Une héroïne de l’amour conjugal

MADAME DE LA VILLIROUËT

 

 

 

 

 

 

par

 

 

 

 

 

 

Madeleine SAINT-GAL DE PONS

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

DANS cette petite prison de Lamballe où pouvaient tenir cinquante, soixante personnes au maximum, plus de cent détenus s’écrasaient sous la Terreur. La plupart sont des femmes, les unes fort âgées, les autres encore enfants ; beaucoup sont religieuses ; il y a de simples domestiques comme Jeanne Berthelot, à côté d’« aristocrates de première classe », comme Radegonde du Boully-Vaunoise, « célibataire, âgée de 68 ans », qui a commis ce crime d’être « tante d’émigré », ou de « calotine » également « de première classe », comme Marie-Anne de Forsanz, célibataire, âgée de 52 ans.

Des familles entières s’entassent dans le grenier ou la chambre basse de la prison. Mme Daën est accompagnée de ses quatre filles : 30, 27, 21, 19 ans... Thomas le vicomte de Morieux, âgé de 66 ans, est incarcéré avec sa femme, Anne Gouësnard, âgée de 53 ans, et ses six filles, Julie, 30 ans ; Anne-Marie-Rose, 14 ans ; Françoise-Rose, Anne, Toussainte et Reine, toutes quatre religieuses. Il est vrai que quatre des fils du vicomte de Morieux sont émigrés, ce qui aux yeux des révolutionnaires justifie amplement l’incarcération de toute leur famille.

On meurt de froid dans cette prison sans feu ; pour se réchauffer, on danse, malgré les réclamations des gardiens. On y meurt de faim ; aussi, bien qu’on soit forcé de payer fort cher une nourriture mauvaise et insuffisante, préparée avec une effroyable malpropreté, composée « de pois pourris, de pain moisi et de soupe sur laquelle surnageaient des milliers d’insectes ». « Le pot commun nous avait été établi, et, comme l’on sait, jamais pot commun n’a bien bouilli », écrira plus tard Mme de la Villirouët.

Mais les vexations et les privations ne venaient pas à bout de la fierté têtue de ces Bretonnes ; dans le grenier glacial, Mme de la Villirouët, sans relâche, adressait des pétitions aux autorités ; pétition pour protester contre l’interdiction faite aux détenus d’acheter des légumes et des fruits ; pétition pour faire relâcher ses tantes, Mmes de la Villebasse et de Keranroy ; pétition pour obtenir la permission de voir de temps en temps ses enfants. Car cette prisonnière de 25 ans, qui tremble pour son mari émigré, a trois petits enfants :

« J’en ai trois, écrit-elle ; et sûrement, à cet âge, on n’est pas suspect (l’aîné a 4 ans et demi, la seconde 3 ans, et la dernière 2 ans). » À force d’instance, ils lui furent amenés de temps en temps, et réjouirent le sinistre taudis de leur grâce enfantine.

Elle ne payait cependant pas de mine, cette jeune femme audacieuse ; mince et petite (elle mesurait 1 m. 56), mais jolie, avec un menton rond, des cheveux et des sourcils châtains, un petit nez bien fait, de grands yeux roux, éclairant un « visage court, marqué légèrement de taches de rousseur ». Elle était d’une race énergique, qui avait déjà de fort nombreux rejetons, et qui est encore représentée de nos jours en Bretagne par plusieurs branches abondamment fournies. Son père, Pierre Laurent de Lambilly, marquis de Baud, appartenait à une famille de fort ancienne origine, qui portait d’azur à six quintefeuilles d’argent, avec la devise « Point gêné, point gênant ». Il avait épousé Jacquette-Thérèse de la Forest d’Armaillé, d’une famille ancienne, du ressort d’Hennebont, et en avait eu 14 enfants.

Née à Rennes, à l’hôtel de la Forest d’Armaillé, qui existe encore en partie, rue de Rohan, et ruelle de Carthage, baptisée en l’église Saint-Germain, le 27 avril 1867, Marie-Victoire de Lambilly reçut une parfaite éducation dont elle sut s’inspirer plus tard, dans la conduite de sa vie et dans les conseils qu’elle rédigea pour ses enfants. Son père était mort depuis deux ans, quand elle épousa à Rennes, en l’église de Toussaint, le 12 juin 1787, haut et puissant Jean-Baptiste-Mathurin Mouëssan, comte de la Villirouët, ancien officier au régiment de Condé, âgé de 32 ans. Fils aîné de feu Jean-Augustin, comte de la Villirouët, et de Françoise de Fontlebon, il appartenait à une excellente famille originaire de Lamballe, portant « d’azur à trois molettes d’argent, une fleur de lis de même en abîme ». Au contrat de mariage, conclu le 9 juin, signa toute la noblesse de Rennes ; le futur époux apportait 4 800 livres, la future 2 400 livres d’argent sonnant, une rente annuelle de 500 et quelques livres, et « une action sur la Compagnie ancienne des Indes, de la somme de 2 072 livres, laquelle, par convention expresse, lui sera et demeurera propre à elle et aux siens, comme lui tenant lieu d’immeuble ». Heureux temps où les actions possédaient une telle stabilité...

Deux ans plus tard, la jeune femme mettait au monde, à Lamballe, son premier enfant, Charlemagne ; puis, en 1790, sa fille Victoire, surnommée bientôt « Pouponne ». Elle attendait Césarine quand son mari, devant la Révolution grandissante, crut devoir rejoindre, au printemps 1792, l’armée de Condé. Volontaire gentilhomme dans l’infanterie noble de Bretagne, il suivit la mauvaise fortune des émigrés jusqu’en 1797, époque à laquelle il passa secrètement en Bretagne.

Mme de la Villirouët restait seule à Lamballe, avec ses trois enfants et sa vieille tante, Mme de Keranroy, en proie à toutes les difficultés. Sa belle-mère mourut en 1793, ses biens furent confisqués par la nation. Il fallut batailler, racheter la part de son mari. Femme d’émigré, elle était suspecte et, comme telle, devait se rendre à l’appel à toutes les heures du jour et de la nuit, selon le malin plaisir des autorités municipales. Elle ne manqua pas de protester énergiquement contre ces vexations, allant même jusqu’à écrire une lettre énergique à l’abbé Fauchet, évêque intrus du Calvados, et qu’elle connut en des temps meilleurs. Mais, bien qu’il se vantât « de posséder une âme aimante que le ciel dans sa bonté ou dans sa colère lui avait donnée », il ne fallait pas attendre beaucoup de justice d’un homme qui, lors de la prise de la Bastille, avait, dans un sermon, qualifié Notre-Seigneur de « premier des sans-culottes du monde ». La prison de Lamballe continua à recevoir de nouveaux pensionnaires, jusqu’au jour où ce fut le tour de Mme de la Villirouët. Nous avons vu que cette incarcération de quinze mois ne lui enleva rien de son courage et de sa belle humeur.

Vendémiaire 1794 arriva, amenant les premiers froids et la visite du conventionnel Boursault. Mme de la Villirouët fit appel à sa clémence dans un plaidoyer habile et digne. Hélas ! Boursault ne répondit pas et s’éloigna sans élargir les prisonniers. En janvier suivant arrive un autre conventionnel, Bollet. L’espoir renaît dans le cœur de la jeune femme. Elle écrit une nouvelle supplique ; cette fois, le conventionnel s’émeut et promet d’aller visiter la prison. Vaine attente ; Bollet ne vient pas. Mme de la Villirouët, infatigable, récrit jusqu’à ce qu’un ordre vienne libérer la majorité des prisonniers. Marie-Victoire est choisie pour aller remercier Bollet ; elle en profite pour solliciter avec adresse, avec instance, la grâce de la vingtaine de détenus qui grelottent encore dans la prison de Lamballe.

Pendant plusieurs jours elle multiplie les démarches, se rend à l’aube à la porte des municipaux, supplie par le trou de la serrure ceux qui refusent de lui ouvrir, harcèle Bollet et finit par obtenir la libération de tous les prisonniers. Rien ne résiste à cette petite femme volontaire et spirituelle. Elle garde son franc-parler, sincère, adroite, sans être servile. Le conventionnel lui montre de l’intérêt ; voyant son nom orthographié Villiroyt, il confond sans doute avec la famille ducale des Villeroi, et lui dit :

– Tiens, ma bonne amie, quand tu signeras, ne mets pas cela. Tu sens mes raisons : c’est un conseil d’ami que je te donne. Profites-en.

– Je crois les sentir, citoyen, répond ironiquement Marie-Victoire, mais j’ai toujours eu l’habitude de dire la vérité. Cependant, puisque tu me dis que les principes républicains permettent qu’on s’en écarte, je tâcherai de me conformer à tes conseils.

Libre, Mme de la Villirouët habita d’abord Lamballe, puis Paris, où elle loua un appartement 453, rue Marceau. Elle y fut rejointe en août 1797 par sa domestique, Marguerite Marceau, qui devait plus tard partager sa captivité, et par son fils Charlemagne, alors âgé de 8 ans. Impatient de revoir sa femme et ses enfants, M. de la Villirouët quitta bientôt Jersey, et, sous le nom de citoyen Guenier, vint se fixer à Paris, 6, rue Poupée. Il prenait ses repas chez sa femme, mais, par prudence, retournait tous les soirs coucher chez lui. Informé du terrible sort qui attendait son père si l’on révélait son identité, l’enfant lui-même prit l’habitude de l’appeler « M. Guenier ». Grâce à tant de précautions, dix-huit mois se passèrent sans alarmes. Charlemagne commença ses études au collège de Juilly, et Mme de la Villirouët quitta la rue Marceau pour la rue de Malte. C’est là que, le 14 janvier 1799, pendant qu’ils se mettaient à table, elle fut arrêtée avec son mari et sa servante. Conduite au Bureau central, Marie-Victoire fut enfermée avec des filles de mauvaise vie dont la saleté et la brutalité lui firent horreur.

 

Dans l’abîme de mon infortune, ce fut la religion seule qui me soutint et me consola. J’offris à Dieu le sacrifice de mes peines, et, me soumettant de bon cœur à sa volonté sainte, je lui demandai ardemment le courage et la résignation du vrai chrétien. Cette soumission sincère fut aussitôt suivie d’un grand soulagement intérieur, et, me souvenant de la promesse divine de ne pas permettre que l’homme fût tenté au delà de ses forces, je m’excitai moi-même à la patience et à la fermeté.

 

Le lendemain, au cours d’un long interrogatoire, on essaya de lui faire avouer que le citoyen Guenier était bien son mari, émigré. L’avouer eût été le condamner à mort ; elle s’obstina à nier. Le commissaire Boisseau lui dit :

– Nous avons pensé à faire venir votre fils afin qu’il reconnût son père.

La malheureuse pensa mourir. Elle savait que ce stratagème avait été employé dans des cas analogues et que de malheureux petits avaient condamné leur père en se jetant dans ses bras. Elle ne trembla cependant pas et répondit :

– Je ne redoute nullement le témoignage de mon fils ; comme moi, il n’a jamais connu le citoyen Guenier que sous le nom de Guenier.

Boisseau fut-il dupe ? En tout cas, il n’insista pas.

– J’ai rejeté ce moyen, citoyenne, dit-il, car je n’aurais pas voulu que votre fils étant grand pût dire qu’il avait eu affaire à des barbares qui l’avaient amené à être le bourreau de son père.

Mais, pendant que sa femme se débattait pour ne pas l’accabler, M. de la Villirouët avait simplement avoué sa qualité d’émigré, ajoutant qu’il connaissait la loi, mais préférait mourir plutôt que de vivre ainsi, perpétuellement séparé de sa femme et de ses enfants.

Alors, on permit aux deux époux de se voir. Retirée de l’épouvantable compagnie parmi laquelle on l’avait jetée, Mme de la Villirouët put obtenir de loger chez le gardien. Joyeuse et bonne, elle se fit bientôt aimer de ces braves gens, tout fiers de voir cette aristocrate accepter de faire avec eux, chaque soir (bien qu’elle eût ce jeu en horreur), une partie de dominos dont l’enjeu était une bouteille de cidre, qu’elle perdait d’ailleurs régulièrement. Après vingt-neuf jours de détention, elle fut relâchée, tandis que son mari était incarcéré à l’abbaye, et que commençait l’instruction de son procès.

Libre enfin (car une nouvelle détention aux Madelonnettes ne dura que quelques jours), Marie-Victoire n’eut plus qu’une pensée : sauver son mari. L’un de ses grands soucis était le choix de l’avocat qui devrait défendre M. de la Villirouët. Elle pensa à Chauveau-Lagarde, qui avait défendu Charlotte Corday et Marie-Antoinette. Puis, un jour, à la suite d’une fervente prière, l’idée lui vint qu’elle attendrirait peut-être plus sûrement les juges en plaidant elle-même pour son mari. Ce jour-là, en faisant visite au prisonnier, elle lui raconta son projet ; il n’osa pas lui avouer qu’il avait eu la même idée qu’elle, mais il s’écria :

– Je te préfère à tous les avocats de Paris, si tu as le courage de plaider pour moi.

Le courage : ce n’était pas ce qui manquait à Marie-Victoire. Sa résolution était prise ; mais ce que furent les jours qui la séparaient de l’audience, il est facile de l’imaginer. Des amis bien intentionnés lui représentaient la responsabilité qu’elle assumait, les remords qui l’assailliraient si le verdict était défavorable. Ils lui montraient la rigueur des lois contre les émigrés, la quasi-impossibilité d’arracher le prévenu à son malheureux sort. Elle était à moitié, folle d’inquiétude quand arriva le Vendredi-Saint, 22 mars 1799, veille de l’audience. À 5 heures, elle se mit à transcrire son plaidoyer et écrivit jusqu’à minuit. Puis elle se coucha, brisée ; dans son sommeil, on l’entendit parler de lois et de sanctions. Le samedi, dès le matin, elle était debout cependant, voulant réconforter son mari avant l’heure suprême. Elle l’avait prié de négliger sa toilette, voulant apitoyer les juges sur sa mauvaise mine ; vieilli par sa barbe et par l’anxiété, il était méconnaissable. En revanche, malgré ses yeux rougis, elle soigna sa mise. « L’extérieur a toujours une grande influence sur les sentiments des spectateurs », pensait-elle. Elle voulut une toilette très simple, mais seyante ; un bonnet de crêpe blanc, une robe de mousseline blanche, ornée d’une écharpe d’organdi également blanc, lui donnaient un aspect juvénile et touchant, qui devait aller au cœur de la foule.

Pendant que la Commission militaire interrogeait son mari et lui rappelait qu’il tombait sous le coup de trois lois dont deux réclamaient la peine de mort, l’épouse héroïque priait tout bas, demandant à Dieu le courage de parler tout à l’heure. Quand le moment fatidique arriva, elle se leva, maîtrisant son émotion, et commença sa plaidoirie. Chaleureux, habile, truffé juste à point de quelques citations juridiques, soucieux surtout de trouver des alliés à la fois parmi les juges et parmi les spectateurs, le plaidoyer conjugal dura près de trois quarts d’heure. Quand elle s’assit, après une dernière et pathétique adjuration, bien des gens pleuraient dans la salle. Puis, comme l’usage voulait que le prisonnier soit reconduit à l’abbaye, sans attendre le verdict, M. de la Villirouët se leva et vint embrasser sa femme, ne sachant si ce n’était pas la dernière fois. Les juges se retirèrent à leur tour pour délibérer : une cruelle demi-heure s’écoula : « La plus longue et la plus cruelle que j’aie passée de ma vie. » Enfin, la Commission revint : c’était l’acquittement. Alors, de la foule attentive jusqu’alors, un immense cri s’éleva, acclamant la vaillante jeune femme ; portée en triomphe, elle fut l’objet d’une folle ovation à laquelle elle ne put échapper pendant plus d’une heure. Quand elle rejoignit son mari à l’abbaye, elle dut prendre une voiture pour échapper à la foule.

 

J’étais, écrivit-elle plus tard, et je suis encore à comprendre comment j’ai pu résister à une telle journée ; supporter le double excès de l’inquiétude et de la joie se succédant si rapidement... Il est vrai que j’étais bien lassée et qu’une extinction de voix m’ôtait presque l’usage de la parole.

 

Le lendemain et les jours suivants elle fut assaillie de lettres, de poèmes, d’articles de journaux, des visites les plus inattendues. Paris la fêtait ; les dames de la Halle lui envoyèrent une ambassade :

 

Il y avait là des tricoteuses du temps de Robespierre, des Jacobins, et tout ce qu’il y a de pis. Mais, grâce au ciel, nous eûmes le bonheur de réunir en notre faveur toutes les opinions.

 

Mme de Beauharnais désira déjeuner avec « M. de la Villirouët et la courageuse petite Bretonne dont parlait tout Paris ».

 

Des gens du peuple payèrent 24 sous le journal qui rendait compte de notre affaire rien que pour l’avoir seulement pendant une demi-heure, et transcrire l’article qui nous concernait.

 

Toute cette gloire ne tourna pas la tête de Mme de la Villirouët. Elle continua à se montrer épouse et mère irréprochable, ne reculant devant aucune peine, aucune démarche, pour sauver la fortune compromise de ses enfants. Les conseils adressés à son fils et à ses filles, qu’elle nous a laissés, montrent le soin parfait avec lequel elle les éleva.

Ces notes sont empreintes du plus solide bon sens et de l’esprit chrétien le plus profond.

 

J’insiste beaucoup pour qu’on ait fréquemment avec eux (les enfants), même étant tout petits, des conversations inspirées par la religion ; bien amenées et bien ménagées, elles leur seront très utiles et avantageuses ; leurs jeunes et tendres âmes s’en pénétreront de sentiments doux et vertueux, s’armeront d’avance contre la séduction du monde et leur résisteront avec plus d’avantage quand l’heure du combat sera venue.

 

Cédant à la mode de son temps, Mme de Villirouët s’est dépeinte elle-même d’un trait sûr et spirituel sous le nom de Zulmé.

 

Elle est bien aise qu’on la trouve aimable, écrit-elle, mais elle cherche plus à plaire aux personnes qu’elle voit habituellement qu’à celles qu’elle ne rencontre que dans la société, disant avec raison que, dans la société, c’est l’amour-propre qui est flatté, et dans l’intimité c’est le cœur qui jouit... Toutes les femmes peut-être ne l’aiment pas, mais elle eut toujours des amies, et des amies vraies, même parmi les femmes de son âge qui pourraient rivaliser avec elle en agréments. Elle préfère généralement la société des hommes, et ne se cache pas de la préférence qu’elle accorde à ce sexe sur le sien ; elle prétend que toutes les femmes sont coquettes, du plus au moins, et même qu’elles doivent l’être pour être aimables. Elle s’avoue telle, et beaucoup assurent n’avoir pas besoin de son aveu pour la juger ainsi.

 

Usée par tant d’émotions, Mme de la Villirouët s’éteignit jeune encore, à 46 ans, le 12 juillet 1813, à Lamballe, et y fut inhumée. Son mari lui survécut trente-deux ans et ne mourut qu’en 1845.

L’aînée de ses filles, Victoire, épousa, en 1816, le comte de la Haye Saint-Hilaire, et mourut sans postérité en 1869. Césarine ne se maria pas, et mourut en 1875, à Rennes. Charlemagne, marié en 1824 à Aglaé le Doüarain de Lémo, mourut à Rennes en 1872, laissant trois enfants, dont un fils, qui n’eût à son tour que des filles et dans lequel s’éteint le nom des Mouésan de la Villirouët.

L’historien Lenôtre a été tenté par la pure figure de Mme de la Villirouët, qui revit d’une façon plus détaillée dans l’histoire écrite par son petit-fils le comte de Bellevüe. Au seuil de cet ouvrage très documenté (et auquel nous avons fait plus d’un emprunt) est reproduit un tableau de l’époque, touchant dans sa gaucherie, que nous avons toujours plaisir à regarder. Mme de la Villirouët y est représentée dans sa blanche toilette, debout, le bras tendu, dans un geste de défense et d’appel, plaidant devant les juges de son mari, frêle et volontaire effigie du dévouement conjugal.

 

 

Madeleine SAINT-GAL DE PONS.

 

Paru dans Le Noël en 1934.

 

 

 

 

 

 

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