dieu est dans le moindre brin d’herbe. Le langage du christianisme est d’ailleurs le même à ce sujet : tantôt Dieu est l’Être suprême qui trône au ciel, entouré de ses anges et séparé du reste de la création, tantôt il est partout, au ciel, sur la terre et en tous lieux, et il est tout, comme dans cette expression : Nous sommes en Dieu, nous vivons en Dieu et nous nous mouvons en Dieu.
Nous faisons encore remarquer que, d’après le langage du christianisme, le Saint-Esprit est un fluide divin, foyer d’intelligence et d’amour. C’est comme tel qu’il est invoqué dans le Veni Creator Spiritus et dans d’autres hymnes et cantiques de l’Église. Le catéchisme, de son côté, dit : « Le Saint-Esprit descendit visiblement sur terre le jour du baptême de Notre-Seigneur, sous la forme d’une colombe ; il descendit aussi sur les apôtres en langues de feu, le jour de la Pentecôte. Le Saint-Esprit est au ciel, sur la terre et en tous lieux, mais il habite d’une manière particulière dans l’âme des justes. » Or, les langues de feu sont un fluide ; la colombe est un animal formé uniquement de fluides et dépourvu de toute âme humaine, et, si le Saint-Esprit habite d’une manière plus particulière dans l’âme des justes, ce ne peut-être que comme un fluide divin, semblable à celui dont parle Michel de Figanières, au sujet de l’alimentation fluidique de l’âme humaine et de ses facultés. Donc le christianisme et Michel de Figanières ne diffèrent pas au fond sur la constitution fluidique du Saint-Esprit.
Remarquons, enfin, que, d’après le christianisme, la hiérarchie des anges est composée de trois classes principales et que, dans chaque classe, il y a trois degrés, ce qui fait neuf degrés dans la hiérarchie des anges, et que, dans chaque classe, d’après Michel de Figanières, la substance de l’omnivers est divisée en trois natures principales et que chacune de ces trois natures est divisée en trois autres natures, ce qui fait, en définitive, neuf natures hiérarchiques. Comme chaque nature de l’omnivers est peuplée de globes et d’humanités de la même valeur hiérarchique, la similitude entre la doctrine du christianisme et la doctrine de Michel de Figanières est encore ici frappante.
La Sainte Trinité chrétienne est parfaitement vraie au fond, mais sa définition pèche par la forme, en ce qu’elle établit une contradiction manifeste dans ses termes, une véritable absurdité logique.
Affirmer d’abord que le Père est Dieu, que le Fils est Dieu et que le Saint-Esprit est Dieu, et puis dire ensuite que ce ne sont pas trois Dieux, mais un seul et même Dieu en trois personnes, ce n’est pas seulement un logographe au-dessus de la raison, c’est encore une absurdité contraire à la raison, que la raison est obligée de repousser ; c’est comme si l’on disait que 2 et 2 font 5. Pour faire disparaître l’absurdité logique de la définition, il n’y a qu’à substituer aux expressions : le Père est Dieu, le Fils est Dieu, le Saint-Esprit est Dieu, ces expressions équivalentes : Le Père est une puissance divine, infinie et éternelle ; le Fils est une puissance divine, infinie et éternelle ; le Saint-Esprit est une puissance divine, infinie et éternelle, et ajouter ensuite : Ces trois puissances divines infinies et éternelles constituent ensemble un seul et même Dieu. Malgré cette modification dans la définition faisant disparaître l’absurdité logique, la Sainte Trinité fût toujours restée un mystère incompréhensible pour l’esprit humain sans les lumières nouvelles apportées par l’Esprit de vérité sur la science de Dieu et sur la vie omniverselle.
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TROISIÈME PARTIE
CONCILIATION SCIENTIFIQUE DU MATÉRIALISME ET DU SPIRITUALISME, DU THÉISME ET DE l’ATHÉISME, PAR LA RÉVÉLATION MÉDIANIMIQUE DE L’EXTATIQUE MICHEL DE FIGANIÈRES.
Je vais prouver cette conciliation scientifique par trois preuves différentes tirées de la doctrine de Michel de Figanières :
1o Par l’Unité de substance de tout ce qui existe ;
2o Par la Trinité Divine ;
3o Par la vie organique et vivante de tout ce qui existe ou du grand homme Infini.
L’Unité de substance de tout ce qui existe
J’ai exposé dans la seconde partie comment la doctrine de Michel de Figanières affirme l’unité de substance de tout ce qui existe (s’y reporter).
S’il y a unité de substance de tout ce qui existe, toutes les choses et tous les êtres, soit matériels soit spirituels dont l’ensemble constitue la réalité objective du Cosmos, sont substantiellement identiques.
Ce qui donne à la fois raison aux matérialistes et aux spiritualistes et opère la conciliation scientifique du spiritualisme et du matérialisme philosophiques.
Preuve par la Trinité Divine
D’après Michel de Figanières, la substance universelle avec tous ses composés se divise en natures hiérarchiques en perfection, et la dixième nature la plus pure et la plus élevée est nommée substance divine.
D’après le même révélateur, la substance divine est divisée de toute éternité en trois unités éternelles, immuables, indestructibles, à jamais distinctes les unes des autres, qui sont : 1o l’âme du grand omnivers constituant à la tête de celui-ci le Grand homme infini, remplissant tout de son immense volume ; 2o l’âme humaine qui, unie à un corps de la nature du globe où elle se trouve, constitue l’homme ; 3o l’animule hominiculaire qui, unie a un corps ne la nature du monde où elle se trouve, constitue l’hominicule, élément infinitésimal de tous les fluides de l’univers et de toutes leurs créations organiques minérales, végétales et animales. De plus, chacune de ces trois unités est une individualité douée d’intelligence, de moralité et d’activité libre, une véritable personne autonome (se reporter à ce qui a été dit à la partie précédente sur la trinité divine).
S’il en est ainsi :
1o Toutes les choses et tous les êtres du règne minéral, du règne végétal et du règne animal sont autant esprit que matière, puisque l’hominicule, leur élément infinitésimal, est à la fois esprit et matière ; ce qui opère la conciliation scientifique du spiritualisme et du matérialisme dans ces trois règnes de la nature. D’ailleurs, le transformisme, tout erroné qu’il est relativement à l’origine de l’âme humaine, confirme parfaitement la doctrine de Michel de Figanières du moment qu’il déclare que l’esprit se manifeste à l’état atomique dans le règne minéral, et s’organise progressivement dans le règne végétal et dans le règne animal en âmes de plus en plus parfaites des êtres de ces divers règnes ;
2o Le règne hominal ou quatrième règne existe sur tous les mondes des neuf natures. Les êtres qui le composent sont des Esprits incarnés ou hommes, et des Esprits désincarnés revêtus seulement de corps fluidiques. Ces deux sortes d’êtres sont composés eux-mêmes de deux éléments simples et irréductibles l’un à l’autre : l’ANIMULE INCARNÉE ou l’HOMINICULE, et l’ÂME HUMAINE. Les hominicules constituent les corps matériels ou les corps fluidiques, d’après leur degré de perfection ; les âmes humaines sont les directrices matérielles, intellectuelles et morales de ces corps. Il résulte de là que le règne Hominal universel est autant spirituel que matériel ; ce qui opère la conciliation scientifique du spiritualisme et du matérialisme dans ce quatrième règne ;
3o D’après la doctrine de Michel de Figanières, DIEU, la première personne de la Trinité, âme du Grand homme infini, est de la même substance que l’âme humaine et l’âme hominiculaire, quoique à jamais distinct de celles-ci ; il est donc, comme ces dernières, autant Esprit que matière ; ce qui opère, au sujet de Dieu même, la conciliation scientifique du spiritualisme et du matérialisme.
– Les matérialistes diront peut-être que l’hominicule, l’âme humaine et Dieu ne sauraient être admis comme des êtres substantiels et réels par la science positive, qu’à la condition d’être perceptibles d’une manière quelconque par les facultés cognitives de l’esprit humain dans le temps et dans l’espace sous une forme déterminée.
– C’est précisément ce qui a lieu dans le système de Michel de Figanières. En effet :
1° Pour ce qui concerne l’hominicule, l’homme matériel ne peut le percevoir, ni directement ni au moyen du microscope, avec sa vue physique grossière, parce que cet hominicule est incommensurablement petit et sous-microscopique ; la vue des Esprits supérieurs seuls, comme celui qui inspire Michel de Figanières, peut le percevoir directement ; mais l’esprit humain lui-même peut le percevoir par la vue rationnelle, en vertu de la loi d’effet à cause. Les matérialistes ne sauraient nier que tout effet a une cause ; que tout effet intelligent a une cause intelligente ; que la puissance de la cause intelligente est en raison de la grandeur de l’effet. Les matérialistes ne sauraient douter non plus de leur propre corps physique ni méconnaître qu’il constitue un admirable et merveilleux organisme vivant et fonctionnant. Dès lors, je leur demande : Qui a construit, qui entretient, qui répare à l’occasion ce surprenant et incompréhensible édifice ? – Ils me répondent : C’est la nature. D’après le dictionnaire, le mot nature signifie l’ensemble des choses créées, il n’indique aucune réalité officiente particulière et déterminée ; c’est donc répondre : Nous n’en savons rien. – Je leur demande encore : Connaissez-vous mieux les ingénieurs et les ouvriers qui, dans les vingt-quatre heures, transforment les mets que vous mangez dans vos repas, en sang, en chairs, en os, en nerfs, en poils, en ongles, etc., à votre insu, indépendamment de vous et même malgré vous ? Ils me répondent toujours : C’est la nature, c’est-à-dire nous n’en savons rien. – Eh bien ! ce sont les hominicules dont parle Michel de Figanières, qui existent non seulement dans le temps et dans l’espace, comme vous existez vous-mêmes, mais dans votre propre corps qu’ils édifient et conservent journellement ; et ces hominicules, en vertu de la loi d’effet à cause dont je viens de parler, tout incommensurablement petits qu’ils soient par rapports aux hommes, sont des êtres intellectuellement, moralement et dynamiquement très supérieurs à ces derniers, parce qu’ils produisent dans toute la nature des œuvres que les plus grands savants et les plus grands ingénieurs humains ne peuvent ni comprendre ni reproduire. Comparativement aux hominicules, les hommes terriens sont des ganaches. Quant à la forme de ces hominicules, elle est semblable à celle de l’homme dans tous les mondes des neuf natures.
2o Pour ce qui concerne la réalité substantielle et déterminée de l’âme humaine dans le temps et dans l’espace, ainsi que son fonctionnement dans le cerveau pour le travail intellectuel, Michel de Figanières les précise en ces termes dans son livre : la Clé de la Vie, page 744 :
L’âme. – Jeu de la vie fluidique de l’âme.
La science anatomique a fait connaître les dispositions du cerveau. La voûte cérébrale est connue ; connue la cloison transparente, connu le nœud cérébral appelé mésocéphale, et liant le cervelet, la moelle épinière et le cerveau ; connus les pédoncules du mésocéphale ; connus enfin tous les objets que nous allons décrire. Mais nous avons à examiner sous un nouveau point de vue tous les organes du cerveau, à les faire fonctionner ensuite dans le grand mécanisme de la vie fluidique de l’âme. Nous ne saurions nous dispenser donc de les caractériser selon leur véritable emploi, accessible à la seule révélation spirituelle.
« Le cerveau se divise en deux parties, deux lobes : celui de droite et celui de gauche. Il en est de même du cervelet.
« Les deux lobes du cerveau sont séparés dans leur partie supérieure par un organe falciforme nommé la faulx de la dure-mère, et réunis à leur base par une masse de substance cérébrale dite médiane. Cette partie médiane du cerveau contient dans son milieu, et abrité sous une voûte de substance cérébrale, un espace limité où s’opère le jeu de la vie fluidique de l’âme humaine.
« Entre le cervelet et le cerveau se trouve le nœud cérébral, ayant nom scientifique de mésocéphale, armé de quatre pédoncules, deux antérieurs et deux postérieurs. Par les deux pédoncules antérieurs, le mésocéphale s’insinue dans les deux lobes du cerveau, et par les deux postérieurs dans les deux lobes du cervelet.
« La moelle épinière se dégage et descend de la partie inférieure du mésocéphale ; elle en présente comme la queue.
« Entre les deux pédoncules antérieurs du mésocéphale, que nous pouvons considérer comme ses deux bras, se trouve la tête de cet organe mitoyen, plongée au milieu de toute la substance cérébrale qui unit par le bas les deux lobes du cerveau.
« Nous l’avons dit : le nœud mésocéphalien sert à faire communiquer ensemble le cerveau, le cervelet, la moelle épinière.
« Examinons maintenant les organes cérébraux divers qui occupent l’espace mystérieux où s’exécutent les fonctions fluidiques de l’âme.
« Immédiatement au-dessous de la voûte et suspendue pour ainsi dire à cette voûte elle-même, se trouve un organe délicat en forme d’x placé horizontalement, d’arrière en avant, et présentant ses quatre branches ramenées et contournées en dehors dans les deux sens à l’effet d’embrasser quelque chose. C’est l’ancienne voûte à trois piliers, le mal nommé trigone. Il est composé du superflu de la substance céleste, et porte, à son milieu, l’âme humaine fluidique divine. Cet x horizontal s’appuie légèrement sur deux petits corps, continuellement agités, de substance cérébrale, en forme de deux gros haricots placés d’une manière horizontale et symétrique dans le sens de l’x. Connus sous le nom de couches optiques, ces deux organes renferment les mondicules fluidiques célestes des sensations, et, dans un mouvement continuel de gonflement et d’abaissement, par jeu analogue à celui des poumons, figurent comme le souffle de l’âme :
« Les deux branches antérieures de l’x, en se repliant en avant et en dehors, à droite et à gauche, viennent s’insérer dans deux corps cérébraux, symétriques encore, portant le nom vague de corps striés. Ils renferment les mondicules fluidiques de la mémoire. Les deux branches postérieures du trigone s’insèrent d’une manière analogue dans deux autres corps symétriques appelés, à cause de leur forme, cornes d’Ammon ou pieds d’hippocampe. C’est le quartier des mondicules fluidiques soniques, ou de la parole, contenus dans la cavité des cornes.
« Au-devant des deux branches antérieures de l’x et repliées à droite et à gauche dans le même sens qu’elles, allant aboutir à la paroi de la voûte, se trouvent deux cloisons transparentes symétriques, organes servant au jeu fluidique de l’imagination. Ainsi, pour nous résumer, les deux branches antérieures de l’x se replient en arrière et embrassent, de concert avec la courbe de la voûte et celle de la double cloison transparente, la tête arrondie des deux corps striés ; et les deux branches postérieures se replient en avant avec la courbe de la voûte et vont aboutir aux deux cornes d’Ammon.
« Ainsi placée au sommet de la voûte cérébrale, l’âme domine tout l’ensemble, en rapport par un contact fluidique immédiat avec les mondicules des sensations, avec les mondicules soniques et avec les deux champs de la mémoire, ayant au-devant d’elles les deux cloisons transparentes, instruments palpable de l’impondérable imagination. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« À l’instant de la pensée, une vibration se produit au moyen du corps psaloïde, sorte de lyre transversale dont les cordes sont tendues de l’une à l’autre des couches optiques et touchées par le gonflement des mondicules des sensations. L’écho en retentit dans tout l’organe, dans tout l’organisme. Les deux branches antérieures de l’x le communiquent aux mondicules fluidiques de la mémoire, et les deux postérieures aux mondicules soniques, quand l’âme vent le traduire au dehors. Quand s’établit la vibration dans l’intérieur et au moyen des parois transparentes du septum lucidum, la pensée remplit l’espace fluidiquement, va de même se choquer contre la voûte, la fait retentir avec éclat, se loge, au moyen d’un mondicule sonique ascensionnel nouveau venu, aux domaines fluidiques de la mémoire ou se manifeste à l’extérieur par les courants, les transmissions soniques, par la parole ou par le langage muet des gestes, les mondicules soniques étant aux ordres de l’âme ainsi que les messagers fluidiques lumineux hominiculaires destinés à ce service.
« L’âme est par nature lumineuse de la lumière divine, et, harmonieuse, porte, en petit, en miniature, en infiniment petit, le type, la physionomie de l’être humain qu’elle anime. Nous savons son caractère général, indélébile et éternel. Mais sa lumière et son caractère sont modifiés par sa valeur du moment, par celle de son corps. Tous les mondicules célestes, reçus par elle, de celui-ci, sont classés fluidiquement dans les circonvolutions cérébrales, selon un ordre normal, et selon la dominance de telle ou telle faculté, de tel ou tel caractère. L’âme dont l’alimentation fluidique s’opère sous l’influence de ces mondicules fluidiques reçoit dans son naturel de circonstance l’empreinte de leur caractère dominant. C’est une manière de confirmation de la théorie des bosses. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
« Qu’il est beau, le spectacle de l’étincelle divine, harmonieuse, au moment de ce sublime travail ! Au milieu de ses quatre flambeaux aux couleurs omniverselles, elle domine en souveraine et préside radieuse à toutes ces opérations. Que l’on se figure, au centre du cerveau, obscur comparativement, quoique lumineux par nature, un feu d’artifice circulaire disposé de manière que les jets partis de tous les points d’une sphère creuse convergent au centre. Une foule incalculable d’hominicules lumineux divins constituent les étincelles de ces feux coupés à tout instant par des soleils fluidiques lumineux de toute nature, classés par l’âme, traversant son atmosphère, et brochant, en corps de lumière, sur cet ensemble de scintillantes clartés. En partant de tous les points de la sphère, ces scintillicules de feu, azurées d’abord et phosphorescentes, peu à peu, se colorent de rose purpurin, s’illuminent davantage, à mesure qu’elles s’approchent de l’âme, et se confondent avec des gerbes étincelantes, essaims de globules planétaires fluidiques lumineux, peuplés d’hominicules de même nature, faisant leur ascension céleste, en concourant, en masses brillantes, vers le centre de l’atmosphère de l’âme. Resplendissante au milieu de ces clartés, entourée de son éclairage propre, aux quatre couleurs fluidiques, sous les rayons de la couronne harmonieuse, l’âme, diamant divin resplendissant d’une lumière céleste plus pure, plus limpide et plus éblouissante encore, éclipse toutes les autres par l’éclat perçant de ses feux. »
Pour se faire une idée complète de l’existence et de la vie active de l’âme dans l’homme, il faut lire toute la partie de la CLÉ DE LA VIE intitulée Anatomie de la vie de l’homme ; mais les citations qui viennent d’être faites suffisent pour prouver : 1o que l’âme humaine est un être substantiel, on pourrait presque dire matériel, puisqu’elle est localisée et fonctionne dans un point déterminé du cerveau et qu’elle présente à la vue des Esprits supérieurs l’aspect matériel d’un diamant resplendissant d’une lumière si pure, si limpide, si éblouissante qu’elle éclipse par l’éclat perçant de ses feux toutes les autres lumières mondiculaires et hominiculaires qui se produisent autour d’elle ; 2o que l’âme pense, sent et agit au moyen des mondicules et des hominicules fluidiques lumineux que lui fournit le cerveau, et que sa pensée elle-même dans ses éléments et dans l’acte de sa formation se présente à la vue des Esprits purs comme un fait matériel quelconque ; 3o que les matérialistes ont raison de prétendre que le cerveau secrète la pensée et que celle-ci est un effet de l’organisme ; seulement, pour exprimer une vérité complète, on doit dire que le cerveau secrète la pensée sous l’influence et la direction de l’âme.
3o Pour ce qui concerne la réalité substantielle et déterminée de Dieu dans l’espace, et son aspect phénoménal comme objet des sens, Michel de Figanières la précise en ces termes dans la clé de la vie :
« Figurez-vous l’atmosphère la plus riche, la plus pure, la plus brillante, la plus lumineuse, étincelant de l’éclat de toutes les beautés imaginables........
« ... Une seule chose pourrait donner de lui une légère idée, et cette image, même, n’est rien en face de la réalité. Figurez-vous un immense diamant de la plus belle eau, sans extrémités en aucun sens, de toute part entouré d’un indéfinissable lointain teinté brillamment des quatre couleurs principales des mondes spirituels, et les reflétant sur tout le parterre de ses mondes, à la clarté d’un soleil d’amour aux dimensions incompréhensibles : voilà notre PÈRE à tous. »
Il résulte de tout ce qui précède que la science positive ne saurait trouver aucune ligne de démarcation dans aucune partie de l’univers, pas plus sur la terre qu’au plus haut des cieux. C’est d’ailleurs là une conséquence logique de l’unité de substance de tout ce qui existe, établie dans la doctrine de Michel de Figanières.
PREUVE PAR LA VIE ORGANIQUE DE TOUT CE QUI EXISTE OU DU GRAND HOMME INFINI. – Dans la métaphysique actuelle, la matière et l’esprit sont conçus comme des substances absolument hétérogènes et ne pouvant avoir rien de commun entre elles. Dès lors, entre Dieu et le monde, d’une part, et l’âme et la matière, d’une autre part, deux abîmes que rien ne peut plus combler ; on ne peut plus ni comprendre ni expliquer les rapports de Dieu avec le monde, ni les rapports de l’âme avec la matière ; les esprits logiques sont obligés de les nier, parce que ces rapports ne sont plus pour la raison qu’une absurdité, une impossibilité. De là à nier Dieu et l’âme, dont on ne peut avoir d’ailleurs aucune connaissance empirique comme purs Esprits, la pente est irrésistible.
Leibnitz renonçant à l’atomisme, impuissant à expliquer les faits de la nature, conçut la molécule élémentaire comme une force vive ; de là, dans la philosophie de la nature, le dynamisme substitué au mécanisme. Mais la notion de force est elle-même radicalement insuffisante à expliquer les rapports de l’âme à la matière, du moral au physique dans l’homme. En effet, les notions d’esprit et de forces expriment des natures si différentes et si inconciliables qu’il est impossible de comprendre comment un esprit et des forces peuvent influencer réciproquement, se lier d’une manière intime et constituer une synergie vivante dans l’homme.
D’après Michel de Figanières, la molécule élémentaire ou atomique, au lieu d’être simplement une force est une animule de même substance que celle de l’âme humaine, et celle de l’âme du grand homme infini ; il substitue donc dans la philosophie de la nature l’animisme ou dynamisme de Leibnitz et par là même il comble l’abîme qui sépare la matière et l’esprit dans la métaphysique actuelle. Dès lors, il n’y a plus d’absurdité à admettre que l’âme et la matière s’influencent réciproquement, s’unissent dans une synthèse organique et intime, et qu’il y ait action et réaction du physique au moral ; que l’âme humaine dirige la vie physique intellectuelle et morale du corps par des agents hominiculaires, et que Dieu dirige la vie physique, intellectuelle et morale de l’omnivers par des agents humains à l’état d’Esprits purs. De la sorte la doctrine de Michel de Figanières opère la conciliation scientifique du spiritualisme et du matérialisme, du théisme et de l’athéisme dans la vie universelle, vie réalisée par l’action organiquement combinée des trois personnes de la Trinité divine qui ne forment ensemble qu’un seul et même Dieu à la fois spirituel et matériel.
CONCLUSION
Voici la conclusion de ce travail :
1o Les clergés, les philosophes et les savants sont encore dans les ténèbres relativement à la connaissance scientifique de Dieu, de l’homme et de l’univers, et ils ne peuvent pas en sortir par leurs propres spéculations.
2o Michel de Figanières éclaire profondément ces questions, et il produit une révolution colossale dans toutes les branches des connaissances humaines, surtout il frappe à mort toutes les écoles matérialistes et toutes les religions positives existantes. L’Esprit qui se révèle par cet extatique déclare qu’il est l’Esprit de vérité annoncé par le Christ et qu’il a pour mission providentielle de continuer et de développer l’œuvre du premier Messie.
3o Les savants de toutes les catégories, dans leur intérêt et dans l’intérêt du progrès, feront bien d’étudier scientifiquement la révélation de Michel de Figanières. Les médecins, en raison de leurs connaissances anatomiques et physiologiques, ont des facilités particulières pour comprendre son enseignement technique et philosophique, et pour constater combien il est supérieur à celui de toutes les académies de médecine nationales et étrangères.
Quant aux clergés, s’ils continuent à dormir d’un sommeil coupable sur un oreiller d’ignorance, s’ils continuent à méconnaître la révolution philosophico-religieuse qu’à notre époque des Esprits ultramondains soufflent d’une façon si étrange et si persistante de l’atmosphère sur la terre, ils renouvelleront la triste et déshonorante histoire des prêtres juifs à l’égard du Christ.
RENUCCI,
Capitaine en retraite à Mausoleo,
par Olmi-Cappella (Corse).
1 Note de Biblisem : Le terme est impropre. L’auteur veut ici parler de la conception virginale de Jésus-Christ.
2 Projet d’une Constitution Politico-Sociale-Humanitaire. Librairie des sciences psychologiques.
3 Comme on le verra plus loin, nous ajoutons certaines données à ces vues.
4 Cette époque si lointaine ne compte pas moins de cent mille ans jusqu’à nos jours.